Entre part d’image et de pilotage

Dernièrement cela ne vous a pas échappé, les salaires des pilotes de Formule 1 ont explosés. Pourtant un phénomène échappe dans cette inflation, alors que nous sommes au 21ème siècle : L’image.

En effet l’image est une nouvelle composante dans l’évaluation d’un salaire pour un sportif. Plus celui-ci est connu, à une réputation, mieux la part d’image dans son salaire est importante.

En Formule 1, dans les années 70, Jackie Stewart était payé 1 millions de dollars en 1973 sous prétexte que la Formule 1 était un sport dangereux et que cela valait bien cette somme là.
Depuis toujours, les équipes payent leurs pilotes en fonction de leurs prestations de pilote. Mais les années 80 et l’arrivée des médias en masse, et surtout de la télévision privée, va modifier la donne et introduire la composante de l’image dans le salaire.
En 1981, Niki Lauda n’avait t’il pas demandé à Ron Dennis 3 millions de dollars ?
Pour l’autrichien l’équation était simple : « pour mes prestations de pilote vous me payez 1$, mais pour image ce sera 3 millions de dollars ».
Lauda avait introduit l’image dans les salaires des pilotes qui deviendront de véritable star du petit écran.
Grâce a cela, Ayrton Senna a pu obtenir 8 millions de dollars de salaire en 1988, sans avoir gagné un titre, alors que Nelson Piquet, triple champion du monde gagnait 5 millions de dollars l’année d’avant chez Williams.

En faite la part de l’image dans les salaires des pilotes a été durant 20 ans de 40% maximum. C’est-à-dire que les pilotes étaient encore jugés sur leur prestation de pilotage pour augmenter leur salaire.
En 1992, Nigel Mansell, gagne 12 millions de dollars chez Williams pour son titre, une fois le titre gagné il a demandé 23 millions de dollars.
Mais l’inflation des salaires au début des années 90 inquiète, Flavio Briatore qui fait signé une charte en 1992 sur les salaires.
Pour le patron italien de l’équipe Benetton, un pilote ne doit pas gagner plus de 6 millions de dollars par an en prestation pilote.
Une charte qu’il appliquera à la lette puisque en 1995, Benetton payera Michael Schumacher 10 millions de dollars, ce qui signifie que Schumacher était payé 6 millions pour ses prestations de pilotes et 4 millions pour son image de jeune champion, héritier de Senna et Prost.

Le ratio 40% image, et 60% pilotage a donc été la norme durant 20 ans, jusqu’aux années 2000.
A l’heure de l’ère de la communication a inversé ce ratio. Surtout depuis l’arrivé du baby boom de 2000 initier par Jenson Button.
L’anglais en 2007 sera payé 20 millions de dollars par l’équipe Honda, alors qu’il n’a gagné qu’une victoire dans sa carrière. Mais Button est une star en Angleterre et en Chine où il est présent sur les magazines et la presse a scandale pour ses frasques amoureuses. Pour lui, le ratio est 60% d’image et 40% de pilotage.
Idem pour Raikkonen qui bénéficie d’une belle réputation au volant, mais qui fait aussi la joie de la presse à scandale scandinave et il est adulé par les Japonaise qui aime ce beau blond. Le Finlandais a le même ratio que Button sur ton salaire de 25 millions (net) qu’il touchera chez Ferrari en 2007.

Le cas de Alonso reste intéressant, car dans la logique Briatore. Pour le manager italien, un pilote est un pilote et son image ne doit pas intervenir dans le salaire, surtout quand c’est l’équipe qui fait de lui une star. C’est le cas de Alonso et de Renault.
La progression de salaire du champion du monde 2005 et 2006 est assez calme : 4 millions en 2003, 6 millions en 2004, 9 millions en 2005 et 12 millions en 2006. Alors que sur la même période, Button touchait en 2003, 3 millions, en 2004 : 9 millions, en 2005 : 10 millions et en 2006 : 20 millions de dollars.
En faite Briatore a payé Alonso sur ses seules prestations de pilote. Mais quand on regarde bien le futur salaire de l’espagnol chez Mclaren qui sera de 30 millions de dollars par an. On constate que les 40% de prestations pilotes payés par Mclaren représentent 12 millions de dollars. Mais vu que Alonso est une star en Espagne, qu’il est très connu en France, en Amérique latine et en Asie avec son statut de Champion du monde, sa part d’image atteint 18 millions de dollars sur son salaire.

Ce ratio est estimatif, mais l’image permet de justifier une inflation de salaire. Quand en 2002, Zinedine Zidane est transféré 75 millions d’euros au Real Madrid, son image était brillante et Zizou était à l’époque le meilleur joueur du monde, la part d’image dans ce transfert était de 45 millions d’euros. 30 millions d’euros était la part des prestations de joueurs. Ce qui faisait quand même de lui le footballeur le plus cher de l’histoire.

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