Le transfert des actifs Marussia F1 Team sous la tutelle d’une société nommée Marussia Communications Ltd (basée dans un paradis fiscale) avait de quoi intriguer. En réalité ce transfert fait partie d’un plan de cinq années imaginées par Andrei Cheglakovs: Transformer son équipe en médias.
Nous avons déjà des équipes devenues constructeurs automobiles, des constructeurs qui ont des équipes, le modèle plate-forme d’affaire de Genii Capital, mais jusqu’à présent personne n’avait jamais fait constat suivant : « La Formule 1 n’est pas qu’un sport, c’est aussi média. » Jugeant que le modèle du sponsoring actuel largement usité par les équipes n’est plus adapté à l’économie mondiale actuelle.
De la même manière que Coca Cola qui souhaite devenir un média, abandonnant ainsi les communiqués de presse pour privilégier le contenu et faire partie intégrante du quotidien des gens. L’équipe Marussia évoluera comme une entreprise de communication utilisant les fans comme vecteurs centrales de son économie. Ainsi ce n’est plus réellement une marque que le russe souhaite mettre en avant, mais un savoir-faire et une image. En cela, rien de nouveau, d’autres l’on déjà fait. Jordan, BAR et dernièrement Lotus ont exploré cette piste avec succès. Mais Cheglakovs pourrait aller plus loin dans la logique et reprendre à son compte ce qui a été entrevue à Enstone entre 2012 et 2014, lorsque Stéphane Samson était à la tête du marketing et de la communication de l’équipe Lotus.
Le premier levier de l’homme d’affaire russe est d’investir massivement le marché du Fantasy League, peu connu en France malgré quelques acteurs indépendants dans le domaine de la Formule 1. Mais répandu en Hollande ou tous les sites d’informations F1 ont leur site de ce genre comme modèle économique. Le marché du Fantasy League est entrain de devenir une économie de plus de 3 milliards d’euros dans le monde. Un engouement surtout visible en Amérique du Nord et qui consiste à jouer dans une ligue sportive virtuelle. Cette ligue est composée d’un certain nombre de joueur qui se transforment en team manager (dans le cas de la F1), qui agissent via un budget et c’est un jeu au quotidien. Les récompensent en jeu peuvent être des cadeaux, argent ou rien. Un produit tellement intéressant de l’autre côté de l’Atlantique que la chaine américaine FX a crée en 2009 la série « The League » qui suit la vie de 5 trentenaires membres d’une de ces ligues. Un produit dérivé à suivre si le projet Marussia est un succès.
Notons que ce marché est composé à 80% d’homme, dont 51,5% ne sont pas mariés et la moyenne d’âge est de 34 ans. Mais statistique importante : 47% des joueurs évoluent dans une Ligue payante et y consacre environ 75 euros par année. Pour plus d’informations je vous invite à lire ce billet.
Sur le même principe que mymajorcompagny en France avec Lens (voir ici), l’idée de Marussia Communications est de faire participer les Russes aux finances de l’équipe afin de les impliquer plus.
L’ambition n’est pas de faire des milliards, mais de permettre à l’équipe russo-anglaise d’avoir un budget autour de 40 millions d’euros par année d’ici 5 ans en provenance de ces multiples sources de revenus.
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Pourquoi pas, il faut bien diversifier ses sources de revenues, les sponsors ce faisant plus rares c’est dernières années.
En tout cas je vais suivre cette évolution de près, comme je l’avais fait à l’époque de Genii Capital. Cela va être intéressant.
Je pense aussi.
Certaines équipes en difficultées ont sans doute un œil sur Marussia également.
Ce sera peut-être le futur modèle économique de la F1.