Merci à la révolution de l’IT en Formule 1, les pilotes et les ingénieurs peuvent non seulement comparer leurs notes sur les arrêts, la stratégie, mais aussi d’analyser les données brutes disponibles à partir du système de télémétrie qui surveille tous les aspects d’une voiture et les performances du pilote. Ils le font dans les séances de débriefing qui auront lieu après les essais libres, la qualification et la course, en s’appuyant sur les données pour définir ce qui a bien fonctionné ou pas. Les données ne mentent jamais.
Pour cette raison, dimanche soir McLaren a dû avoir un après course fascinant et peut-être tendue, entre un Lewis Hamilton baignant dans sa victoire et un Jenson Button qui réfléchit sur sa course lamentable qui l’a vu terminée à la 16ème place. Une année après sa victoire, le champion du monde 2009, Button a enduré une course dont il a admis qui le laissait « perdu et confus. »
Alors que Hamilton qualifié sur la première ligne de la grille, Button se débattait dans la Q3 après avoir utilisé toutes ses pneus Supersoft pour passer à travers Q1 et Q2. Ce fut la décision de l’équipe après les résultats des essais libres du vendredi. Malheureusement pour Button, cela signifie que Hamilton a conservé ses chances d’être plus performant en qualification.
Dans la course Hamilton a commencé en Supersoft tandis que Button a fait le choix des softs qui devaient en théorie lui permettre de faire un long premier run. Cela n’a pas été le cas et il a été obligé au 15ème tour de mettre les supersoft. En fin de compte, Button c’est arrêté 3 fois, tandis que Hamilton c’est arrêté deux fois au total.
Button a déclaré après la course qu’il a été au volant de la McLaren MP4-27 aussi vite que possible, mais qu’il n’y avait pas de vitesse dans la voiture. Au début de la course les chronos le mettaient à 0.5 – 1,5 secondes plus lent que Hamilton, mais au tour 14, alors que Button a réalisé un 1’21’913 alors qu’Hamiton bouclait en 1’18,792. Button mettra ensuite les supersoft. Plus tard au tour 32, Button réalise un 1’20’’015, alors qu’Hamilton en Soft était en 1’18’’388…
L’écart est énorme pour la Formule 1. Dans des voitures identiques, avec deux anciens champions du monde au volant, deux stratégiques complètements différents de pneus, la différence est trop importante. Le plus souvent l’écart entre les deux hommes était de 1 secondes par tour. Button n’a été que rarement dans la même seconde que son équipier.
Le championnat du monde de Formule 1 2012 produit certainement son lot important de surprise et il n’est pas question ici de mettre en cause les pneus Pirelli qui ont contribué à générer des résultats imprévisibles avec 7 vainqueurs différents en 7 courses. Cet aspect imprévisible s’est également étendu à des duos de pilote comme Fernando Alonso et Felipe Massa chez Ferrari. L’un compense mieux que l’autre.
Quel est le plus inattendu cependant ? Que Button, dont le style de pilotage est précis et connue pour être doux avec les pneus, fait maintenant un parallèle avec Massa. Après un bon début de saison 2012, avec sa victoire lors du GP d’Australie, la saison de Button a pris un changement de direction assez inquiétant. Hamilton mène désormais le championnat avec 88pts, tandis que Button dispose de 45 pts.
Les pneus Pirelli ont donné aux équipes de F1 un défi unique cette saison, mais ils ont provoqué des problèmes a certain des plus grands pilotes du plateau. Tandis que de petits changements dans les réglages de la voiture peuvent avoir un effet disproportionné sur les performances, les styles de conduites, pourtant différent de Button et Massa posent un problème par rapport à leur équipier. C’est clairement une expérience désagréable pour des hommes habitués à courir sur le devant de la grille.
Le champion GP2 en titre Romain Grosjean a été particulièrement impressionnant dans ses efforts pour prendre la seconde place, après avoir poussé ses pneus Pirelli dans un dernier relais impressionnant de 49 tours qui l’a vu voler un podium au champion du monde Fernando Alonso dans les derniers tours d’une longue et difficile course. Les compétences en gestion des pneumatiques acquises durant son passage en GP2 se sont montrées précieuses et ont fait de lui un candidat sérieux en Formule 1 cette saison, tandis que des pilotes plus expérimentés et les anciens champions ont du mal à faire travailler leurs pneumatiques.
En Espagne , après un mauvais départ qui le relègue à la dixième place dès le premier tour, il se classe troisième derrière Lewis Hamilton et Sebastian Vettel, à nouveau grâce à une bonne gestion de ses pneumatiques. À Monaco , Jenson Button part depuis la deuxième place sur la grille et, à moins de dix tours de l’arrivée, il est revenu sur Fernando Alonso et Sebastian Vettel : les trois pilotes se tiennent en moins d’une seconde mais Button a l’avantage d’avoir les pneus les plus neufs. Un carambolage à la chicane de la Piscine entraîne l’arrêt anticipé de la course, Vettel l’emporte donc devant Alonso et Button.