Progressivement les équipes évoluent en matière de communication. Autrefois « corporate et rigide » les teams se sont ouvert avec le temps et la démocratisation des réseaux sociaux. L’évolution arrive désormais à son point de rupture : La communication par l’émotion que tente Mercedes AMG F1.
« Les émotions sont une partie intégrante de notre succès qui permet à nos gars de montrer plus d’engagement, de travail autour du temps et passent le week-end à l’usine. Ce n’est pas possible lorsque l’on n’est pas émotionnellement attaché à l’entreprise. C’est gratuit est cela montre de la motivation, vous avez des émotions, ainsi nous traitons cela de façon très intensive. » indiquait dernièrement Toto Wolff à propos du succès de son équipe.
En marge, Toto Wolff fait la comparaison avec les politiciens, estimant que ces derniers cachaient leurs émotions. Une vision très archaïque de la situation. Une vision dangereuse aussi.
Mercedes AMG F1 dispose d’un management agissant sur l’émotion. Le principe n’est pas nouveau (20 ans en réalité), car l’être humain a besoin des émotions pour décider, surtout dès que son futur est en jeu et quand il est incertain. L’expression et le partage des émotions peuvent constituer un formidable levier de management. Wolff, formé à l’école allemande du management , ajoute l’émotion pour souder son équipe à sa palette déjà riche, allant de l’écoute, oser la confrontation avec mesure et définir un point de bascule pour la prise de décision.
Lorsqu’il est bien maîtrisé le management par l’émotion est efficace, mais il subit un revers qui est inévitable chez l’être humain: L’angoisse. Ainsi, le principe de réagir à chaud, sur-réagir en misant sur la vengeance plutôt que la justice des mots, les manifestations d’indignation, l’impatience devant la méconnaissance des faits est inévitable. Toto Wolff, cette saison n’a pas fait exception à ces sentiments négatifs.
Si le management de Brackley est émotionnel, la communication de l’équipe touche aussi ce levier. Démocratiquement, Mercedes AMG F1 demande sur Twitter à ses fans leurs avis sur son management Hamilton-Rosberg et dernièrement sur la limitation des messages radios. Une bonne idée destinée à montrer à Bernie Ecclestone que la démocratie est une bonne chose dans le sport, et qu’il faut impliquer les fans différemment. Sauf que dans le fond cette tactique rapporte peu.
Une étude de l’Université de Baihang de Pekin, confirmé par le MIT Technology Review, a conclu que la colère se propage mieux sur Internet que la joie. De plus, le changement est une notion répulsive chez l’être humain. Nous n’aimons pas le changement, donc les sondages face à un changement offre systématiquement comme résultat la négative. Pas de quoi avancer correctement.
Le problème majeur du management et de la communication par l’émotion est qu’il impose une relecture des événements. Il est intéressant de remarquer que cette relecture impose des changements majeurs. La mise en avant des héros laisse place à la souffrance et la victime devient héros avec un bon sentiment ambiant qui brouille le discours. Il n’y a même plus de rappel historique et lorsque cela arrive, le fan n’y croit pas estimant que c’est une fiction.
En vérité le management et la communication par l’émotion participe au brouillard de l’histoire. L’histoire dans tout les sens du terme. Le dynamisme futur de la Formule 1 ne fonctionnera pas à l’émotion, mais trouvera ses ressources dans des fans éclairée à l’aune de la raison, en s’appuyant sur l’héritage précieux de ceux qui fait l’histoire de la discipline. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
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