Dimanche 16 Août les rues de Rio de Janeiro sont noires de monde. Les slogans sont durs envers le gouvernement de Dilmar Rousseff. Dévastateur aussi. 900.000 personnes souhaitant obtenir la vérité sur le parfum corruption entourant le pétrolier national, Petrobras.
Dirigeants en prison, politiques proche de l’ancien président Lula pointés du doigt, deux milliards d’euros envolé pour corrompre, la justice Brésilienne découvre au fil de cette histoire un scandale dont le Brésil n’avait pas besoin. Tout juste sorti de la Coupe du Monde et avant les Jeux Olympiques en perspective, l’année 2015 devait être celle de l’apaisement. Il n’en est rien et c’est tout un système qui de 2004 à 2014 est pointé du doigt. Une situation qui pousse Petrobras, le 10ème pétrolier mondial, au bord du gouffre financier. Son action a chuté de plus de 80% en quelques semaines. La présidente Dilmar Rousseff est soupçonnée également de participer au système. Elle était ministre de l’énergie sous Lula. Les suspicions sont grandes.
A Grove, l’équipe marketing de Williams est en attente. Le sponsoring de Petrobras depuis 2014 est indexé en partie sur le salaire de Felipe Massa. Les investigations de la justice brésilienne couvrant l’ensemble des dépenses du pétrolier, le temps passe. Sans l’argent de son partenaire, l’avenir du pilote brésilien parait compromis. Mais pas réellement l’avenir entre Williams et le pétrolier. En effet, Aldemir Bendine, le directeur général de Petroleo Brasilero a indiqué en début du mois d’Août qu’il faudra restructurer la crédibilité de l’entreprise Petrobras auprès des investisseurs et que cette restructuration durera environ 5 ans. Déjà la compagnie nationale entend céder pour 15 milliards de dollars d’actifs avant la fin de l’année 2016 et prospecte auprès de partenaires pour son développement futur. Mais, comme la spirale est négative en ce moment, la justice américaine va infliger une amende de 1,6 milliard de dollars à la compagnie brésilienne. Soit la plus grosse pénalité infligée par les États-Unis pour une affaire de corruption.
Côté sponsoring, Petrobras débourse un total de 6 millions d’euros d’après les estimations du BusinessBookGP2015 (voir ici pour obtenir l’édition PDF). Dans le détail, deux millions de sponsoring sur la voiture et quatre millions de participation au salaire de Felipe Massa. L’accord sur une base de cinq saisons signé en 2014 comprenait également la fourniture à partir de 2016 d’un carburant spécifique à l’équipe Williams. Propulsée par un moteur Mercedes-Benz l’équipe anglaise utilise depuis 2014 le carburant du pétrolier partenaire de la marque allemande, la malaisienne Petronas.
La situation au Brésil compromet l’avenir de Felipe Massa. Le pilote est confiant pour la saison prochaine, mais pas de porte de sortie pour 2016. Attendre est sa seule solution. Côté Williams l’attente frôle l’angoisse. Le plan prévoyait à partir de 2016 un investissement important de plus de 10 millions d’euros par année de la part du pétrolier. Les têtes du marketing de l’équipe anglaise tentent de convaincre les dirigeants brésiliens que le sponsoring F1 est une bonne chose pour restaurer leur image. Prenant exemple sur le sponsoring de 5 ans signé par la banque UBS en 2010, pour des raisons équivalentes. L’argument est séduisant, mais l’attente que la justice éclaircisse le scandale pour l’apaiser le brouillard est la seule solution, avant d’imaginer une suite. Il n’est pas impossible que la présence de Petrobras soit réduite la saison prochaine et se contente de fournir le carburant contractuellement négocié. Felipe Massa et son salaire devra ainsi être fortement réduit autour de 2,5 millions d’euros en 2016, pour qu’il puisse rester dans l’aventure.
L’option 2016 de Felipe Massa est sur la table, validée du bout des lèvres, mais dans l’attente des résultats de la justice à Rio de Janeiro. Vu l’ampleur du dossier les enquêteurs disposent de moyens importants afin de rapidement apporter des preuves et tourner cette sombre page de l’histoire brésilienne. L’opération restauration de Petrobras pourrait bénéficier à Williams, mais est-ce que cela bénéficiera à Massa ?
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