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Note du Mardi – Red Bull, Verstappen, Perez et le parallèle de la révolution

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa Révolution française s’écoule en quatre période sur une durée de 10 ans, des Etats généraux de 1789 à la constitution par Napoléon du Consulat en 1799. Ses quatre périodes sont : Constituante, Législative, Convention, Directoire. La même histoire arrive chez Red Bull et Max Verstappen (comme Lewis Hamilton et Mercedes avant eux).

Le parallèle étonnant
Max Verstappen est devenu le pilote numéro 1 de Red Bull Racing, après une lutte politique et sportive contre Daniel Ricciardo (présent dans l’équipe depuis 2014). Nous sommes en 2018, les rumeurs d’un éclat se profile. L’australien partira au prix d’une haute lutte de pouvoir.

1790, c’est l’échec du projet de Monarchie Constitutionnel à l’anglaise. Les évictions de Pierre Gasly et Alex Albon pose question en interne chez Red Bull en 2019/2020 sur la politique de filière débutée en 2005. Qui mettre à côté de Max Verstappen ? Une solution est trouvée en fin d’année avec Sergio Perez. En parallèle, pour assurer la position unique du pilote hollandais, un contrat jusqu’en 2023 est signé. Alors que Perez dispose lui d’un contrat d’une seule saison.

1791, une division entre jacobins monarchistes constitutionnels et jacobins démocrates est désormais visible et cela va ouvrir l’ère de l’assemblée Législative. Cette période va couper en deux les citoyens de France, avec des bons et des mauvais. Seul les bons peuvent voter, contribuer à la vie sociale du pays. Chez Red Bull, Sergio Perez est à part de Max Verstappen qui a 90% de l’usine derrière lui pour vaincre. L’équipe est coupée en deux et se rejoint vers l’objectif commun : le titre.
Le titre obtenu, Red Bull propose un nouveau contrat jusqu’en 2028, extension de l’actuel. Un contrat record pour célébrer la révolution dans le paddock.

1792, la fin de la monarchie. A cette période, la guerre est ouverte sur le territoire Français et marque la fin de la monarchie, pour définitivement laisser place à la république. Une république qui doit encore se légitimiser. Chez Red Bull, Max Verstappen a dominé outrageusement la saison et son équipier Sergio Perez. Pourtant, au premier semestre, l’équipe Red Bull hésitait encore entre l’un et l’autre, proposant des compromis sportifs. L’affaire de l’arrivée du Brésil, fait remonter les protagonistes à mai 2022, lors du GP de Monaco et les choix de l’équipe autrichienne. Max Verstappen s’impose largement, en battant des records, mais Sergio Perez prolonge son contrat jusqu’en 2024, au prix d’un lourd tribu interne. En parallèle, Max Verstappen a obtenu une augmentation pour 2023 de 4 millions d’euros. Visant à être payer le double de son équipier.

Et après ?

En 1793, c’est la période de la terreur. La période du redressement. La république se légitimise par la force et la soumission. La guerre civil dans le pays a provoqué une politique de centralisation forcée. Elle va durée deux ans. Cela se terminera avec les événements du drame de Germinal.
Chez Red Bull la cohabitation entre Perez et Verstappen va devenir de plus en plus difficile. Le mexicain, payé par ses sponsors et ne coutant rien à Red Bull, est libre de ses paroles et politiquement indépendant. Estimant que sa course d’Abu Dhabi 2021 a permis à son équipier de remporter son premier titre de champion du monde. Ainsi, depuis le GP du Brésil, sa position est celle de dire que Max Verstappen est un pilote qui est faux. Alimentant indirectement les discussions et les élans sociaux depuis Abu Dhabi 2021 et détériorant l’image du double champion du monde.
Pour le pilote hollandais, c’est sa légitimité qui est finalement constamment en jeu. Il est le seul à avoir un contrat directement payé par son employeur. Il n’est pas un prestataire. Mais son premier titre, il le doit à la fois à son équipe et son équipier. Le second de 2022 a été le fruit de son unique prestation. Vraiment ? Il est le fruit d’une concentration active de l’équipe technique Red Bull autour de lui. La R18 est présentée comme la meilleure réalisation d’Adrian Newey, montré comme le père de la performance de l’équipe. De son côté, Perez a d’ailleurs plusieurs fois indiqué après juin, que les évolutions de la RB18 ne lui convenait pas. Devant constamment réinventer son pilotage. Ajoutant ainsi du crédit à ses performances en deuxième partie de saison. Au contraire d’un Vestappen, qui n’a pas à forcer son talent. La manœuvre de défense contre Hamilton au Brésil a aussi relancer le débat de l’aspect « forceur » du double champion du monde quand il est en difficulté.

Entre un double champion du monde en quête de légitimité, une guerre interne verbale et politique qu’impose le statut de son équipier, un management qui fonctionne que par le blâme externe et nous entrons dans une ère de difficulté chez Red Bull Racing pour 2023 et 2024. L’histoire nous le dira, mais chaque révolution impose des sacrifices…

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Note du Mardi – La 2ème carrière de Lewis Hamilton

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpg« Lewis est totalement mature et conscient de sa position dans sa carrière. Il n’est pas guidé par ses émotions, comme je l’ai vu avec des sportifs qui pensent que cela peut durer éternellement et qui essaient de s’y accrocher. Lewis est rationnel et intelligent à ce sujet. Il dit « Je sais que j’ai une durée de vie en tant que pilote de course.

Je suis convaincu que Lewis Hamilton est non seulement le plus grand pilote de course, avec Michael [Schumacher] d’une certaine manière, mais il réussira également à sa manière, dans une deuxième ou une troisième carrière et en se réinventant. » a expliqué Toto Wolff au podcast « Performance People ». Le principe de deuxième et troisième carrière et la réinvention est ici au cœur du sujet.

La carrière sous forme de cycle

Comme souvent, le principe de cycle est important en Formule 1. Les champions du monde ont tous une évolution quasi similaire depuis près de 60 ans. Il débute dans une équipe en développement, suivent l’évolution de leur équipe/ou change pour un challenger de victoire et vise le titre, puis une fois titré champion du monde, passe à un nouveau challenge/ou arrêt.

Fernando Alonso a débuté dans une équipe en développement (Minardi, puis Renault), puis suivi l’évolution de l’équipe Renault jusqu’au titre, avant de signer pour 2007 chez McLaren-Mercedes. Par la suite l’évolution de sa carrière a été une suite de boucle temporel. En 2008, il signe chez Renault (en re développement), pour ensuite signer chez Ferrari (en développement continu) et enfin chez McLaren-Honda (en développement aussi, avant de prendre une pause et revenir chez Alpine (équipe en développement), avant de passer chez Aston Martin (qu’il estime en position de viser la victoire en 2024).

Auparavant, Jenson Button avait débuté chez Williams-BMW (en développement), pour enchainer chez Benetton-Renault (aussi en développement) et BAR-Honda (également en développement), et a fait le choix de suivre la carrière de Alonso en accompagnant BAR-Honda dans son évolution. Avant de signer chez McLaren en 2010. Kimi Raikkonen eu un parcourt assez similaire au début de carrière, avant de revenir chez Lotus/Ferrari/Alfa Roméo pour sa deuxième carrière. Un cycle à l’envers pour le finlandais qui a misé sur une équipe à potentiel lui permettant de viser la victoire/podium et terminer par une équipe en développement.

Vettel et Verstappen ont également un parcours en trois temps similaires aux autres (suivant le modèle Alonso).

La suite de l’histoire de Lewis Hamilton

Pour Lewis Hamilton l’évolution a été poussé à l’extrême. Il a terminé son 3ème temps de sa première phase de carrière (une boucle de 15 saisons). Une première phase avec McLaren qui était déjà au top en 2007, avec un titre de champion en 2008, puis Mercedes AMG en arrivant dans la même situation en 2013, avant d’obtenir un titre en 2014. A partir de ce moment-là, il a poussé le troisième temps en visant des records.

2022 est (probablement) une année ou pour la première fois il ne remportera pas une victoire en saison. L’occasion de reconstruire son projet personnel avec un seul objectif : le 8ème titre et devenir le meilleur de tous les temps ?  Mais est-ce une obsession réelle ? Toto Wolff sous-entend que non.

Imaginons les scénarii suivant pour Hamilton : 2023, l’équipe Mercedes se recompose et il remporte quelques victoires, puis en 2024 il se battra pour le titre de champion du monde à 39 ans. L’histoire serait belle.

Pourtant, il n’est toutefois pas impossible que Mercedes AMG ne soit plus en mesure de remporter un titre dans l’immédiat 2023 et que son cycle déclin/reconstruction/consolidation/âge-d ’or, soit plus long que prévus et qu’ainsi Hamilton entre dans un projet similaire à celui de Michael Schumacher entre 2010 et 2012. Afin de permettre à un autre de profiter de son travail de fond et que la première victoire de Russell sera visible en 2024.

En réalité, Toto Wolff, en parlant de 2ème ou 3ème carrière de Lewis Hamilton, pense à la capacité de l’équipe Mercedes AMG a non pas rester un top team, mais à retrouver sa capacité dominante à court terme. Ainsi, une évolution comme FerrariAlonso entre 2010 et 2013 ne pourrait pas être impossible non plus pour l’équipe allemande. Reste que cela place Mercedes dans un cycle de (re) construction continu…

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Note du Mardi – L’épisode Red Bull/Porsche…un récit

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgL’échec des accords entre Red Bull et Porsche ouvre de nouvelles perspectives, tout en dévoilant les approchent différentes des deux partenaires, dont on se demande s’il y avait un intérêt d’alliance au départ.

Retour à 2020. Honda annonce son retrait après la saison 2021. Red Bull, sous l’impulsion de Christian Horner, soutenu par Adrian Newey et Helmut Marko esquisse un plan pour l’avenir. Impossible de redevenir client ou partenaire d’un constructeur présent (Ferrari, Mercedes ou Renault). Le souvenir de la précédente expérience avec Renault 2014/2018 hante encore les murs de Milton Keynes. L’ambition est de construire son propre moteur pour 2022.

Honda accepte de céder la licence de son RA621H pour 4 ans (2022/2023/2024/2025), puis suite au titre de champion du monde de Max Verstappen, le constructeur japonais a accepté de construire le moteur 2022, afin de l’adapter à la nouvelle réglementation des carburants E10. Un investissement de 20 millions d’euros pour Red Bull envers Honda. En parallèle, les ambitions politiques de Red Bull était de faire geler le développement des moteurs dès 2023 et jusqu’en 2025. Seul condition pour que le projet soit viable. La FIA ira dans le sens de la réal politique moteur du constructeur autrichien.

Avec un moteur sous licence jusqu’en 2025, une réglementation de gel moteur, un support technique de Honda pour 2022, le plan est bien organisé.

Reste la question de 2026.

Dietrich Materchitz, du haut de son empire  envisage l’avenir. A 78 ans, l’idée de pérenniser son entreprise devient une priorité. Disposant toujours de 49% de sa société, le solde (51%) à Chalem Yoovidhya. L’heure est ainsi venu de trouver des partenaires solides pour l’équipe F1. Les discussions avec Porsche ont eu cette première motivation.

Porsche AG, motivé pour enfin démontrer son savoir faire dans une discipline qui lui a toujours résisté (hormis l’épisode TAG entre 1983 et 1987), engage des discussions et accepte de revenir à la condition que la réglementation moteur 2026, soit en adéquation avec leur future politiques. En échange, Materchitz propose une participation de 50% dans Red Bull Technology (RBT), l’entreprise qui conçoit depuis 2006 les Red Bull qu’engagent Red Bull Racing. Le montant de la transaction est évolutif est estimé à 300 millions d’euros. En échange, la marque allemande s’engage à financer le projet moteur, à hauteur du futur budget plafonné d’environ 130 millions d’euros (130 millions de dollars) par saison sur la période 2026/2030.

Le projet Red Bull Powertrain avance à grand pas. 300 personnes composent l’unité nouvelle en 2022, c’est encore près de 3 fois moins que ses concurrents, mais l’embauche d’Andy Cowell courant 2021, l’un des meilleurs ingénieur moteur de la décennie, annonce l’avenir. L’objectif est de construire un moteur 2026 et l’étude doit débuter en 2022. En plus du programme moteur, Horner et Newey annonce le lancement de la RB17. Une hypercar dans la lignée du programme Aston Martin Valkyrie qui a rapporté une centaine de millions d’euros à RBT. Avec ce projet, Adrian Newey souhaite marcher sur les pas de Gordon Murray qui a lancé à T50 et la T33, tout en développant ses projets automobiles. En cela, la Valkyrie est pour Newey la McLaren F1 de Murray.

Le duo Horner/Newey avance dans ce double projet d’unité moteur et hypercar. Le premier serait financé par Red Bull à 100% (95 millions d’euros par an), tandis que le second pourrait rapporter 150 millions d’euros au financement de l’ensemble du programme F1 du campus de Milton Keynes et c’est un signe d’indépendance face au projet Porsche. Pourrait-on croire.

Une alternative apparait alors au début de l’été, au moment où l’accord avec Porsche est au ralenti. Horner et Marko discute avec les dirigeants de Honda. Le constructeur japonais souhaite être plus présent en 2023 sur les monoplaces autrichiennes. Un chèque de 30 millions est en négociation. Pour la période 2023/2025, un modèle se met en place. Honda est le fournisseur principal de Red Bull Powertrain, contre 95 millions d’euros par an, auquel sera rétrocédé 30 millions à Red Bull Racing. Parallèlement, Honda souhaite participer au projet 2026.

A court terme, Horner propose un financement au projet Powertrain (comme prévu dans le business model) avec le concours de Honda et l’association avec un constructeur pour 2026.

Economiquement le calcul est simple :

2022 à 2025, le coût avec l’association de Porsche serait de 380 millions d’euros pour Red Bull. Mais 650 millions d’euros de financement jusqu’en 2030 par la marque allemande, en plus d’une participation de 50% à hauteur de 300 millions d’euros. En bref, un investissement de 380 millions pour Red Bull et un investissement de 950 millions pour Porsche.

En comparaison, le coût pour 2022 à 2025 du projet Horner/Honda serait de 260 millions d’euros, 120 millions provenant de Honda sous forme de labélisation. Mais 2026 est encore flou, malgré l’intérêt de la marque nippone pour continuer l’aventure. Auquel cas, cela serait 650 millions d’euros qui sont investis. Reste la prise de participation…

Mercedes et Red Bull ont des destins assez similaire et s’inspirent mutuellement, malgré les rivalités. Si Porsche a découvert que Adrian Newey n’était pas employé de Red Bull Technology en tant que CTO, mais employé directement par Dietrich Materchitz, l’attractivité est moindre. De son côté, Horner pourrait souhaiter être l’équivalent de Toto Wolff, c’est-à-dire actionnaire à hauteur de 30%. Helmut Marko ou Adrian Newey pourrait avoir une aspiration de disposer d’une part dans l’équipe autrichienne également. Ainsi, avec 40 ou 50% de l’actionnariat contrôlé par Horner/Marko/Newey, le projet Red Bull F1 pourrait envisager l’avenir. Au lieu d’avoir les ordres d’un constructeur. Détail qui a été révélé par Christian Horner, lors de l’échec des négociations avec Porsche. Reste que ce projet serait un leg de Materchitz envers ses fidèles collaborateurs, ayant développer le projet F1 depuis 2005/2006, et non un gain par une vente comme le projet avec Porsche pourrait rapporter.

Finalement l’accord avec Porsche a été stoppé. Sans avoir vraiment débuté. Il était le fruit d’une anticipation d’avenir du patron, mais la réaction des acteurs de terrains du projet F1 a provoqué un malaise interne. L’ombre de Honda et des projets industriels ambitieux, semble avoir convaincu Materchitz. Attendons maintenant les distributions de participations gratuites pour définitivement conclure cet épisode Red Bull/Porsche…

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Note du Mardi – Le critère entre un bon et un très bon Team Manager

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgAu début du mois d’aout, au milieu de l’affaire Alpine-Piastri-McLaren, Christian Horner a dévoilé que Lewis Hamilton voulait piloter pour Red Bull. En réalité c’est la deuxième fois en deux ans que team manager anglais de l’équipe autrichienne racontait une histoire qui n’avait rien d’extraordinaire. Mais en réalité c’est son véritable seul fait d’arme.

La réflexion de Flavio

Lorsque fin 1995, Michael Schumacher remporta son deuxième titre, la célébration du team Benetton laissait un goût amer à Flavio Briatore. Commercial et surtout publiciste de sa propre carrière, l’italien avait toutefois révélé que sa crédibilité de team manager de Benetton Formula se résumait à deux événements : Septembre 1991, lorsqu’il déroba Michael Schumacher à Eddie Jordan et octobre 1995, l’heure du deuxième titre de champion du monde du même Michael Schumacher. L’allemand avait signé pour concourir avec la Scuderia Ferrari en 1996. Seul, Briatore s’était juré que son passage en Formule 1 ne se résume pas à ces deux événements. L’histoire démontrera qu’il y aura plus d’événements pour lui définissant son passage de 20 ans en Formule 1.

Ron Dennis, la référence

Toutefois la réflexion de Briatore faisait échos au plus brillant team manager de la Formule 1 : Ron Dennis. En effet, l’anglais de McLaren avait fait venir John Barnard et le châssis carbone, fait revenir et faire gagner Niki Lauda, obtenu le concours d’Alain Prost, signer Ayrton Senna. Puis développer son équipe avec Mercedes-Benz et au niveau marketing en imposant des standards, signé Kimi Raikkonen et promu Lewis Hamilton. Une carrière incroyable qui fait exemple.

Son alter égo Frank Williams pouvait également revendiquer un palmarès management impressionnant : Lancement de sa nouvelle structure avec Patrick Head en 1977, signature d’Alan Jones, de Honda, de Mansell (et son retour en 1991), du 4ème titre d’Alain Prost, de la perte du moteur Renault, la disparition d’Ayrton Senna, la signature pour le retour de BMW et les débuts de Jenson Button (et l’échec de son retour) et Nico Rosberg.

Mais quid des managers de la génération actuelle ?

Christian Horner n’est pas l’homme qui décide des contrats des pilotes. Il n’a même pas décidé de l’arrivée d’Adrian Newey (merci David Coulthard), il a principalement entretenu les relations avec l’ingénieur anglais pour renforcer sa position face à Helmut Marko, réellement influant et intouchable chez Red Bull. Au début de l’aventure Red Bull Racing, c’est Dany Bahar, le numéro 2 entre 2004 et 2008, qui inspira une bonne partie de la stratégie actuelle de la marque autrichienne (Achat de Minardi – Aujourd’hui Alpha Tauri et la doctrine des moteurs en accord avec Adrian Newey). Ainsi, les discussions rapide entre Lewis Hamilton en 2011, pour devenir pilote 2012 de l’équipe autrichienne ont été de son seul fait. Ainsi il en use et abuse. L’homme depuis 17 ans est un coordinateur de projet. Pas un inspirateur.

Revenons par le passé. Jean Todt a eu le plus beau palmarès du début du siècle, mais en réalité sa carrière s’est résumé à deux aspects : Obtenir la signature de Michael Schumacher et assuré le titre de champion du monde de Kimi Raikkonen. Le français s’est contenté de cela pour obtenir un aura pour sa crédibilité politique. Depuis, ses remplaçants à Maranello, n’ont été que des gardiens du temple ou des coorindateurs de projet.

Toto Wolff est un cas particulier. C’est un homme d’affaires, qui s’investit dan des projets. Il n’est pas un coordinateur de structure. Toutefois, il n’y es pour rien dans l’arrivée de Lewis Hamilton chez Mercedes en 2013 (il n’est arrivé qu’au début du printemps). Il a principalement entretenu l’héritage et apposé une culture. Toutefois, son principal fait est qu’il développe une influence, que seul Flavio Briatore pouvait revendiquer être 1996 et 2009. Mais, sa carrière dans le sport est symbolique et uniquement résumé au départ de Nico Rosberg après son titre de champion du monde en 2016, malgré un contrat dument signé.

Les autres team manager, n’ont pas réellement d’image. Gunther Steiner, présent chez Haas F1 Team depuis 2016, ne brille guère par ses décisions de management. Frantz Tost est l’avatar autrichien de Christian Horner chez Alpha Tauri. Frederic Vasseur chez Alfa Roméo est trop discret au niveau de sa publicité, tandis que Jost Capito n’a encore rien fait de probant chez Williams.

Les exploits de Zack Brown et Andreas Seidl chez McLaren, pour le moment sont résumé sur l’échec Daniel Ricciardo, la couleur orange et le changement d’approche marketing. De son Otmar Szafnauer, présent chez Alpine depuis 2022, passe son temps à parler de son ancienne équipe et de son départ d’Aston Martin, comme si cela était son seul fait d’arme. Ainsi lui et le duo de McLaren pourront parler de l’affaire Piastri.

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Note du Mardi – Les salaires augmentent malgré la crise économique

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLe designer franco-américain, Raymond Lewy, racontait que lors de la crise de 1929, il avait perdu toute ses économies qui étaient en bourse. Elles ne valaient presque rien. Il a alors décidé de louer pour 1 mois un appartement à Manathan et une voiture de luxe, afin de montrer malgré la crise, tout va pour lui. Cette notion du fort avec le fort existe en Formule 1 depuis plus de 30 ans. Après chaque grande crise économique, les champions du monde augmentent de manière significative leurs salaires et la masse salariale augmente en parallèle.

Entre les années 70 et milieu des années 80, l’économie mondiale n’a guère eu d’incidence sur l’économie de la F1. Les salaires ont augmenté de 1973, passant pour Jackie Stewart qui touchait 250.000 dollars à 4 millions de dollars pour Niki Lauda en 1982.

De 1987 à 2020, Wall Street en conscéquence

En 1987, le Krach de Wall-Street a été bref, mais le choc va être systémique. En 1987, Alain Prost et Nelson Piquet sont les deux seuls champions du monde en exercice. Le français vient de signer un deal de 6 millions de dollars avec McLaren pour 3 ans, tandis que Piquet touche 5 millions chez Williams. En 1988 et 1989, les deux vont toucher 8 millions pour Prost et 7 millions pour Piquet. En 1988, Ayrton Senna, champion du monde toucha 8 millions de dollars.

En 1994, la crise monétaire européenne, ajouté à la chute de l’économique japonaise a provoqué une baisse de salaire du seul champion du monde en exercice. Ayrton Senna accepta de diviser son salaire par deux, passant de 16 à 8 millions de dollars. Toutefois, en 1995, Michael Schumacher va toucher 10 millions de dollars et 25 millions de dollars en 1996, après sa signature avec Ferrari.

En 2000, la crise de la nouvelle économie va provoquer une crise économique en 2001 et 2002. A ce moment-là, Michael Schumacher a prolongé son contrat avec Ferrari sur une durée de 4 ans pour un salaire de 35 millions de dollars. Jacques Villeneuve va prolonger son contrat avec BAR pour 16 millions de dollars en 2001, 18 millions en 2003 et 22 millions en 2003. En 2001, Mika Hakkinen a souhaité 20 millions de dollars de McLaren pour prolonger. Une négociation qui a échoué.

En 2007/2008, la crise des Subprimes va se prolonger jusqu’en 2012. Fernando Alonso en signant de McLaren à Renault va gagner 30 millions à 45 millions de dollars. Puis une moyenne chez Ferrari de 40 millions de dollars par an. Lewis Hamilton va toucher entre 16 et 20 millions de dollars par an de salaire chez McLaren sur la période. Jenson Button après avoir accepté une réduction de salaire a été mesuré niveau salaire passant de 5 à 9 millions de dollars de Brawn à McLaren. Tout comme Sébastian Vettel qui touchait 1,5 millions de dollars en 2010 et 8 millions en 2011 et 10 millions en 2012. Kimi Raikkonen avait obtenu un contrat record avec Ferrari en 2007 et obtenu le salaire le plus gros de l’histoire en 2008 et 2009 avec 60 millions de dollars par saison.

Depuis 2020, avec la crise Covid, les salaires de Lewis Hamilton sont constant, tandis que Max Verstappen a obtenu doublement de salaire jusqu’en 2028. Entrainant avec eux une augmentation des rémunérations, qui n’ont jamais été aussi importante.

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Note du Mardi – Le cycle de vie de la F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgAlors que la saison 2022 arrive à mi-parcours, les résultats de la Scuderia Ferrari, face à Red Bull Racing cristallisent les fans. Tout comme l’inconstance de l’Alpine, le manque de performance des Mercedes, Aston Martin, Williams et McLaren et de Pierre Gasly avec l’Alpha Tauri, au contraire des bons résultats de la Haas de Mick Schumacher qui a marquée deux fois de suite ses premiers points en championnat du monde.

Toutefois, la logique est respectée. Car, tout est une notion de cycle.

En Formule 1, la construction d’une équipe passe par 4 cycles :

  1. La construction
  2. La consolidation
  3. L’âge d’or
  4. Le passage à vide

Historiquement, l’âge d’or d’une équipe (plusieurs victoires ou un titre de champion du monde), arrive après un processus rigoureux de 5 ans. Mais il est déjà arrivé que le processus passe chaque année une étape initiatique, comme Williams entre 2000 et 2005, ou Honda/Brawn/Mercedes entre 2007 et 2011. Ainsi l’âge d’or n’a qu’une durée d’une saison.

La consolidation peut durer 3 ans, mais généralement sa durée est de 1 à 2 ans. Ensuite le passage à vide peut durer longtemps, si l’équipe n’a pas l’analyse interne approprié. C’est ce qui est arrivé à l’équipe Williams entre 2016 et 2020.

Red Bull entre 2010 et 2013 était dans son âge d’or, tout comme Mercedes de 2014 à 2021. Statistiquement, sur les 30 dernières années l’âge d’or a une durée de 3,5 ans en moyenne.

Pour la saison 2022 :

  • Red Bull : Age d’or
  • Ferrari : Consolidation
  • Mercedes : Passage à vide
  • McLaren : Passage à vide
  • Alpine : Consolidation
  • Alfa Romeo : Re Construction
  • Haas : Consolidation
  • Alpha Tauri : Passage à vide
  • Aston Martin : Construction
  • Williams : Passage à vide

Il est normal que Ferrari fasse des erreurs, car l’équipe n’est pas mature, contrairement à Red Bull qui depuis l’an dernier est dans son âge d’or. Côté Mercedes et McLaren, le passage à vide est visible. Bien que Mercedes amorce déjà sa phase de re construction, tandis que McLaren qui a beaucoup misé sur le cycle précédent en touchant son âge d’or avec la victoire de Monza, doit se reconstruire en 2023. Alpine était dans une phase de construction l’an dernier. D’ailleurs la victoire d’Ocon n’est pas considéré en interne comme étant un bon résultat, mais un résultat qui arrive « trop tôt ». Les performances de l’Alpine cette saison montre que l’équipe monte en puissance.

Alfa Romeo était dans son passage à vide en 2021, avec beaucoup de mise à jour, sans résultat et des pilotes en fin de cycle. Place à un nouveau duo, une nouvelle dimension et les résultats sont revenus. Tout comme Haas qui a fait le choix l’an dernier de ne pas modifier sa monoplace pour son duo de pilote jeune et qui cette année démontre de belles disposition. Alpha Tauri est dans une phase du passage à vide depuis la deuxième partie de saison 2021.  Aston Martin, après un passage à vide 2021, après l’âge d’or Racing Point de 2020, entre dans sa phase de construction. Enfin, Williams a atteint son âge d’or en 2021, avec les points et les podiums de Russell et sombre dans son passage à vide en 2022. La mise à jour de la monoplace, démontre la réaction en direction de la reconstruction pour 2023.

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Note du Mardi – Sebastian Vettel, le pilote activiste

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLe casque de Sébastian Vettel au GP du Canada a fait grand bruit, comme sa position médiatique qui fait débat. Toutefois, c’est véritablement la première fois qu’un pilote entre dans une démarche activiste aussi forte.

Activiste plus que quadruple champion du monde

« Arrêtez l’exploitation des mines de sable bitumeux » le casque de Vettel a été entrevue aux essais libres et qualifications, mais finalement abandonné par le quadruple champion du monde pour la course dimanche. En réponse, le ministre de l’Énergie d’Alberta (ou est situé les mines), a répondu que Vettel était hypocrite. Une réponse devenu assez convenu depuis l’intervention du pilote allemand à la BBC dans l’émission Question Time, plus tôt ce mois-ci. En cause : la présence d’Aramco sur la monoplace Aston Martin, piloté par Vettel en Grand Prix. Un sponsor qui est le plus grand pétrolier du monde.

Un partenaire stratégique, qui pourrait devenir plus que cela pour l’équipe anglaise. Des documents détaillant les comptes annuels d’AMR GP Limited, la société d’exploitation de l’équipe de F1, révèlent que l’accord d’Aramco lui accorde également une option de souscription de 10 % du capital social de AMR GP Ltd. Ajoutant l’amalgame à la démarche de Vettel dans sa communication. En parallèle, le pétrolier saoudien a communiqué sur ses projets durables pour l’avenir.

De Lewis à Sébastian et les subtilités de contrat

Avant lui, Lewis Hamilton durant la saison 2020 avait largement fait état de ses convictions, mais préférant miser sur la diversité comme combat, et l’écologie comme impact secondaire. Son salaire était payé pour 50% par la société chimique INEOS, Hamilton demande des garanties autour de l’écologie, mais reste discret dans ce domaine. Le géant pétrochimique communiquant sur l’équipe Mercedes AMG F1, mais jamais sur Hamilton directement et sur ses projets et investissements durables. Une opération win/win pour les deux parties.

Dans le cas de Sébastian Vettel, l’accord Aramco ne paie en rien son salaire. Le quadruple champion du monde avait bien pris soin de faire un deal avec Lawrence Stroll et la marque Aston Martin. Pour rappel, le contrat est en trois parties : une partie de primes, un salaire fixe et un contrat d’ambassadeur de la marque anglaise pour 4 millions d’euros par saison. Vettel souhaitant également que l’on associe son image sur les réseaux sociaux auprès de partenaires réalisant de bonnes actions. L’an dernier avec BWT et cette année énormément avec Peroni. Ainsi, Vettel a un contrat avec la marque Aston Martin et Lawrence Stroll, pas directement avec Aston Martin Racing. Une subtilité.

Le passage à l’âge adulte des pilotes

L’image de Vettel est désormais passé à l’âge adulte. Il n’est plus un pilote héritant de son riche palmarès sportifs. Il souhaite ajouter une dimension humaine. Une profondeur que le monde de la F1, qui est un monde de paraitre et de surface ne comprend pas et accuse. C’est toutefois l’évolution logique de pilotes ayant une aussi longue carrière. Ils ont un cycle de 10 ans autour de leur palmarès, pour ensuite rendre à la F1 ce qu’elle leur à apporter. Auparavant cela se traduisait par un rôle d’agent de pilote (Keke Rosberg et Hakkinen par exemple), la création d’une équipe (Prost), commentateur TV (Lauda, Nico Rosberg, Hunt par le passée). Aujourd’hui, ils apportent des sujets de diversités, d’écologie, d’impact de la F1. Ajoutant du relief au programme WeRaceAsOne de la Formule 1 lancée en juillet 2020.

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Note du Mardi – Les Académies de crise

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa signature de Sergio Perez jusqu’en 2024 avec Red Bull Racing renvoie aux ambitions de Pierre Gasly et Yuki Tsunoda de devenir l’équipier de Max Verstappen. Plus loin à l’horizon c’est la politique des « Academies » qui est aujourd’hui remise en question.

Nous savons que Red Bull dispose de 12 pilotes juniors sous contrat, allant de la F2 au Karting. Dans le détail, c’est 5 pilotes F2 qui seront concerné par la signature de Perez. Cette conséquence n’est pas uniquement pour Red Bull, elle est pour tout le monde.

McLaren : La première académie

La première Academie a été crée en 1998 par McLaren et Mercedes. Le constructeur allemand avait dans les années 90 promus un trio de pilote dans son équipe d’endurance (Karl Wendlinger, Heinz-Harald Frentzen et Michael Schumacher), tous débuteront en Formule 1 entre 1991 et 1994. Avec le concours du constructeur allemand. Ron Dennis a voulu réintroduire le projet avec la création d’un junior team F3000 et la signature de Nick Heidfeld. Mais en coulisse c’est aussi Nico Rosberg et Lewis Hamilton qui vont débuter dans la structure.

L’histoire nous démontre que les équipes lancent leurs académies a un moment précis. Au moment ou l’économie mondiale n’est pas dans une situation favorable.

Des projets de crises

Depuis 25 ans il y a eu quelques moment de crise pour l’économie mondiale. 1997/1998 c’est la crise asiatique. 2000/2003 la crise internet et la guerre en Irak, puis 2008/2012, la crise des subprimes et les conséquences dans le monde niveau économique sur le crédit. Puis 2020 à aujourd’hui, qui est la crise Covid19 et la guerre en Ukraine.

Red Bull a lancée son projet en 2001 et 2002, Renault a lancé son projet en 2001, McLaren en 1998, Ferrari en 2009, Alfa Roméo en 2020. Seul Williams en 2016/2019 et Mercedes en 2014, ont lancé leur projet hors crise. En parallèle, McLaren a stoppé son programme depuis Lando Norris en 2019.

Car c’est aussi dans ses moments de crise économique que les équipes prolongent des contrats de leur pilotes confirmés à la hausse. L’exemple de McLaren en 2007, avec Juan Pablo Montoya demandant 25 millions de dollars pour continuer à Woking et Kimi Raikkonen a qui ont proposait 64 millions de dollars pour être l’équipier de Fernando Alonso (30 millions de dollars), contrastait avec les 7 millions de dollars de salaire avec primes de Lewis Hamilton lors de sa première saison de F1. Investir dans un jeune pilote s’est amortir ses coûts. Renault l’a bien fait avec Fernando Alonso entre 2003 et 2006, McLaren également avec Hamilton entre 2008 et 2013. D’ailleurs Alphine est dans cette situation, ayant prolongé Estban Ocon jusqu’en 2024 à la hausse et hésitant entre prolonger d’une ou deux saisons Fernando Alonso (17.5 millions d’euros de salaire) et signer le jeune Oscar Piastri pour 17 fois moins et évoluer avec lui.

Un investissement important

McLaren préfère aujourd’hui développer une stratégie ciblé qui maitrise les coûts. Une carrière de pilote de Karting à la F1 coûte aujourd’hui une dizaine de millions d’euros. Nous savons que le programme Mercedes coutait 20 millions d’euros par an, à l’époque ou George Russell était chez Williams, tandis que le programme junior Red Bull est estimé à 50 millions d’euros par année. Pour finalement peu d’élu.

Red Bull avait racheté Minardi en 2006 pour permettre à des jeunes pilotes de débuter en Formule 1, selon un cursus bien établit : Les meilleurs iront chez Red Bull Racing. Sébastian Vettel, Daniel Ricciardo, Max Verstappen, Pierre Gasly et Alex Albon ont fait ce parcours. Désormais la stratégie Red Bull sera différente avec la prolongation de Sergio Perez. Notons que Alpha Tauri est un investissement de 50 millions d’euros par an pour Red Bull.

Le talent en F1 en cas de crise n’est plus la donnée de sélection. Theo Pourchaire, de l’Academie Sauber Alfa Roméo, a qui ont a préféré Zhou et son potentiel autre en est un témoin privilégié…

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Note du Mardi – La fatigue mentale est un sujet F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgDans une récente interview, Heikki Kovalainen, pilote de F1 entre 2007 et 2012 a indiqué qu’il était très difficile d’être l’équipier de Lewis Hamilton (il l’avait été en 2008 et 2009 chez McLaren). Le champion du monde le forçant à extraire un maximum pour le vaincre en continue, ce qu’il était incapable de faire. Rappelant que Nico Rosberg, après avoir obtenu son titre de champion du monde 2016 a pris sa retraite. Usé mentalement.

Pendant longtemps, la condition physique était essentiel pour un pilote. En parallèle, on pensait que d’autres facteurs, tels que la déshydratation et la température corporelle, jouaient un rôle dans l’établissement des limites physiques, mais, surtout, l’esprit était considéré comme beaucoup moins important que la « fatigue périphérique » dans le corps. Depuis la notion mentale fait prendre conscience que le cerveau fatigue lui aussi pendant l’effort. Réduisant de 15% l’aspect physique selon des études. Bref, c’est lui qu’il faut aussi muscler.

Le retrait de Rosberg est la première fois qu’on entendait cette notion de fatigue mentale, en Formule 1. Auparavant, la notions de « confiance dans la voiture » était une norme. Une notion simpliste. Valtteri Bottas, entre 2017 et 2021 n’était pas en perte de confiance dans la voiture pour être performant, il forçait à être performant et n’y arrivait pas, en comparaison avec Lewis Hamilton. Cela a usé sa confiance, préférant miser sur un point fort par la suite (la qualification), au détriment du reste. Les saisons 2020 et 2021 ont été un exemple de cette stratégie. Désormais, le pilote finlandais, avant de s’user, à préférer partir et Alfa Roméo lui a redonner confiance en lui.

L’usure de la discipline

Kimi Raikkonen entre 2010 et 2011, Fernando Alonso en 2019 et 2020, le disent. Après des années en F1, la pression est telle que le mental n’a plus envie. Pour le finlandais, le titre de champion du monde était l’aboutissement d’une vie. Il fallait trouver un nouvel élan. Pour le double champion du monde espagnol, c’était son approche politique dans une équipe pour maintenir son statut qui se refermait sur lui. Il n’était plus apprécié du paddock. Il fallait se refaire une santé et c’est un nouvel Alonso qui a été présenté chez Alpine en 2021.

Vettel, Ricciardo et Hamilton, l’émotion en avant

Après une saison 2019 difficile, Sébastian Vettel avait fait son auto-critique en fin de saison. Estimant qu’il aurait du faire autrement. Déjà en 2014, aux côtés de Daniel Ricciardo, Vettel avait montré un aspect émotionnel en s’effondrant après avoir enchainé 4 titres de champion du monde. D’ailleurs, il est entendu qu’Aston Martin se pose aujourd’hui des questions sur l’avenir avec Vettel. Le pilote n’apportant plus véritablement, ce pourquoi il est payé. Pourtant le choix de l’équipe était le bon, après deux équipes ayant un management plutôt émotionnel (Red Bull et Ferrari) et donc usante sur le long terme.

Daniel Ricciardo peut en témoigner. Vainqueur de Grand Prix avec Red Bull entre 2014 et 2018, l’australien a préféré quitter l’équipe autrichienne, malgré un salaire équivalent à ce que proposait les autres, mais principalement à cause du management spécifique de Red Bull. Ricciardo a réalisé une saison chez McLaren très difficile, proposant d’arrêter en fin de saison, si l’équipe n’était pas 3ème du championnat. Dernièrement le pilote souhaitait planifier sa retraite, mais le GP de Las Vegas lui a redonné envie. Toutefois, cela devient désormais cyclique. Entre positif et négatif. Le management de McLaren à dû, pour la première fois, gérer un pilote évoluant de caractère jour après jour. Ricciardo n’a plus la stabilité d’antan. La victoire de Monza, n’aura été qu’un bref sourire dans une relation bien terne. Ricciardo lutte désormais contre son équipier pour exister, après une fin de saison 2021 et un début de saison 2022 difficile.

Le cas de Lewis Hamilton est intéressant, car le pilote qui a été le plus fort mentalement durant sa carrière (battant Fernando Alonso, Jenson Button, qui était des champions du monde en titre et ses équipiers). A la différence de Michael Schumacher, qui utilisait son esprit d’équipe pour engager une équipe autour de lui, afin d’obtenir la confiance des autres et se renforcer mentalement. Hamilton est plus émotionnel et ne se cache plus. La saison 2021 a été difficile contre Max Verstappen et son retrait des réseaux pendant plusieurs mois a indiqué une premier signe d’alerte. Mentalement l’homme était épuisé. Sa motivation de revanche, est une motivation de court terme. La réalité de la piste et une monoplace actuellement peu compétitive, entame une partie de son mental. L’homme avait déjà, à la différence d’un Vettel, changé son approche du pilotage pour rester compétitif. Il l’avait fait en 2017 et 2021. Cela avait nécessité un gros effort, mais le résultat était marquant. La monoplace 2022 est un effort supplémentaire. Hamilton confie sa souffrance. En parallèle, par simplification on parle de retraite et de son âge. Comme pour justifier ou masquer un tabou.

Une statistique

Dans le cas opposé, une statistique. Les premiers titres de champion du monde pilote sont très souvent acquit grâce à la supériorité d’une voiture. Mais, lorsque le premier titre est obtenu de haute lutte, jamais le champion du monde enchaine un deuxième titre derrière. Phil Hill en 1962 avec Ferrari, Graham Hill en 1963 avec BRM, Denis Hulme en 1968 après son titre, James Hunt en 1977 chez McLaren, Ayrton Senna en 1989 chez McLaren, Jacques Villeneuve en 1998 chez Williams, Lewis Hamilton en 2009 chez McLaren, Jenson Button en 2010, Nico Rosberg après son titre en 2016… Max Verstappen, avec son attitude de début de saison, montre des signes d’épuisement mental. Il est probable qu’il luttera pour le titre, mais peu de chance statistiquement qu’il le défende.

En parallèle, les multiples champion du monde ont aussi été marqué après une saison difficile pour obtenir un titre. Niki Lauda entre 1984/1985 est le premier exemple le plus frappant. Mais, Alan Jones en 1981/1982, Nelson Piquet en 1987/1988, Mika Hakkinen entre 1999/2000/2001, Michael Schumacher 2005/2006, Fernando Alonso entre 2007/2008 etc… Mais à l’époque la retraite ou s’engager dans une autre équipe était le salut.

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Note du Mardi – McLaren et son plan stratégique

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLe début de saison 2022 de l’équipe McLaren est décevant. Malgré les promesses des essais de Barcelone, les monoplaces oranges et bleues sont aux prises avec plusieurs problèmes techniques et sont en fond de la grille. Comment est-il possible qu’une équipe qui a remporté un Grand Prix il y a quelques mois à peine soit aujourd’hui presque la lanterne rouge de la compétition ? La réponse est peut-être à voir du côté du mythe d’ICARE, qui s’approchant du soleil a vu ses ailes fondre…

En 2018, Zak Brown avait identifié le principal problème de l’équipe McLaren : son organisation et sa culture. La structure de l’équipe a évolué avec l’embauche d’Andreas Seidl, mais les défauts étaient là. Pire, c’est une stratégie de court terme qui provoque la baisse de régime de McLaren aujourd’hui.

L’équipe estimant qu’elle avait tout pour réussir (un bon moteur Mercedes, un bon line-up de pilote, une bonne approche technique), le plan de Zak Brown, présenté en 2017 aux actionnaires a fait que McLaren est devenu compétitive. Abandonnant le moteur Honda pour un Renault, puis un Mercedes. Abandonnant Fernando Alonso pour Carlos Sainz, puis Daniel Ricciardo. Abandonnant ses ingénieurs seniors expérimentés pour miser sur un ingénieur n’ayant connu que des équipes de milieu de tableau, mais ayant pour lui le fait de savoir travailler avec peu d’argent en anticipation du plafond budgétaire, tout sur le papier était bon.

Le changement a été impressionnant et dès 2019, les résultats ont été visible. 4ème du championnat du monde cette année-là, puis 3ème en 2020 et enfin une bataille avec la Scuderia Ferrari l’a fait échouer à la 4ème place, malgré un doublé à Monza. Mais, le plan stratégique a négligé un aspect : la nouvelle ère de la Formule 1 commence en 2022.

Le plan Ferrari

Par opposition, la Scuderia Ferrari a abandonné 2020 et 2021, se concentrant sur son opérationnel avec l’exploitation d’un design en améliorant des détails, tandis que l’équipe technique concevait la nouvelle arme qui a permis à Charles Leclerc et Carlos Sainz de réaliser un doublé lors du premier Grand Prix de la saison. Pendant la même période, Ferrari a développer une stratégie différente de McLaren, misant sur le renforcement de ses équipes satellite (Haas et Alfa Roméo), pendant que l’usine de Woking s’isolait en devenant client Mercedes.

Le point faible moteur

L’historique patron de McLaren, Ron Dennis, avait toujours indiqué que pour remporter un titre mondial, il fallait s’associer exclusivement à un constructeur. En ayant un moteur V6 turbo Porsche financer par TAG, entre 1983 et 1987 puis un Honda de 1988 à 1992, Peugeot en 1994, Mercedes de 1995 à 2014 et entre 2015 et 2017, Honda. La doctrine n’était pas ridicule. Red Bull devant le retrait de Honda a préféré capitaliser sur l’investissement du constructeur nippon pour devenir autonome en estimant qu’une approche holistique de la conception d’une monoplace allait être la clé du succès de la nouvelle réglementation. Une stratégie que McLaren a toujours hésité de réaliser (voir ici et ).

Ferrari ayant misé sur le renforcement de ses liens avec ses équipes satellite pour partager ses investissements et maintenir sa compétitivité malgré le budget plafond. Red Bull faisant de même avec Alpha Tauri, en opposition Mercedes (malgré Aston Martin en 2020 et 2021) n’a pas vraiment eu de stratégie d’anticipation. Elle fournit des moteurs et éventuellement des boites de vitesses (soit comme Ferrari il y a 10 ans).

Le plan stratégique de McLaren était d’exploiter au maximum la réglementation précédente pour faire revenir l’équipe dans le carrée des Tops Teams. Mission accomplie, car cela a permis de nouer des accords commerciaux, prolonger Lando Norris sur le long termes et crédibiliser la marque McLaren. Le passage au moteur Mercedes, n’était pas un problème sur le papier, tant que la nouvelle réglementation devait débuter en 2021. Mais elle a été décalé d’une année et Woking a été obligé de développer des ressources d’adaptations pour 2021 au lieu de 2022. Maintenant, il faut désormais tout reprendre à zéro pour 2022. L’équipe se retrouve au même niveau que 2018, essayant de comprendre ses problèmes pour remonter au classement par la suite.

 

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