Ayrton Senna, 1988-2008 : il y a 20 ans #12

Estoril, vendredi 23 Septembre

Senna le plus rapide devant Prost, mais c’est ce dernier qui réussit la pole position le samedi. C’était la troisième fois seulement cette saison que Senna échouait dans cet exercice. Et ce samedi-là, Prost commença à réaliser une pression psychologique évidente.
Un quart d’heure avant la fin des essais, il se mit en tenue de ville, jeta un pull-over rouge sur ses épaules et se dirigea vers la ligne droite des stands pour regarder. Il signifiait ainsi à Senna : « J’ai réussi 1’17’’411 et je sais que tu ne peux pas battre ce temps. » Senna ne fit effectivement pas mieux.
Maintenant, Prost commençait à accentuer davantage la pression en disant : « Je n’étais pas terriblement intéressé par la pole. Il n’y avait pas de raison de prendre plus de risques rien que pour gagner un dixième de seconde supplémentaire. C’est al première fois depuis longtemps que j’ai été totalement satisfait des réglages de mon moteur en spécifications d’essais. »
Senna : « Avec un premier train de pneus, j’avais déjà réservé 1’17’’8 quand ils se sont dégradés. Normalement, avec mon second train, j’espérais rouler plus vite. Malheureusement, je n’ai pas pu avoir un tour sans trafic. »

Estoril, dimanche 25 Septembre

Senna s’empara du commandement au premier virage, mais, lorsqu’il déboucha de la course à droite qui donne sur la longue ligne droite des stands, Prost était juste derrière lui. Au moment où tous deux atteignaient la ligne de départ, Prost gicla sur la droite pour se porter à la hauteur de Senna. Ils roulaient à 300 km/h. Senna se déporta, forçant Prost à frôler le mur des stands. Des panneaux furent tirés en arrières, les gens baissèrent la tête : si les voitures s’étaient touchée, elles auraient pu être catapultées de n’importe quel côté.
Prost : « C’était très dangereux. Je ne pouvais rien faire. Si j’avais ralenti, j’aurais heurté sa roue arrière. S’il faut prendre de tels risques pour trancher le championnat du monde…eh Bien, je m’en fiche. S’il a autant envie du titre, il peut l’avoir. » Senna se borna à déclarer qu’il était furieux parce que Prost l’avait presque forcé à rouler sur l’herbe au départ.
La pression avait atteint Senna. Sa colère l’avait amené à prendre tout jugement, et il avait commis un acte qui confinait à la folie. Je répète que s’il avait heurté Prost, les voitures auraient été catapultées n’importe où. Prost l’emporte et Senna, tracassé par sa trop forte consommation et une voiture trop survireuse, termina sixième.

Prost, 81pts ; Senna, 76 ; Berger, 37 ; Boutsen, 25 ; Alboreto, 24.

Plus tard, dans le calme du motor-home, Prost s’assit et fit signe à Senna de venir. « Ayrton, dit-il doucement, je ne savais pas que tu avais autant envie d’être champion du monde… »

La lune de miel était terminée.

Extrait de Ayrton Senna, Pole Passion de Christopher Hilton (Edtion Solar)

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