Note du Mardi – L’année sabbatique comme ultime argument de négociation

Note du mardiL’argument tombe comme un couperet dans les déclarations de pilotes et plus largement de personnages médiatiques. Le principe de l’année sabbatique est devenu un argument dans les négociations. Mais, c’est aussi le dernier argument.

Par définition l’année sabbatique permet pendant un an (très souvent) de se consacrer à une autre activité. En principe la personne prenant ce type de congé n’est pas rémunéré, mais à l’assurance de retrouver son emploi à son retour.  Dans le sport, l’année sabbatique est devenue la troisième voie narcissique lorsqu’il n’y a plus d’autres alternatives.

Le secret d’une bonne négociation c’est d’avoir trois offres

Dans une négociation la triangulation est essentielle pour obtenir ce que l’on souhaite. Vous avez un poste (poste A), vous êtes contacté par un concurrent qui vous offre mieux sur le papier (poste B). Pour maximiser vos chances il vous faut une troisième offre (poste C). Souvent cette dernière n’existe que médiatiquement ou dans votre tête mais elle est essentielle car elle est le message de vos exigences. Mais, lorsque vous avez épuisé cette ressource et que rien ne se passe comme vous le souhaitez (cela arrive souvent). L’argument du congé sabbatique prend la place de cette fameuse troisième voie.

Avant : L’annonce de la retraite sportive

Par le passé le sport parlait de retraite. Nigel Mansell a annoncé sa retraite fin 1990 avant d’être convaincu de revenir quelques mois plus tard chez Williams. Le champion du monde 1992 annoncera une nouvelle fois sa retraite après son titre. Il reviendra en deux temps par la suite et quittera définitivement le paddock en 1995. Michael Jordan avait quitté la NBA en octobre 1993 à 30 ans. Il tentera une carrière en Baseball avant de revenir quelques mois plus tard chez les Bulls de Chicago pour un come back magnifique. De la même manière, Zinedine Zidane avait annoncé sa retraite internationale après l’Euro 2004, avant de revenir pour participer à la Coupe du Monde 2006.

Le mot retraite étant synonyme de fin de carrière dans la vie professionnelle. Mais dans le sport ce mot était surtout synonyme d’échec devant quelque chose de plus fort que soi et mettant le sportif dans une situation défavorable. L’expression devenue péjorative a été remplacée dans notre nouveau monde conformiste et policé par « année sabbatique ». Mais dans le fond c’est strictement la même chose.

L’artifice de l’année sabbatique dans une négociation

Lorsque Fernando Alonso utilise pour la première fois cette expression, nous sommes en 2007. Douze mois auparavant, Michael Schumacher avait annoncé sa retraite sportive (noter la nuance), se retirant de la vie des paddocks. En pleine déroute du SpyGate, le management de l’espagnol étudie plusieurs options. Pour la première fois le principe d’année sabbatique avait été annoncé dans les médias.

Kimi Raikkonen a été le premier à avoir réellement été en congé sabbatique durant deux saisons (une saison de force toutefois). C’était en 2010.

Aujourd’hui Jenson Button parle d’une année sabbatique et même Fernando Alonso s’expose à cette argument dans la presse espagnole. Mais la différence avec 2007, ou l’idée était de faire une pause pour préserver son image fortement écornée par le SpyGate, Fernando Alonso (comme Jenson Button) ose utiliser cette expression car qu’ils n’ont plus d’autres alternatives (le poste B ou A n’existe plus). Souvent, cela signifie qu’il n’y a pas qu’une offre sur la table (poste A ou B) et pas d’alternatives crédibles. Alors l’année sabbatique remplace une proposition de la concurrence, tout en ayant une troisième proposition médiatique et souvent lointaine. Dans le cas du pilote espagnol, Ferrari n’est plus une offre, McLaren si, le rachat de Lotus une alternative, tout comme le passage en 201 chez Mercedes. Mais ces deux dernières offres sont des images qui n’ont rien de concret aujourd’hui.

L’ensemble est artificiel,  c’est une menace de quitter un monde ou il pense être indispensable. C’est un moyen de pression pour obtenir ce que l’on souhaite. Reste à savoir si cela fonctionne réellement. Il n’y a pas d’exemple concret en Formule 1 qui le démontre que le pilote gagne à la fin de l’histoire…




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