La Formule 1 évolue comme Hollywood

Ceci est une réflexion et pas une vérité absolue. Je m’intéresse depuis plusieurs semaines à la mécanique économique d’Hollywood et ses blockbusters estivaux. Depuis la sortie médiatique de Steven Spielberg sur l’industrie du cinéma (qui va imploser avec le temps), l’article sur Vanity Fair France (premier numéro) sur la manière dont l’industrie du film américain a réduit l’impact des stars US dans les films avec ses mégas productions, est intéressant pour la Formule 1, car aujourd’hui la discipline est un divertissement plus qu’un sport.

Une phrase m’a interpellée tout particulièrement en lisant un article sur Slate.fr. Un professeur de finance à Stanford, Illya A. Strebulaev compare la Silicon Valley et Hollywood qui sont présentés comme les deux vecteurs positifs de l’économie américaine : « Ces deux industries sont imprévisibles et instables, et ne sont pas idéales pour gagner de l’argent. » avant d’ajouter la phrase la plus importante : « Hollywood et la Silicon Valley n’existent que grâce à quelques rares mais juteux succès. »  En bref, ces deux secteurs bénéficient d’investissement alternatif.

Aujourd’hui 7 films sur 10 échouent au cinéma. La sortie demain de Pacific Rim, blockbuster à 200 millions de dollars n’a engrangé que 38 millions durant ses premiers jours. Sachant que les studios américains touchent 90% du prix du billet la première semaine, tous les espoirs sont pour l’Europe et l’Asie désormais. Mais cette grosse production de l’été, ne se présente pas bien.

Pourquoi parler de cinéma alors que c’est un blog de Formule 1 ? Simplement parce que c’est la même chose aujourd’hui sur les circuits. Sauber F1 Team vient de se sauver avec un ensemble d’accord et d’investissement Russes, lui permettant de gagner 30 millions d’euros par année. Cette saga estivale renvoie à Force India, Lotus F1 Team et Williams d’une certaine manière, qui ont eu des éloges médiatiques du même niveau 18 mois auparavant. Au cinéma les suites fonctionnent ? En Formule 1, le retour de McLaren, Mercedes et Ferrari continuent de passionner les sponsors, tandis que Red Bull Racing tente d’établir une quadrilogie en 2013.  En somme, la Formule 1 n’existe plus vraiment comme un sport. Comme la Silicon Valley et Hollywood, la F1 se présente comme un investissement à perte, ayant pour seule valeur la revente à un tiers. Avec cet accord Russe, Sauber se valorise pour le futur. De la même manière que Williams l’a fait avant son introduction en bourse, ou que Brawn l’avait fait avec son rachat par Mercedes-Benz (surtout avec la rumeur d’ailleurs). Le sport est artificiel, juste un prétexte. La valeur est dans l’usine (la pierre), ses accords techniques et son image. Le reste n’a aucune importance.

La Formule 1 se coupe petit à petit de son cœur, son histoire et sa raison d’être. Elle perd de son intérêt à cause de cette évolution et non pas de ce qu’il se passe en piste. Sébastian Vettel ne soulève pas les foules, alors qu’un Michael Schumacher était une icône en Allemagne, un signe qui ne trompe pas. Ce n’est pas parce que Vettel à moins de talent ou que la discipline est devenue anonyme. Non c’est parce qu’il évolue dans une discipline qui n’a plus d’âme. Kimi Raikkonen et Fernando Alonso représente l’ultime acte d’un autre temps, c’est pour cela qu’ils sont les véritables stars de la discipline.

De la même manière que les super productions US ne mettent plus de stars en avant, mais des visages pour incarner des personnages et que les stars, représentant le vrai Hollywood acceptent des rôles interchangeables de soldat sauvant le monde, à l’infini (Tom Cruise avec Oblivon, Will Smith avec After Earth et Matt Damon avec Elysum). Kimi Raikkonen acceptera t’il d’aller chez Red Bull Racing pour se fondre dans ce moule ? Au lieu de cultiver ce que fait Fernando Alonso avec Ferrari depuis 2010 ? l’Oscar ou le chèque ?




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2 Responses to La Formule 1 évolue comme Hollywood

  1. Tom dit :

    Malheureusement, comme dans de nombreux (presque tous) domaines aujourd’hui, ce n’est qu’une histoire de finance qui joue aux marionnettes avec le public et profite de son innocence. Bernie et sa clique, le maître des marionnettes.

  2. Tout a fait le style d’idee dont je me fesait du sujet, merci bien pour cette excellent billet

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