Larrousse : La vérité sur ses derniers instants en F1 – Partie II

Avant Prost Grand Prix et après Ligier, l’équipe Larrousse a été la dernière écurie française en Formule 1. Un petit artisan qui durant sept années a fait de la Formule 1 par passion avant d’être rattrapé par l’argent. Pourtant après une saison 1994 catastrophique sportivement et financièrement, un épisode a été oublié : Larrousse aurait pu survivre ! Récit des quatre derniers mois de l’équipe tricolore. Voici la deuxième partie…

Pour lire la première partie de ce dossier : C’est juste ici !

Larrousse 1994 - Aida (c) F1-Fact

De son côté, Larrousse n’est pas vaincu et commande à son directeur technique, Michel Têtu, une amélioration du châssis 1994 pour le mettre aux normes 1995. Mais étant donné que ce dernier châssis est une évolution de celui de 1992, la compétitivité n’est pas l’objectif de ce début d’année 1995.

Larrousse R-U Ltd, le bureau de conception de l’équipe, disparaît et devient GenTech Ltd : Cette société a un contrat exclusif avec l’équipe d’IndyCar Forsythe, qui fait courir des Reynard Ford. Larrousse n’a donc plus de concepteur de châssis, mais espère toujours… Son salut ? Un projet de « Junior Team » en F1 mort-né, commandité par Jean Messaoudi et Laurent Barlesi. Le « Junior Team » dispose d’un budget nécessaire pour faire courir une équipe, mais pas durant toute la saison. Toutefois, Gérard Larousse espère que le gouvernement français interviendra pour l’aider, puisqu’il est la dernière équipe 100% tricolore du plateau.

Jean-Marie Balestre, le Président de la FFSA, rencontre Edouard Balladur, le Premier Ministre de l’époque, pour discuter de la possibilité d’une aide gouvernementale auprès de l’équipe Larrousse. Si, Edouard Balladur dit oui, l’argent aidera Larrousse à participer au Championnat. De son côté, l’écurie Larrousse embauche Erik Comas et Emmanuel Collard comme pilotes. En attendant, il y a toujours 26 équipes inscrites au Championnat de Formule 1 de cette saison 1995.

Fin février, l’équipe Larrousse est au point mort… Gérard Larrousse annonce même une fermeture voir une vente partielle !

50% du capital de l’équipe appartient maintenant au duo participant au projet « Junior Team », Larrousse a été forcé de céder les commandes de son équipe pour des raisons financières. Ce manque d’argent a fait de l’écurie, une équipe sans concepteur, sans châssis et surtout sans avenir : Les négociations avec DAMS ont été abandonnés depuis longtemps maintenant…

Pour le moment Larrousse dispose d’un gros sponsors : Le pétrolier malaisien Petronas, soit 15 Millions de dollars de contrat. Tandis que Larrousse travaille fort pour améliorer son châssis de 1994, la presse apprend que ses monoplaces seront trop lourdes. La FIA demande à Larrousse d’avoir un châssis conforme au règlement, prônant ainsi la sécurité des pilotes.

Jean Messaoudi et Laurent Barlesi annoncent qu’ils ont établi un nouveau bureau d’étude pour concevoir un châssis F1. Ce bureau d’étude est dirigé par Steve Nichols, ancien de chez McLaren, Ferrari et Sauber. Le travail de Steve Nichols pour le « Team Junior Larrousse » est de réaliser une nouvelle monoplace annoncée pour Imola, fin avril.

Larrousse SA, la compagnie qui fait courir l’équipe Larrousse est déclarée en faillite à la surprise générale

Mais l’espoir rend les fans aveugles, et Gérard Larousse dans un communiqué de presse annonce que l’équipe est en faillite mais qu’il espère que le gouvernement d’Edouard Balladur l’aidera. Une aide qui n’arrivera jamais ! 10 jours avant le début de saison, tout le monde au sein de la FFSA y croit encore, mais les 14 Millions de dollars promis par Edouard Balladur dans une lettre ne viendront pas. En effet, nous sommes en pleine campagne présidentielle et le Premier Ministre baisse dans les sondages pour la première fois, forçant l’écurie Larrousse à convaincre les industriels français de l’aider.

Trois jours avant le Grand Prix du Brésil, on apprend que le « Team Junior Larrousse » ne sera pas présente lors du premier Grand Prix de la saison. L’équipe est au pied du mur, car la machine de 1994 ne remplie pas les crash tests imposés par la FIA. Bernie Ecclestone a récemment instauré une amende pour toute équipe qui ne participe pas au Championnat alors qu’elle doit y prendre part. L’argentier de la F1 demande 2 Millions de dollars à l’équipe Larrousse, si elle ne participe pas au Championnat 1995.

En attendant, le travail continue pour concevoir la prochaine monoplace F1 prévue pour Imola, mais sans moteur Cosworth, car le préparateur Mader ne souhaite plus travailler avec l’équipe française. Larrousse joue au poker, bluffant comme il peut, cachant à tous que le gouvernement français lui a dit non pour une aide financière.

Au mois d’avril, l’équipe Larrousse annonce qu’elle sera présente à Imola pour le Grand Prix de San-Marin. Mais la voiture n’a pas de moteur, car ni Ford, via Ford France, ni Cosworth ne veulent aider l’équipe tricolore. Lors de l’épreuve en Argentine, Peter Gilitzer, Président de Ford Europe explique que si Larousse veut ses moteurs, il faut avoir de l’argent. Car d’un autre côté, Simtek et Pacific ont des retards de paiements. Ce qui fait du tord à Larousse pour son retour à la compétition…

Autre malheur pour Larrousse, Michel Golay et Patrick Tambay, qui avait acheté en 1994 26% de l’équipe, veulent récupérer leurs investissements. De leurs côtés, le tandem Massaoudi/Barlesi qui dispose de la majorité des parts, se sont engagés à payer 1 Million de dollars par an durant 4 ans pour éponger les dettes de l’équipe, sur insistance du tribunal de commerce de Toulon. En même temps, le duo met en avant Petronas et ses 15 Millions de dollars : Malheureusement le pétrolier ne donne rien, il souhaite voir la nouvelle voiture sur la piste et le temps passe…

Finalement Larrousse va mourir ! Le gouvernement français du nouveau Président Jacques Chirac va d’abord aider Flavio Briatore à rester en France avec Ligier, puis Alain Prost à créer son équipe. L’histoire de l’écurie de Signes est donc terminée depuis le mois de mai. Gérard Larrousse et ses actionnaires ne le savent pas encore, car jusqu’à à la fin, l’équipe a demandée des aides, allant même jusqu’à demander à Bernie Ecclestone d’annuler les 2 Millions de dollars qu’il demande pour la non-participation de l’écurie au Championnat 1995. Gérard Larrousse rappela même à l’anglais qu’il avait été très conciliant envers Ligier. Mais Ligier n’est pas Larousse. L’argent aura toujours manquée !

La fin de l’équipe Larrousse sombre dans le burlesque. Gérard Larrousse continu à se tromper en annonçant la fermeture de l’écurie par communiqué de presse. Mais, il dévoile dans le même temps qu’il la reconstruira pour être présent en 1996 sur la grille de départ du Championnat F1. Petronas fatigué, ira faire la joie de l’équipe Sauber pendant presque 10 ans. Dans l’obscurité de la saison 1995, l’écurie Larrousse sombre dans les actions en justice ou associés, anciens pilotes payants et fournisseurs, demandent leurs parts d’un gâteau devenu invisible depuis trop longtemps.

L’échec de l’écurie Larrousse est analysé par la presse anglaise comme un recul important de la présence de la France dans le sport mécanique. Car après la fermeture de l’équipe AGS, le complot Ligier/Briatore/Walkinshaw et l’effondrement du projet DAMS, la fin d’une ère est arrivée. Mais on parle au loin d’un autre projet : Une association entre DAMS/Prost/Oreca et Apomatox, soutenu par Elf et Gitanes. La base de Prost Grand Prix est née




coded by nessus
Cette entrée a été publiée dans Saga and taguée . Placez un signet sur le permalien.

Les commentaires sont fermés.