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La F1 et Penske – Un intérêt dépassé

Penske 50 ans 1966-2016Depuis une dizaine d’année la Formule 1 tente de séduire Roger Penske. Une nouvelle fois la main a été tendue, mais encore une fois refusée. La prestigieuse équipe américaine ne reviendra pas dans la discipline reine, se concentrant en Indycar, Nascar et V8 SuperCar.

Les deux dernières tentatives ont été proches. La premier était en 2008, lorsque la Fédération Internationale de l’Automobile a ouvert le paddock à trois équipes supplémentaires. Penske avait sondé l’idée, avec le projet d’une voiture cliente. Troublée par le manque d’ambition du programme, la FIA a préférée l’obscure équipe USF1. La seconde tentative provenait de Luca di Montezemolo qui souhaitait alors faire courir en 2010 deux monoplaces clientes. Une première pour Valentino Rossi et une seconde pour une équipe américaine. Penske n’était intéressé que parce que son rival Chip Ganassi avait été lui aussi sondé par les italiens.

Les relations entre Penske et la Formule 1 relèvent d’une autre époque. Lorsque l’américain se lance dans la discipline, les meilleurs châssis gagnant dans les courses américaines étaient anglais et son équipe était jeune. L’ambition était de s’affranchir de cette technologie pour construire un châssis 100% américain en utilisant le meilleur du Royaume-Unis et utiliser l’image de la discipline F1 pour importer un savoir faire aux USA. Au départ en 1974 il n’était que 5 personnes dans l’équipe et la PC1 était compliquée à piloter. La victoire de 1976 de John Watson au GP d’Autriche a été le chant du signe. L’équipe était crédible comme constructeur et un modèle d’organisation de l’autre côté de l’Atlantique, mais la Formule 1 devenait de plus en plus coûteuse. Le budget était de 300.000 dollars en 1976 et 1977 avec deux voitures aurait coûté au minium 1,5 millions, l’aventure F1 se termina fin 1976.Toutefois, Roger Penske souhaitait garder l’usine anglaise de Poole pour un autre destin.  La PC4 conçue par Goeff Ferris allait servir de base aux monoplaces suivantes, surtout la PC6 qui va permettre à l’équipe remporter les 500 miles et le championnat en 1979. Une collaboration au milieu des années 80 avec le constructeur anglais March va permettre de rester techniquement au contact jusqu’en 1999. Année ou le déclin technique de Penske s’affirmait en même temps que le nombre de client diminuait, l’usine de Pool ferma ses portes en 2000. L’aventure comme constructeur de l’équipe américaine s’arrêta pour des raisons techniques et économiques.

Aujourd’hui l’IndyCar est une discipline monotype avec un châssis Dallara permettant d’être développer individuellement. Il n’y a plus de place à la construction d’une monoplace propre, comme il y a encore vingt ans. Historiquement la Formule 1 pour Penske avait un intérêt technologique et d’image. Son image est faite, la technologie est mesurée. Roger Penske ne souhaite pas rivaliser avec Dallara en Indycar. Donc son intérêt pour la F1 n’ira jamais plus loin qu’un papier ici et là dans la presse. Histoire d’espérer faire revivre le passé.

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La normalisation de Ferrari

Abu Dhabi 2015 Vettel Raikkonen FerrariLa nouvelle indépendance capitalistique de Ferrari SpA pourrait avoir des conséquences dans plusieurs domaines majeurs. Le premier étant l’augmentation de la production de voiture et le second concernera la Scuderia.

En plein Salon de Détroit, Sergio Marchionne a indiqué à la presse qu’à l’horizon 2019 la production de Ferrari dépassera les 9.000 voitures par an. Le plafond des 10.000 unités, historique pour la marque est en ligne de mire. Cette annonce fait également échos à la chute de 16% de l’action depuis Octobre 2015. En cela, Ferrari deviendra une société automobile comme les autres dans sa communication.

Selon les estimations de la banque Mediobanca de Milan, si la production augmente à plus de 9.000 unités, le bénéfice progressera de 59% pour s’établir à plus d’un milliard d’euros. Toutefois pour passer à l’étape supérieure, il y a deux manières : soit un SUV, soit un plus petit modèle. Le SUV étant naturellement exclu de l’ADN Ferrari, la relance d’une DINO, plus petite que le modèle 488 autour de 100/150.000 euros, est dans l’air du temps à Maranello. Principalement poussé par les logiques de marchés. Dans les prochaines années, Bloomberg indique que l’Amérique du Nord représentera 40% du marché des voitures de plus de 100.000 euros. La Chine seulement 6%. Un aspect important.

Cette normalisation de Ferrari en Bourse va avoir aussi des conséquences sur la Scuderia, mais dans le sens qui pourrait être perçut. Selon le BusinessBookGP2015 (version française and english version), le Groupe FCA (FIAT-Chrysler) subventionne à hauteur de 100 millions d’euros la Scuderia. C’est un détail intéressant, car si le constructeur devient indépendant du groupe italo-américain, l’équipe de course reste financée par Turin et Détroit. Ce qui la rend moins indépendante que par le passé, où l’usine de Maranello injectait jusqu’à 60 millions d’euros dans son écurie et FIAT n’en déboursait que 20. Les bénéfices du domaine automobile allant aux actionnaires et à la recherche et développement, la Scuderia ne bénéficie plus de cette attache entre les deux mondes crées par Enzo Ferrari.

En cela, la Scuderia devient une filiale de FCA et imite les autres constructeurs des années 2000 en Formule 1. Aujourd’hui le modèle est Mercedes AMG F1, qui est une imitation de Renault F1 Team période 2002-2009. Mais elle peut devenir un avatar de Jaguar ou de Toyota assez rapidement. Si les objectifs annoncés ne sont pas atteint. L’histoire entre FIAT et Ferrari depuis 1988 nous démontre la propension des manageurs de Turin à imposer leur vision à l’équipe F1, quand les objectifs ne sont pas à la hauteur des l’investissements. Il aura fallut le retour de Luca di Montezemolo en 1992 pour retrouver l’indépendance de la marque.  Cette évolution de Ferrari comme une marque en bourse et la Scuderia comme une filiale d’un grand groupe automobile subventionnée rend subitement moins exclusive Ferrari. Qui ne sera désormais plus qu’une marque.

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Aston Martin – Force India : Try an another day

Aston MartinL’affaire s’annonçait proche pour l’un des parties et plus sceptique pour l’autre, elle est désormais lettre morte pour 2016. Force India continuera à courir sous son nom et non sous la marque Aston Martin.

« Les négociations sont toujours en cours. Je ne peux pas le prévoir pour 2016, mais vous ne savez pas ce que l’avenir nous réserve. La porte n’est pas fermée sur cela, mais pour 2016 nous allons rester Force India. » Indique Otmar Szafnauer, le COO de Force India.

Actuellement son actionnariat est constitué en trois temps. 42,5% pour le groupe de Vijay Mallya, 42,5% pour Sahara Group et 15% pour la famille Mol.  Le nouveau plan mettait l’homme d’affaire indien autour de 15%, Aston Martin 15%, la famille Mol 15% et 55% restant à DIAGEO Group. L’un des principaux problèmes des négociations étant qu’Aston Martin ne souhaite pas payer pour devenir actionnaire à hauteur de 15 à 25 millions d’euros, selon les estimations.

La marque anglaise est actuellement en pleine restructuration de sa gamme et investit d’importante somme dans ce domaine. Lundi, une discrète vidéo montrait le prochain moteur du constructeur : un V12 5,2L bi-turbo qui propulsera la prochaine DB11, la remplaçante de la DB9 qui sera dévoilée à Genève 2016 et il existe des discussions pour construire une usine en Europe (Macédoine ?) pour assembler sa future DBX d’ici la fin de la décennie.

Dans le même temps la communication de l’équipe indienne annonçait l’objectif de devenir 4ème du championnat du monde des constructeurs en 2017 et plus récemment pointait du doigt que son manque de budget était un frein pour améliorer ses performances.

L’accord avec DIAGEO (Johnnie Walker) estimé à plus de 130 millions d’euros pourrait être ajourné en l’absence d’un accord avec Aston Martin et se convertir en une prolongation de contrat avec Smirnoff dans les prochaines semaines. Mais avec une hausse de budget.

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Les options d’un retour d’Alfa Roméo en F1

Alfa Roméo SuperbikeLe retour de la marque Alfa Roméo en Formule 1 a été indiqué par Sergio Marchionne, le PDG de FIAT Chrysler Auto en décembre 2015. Un programme de retour de la marque milanaise dans les paddocks semble se dessiner progressivement.

Déjà en 2015, le logo Alfa Roméo était visible sur l’arrière des pontons des SF15-T de Sébastian Vettel et Kimi Raikkonen. La prochaine étape étant de s’investir concrètement avec une équipe. Reste à savoir de quelle manière.

L’option la plus simple à comprendre: Le groupe FIAT Chrysler rachète une équipe et la rebaptise Alfa Roméo. S’inspirant du programme Renault-Lotus de 2015, voir Mercedes-Brawn de 2010. Une opération qui devrait coûter (directement ou indirectement) environ 100 millions d’euros.

L’autre option est celle du naming. La brèche ouverte par la marque Lotus en 2011 pourrait offrir une opportunité intéressante pour un constructeur. Rebaptiser une équipe en étant son commanditaire principal pour une somme de 20 ou 30 millions d’euros par an pendant une durée de 5 ou 7 ans environ.

Marchionne a indiqué qu’il fallait se rapprocher d’une équipe. Sans plus de précisions. Les options logiques ne sont pas nombreuses : HAAS et Sauber. La première est trop jeune pour devenir un support marketing performant. De plus, c’est un projet étudié autour de la marque HAAS et Sergio Marchionne a pris ses distances avec ce projet qui n’est pas considéré comme un Team B, mais comme un client pour la Scuderia. Reste Sauber. L’équipe suisse en difficulté depuis quelques années, reste un ensemble fiable et performant quand les moyens sont présents. Un rapprochement entre les italiens et les suisses ne serait pas impossible et même vraisemblable.

Les conséquences d’un retour d’Alfa Roméo s’accompagneront d’un prolongement des conditions d’implication de la Scuderia, par un jeu de domino. Renault redevenant constructeur, Bernie Ecclestone a souhaité une garantie de présence jusqu’en 2025. Le retour d’Alfa Roméo sera aligné sur la même durée. Ferrari a signé jusqu’en 2020, mais pourrait prolonger jusqu’en 2025 pour favoriser les événements. Une pierre deux coups pour la Formule 1.

Lire aussi : le V10 Alfa Romeo qui n’a jamais vu la F1

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Gravity, l’autre versant de l’affaire Lotus-Renault

Lotus F1 2015A Abu Dhabi, les représentants de Lotus F1 Team et de Renault ont trouvé un accord concernant la cession de l’équipe basée à Enstone au constructeur français. Le contrat est prêt, il n’attend plus que la signature du PDG Carlos Ghosn. Si le document n’est pas paraphé, le plan B est de continuer avec le moteur Mercedes et sous le nom de Lotus en 2016. Toutefois, l’accélération récente des événements a aussi un levier plus méconnue : L’affaire Gravity.

Annoncée en liquidation volontaire en janvier 2015, la société Gravity Sport Management est l’objet d’une bataille juridique violente entre ses actionnaires. Crée en 2009 pour soutenir des pilotes F1 dans un premier temps, la société disposait d’une activité de gestion des droits des pilotes de l’équipe Lotus (environ 20% des salaires). D’après le journal économique luxembourgeois, PaperJam, d’importantes incertitudes sur la valeur des actifs de Gravity Sport Management opposent Promobe Finances lié au promoteur immobilier Flavio Becca, au duo Lopez-Lux. Ces derniers ont proposé de racheter les parts de Becca via une société au nom très proche de la première, Gravity Sport Agency.

Cette guerre violente entre les deux camps est présente partout. Dans la F1, le secteur immobilier et la construction. En bref tous les secteurs ou les (ex) associés sont liés.

En amont du GP d’Abu Dhabi, Gravity Sport Agency (la nouvelle entité) a proposé 2,47 millions d’euros pour la reprise des parts de Becca. Sauf que le clan de ce dernier estime la part perçue par Gravity Sport Management sur le salaire de Romain Grosjean n’est pas comprise dans la valorisation. En réponse, ses partenaires actionnaires ont indiqué que le pilote français ne percevait pas de salaire de la part de l’équipe Lotus en 2015. Une somme d’environ 4 millions d’euros (selon le BusinessBookGP 2015).  Les derniers comptes indiquaient que Gravity Sport Management a perçu  922.000 euros sur le salaire de Romain Grosjean. Une demande de clarification des actifs a donc été demandée.

Pour payer les 33,3% de Gravity Sport Management, la nouvelle société Gravity Sport Agency proposait un paiement en 14 mois à échéances semestriel courant jusqu’au 1er Juillet 2022.

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Note du Mardi : Etre champion du monde et devenir conseiller de pilote

Note du mardiL’après carrière est toujours une période délicate pour un pilote, surtout quand celui-ci est champion du monde de Formule 1. Certain s’inspire du Tennis pour s’inscrire dans un projet de carrière valorisant.

Auparavant la situation était clair, les champions du monde quittaient la scène et se tournait le plus souvent vers le business. Certains sont même devenus plus riche que durant leur carrière de pilote en créant des sociétés commerciales, c’est le cas de Jackie Stewart, Niki Lauda, Jody Scheckter et Nelson Piquet. D’autres ont continué leur carrière de pilote comme Mario Andretti et Nigel Mansell. Enfin il y a ceux qui ont eu une carrière hybride, ayant crée des équipes F1, puis reprenant leur carrière de pilote et miser sur des investissements. Alain Prost et Emerson Fittipaldi font parti de cette case.  Peu de champion cherche à devenir conseillé, voir agent d’autre pilote. Pourtant Mika Hakkinen et Jenson Button sont dans ce mouvement.

L’exemple du tennis

Le mouvement est né dans le championnat ATP de Tennis. Si Raphael Nadal est toujours conseillé par son oncle, Roger Federer est désormais conseillé par Stefan Edberg, Novak Djokovic par Boris Becker et Andy Murray par Amélie Mauresmo. Chacun de ses conseillés sont d’anciens numéro mondiaux. Un ensemble qui a des réussites visibles. Federer est devenu efficace, Djokovic une machine à gagner et Murray a franchi un cap vers le top 3 (il est actuellement numéro 2 mondial).

Hakkinen et Button dans l’aspiration

Après une retraite courte et une seconde carrière de pilote en DTM, Mika Hakkinen avec le soutien de son ancien agent, Didier Cotton, c’est lancé dans le conseil de pilote. Le double champion du monde finlandais aide la société de management dans son accompagnement de champion. Valtteri Bottas est l’exemple concret de cette politique.

Ce sera aussi le cas de Jenson Button, actionnaire de la société The Sports Partnership, le champion du monde 2009 s’emble s’inscrire dans la même optique. L’ambition du pilote anglais est d’inspirer un nouveau pilote anglais en Formule 1. Plus jeune. Comme un reboot de sa carrière. Arrivée à 20 ans chez Williams, Button est devenue une coqueluche qui a perdu du temps dans ses choix de carrière. Une expérience qu’il souhaite mettre, à 35 ans, à profit pour le futur champion anglais. Spéculons sur l’idée que le remplaçant de Button chez McLaren, soit un pilote conseillé par Jenson Button en personne à l’horizon 2017.

Notons la contribution de Kimi Raikkonen dans la carrière de Felipe Nasr. Coactionnaire de l’équipe de Formule 3 Raikkonen Robertson Racing, le deal est un classique du genre : en échange du financement d’une saison de F3, la carrière jusqu’en F1 est géré par Steve Robertson. Nasr actuellement chez Sauber bénéficie de ce schéma rodé depuis des années.

L’idée d’avoir un pilote champion du monde conseillé d’un autre pilote en devenir est intéressante en terme marketing pour la Formule 1. La présence de Niki Lauda chez Mercedes AMG F1, de Keke Rosberg dans la gestion de son fils Nico et d’Alain Prost comme ambassadeur de Renault Sport sont des exemples intéressants de mutualisation d’images. En ajoutant l’idée de conseiller un autre pilote, la perspective est certes risqués, mais hautement valorisante pour l’ancienne gloire. Et une excellent storytelling pour la Formule 1.

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Avant Poste – L’avenir de Manor GP

Manor GP Mexico GP 2015Le mois du juillet a été délicat pour Stephen Fitzpatrick. L’opération d’achat de sa maison familiale pour 2,8 millions d’euros, par sa société OVO fait couler beaucoup d’encre. Affaiblit, l’homme d’affaire doit également subir les assauts d’un de ses concurrents directs et les liquidités manquent. Résultant une situation délicate pour l’autre actif de Fitzpatrick : Manor.

Crée en 2009, OVO dispose d’aujourd’hui de 400.000 clients et son chiffre d’affaire est d’environ 12,5 millions d’euros pour un bénéfice de 420.000 euros.  Au début de l’été, Stephan Fitzpatrick réalise une transaction immobilière dans le Gloucestershire à proximité du siège de son entreprise. L’achat c’est réalisé par la vente de 564 actions pour 3 millions d’euros en Juillet 2013. Les parts de l’homme d’affaire passent de 20% à 15,5%. Pendant ce temps, Ovo entrait sous les feux.

Ecotricity, le concurrent direct de la société de Fitzpatrick a déposé plusieurs plaintes auprès du régulateur d’énergie britannique, OFGEM. En gros le système d’Oxo faisant payer les clients avant de fournir l’énergie, au lieu du contraire comme le font les autres fournisseurs. L’enquête comprend plusieurs autres violations de licence. Ces allégations ont été nié par Ovo, indiquant que l’avance est destinée à obtenir les meilleures offres en gros d’électricité pour ses clients.

En Mars 2015, Fitzpatrick sauve l’équipe Manor F1, placé sous administration judiciaire depuis l’hiver. L’investissement initial s’élevait à 30 millions d’euros. C’est une caution en échange d’une option pour prendre des parts dans l’équipe. Une promesse économique pour sauver Manor de la situation.  L’équipe ne survivant durant la saison que grâce aux apports des pilotes et des droits FOM. Bien aidé par Ferrari lui fournissant un moteur 2014 contre 8 millions d’euros et McLaren qui offre sa soufflerie pour la conception de la prochaine monoplace. Une solidarité intéressée pour l’intérêt de la Formule 1. Une survie précaire pour Manor.

L’été arrivant, la chaleur de la saison contrastait avec la glace qui commençait à naitre entre Fitzpatrick et le duo John Booth et Graeme Lowdon, fondateur et dirigeant de l’équipe F1. L’accord initial entre les parties indiquait que 6 mois après l’ambition pour sauver l’équipe anglaise était de parvenir à un accord de fourniture moteur compétitif et le recrutement d’un staff de haut niveau. En septembre, un accord de fourniture est signé avec Mercedes-Benz pour 2016. L’acompte s’élève à 11 millions d’euros. Seulement la moitié aurait été payée à ce jour. Malheureusement l’argent promis de Fitzpatick peine à venir assurer l’avenir de l’équipe.

L’ultime solution pour Lowdon et Booth était de trouver des investisseurs capables d’injecter des fonds pour assurer  les saisons 2016 et 2017. Un consortium américain incarné par Tavo Hellmund et James Carney visait un pourcentage estimé à 30% et l’injection de liquidité. On parle de 30 millions d’euros et d’un budget de 85/90 millions d’euros par an. La situation avec Fitzpatrick devient compliquée, car ce dernier dispose d’une option pour obtenir la majorité du capital de l’équipe. Un accord entre les parties est indispensable afin que Manor ait un avenir.

Démissionnaire, Lowdon et Booth sont toujours présent dans l’équipe. Respectant le contrat avec l’administrateur judiciaire. Dans le même temps les intentions de Fitzpatrick sont floues. Cherche t’il un accord avec un établissement financier ou alors un investissement immobilier. Mystère. Toutefois la situation Lowdon/Booth est à mettre en parallèle à celle de Hellmund/Carney. Les deux hommes d’affaires américains souhaitent agir avant la fin de l’année 2015. Avant de dire adieux…

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Note du Mardi : Comparer au lieu de réhabiliter ou créer

Note du mardiLes tentatives de la Formule 1 contemporaine de récupérer son histoire passé et récente et de s’inscrire dans la culture mainstream sont intéressantes à relever. Mais échouent par comparaison.

Alors que Lewis Hamilton focalisait les médias anglo-saxons et ses relais européens avec sa 41ème victoires en marge du Grand Prix de Singapour (chiffre qu’il attendra finalement lors de la course du Japon dans un anonymat absolu), c’est la 42ème victoire de Sébastian Vettel qui a réveillé les médias allemands, qui désormais compare le quadruple champion du monde à Michael Schumacher. La saison 2015 étant pour beaucoup de journalistes une réécriture de 1996, sous entendu que 2016 et 2017 Vettel ira au combat pour le titre de champion du monde, comme son aîné en 1997 et 1998. A la différence est que Schumacher chassait son 3ème titre, tandis que Vettel ira chercher son 5ème titre de champion du monde. Un détail important et historique à la fois.

Michael Schumacher et son record historique

L’autre détail important lorsque l’on tente une comparaison dans le temps est de comparer le taux de victoires par nombre de Grand Prix disputés. Pour réaliser ses 41 victoires, Ayrton Senna avait eu besoin de 158 GP, Michael Schumacher a eu besoin de 142 GP pour égaler ce chiffre et 143 GP pour le battre. Sébastian Vettel : 149 GP pour égaler le chiffre de Senna et 152 GP pour le battre. Concernant Lewis Hamilton aura eu besoin de 162 GP pour égaler le triple champion brésilien.

Le prochain chiffre sera 51, le nombre de victoires d’Alain Prost. Le quadruple champion du monde français avait attendu 191 GP pour l’obtenir. Michael Schumacher avait égalé ce chiffre à son 158ème Grand Prix et battu lors de la course suivante. Autant dire que ce record ne sera pas battu par Lewis Hamilton et probablement pas par Sébastian Vettel.

Enzo, Jobs, la comparaison inutile

L’autre tentative de récupération provient de Mauricio Arrivabene qui a indiqué dans la presse transalpine que, selon lui, Enzo Ferrari était l’équivalent de Steve Jobs pour la Formule 1. Basant son argument que le fait que le Commendator avait débuté dans son garage comme l’icône d’Apple. Un raccourci qui tente de réécrire l’histoire. S’ il faut établir des comparaisons, Enzo Ferrari se rapproche plus de Bill Gates que de Steve Jobs.

Gates a lui aussi débuté dans son garage, mais pour mettre en route sa petite entreprise il avait payé une petite fortune un programmateur amateur de bidouille pour concevoir le logiciel DOS, qui est devenu avec une ou deux lignes de code supplémentaires le MS-DOS à la fin des années 70, comme Ferrari avait eu besoin d’Alfa Roméo pour débuter. En 1980 Microsoft signa un accord avec IBM pour développer et exploiter le logiciel, comme Enzo Ferrari noua des liens avec FIAT pour continuer de construire ses voitures de routes et financer son équipe de course.  Il faudra attendre plusieurs années avant que le programme Windows devienne un incontournable des PC, mais c’était en réalité une copie du système d’Apple sortie en 1984. A la manière d’Enzo Ferrari qui a imité les anglais avec le moteur à l’arrière en 1960/1961 (et la monocoque en 1964).

Si Steve Jobs devait avoir un équivalent en Formule 1 il serait Colin Chapman. Lançant Lotus en 1948 (1952 sous la forme d’une entreprise), il est un contemporain à Ferrari (comme Jobs et Gates l’était dans leur histoire) qui commercialisera ses premières voitures de route au même moment et entra en Formule 1 en 1951. Lui aussi bricolera sa première machine dans son garage. Entra en Formule 1 en 1958, prendra rapidement le train du moteur central arrière dès 1959. Il innovera avec le châssis monocoque en 1962, puis arrêtera d’imaginer des monoplaces à 100%, laissant à des concepteurs de talent le dessin de ses monoplaces. La Lotus 72 et la 79 seront de jolis exemple de réussite sportive. Dans le même temps, Lotus va devenir un véritable constructeur de voiture sport avec un bureau d’études générateur de revenus. Steve Jobs avait quitté sa société (viré est le mot), pendant que Chapman se désintéressait de ses Lotus pour élargir son imagination vers l’aviation, puis Jobs est revenu en 1997 pour relancer son entreprise avant de disparaître en 2011 et laisser un héritage derrière lui en transformant sa société de petite fabricant de computeur en marge à un géant des médias, produisant contenu et contenant. Une révolution. Chapman lors de son retour aux affaires au début des années 80 avait lui aussi révolutionné la Formule 1 avec la 88 (double châssis interdite par la FISA à l’époque) et sa gamme de voiture de route vers la fin des années 70 avant de disparaître en 1982.

Les comparaisons sont toujours difficiles, car nous prenons ce qu’il nous intéresse d’un exemple pour nous l’approprier et en faire notre propre interprétation. Sébastian Vettel ne sera jamais Michael Schumacher, comme ce dernier ne sera jamais Prost ou Senna. Enzo Ferrari était Enzo Ferrari, un mythe à lui seul qu’il ne sert à rien de comparer à un autre mythe pour donner l’impression d’être dans le coup. Il faut plutôt réhabiliter le Commendator en lui rendant régulièrement hommage et le transformer, comme Apple a su le faire : En guide.

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Avant Poste – La fin du rêve Volkswagen

Martin Winterkorn VolkswagenLe regard fixe la caméra. Derrière lui le nom de Volkswagen en lettre capitale est bien petit sur le mur blanc. Une marque s’effaçant derrière le visage de son responsable. Martin Winterkorn, le président du groupe allemand s’excuse le regard fuyant. En coulisse le conseil de surveillance fait fuiter dans la presse outre Rhin que la confiance est perdue. La pire semaine de l’histoire du constructeur de Wolfsburg.

Avril 2015, jamais une guerre d’influence n’aura été si violente entre deux hommes dans l’histoire de l’industrie allemande. Après plusieurs jours de lutte de coulisse, Ferdinand Piech cède son siège après 9 ans de règne comme président du directoire. Le soutien de syndicats occupant 50% des 20 sièges du conseil de surveillance était apporté à Martin Winterkorn. L’autre moitié étant détenue par la famille Porsche/Piech n’a rien pu être fait. Isolé Piech s’est mis à dos la famille Porsche, relançant une rivalité entre les deux familles vieille d’un demi siècle.

Pourtant tous les coups ont été permis pour empêcher Martin Winterkorn de succéder à Ferdinand Piech, mais la démission le 25 Avril 2015 du patriarche de 78 ans avait été une surprise. Au moment de quitter le groupe automobile allemand, Piech savait être arrivé au bout d’un cycle. Le plan de restructuration de Winterkorn présenté durant l’été 2014 avait échoué à cause de l’opposition du président du CE de VW. L’influence des syndicats est plus forte désormais et affaiblit l’ensemble des donnés économiques du groupe.

Depuis l’affaire des 11 millions de véhicules diesel corrompus par un logiciel, tout s’accélère. La valeur de la société a perdue 25 milliards d’euros en 48h. La rumeur d’un remplacement par le patron de Porsche lancée, puis démentie. L’ensemble devient une affaire d’État, car le gouvernement Meckel va mener une enquête. Ce mercredi 23 Septembre, Winterkorn fera face au comité exécutif du conseil de surveillance du constructeur automobile. Vendredi la démission devrait être effective selon la presse allemande. Détail intéressant, dans l’agenda la date du 25 Septembre devait annoncer  la prolongation jusqu’en 2018 du mandat de Winterkorn, par le Conseil de Surveillance.

L’ironie de l’histoire est que le week-end dernier la rumeur Audi-Volkswagen équipant en 2018 Red Bull Racing et la Scuderia Toro Rosso avait pris une réelle ampleur. Bernie Ecclestone en personne plaidant pour un concept de moteur turbo classique. Tentative d’influencer la FIA au moment ou BMW a annoncé son refus de revenir, tout comme Toyota et dans une discipline menacer par le départ de Renault. VW disposant d’un trésor de guerre de 6,5 milliards d’euros, ce dernier devra plutôt servir à payer la future amende de plus de 15 milliards que va réclamer le gouvernement fédéral américain.

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Brabham 1976-1979, les années charnières pour Ecclestone

Brabham BT45 1976 test

Bruxelles Novembre 1975, la guerre froide opposant la Commission Sportive Internationale et son nouveau président, à Bernie Ecclestone et la Formula One Constructors Association envenimait l’ambiance. Le CSI n’avait jamais dit mot sur le développement commerciale de la Formule 1, qui avait été amorcé à partir de 1972. Ce jour d’hiver 75 était la deuxième rencontre entre Pierre Ugeux et Bernie Ecclestone. Entre l’ancien fonctionnaire belge et le patron de Brabham les désaccords de visions étaient nombreux. L’un des principaux conflits portait sur les contrats passés directement entre la FOCA et les circuits. Quelques semaines auparavant, le CSI avait déclaré qu’il n’y aurait pas de championnat 1976 sans que l’instance valide les contrats entre la FOCA et les circuits.  Présent à Bruxelles, quatre hommes. Pierre Ugeux, assisté par Jean-Marie Balestre et de l’autre Bernie Ecclestone et l’avocat Max Mosley. Le ton monta rapidement entre les hommes. Propos d’argent contre influence. Soudain, Ecclestone se leva et baissa la lumière de la pièce jusqu’à l’obscurité totale. Dans la nuit, provoquant le silence dans une réunion virant au sang, il lâcha : « Messieurs, vous voyez, je n’ai pas peur de vous, même dans le noir. » A l’issue de cette mise en scène rocambolesque, Ugeux accepta que les promoteurs de circuit paient 270.000 dollars par course. Avant que Bernie, voulant avoir le dernier mot d’un bras de fer qu’il estimait qu’au début, ajouta 5000 dollars. La messe était dite. La victoire était belle, mais c’était aussi la fin de l’âge d’or de la FOCA.

1976, la première pierre d’une nouvelle ère

Le 24 Octobre 1975, à Balocco en Italie,  Brabham présentait sa nouvelle arme pour le championnat du monde 1976 : La BT45. Propulsée par un moteur Alfa-Roméo elle symbolisait un nouvel avenir pour l’équipe anglaise. Dès la mi-saison 1975, Gordon Murray, le directeur technique de l’équipe,  avait été sommé de ne plus travailler sur la BT44B et de se concentrer sur la prochaine voiture. La mort dans l’âme, l’ingénieur Sud-Africain abandonna le développement de sa BT44B pour se consacrer à la nouvelle machine. Le choix du moteur italien semblait curieux à l’époque pour l’ingénieur. D’autant que le Flat 12 dérivé du moteur d’endurance utilisé par Alfa Roméo depuis le début des années 70 et développé par sa filiale AutoDelta, dirigé par le turbulent ingénieur Carlo Chiti, était lourd (230 kg), bien que très puissant (520cv à 12.000 tr/min). Pour l’adepte des voitures compactes et légères, l’arrivée de l’encombrant bloc italien creva le cœur de Murray. Mais la logique était double pour Bernie Ecclestone. Dans un premier temps ce moteur était gratuit aussi longtemps que les deux parties le désiraient et surtout il avait permis de consolider le sponsoring de la marque Martini à hauteur de 3/4 millions de dollars à l’époque, après avoir échoué depuis 1973 à séduire une marque de tabac. Marlboro ayant préféré McLaren à Brabham. La logique n’était donc pas réellement sportive, mais mercantile.

La saison sera mauvaise. Carlos Reutemann et Carlos Pace on dû se contenter de quatrième places. Brabham termina 9ème du championnat des constructeurs. L’argentin, après la première course catastrophique du Brésil, où il abandonna à la suite d’une panne d’essence au 37ème tour,  demanda que son salaire soit doublé. Ecclestone refusa. Déçu, l’argentin ira à Maranello et Enzo Ferrari lui proposa le salaire souhaité avec la promesse à la fois de remplacer Niki Lauda et d’être pilote Numéro 1 de la Scuderia pour 1977.

Pendant ce temps, le dernier Grand Prix de la saison 1976 était diffusé en mondovision pour la première fois. Le duel James Hunt/Niki Lauda avait permis à Bernie Ecclestone de retrouver le chemin de la télévision, depuis que la BBC avait censuré les Grand Prix à cause du sponsoring de l’équipe Surtess avec la marque Durex. Une affaire de plusieurs millions de dollars, mais qu’il devait partager en plusieurs parts. Une belle leçon.

Brabham BT46B

1977, la saison de transition 

Gordon Murray avait rapidement décidé d’améliorer la précédente monoplace afin de la rendre plus compétitive. La version B de la BT45, avait un moteur placé plus bas, une nouvelle suspension arrière, une transmission inédite et les premiers freins carbones de l’histoire de la F1. Malheureusement au volant de cette monoplace John Watson, puis Carlos Pace ont eu les plus grandes peines du monde malgré la grande puissance du moteur Alfa-Roméo, certes mieux que la saison d’avant, mais encore lourd et peu fiable.

L’irlandais Watson ne devait pas être initialement l’équipier du Brésilien Pace durant cette année là. L’ensemble des partenaires de Brabham avaient été déçus par la saison 1976. Alfa Roméo avait accepté de relever le défi pour le futur, tandis que la marque Martini souhaitait continuer de sponsoriser l’équipe mais en échange de deux fois d’argents. Impossible pour Ecclestone qui démarcha par anticipation Clay Regazzoni, tout juste limogé de la Scuderia Ferrari. Verbalement la promesse d’un juteux salaire avait été promit à l’italo-suisse pour la saison 1977. Au moment de signer le contrat, Ecclestone divisa le salaire par deux. La colère et la déception de Regazzoni était telle qu’il signa sur le champ avec la jeune équipe Ensign. La manœuvre de Brabham était surtout destinée à renouveler son contrat sponsoring avec Martini dans les mêmes proportions que la saison précédente.

La saison débuta tristement pour l’équipe Brabham. Son premier pilote, l’élégant brésilien Carlos Pace fût victime d’un accident d’avion en Mars. Ecclestone était dévasté par la nouvelle. Il avait misé beaucoup sur Pace pour le futur de l’équipe, autant sportivement que commercialement parlant. James Hunt, champion du monde en titre et en début de perdition chez McLaren se verra proposer un contrat pour terminer la saison 1977 contre un salaire d’un million de dollars. Le fantasque blond anglais refusa.

Au Grand Prix d’Hollande, Gordon Murray présenta la BT46, dont les radiateurs d’eaux et d’huiles avaient été remplacés par des échangeurs de température constitués de panneaux d’aluminium à doubles parois. Elle ne fera qu’une seule apparition.  Le système de refroidissement ne fonctionnait jamais convenablement. Deux semaines plus tard, Ecclestone discuta avec Niki Lauda.

L’autrichien dominait le championnat avec la Scuderia Ferrari, sans la reconnaissance du Commendatore. Lassé, il souhaitait apporter le numéro 1 dans une autre équipe. Le prix n’avait pas d’importance. Sautant sur cette opportunité, Ecclestone proposa 500.000 dollars à l’autrichien qui accepta sur le champ. Promettant même d’aider Brabham à trouver un sponsor pour remplacer Martini, qui avait décidé de ne plus renouveler son concours envers l’équipe de Chessington. En signant avec Lauda, Bernie Ecclestone remonta sept mois en arrière, le 17 Février 1977, alors qu’il avait une réunion secrète avec Enzo Ferrari. Le sujet du jour était de faire entrer par un accord spécial l’équipe italienne dans le projet de la FOCA, afin de contrer le CSI de Pierre Ugeux. Isolé depuis le début des années 70, le Commandatore n’avait jamais réellement pris position dans la bataille. Cette neutralité était jugée du côté anglais comme étant en accord avec les autorités sportives, tandis que du côté du nouveau président du CSI, elle était considérée comme de l’opportunisme. C’est à ce moment précis, paraphant ce premier contrat, que Bernie Ecclestone compris que la Scuderia Ferrari allait être indispensable dans le développement de son entreprise future.

Brabham BT45C et BT46

1978, entre sportif et politique

Avec la signature de Niki Lauda, un nouveau souffle comblait le partenariat Brabham-Alfa Roméo. Côté italien, la signature du dernier champion du monde Ferrari était une fierté toute transalpine. Tant Maranello était le rival historique de la firme de Milan, alors propriété de l’Etat Italien depuis les années 50. Côté Brabham, Lauda signifiait un budget de 8 millions de dollars grandement subventionné par la société italienne de produit laitier Parmalat (partenaire de Lauda depuis ses débuts chez Ferrari). L’empire de Parme souhaitait s’étendre en Europe et surtout au Royaume-Unis. L’accord avec Brabham était destiné à faire la promotion de la marque de l’autre côté de la Manche.

Si l’ambiance était à l’espoir de retrouver le haut niveau perdu depuis 1975, les tensions entre Gordon Murray et Bernie Ecclestone se faisaient sentir sur l’ensemble de l’équipe. Le second ayant demandé au premier de concevoir une monoplace compétitive pour se battre pour le titre. Il fallait faire avec le maudit Flat-12 italien qui était certes devenu fiable, mais toujours aussi encombrant pour la créativité de Murray.

La saison débuta d’ailleurs avec l’ultime évolution de la BT45 modèle C pour les courses en Argentine et Brésilienne récompensés par deux podiums donnant de l’espoir à toute l’équipe. Pire, avec sa 2ème et sa troisième place l’autrichien pointait en tête du championnat du monde des pilotes ! La BT46 dans sa configuration conventionnelle apparût en Afrique du Sud. Lauda signa la pôle position, mais cassa son moteur en course. Un nouveau podium à Monaco pour l’autrichien confirma la bonne forme de Brabham. En oubliant que la saison était largement dominée par le Team Lotus et son pilote Mario Andretti, Brabham était la meilleure formation, mais sa voiture était conventionnelle. En effet, la dernière création de Colin Chapman, la 79,  exploitait l’effet de sol. Sous la pression de Bernie, Murray devait trouver une solution pour la fin de saison. Ainsi est née la fameuse version B aspirateur.

Travaillant dans le plus grand secret, Murray et son équipe redessinèrent la partie arrière de la monoplace avec l’ajout d’une turbine actionnée par la boite de vitesse, adjoint par quatre jupes hermétiques reliées entre elle. Les premiers tours de roue ont été réalisé à Balocco, au centre d’essais d’Alfa Roméo, avant qu’en Mai 1978 sur le circuit de Brand Hatch une véritable séance d’essais à huit clos ne soit réalisée. Une séance conclue par un article à sensation dans les colonnes du magazine anglais Autosport. Un espion était présent !

Brabham BT46B aspirateur

Suite au remuant Grand Prix d’Espagne, le CSI convoqua Ecclestone et Murray pour explication sur leur système. Persuadé de la légalité de la machine les officiels autorisent l’exploitation de la BT46B pour le Grand Prix de Suède sur le circuit d’Anderstop le 17 Juin. Un répit de courte durée.

Pour la première fois de son histoire, Colin Champan au nom de Team Lotus, suivit par Ken Tyrrell, Teddy Mayer (McLaren) et John Surtess porta officiellement réclamation. L’inquiétude pour des raisons de sécurité monta d’un cran. Le barrage ira même jusqu’à demander à Peterson et Andretti, les pilotes Lotus,  de parler aux pilotes des autres équipes. Pourtant la monoplace débuta bien en Grand Prix en Suède. Après avoir volontairement piloté en dessous des possibilités de leur engin durant les qualifications, à la demande d’Ecclestone, Niki Lauda et John Watson débutèrent la course à la 2ème et 3ème place. L’irlandais abandonna rapidement après une sortie de piste, tandis que le double champion du monde se glissa derrière la Lotus d’Andretti. Attendant son heure. Elle viendra suite à une faute de l’américain et l’explosion du moteur Cosworth de la Lotus peu de temps après,  en tentant de suivre le rythme de la BT46B. En réalité la course de l’ordinateur Lauda était à son image. Utilisant son avantage qu’au bon moment, il n’avait nullement écrasé la course, alors que sa voiture pouvait rouler 10 secondes au tour plus vite. Il avait juste exploité une seule fois à 100% sa monoplace une fois qu’il avait dépassé Andretti. Modestement.

La victoire de Suède ayant pour synonyme de suprématie, une nouvelle vague de protestations se transforma en tsunami. Une délégation du CSI examina une nouvelle fois la monoplace, sans encore une fois exprimer de désaccords. La monoplace était conforme. Rien n’y faisait toutefois. Quelques jours plus tard, une réunion exceptionnelle des membres de la FOTA présidée par Bernie Ecclestone a été houleuse. L’anglais était isolé. Six heures trente plus tard un accord avait été trouvé entre les membres de l’association des constructeurs. Un bien curieux compromis à première vue. En échange du retrait de l’ensemble des protestations avant et après le GP de Suède, Brabham pouvait aligner sa monoplace BT46B aspirateur durant les trois prochaines courses en France, Angleterre et Allemagne. La machine serait ensuite remise au musée. A ce moment précis de l’accord, Niki Lauda avait une réelle chance de remporter le titre face à Mario Andretti.

Le jour suivant, Ecclestone et Chapman sont convoqués à Paris par le président Ugeux. L’objet de la réunion était « l’avenir de la Formule 1. » N’ayant pas oublié l’affront de novembre 1975, le belge entra dans un bras de fer qu’il était certain de remporter. Ecclestone perdit la face. Le CSI décida de bannir la BT46B pour raisons de sécurité avec effet immédiat. Le premier effet d’un homme qui commençait à prendre le pouvoir au sein de la Commission : Jean-Marie Baleste. Depuis le début de l’année 1978, le français avait profité de l’absence du président du CSI, lors d’un meeting à Melbourne en Australie pour poser les jalons de sa future présidence. Très influent auprès de Pierre Ugeux, Balestre était de conseil d’aller au conflit avec Ecclestone. L’occasion d’interdire sa voiture était trop belle. Une décision politique qui sera acceptée la mort dans l’âme par le patron de Brabham.

Le reste de la saison sera plus terne. Une pôle position au GP de France pour Watson, puis une victoire de Lauda au GP d’Italie en Septembre. Une course maudite ayant ôté la vie de Ronnie Peterson. Quelques temps après le drame, Pierre Ugeux annonça qu’il ne se représentait pas pour un nouveau mandat de 4 ans à la tête du CSI. Jean-Marie Balestre avait gagné et créa en fin de saison la Fédération Internationale du Sport Automobile. Le véhicule de son conflit personnel contre Ecclestone. Ce dernier ayant compris le tournant politique et le danger pour ses intérêts économiques préféra sacrifier l’intérêt sportif de son équipe et un possible titre de champion du monde avec Niki Lauda.

Brabham BT48

1979, Business as usual

John Watson ayant accepté le chèque de 750.000 dollars promis par McLaren, Ecclestone confirma le jeune brésilien Nelson Piquet auparavant pilote d’essais Brabham, comme second pilote aux côtés de Niki Lauda avec un salaire de 25.000 dollars annuels durant deux ans. L’échec de la saison 1978 avait été lourd de conséquence pour la relation entre Lauda et Ecclestone. Après sa victoire à Monza, le double champion du monde avait demandé un salaire de 2 millions de dollars pour 1979. Pour seule réponse, l’éclat de rire d’Ecclestone sera perçu comme un manque de considération. Les négociations vont durer quatre mois. Elles seront difficiles. L’anglais faisant mine de sonder Frank Williams et Teddy Meyer (McLaren) pour les prévenir des prétentions financières de Lauda. Sans agent pour s’occuper de ses intérêts, les portes des meilleurs équipes de F1 se refermaient face à l’autrichien. Esseulé Lauda tenta un ultime coup lors d’une réunion à Parme pour le renouvellement du sponsoring de Parmalat. Ne voulant pas perdre la face, Ecclestone signa Lauda et obtint une rallonge de 2 millions de dollars pour payer son salaire. « C’est la vie » en français dans le texte, sera la seule réponse d’Ecclestone aux interrogations de son pilote.  Ce que cherchait en réalité l’anglais était de gagner du temps et de convaincre Parmalat d’augmenter la valeur de son commandite. Dégoûté par la manœuvre, Lauda signa. Mais c’était fini. Son âme n’était plus à la Formule 1. A la fois épuisé par ses interminables négociations salariales et par le manque de compétitivité de la nouvelle BT48.

La fin de saison 1978 avait été difficile pour Gordon Murray. La pression et l’énergie dépensée durant des mois pour un résultat quasiment nul avait réduit son intérêt pour la Formule 1. Il avait certes esquissé le dessin de la BT47 qui devait optimiser le concept de la turbine entrevue sur la BT46B, mais une proposition de Ford Motorsport se présenta. Paniqué par la perspective de voir partir son ingénieur en chef, Ecclestone au lieu de concéder une grosse augmentation de salaire inventa l’histoire d’une vente prochaine de Brabham et d’un partage de profit avec Murray. Rassuré, l’ingénieur Sud-Africain accepta de continuer l’aventure avec l’équipe. Il l’a quittera fin 1986 (avec sa part de la vente de l’équipe comme convenu). Mais cet épisode va faire prendre beaucoup de retard dans le développement de la BT48. A la demande de Murray, Alfa Roméo développa un moteur V12 60°C d’une puissance de 525cv afin de pouvoir exploiter l’effet de sol. Un concept qui a remporté le titre de champion du monde des constructeurs avec Lotus la saison précédente. Murray avait senti que ce concept aérodynamique serait l’avenir de la discipline et avait déjà imaginé une monoplace exploitant cette technologie avec la BT44.  Le manque de temps dans la construction de la machine provoquera une innovation importante. Des éléments du châssis étaient pour la première fois construit en matériaux composite. Si la puissance du bloc italien était là, sa fiabilité était catastrophique et la voiture était lourde à piloter.

Exploitant a son profit les divergeances qu’il avait avec le directeur d’Autodelta Carlo Chiti, Bernie Ecclestone profita de la présentation de l’Alfa Roméo 177 pour se séparer en fin de saison de son association avec le constructeur italien. Le développement de la machine italienne avait débuté dans le plus grand secret en 1977, après les critiques de Chiti devant les dirigeants italiens de la marque milanaise concernant le châssis Brabham de Gordon Murray, coupable de ne « pas avoir exploité le meilleur moteur du monde », selon les propos de l’ingénieur italien. Un budget complémentaire au moteur s’ajouta alors pour la conception de la première monoplace Alfa Roméo depuis la 159 de 1951. Sa remplaçante la 179 fît ses débuts lors du GP d’Italie avec comme sponsor Marlboro. Cela en était trop pour Ecclestone qui ordonna à Murray de concevoir une nouvelle monoplace. La BT49 propulsé par le fameux V8 Ford Cosworth sera conçue en six semaines et construite en trois exemplaires pour participer à la fin de la saison 1979. L’effort avait été considérable pour l’époque. La voiture avait comme la BT48 des panneaux de carrosserie en fibre de carbone. Plus petite de 10 cm, elle est plus légère de 60kg  et plus agile et maniable. L’ultime voiture pour convaincre Niki Lauda de rester.

Pendant que les premiers tours de roue de la nouvelle monoplace affrontait le chronomètre, Lauda roulait vers l’aéroport de Mirabelle pour le ramener en Europe via New York. Il venait de prendre une décision importante le matin même. Après une nuit sans rêve et sans espoir. Vidé par une saison compliqué, Lauda avait annoncé sa retraite au milieu du Paddock du circuit de Montréal à un Bernie Ecclestone affolé en contraste avec Lauda qui avec le sourire quitta le monde des Grand Prix sans regret.  Nelson Piquet commençait à prendre le leadership chez Brabham, une nouvelle ère pouvait débuter pour Bernie Ecclestone qui proposa un contrat d’une saison de 2,5 millions de dollars à Jackie Stewart pour revenir en Formule 1 à compter de 1980. L’écossais a hésité un moment avant de refuser l’offre. Ultime tentative pour convaincre un pilote respecté et politique au moment ou la FOCA entrait dans sa lutte avec Balestre et la FISA.

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