Ayrton Senna, 1988-2008 ; il y a 20 ans # 11

Monza, vendredi 9 Septembre

Goto : « L’expérience acquise ici en essais privés a été utile, mais nous n’avons pas encore fait d’essais avec le plein d’essence, ce qui sera nécessaire pour dimanche. » Senna fut le plus rapide, devant Prost. Il n’y avait qu’un dixième de seconde d’écart entre eux, et cela sur une distance de 5,8 km. Senna : « je n’ai utilisé qu’un seul train de pneus sur ma voiture, parce que je voulais vérifier que tout était en ordre avec le mulet dont je vais me servir ce week-end. La piste n’a pas été trop encombrée, mais j’ai commis une faute avec le mulet et je suis allé tout droit dans la deuxième chicane. »

Monza, samedi 10 Septembre

Senna réussit la pole position, sa dixième de la saison. Il battait ainsi les records de Ronnie Peterson (1973), de Lauda (1974 et1975) et de Piquet (1984). Senna dédia ce record à son équipe et a tous ceux qui l’avaient aidé à l’obtenir.

Monza, dimanche 11 Septembre

Senna prit le large, Prost en proie à un allumage défectueux. Le Français sentit qu’il ne finirait pas la course et ce demanda ce qui se produirait s’il mettait plus de boost pour attaquer Senna. Sur ce circuit, la consommation d’essence constituait un point clé de la tactique de course. Si Prost attaquait Senna, ce dernier, ignorant l’importance du problème d’allumage de Prost, répondrait-il et gaspillerait-il du carburant pour résister au Français au point d’être lui-même obligé d’abandonner ? C’était une hypothèse osée.
Prost appliqua sa stratégie avant de s’arrêter au 35ème tour. Et comme Nakajima (sur sa Lotus Honda) connaissait également des problèmes d’allumage, Goto donna l’instruction à Ayrton de ralentir, pour plus de sûreté. Mais, en fin de coure, les deux Ferrari ouvrirent les hostilités et Ayrton dut, à nouveau, accélérer la cadence. A moins de deux tours de la fin, Senna voyait dans son rétroviseur les deux Ferrari qui se rapprochaient dangereusement. Il n’était pas inquiet, comme il l’affirmerait plus tard avec une certaine insistance.
A l’entrée de la chicane, Jean Louis Schlesser (Williams) perdit le contrôle de sa voiture et Senna crut pouvoir se faufiler. Mais Schlesser revint en piste et le percuta de plein de fouet. La McLaren fut balancée en travers et s’arrêta, se retrouvant à cheval sur la bordure. Senna était hors course. Combien lui restait-il alors d’essence ?
Personne n’a jamais répondu à cette question. Tous les techniciens de Honda déclarèrent qu’Ayrton ne souhaitait pas se décharger de sa faute pour cet accident. Mais pourquoi avait-il été se mettre au plus épais ? Pourquoi n’avait-il pas attendu pour dépasser tranquillement Schlesser quelques instants plus tard ? Parce que Senna vit pour les risques assumés dans ce genre de circonstances. Cela l’amène parfois à la mauvaise place au mauvais moment.

Extrait de Ayrton Senna, Pole passion de Christopher Hilton (Edition Solar)

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