Archives du tag : Sponsoring

Note du Mardi – Zhou et la double signification pour Alfa Romeo/Sauber

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa signature de Guanyu Zhou par l’équipe Sauber marque l’histoire en étant le premier Chinois qui participera à une saison de Formule 1 en tant que pilote titulaire. Mais également une vieille recette utilisé par l’équipe suisse Sauber.

Le basculement asiatique (le retour)

Il y a 20 ans, Bernie Ecclestone estimait que l’Europe allait devenir une zone de tiers monde, pensant que l’Asie et surtout la Chine allait devenir l’économie numéro 1 du monde et, ainsi, la Formule 1 devait être présente avec une course, voir deux sur l’empire du milieu et basculer un bon tiers des Grand Prix dans la zone asiatique.

L’arrivée de nouveau propriétaire, Liberty Média, en 2016, a fait basculer la discipline du côté Amérique économiquement, tout en délaissant l’Asie, principalement à cause de la pandémie Covid-19. La signature de Zhou est un marqueur fort d’un retour à une stratégie globale d’un calendrier en trois zones (Amérique, Europe et Moyen-Orient/Asie). Notons qu’il y aura 3 pilotes asiatiques en 2022 en F1.

Le deuxième pas vers l’indépendance

Concernant l’équipe Sauber/Alfa Romeo, la signature de Zhou est un indicateur double. Elle est une occasion en or de s’émanciper de la tutelle Ferrari et FIAT auquel elle était soumise. Dans un passé récent, Sergio Marchionne avait remarqué que les comptes de la Scuderia avait un déficit caché de la part de l’équipe Sauber. Il a été ainsi décidé de renommer l’équipe Alfa Romeo, se payer en nature et l’ensemble est devenu un satellite de Ferrari, en employant ses pilotes (jeune ou ancien), ses ingénieurs en formation. L’arrivée de Zhou et la signature de Valterri Bottas pour 2022 est un marqueur fort d’indépendance.

Retour sur une recette utilisée en crise par Sauber

Toutefois, Zhou est un retour au passée. Lors de son annonce, il avait été indiqué que le pilote chinois apporterait un budget de 27 millions d’euros (30 millions de dollars). L’information a été fortement démenti, car nous entrons ici dans la rhétorique des équipes depuis une décennie. Il n’y a plus de pilote payant, mais de pilote promet un budget à l’équipe. Nuance.

L’équipe suisse était passé maître dans l’art de prolonger un pilote apportant un budget. Mais apportant sa touche personnelle. L’apport à la signature représentait l’équivalent de 50% de la somme prévue pour obtenir le volant. Plus intéressant, les pilotes d’essais apportant un budget ont la promesse de devenir titulaire la saison suivante, en échange d’un apport équivalent en argent. Durant la saison 2014-2015 elle a prolongée quatre pilotes pour deux volants. En effet, Estéban Gutierrez avait pourtant déposé 7 millions d’euros pour garder son volant en 2015 et Guido Van der Garde, 4 millions d’euros pour obtenir un volant 2015 de l’équipe suisse, comme cela avait été convenu par contrat. Un total de 11 millions d’euros qui ont principalement permis de payer l’avance du moteur Ferrari 2015. Finalement, Felipe Nasr et Marcus Ericsson ont déposé 40 millions d’euros ensemble sur la table, dont 20 millions d’euros à la signature. Fin juillet 2015, l’équipe suisse annonce la prolongation de ses pilotes.  Sauber avait touché 31 millions de sponsoring en 2015.

Mais avant, il y a eu le cas Adrian Sutil. Le pilote allemand avait signé avec Sauber contre la promesse de garantir 35 millions d’euros de sponsoring pour l’équipe suisse. Un procès a eu lieu et a été remporté par le pilote allemand en 2016. A l’époque, l’usine d’Hinwill en forte difficulté financière avait signé le pilote, lui accordant un salaire, non pas pour piloter, mais comme apporteur d’affaire et promettant un pourcentage sur les partenaires apporter.

La situation ne sera pas différente pour Zhou en 2022 et 2023 avec Alfa Romeo, le chinois a garanti entre 8 et 10 millions d’euros à la signature (permettant à l’équipe suisse de se tourner vers 2022) et promettant d’obtenir le reste (16 millions d’euros) en partenariat pour l’équipe. Son salaire étant similaire au montage conclu avec Sutil et Sauber il y a 8 ans.

Publié dans Management, Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Zhou et la double signification pour Alfa Romeo/Sauber

Note du Mardi – Une économie de projection et une communication d’épargne en F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa situation de l’accord entre Andretti et Islero Investments SA (ex Sauber Group) révèle d’une communication d’épargne pour les actuels propriétaires. La valeur d’aujourd’hui, ne sera pas celle de demain.

Dans les faits, la proposition initial d’Andretti (260 millions d’euros) s’opposait à celle de Longbow Finance (600 millions d’euros). Pire, alors que l’ancien pilote américain estimait à 110 millions d’euros l’équipe au niveau du capital, les propriétaires suisses l’estimaient à 410 millions. Cet écart est la fusion de deux principes déjà entrevue dans le sponsoring en 2013 et 2015.

L’impact médiatique en amont d’un accord 

Le premier concept est l’impact médiatique en amont d’un accord. Cela avait déjà été testé par McLaren avec l’annonce de Vodafone, comme sponsor principal pour 2007, en décembre 2005 ! A l’époque, le coup était surtout tactique pour Ron Dennis, mais dans les faits, cela a eu un impact important pour les deux parties. Plus tard, le monde du football a repris le concept pour annoncer 18 mois voir 2 ans avant des sponsors principaux et bénéficier de l’impact médiatique.

Pour le cas d’Andretti/Islero l’accord n’avait pas été signé et les financiers suisses ont ainsi utilisé cette méthode pour valoriser leur équipe. L’estimation étant que 40% de la valeur de l’équipe relève de la valeur médiatique, 160 millions d’euros est impacté dans le tarif demandé par les propriétaires à Andretti.

Valorisation de l’espoir marketing

Le deuxième concept est la valorisation de l’espoir marketing. Technique utilisé pour la première fois il y a 30 ans par Jordan Grand Prix avec son sponsoring 7up (estimé à 10 millions de dollars par les médias alors que seulement 1,5 millions avait été déboursé à l’époque) et développé par la suite dans les années 2010 après la crise économique pour le renouvellement d’un accord partenaire. L’objectif était d’exposer un partenaire plus que la valeur qu’il avait déboursé. Faisant exploser les codes et la rigidité des packages d’alors. La pratique est courante afin de préserver la valeur d’un espace publicitaire. Mais elle comporte des risques lorsque l’espoir ne se traduit pas. Il faut tout reconstruire.

Dans le cas du deal Andretti/Islero il y a aussi le concept de l’espoir marketing. Car les propriétaires ont souhaité que les Américains investissent 50 millions d’euros par an pendant 5 ans dans le budget de l’équipe. Selon le Business Book GP 2021, le partenariat avec Alfa Roméo est estimé à 45 millions d’euros, ce qui aurait fait sur le papier une valorisation total de 95 millions d’euros, soit 17 millions de plus que cette saison. L’échec de cette négociation fera reconstruire le modèle économique de l’équipe d’Hinwill.

Zak Brown a récemment indiqué que 3 ou 4 équipes (Red Bull, Ferrari, Mercedes et probablement McLaren), auront une valeur supérieur à 1 milliard d’euros sur le marché. A ce jeu, Longbow Finance estime la valeur de l’équipe à 350 millions d’euros. Une projection à l’horizon 2026.

Publié dans Management, Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Une économie de projection et une communication d’épargne en F1

Note du Mardi – McLaren et l’évolution de la culture marketing F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa discrète vente de McLaren Applied Technology pour environ 100 millions d’euros à Greybull Capital, marque la fin d’un cycle marketing pour l’équipe F1 de Woking. Une nouvelle ère débute.

Avec cette cession, McLaren a bouclé la dernière phase de sa puissante stratégie de croissance de marque. A l’horizon 2024, l’usine de Woking sera présente en Formule 1, en Indycar, aux 24h du Mans, en Formula E et Extreme E. Le plan de Zak Brown est de faire de McLaren une entreprise mondiale de supercars et évoluant au sommet du sport automobile.

Au total c’est une levée de fond de 1 milliard d’euros qui a été réalisé avec l’introduction d’investissement américain (MSP Sport Capital) dans McLaren Racing, d’Ares Management et Public Investment Fund (le fond souverain d’Arabie Saoudite), la vente de l’usine de Woking à GNL en cession-bail et dernièrement de la filiale Applied.

En marketing il y a des évolutions, par exemple : évoluer de l’image produit à l’image de marque. Développé il y a 25 ans par Prost Grand Prix, les trois cycles d’environ 18 mois définisse la stratégie marketing de McLaren aujourd’hui. Un premier concernant l’image du produit McLaren autour d’une imagerie fondatrice, puis l’image du produit en marque et enfin l’image de marque à part entière.

Mi- 2017 à fin 2018 : La culture fondatrice

Entre l’arrivée de Zak Brown et la refonte du marketing de l’équipe, passant de plate-forme de luxe à générateur de sponsoring s’est déroulé durant ce cycle. Les couleurs des voitures ont évolué progressivement entre 2017 et 2018 passant du noir à l’orange papaye dominant qui était les couleurs originales de l’équipe McLaren à l’époque de son fondateur, Bruce McLaren entre 1968 et 1971.

En parallèle, l’équipe marketing de McLaren s’activait à démarcher un sponsor principal entre 30 et 50 millions d’euros, puis développer assez rapidement une stratégie d’acquisition était basée sur la filiale Applied, comme retour d’expérience et développement de plus-value économique pour le sponsor. L’abandon du moteur Honda pour signer avec Renault comme client afin de changer de culture technique interne est aussi un marqueur pour revenir aux fondamentaux.

Début de la diversification de l’impact médiatique pour les sponsors avec la participation au 500 miles d’Indianapolis de Fernando Alonso en 2018. Qui a été un succès en termes de visibilité.

2019 à fin 2020 : La réinterprétation de l’image produit en marque

Si en 2018, les résultats ont été moyen, 2019 et 2020 ont été nettement meilleur. En parallèle, le marketing de l’équipe a construit une offre d’accompagnement à la croissance pour l’acquisition de ses sponsors. Abandonnant la doctrine précédente d’exclusivité, pour le nombre (environ 40) et la valeur ajoutée.

Les signatures de BAT « A Better Tomorrow » et l’introduction à hauteur de 33% de MSP Sport Capital sont les signes de développement de la marque. Tout comme l’introduction d’un nouvel organigramme avec James Key comme directeur technique et surtout un management dirigé par Andreas Seidl, qui a défini le nouveau plan d’investissements sportif afin de rester compétitif. Petit à petit l’équipe reprenait son image inspiratrice. L’image fondatrice s’effaça au profit d’une redéfinition de son histoire moderne (ère Ron Dennis).

Ce cycle a été plus long car la Pandémie Covid 19 a retardé le processus.

2021 à mi 2022 : l’image de marque

La signature de Daniel Ricciardo comme équipier de Lando Norris et de la fourniture moteur de Mercedes-Benz ont été les évènements majeurs. Le pilote australien est le symbole des ambitions nouvelles, car il est un vainqueur de GP, tandis que l’introduction du moteur allemand reconstruit une association passée (1995/2014), mais surtout une association avec le meilleur moteur F1 du moment. Coté Marketing, la vente de la filiale Applied et la construction d’une stratégie multi sport destinée à augmenter non plus la visibilité des sponsors, mais de maximiser l’impact médiatique de la marque McLaren en occupant l’espace toute une année.

En cela McLaren s’inspire de la stratégie de générateur de contenu du marketing relationnel moderne (Netflix, les influenceurs etc…). Une disneyification de la marque McLaren avec la création d’un univers unique dans le sport automobile.

Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – McLaren et l’évolution de la culture marketing F1

Note du Mardi – Les 2 grandes évolutions du sponsoring en F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgL’innovation en Formule 1 ne résulte pas uniquement dans le domaine technique, mais également dans le domaine du marketing et surtout sponsoring. Un domaine qui a évolué fortement ces dernières années.

Vu de l’extérieur, une équipe de Formule 1 vend des espaces sur sa voiture. Un aileron arrière pour 25 millions d’euros, ses rétroviseurs 1,5 à 2 millions d’euros. Sans unité d’ensemble et au plus offrant. L’objectif était d’avoir trois genres de sponsor : un sponsor principal, un secondaire et des fournisseurs. Puis après les années 2008/2010, des concepts sont apparut pour remplacer le sponsoring classique. Enfin, nous arrivons depuis 2012 vers une nouvelle tendance qui est devenu un socle aujourd’hui. Mais elle a dernièrement évolué.

Désormais les équipes évoluent autour de 3 catégories de sponsoring : Lifestyle, B2C et technologie.

Les marques Lifestyles sont dans un système de co-branding avec des collections capsule commune. Nous l’avons vu avec Ferrari avec Puma, c’est également le cas d’Alpine avec Le Coq Sportif et McLaren avec la collection Gulf. AlphaTauri est l’exemple le plus visible de cette tendance. La principale évolution est que nous sommes passés du B2B (Business to Business dans les années 2010) au B2C, grâce au fait que la médiatisation c’est développé autour d’une visibilité média, un volet événementiel et digital. Avec l’émergence d’une nouvelle génération de marque qui s’adresse directement aux clients, les équipes ont fusionné leur offre qui étaient auparavant séparé. Enfin les marques technologiques permettent d’améliorer les performances des monoplaces.

Les 2 évolutions dans le détail

Dans un premier temps, les contrats inclus une partie numéraire et une partie non numéraire. ORACLE par exemple Red Bull c’est 30 millions d’euros et surtout 10 millions en non numéraire. Idem pour DELL avec McLaren qui offre la même somme sur les 15 millions de sponsoring, selon les données du Business Book GP édition 2021.

L’autre point le plus important est que l’esprit est de vouloir marketer l’ensemble de l’équipe. Plus seulement la voiture et la combinaison pilotes, comme pendant ces 30 dernières années, mais l’usine, la Recherche et Développement, bref l’entreprise dans sa globalité.

La prochaine étape commence à être entrevue : la RSE. La Formule 1 commence à mettre cela en avant via le Hashtag THERACEASONE et l’arc en ciel, ainsi que des programmes sociaux. La principale évolution étant que cela ne sera pas parrainé par un tiers, mais directement par l’équipe afin de renforcer ses liens avec les trois catégories de marques.

Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Les 2 grandes évolutions du sponsoring en F1

Note du Mardi – La grande stratégie de l’Arabie Saoudite autour de la F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgL’annonce d’un GP d’Arabie Saoudite de Formule 1 en 2021 cache une stratégie nouvelle du pays et plus largement de la région. Objectif est de devenir une puissance mondiale.

Un investissement total supérieur à 600 millions d’euros

Le déroulement de cette course sera en deux temps : Premièrement, pour 2021 et 2022, la course se déroulera de nuit sur le circuit urbain de Djeddah. Puis à partir de 2023, il est prévu que la course se déroule vers un circuit qui sera construit à Qiddiya. Dans l’ensemble l’accord est d’une durée de 5 ans pour minimum estimé de 45 millions d’euros par an.

Cet investissement en F1 est la deuxième phase de l’Arabie Saoudite, après l’annonce en mars de Saudi Aramco, le géant pétrolier du pays, comme sponsor à hauteur de 50 millions par an. Mais, il y a un troisième temps.

Quelques jours après l’annonce du Grand Prix de Formule 1, le ministère des sports du pays a annoncé la création de Saudi Sports Compagny, afin d’acquérir les droits sportifs des principaux sports mondiaux. L’accord avec le GP de F1, comprend également des droits TV pour un investissement estimé de 30 millions d’euros par an.

Ainsi donc, l’investissement total du pays en Formule 1 entre 2020 et 2024 est estimé à 625 millions d’euros (125 millions par an).

Toutefois, toute cette stratégie sportive est le fruit d’une politique stratégique commerciale imposée.

Une réaction à une réunion géopolitique

Début Mars 2020, Vienne, les 23 pays producteurs de pétrole se réunisse pour évaluer leur stratégie future sur le cours de bourse du baril de pétrole. L’Arabie Saoudite, leader du groupe propose de baisser de 1,5 millions de baril/jour jusqu’à la fin 2020 afin de soutenir les prix. Le refus de la Russie a provoqué une vive réaction. En Avril 2020, l’Arabie Saoudite passe de 9.8 à 12 millions de baril/jour. Faisant effondrer le prix du baril passant de 51,86 dollars à 22,74 dollars. Actuellement le cours est stable autour de 35 dollars.

Les stocks de Saudi Aramco sont estimés à 154 millions de barils, mais c’est un niveau historiquement bas. Le plus faible depuis 2004. L’objectif est donc d’augmenter ce stock. Plus largement, le plan s’est mis en place pour permettre à Saudi Aramco de se diversifier également dans la banque d’investissement écologique. Cette hausse est destinée à financer ce changement de stratégie, qui utilise la Formule 1 comme vecteur d’image.

Un projet majeur d’investissements avenir

Début 2020, un accord entre l’Arabie Saoudite et Abu Dhabi indique la création d’un fond souverain commun, permettant de rentrer dans le top 10 des puissances économiques mondiales (16ème place aujourd’hui au cumul). Il est une réponse à une analyse du Fond Monétaire Internationale présidant la faillite des pays du pétrole à l’horizon 2034.

Le fond Souverain d’Arabie Saoudite (PIF) dispose de 320 milliards de dollars d’actifs, tandis que le fond d’Abu Dhabi (DIA) dispose de 700 milliards. Notons que le premier fond souverain mondial est celui de Norvège avec 1090 milliards de dollars d’actifs. L’ambition des deux alliés est de cumuler 3000 milliards de dollars d’actifs d’ici 10 ans. Cela signifie d’importants investissements futurs.

Publié dans Marketing, Note du Mardi, Politique, Sponsoring | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – La grande stratégie de l’Arabie Saoudite autour de la F1

Note du Mardi – McLaren et le pragmatisme marketing

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa dynamique de McLaren en piste se traduit également par son modèle économique. Malgré des difficultés sur son image de marque avec son deal avec OnePlus, pourtant novateur sur le principe, l’équipe de Woking modifié son approche générale qui était basé sur l’exclusivité.

Lors de son retour à la tête de l’équipe, Ron Dennis avait élaboré une stratégie exclusive pour séduire des partenaires. Une plate-forme développant des relations sur 10 ans avec des marques de luxes. Dennis avait toujours souhaité être l’équivalent de Ferrari. Le cobranding était l’ultime destination. Toutefois, après l’arrêt du partenariat avec Vodafone (sponsor depuis 2007 et qui déboursait 45 millions d’euros par saison), fin 2013, Ron Dennis avait refusé l’offre Johnnie Walker, sponsor de l’équipe depuis 2005. La marque avait proposé de devenir sponsor principal pendant 3 ans contre 165 millions d’euros total. Cette offre ne rentrant pas dans la stratégie premium/long terme que McLaren mettait en place, elle a été rejetée.

Cette période était celle du resserrement marketing. L’idée qu’il fallait moins de sponsors à plus forte valeur ajoutée afin de valoriser l’espace principal. Ron Dennis visait un partenariat de 70 millions par saison et pendant 5 ou 10 ans, comme il l’avait fait avec Vodafone fin 2005. Comme il n’y avait qu’une vingtaine de sponsor et non 35 comme à l’époque de David Coulthard/Kimi Raikkonen/Mika Hakkinen, l’ensemble était supporté par un constructeur (Honda) qui finançait une large partie du budget. Ainsi le département marketing, autrefois référence s’est endormi sur cette stratégie long terme.

Le pragmatisme à l’oeuvre 

Zak Brown a changé d’approche. S’inspirant de Williams qui avait initié une stratégie différente depuis 2014, l’idée est de signer plusieurs partenaires moins importants financièrement, mais permettant de garantir le budget. Ainsi d’une stratégie exclusive à 18 ou 20 partenaires, nous sommes à 45 aujourd’hui. La signature de Gulf et BAT dernièrement ont permis d’obtenir un important investissement. Même si ces deux derniers deals sont innovants, car ils sont basés sur un aspect financier classique et un apport autre de complément. Comme on le voyait souvent dans les années 90 et 2000.

Cette stratégie, qui avait porté ses fruits chez Williams entre 2007 et 2017 (et qui avait aussi inspiré Lotus F1 Team entre 2012 et 2015), est désormais le socle de McLaren. Toutefois, le changement n’a pas été aussi vite, il a fallu respecter des cycles pour arriver aux résultats d’aujourd’hui.

Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – McLaren et le pragmatisme marketing

Note du Mardi – Les dernières évolutions sponsoring

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa crise enveloppant les équipes McLaren et Williams démontre la fin d’un cycle concernant le financement d’une équipe de Formule 1. Une nouvelle évolution.

Depuis l’ère moderne de la Formule 1, le principe était simple : Une équipe cherchait un ou des sponsors pour justifier ses coûts de fonctionnement. Puis avec l’arrivée des constructeurs comme propriétaire des équipes du début des années 2000, le principe d’apport en termes de retombées respectives est entré dans les négociations.

Enfin au début de la décennie, l’équipe Lotus F1 Team, sous l’impulsion de Stéphane Samson, a mis en place la dernière évolution : Si le sponsor achète un espace pour exposer sa marque dans le monde entier, il cherche aussi la meilleure stratégie possible pour fidéliser cette même marque auprès du consommateur. Ainsi, deux nouveaux métiers ont vu le jour : la créativité stratégique (les hommes et femmes qui composaient le service marketing et communication de Lotus) et la créativité médiatique.

Puis il y a eu son dérivée, inspiré par McLaren et Williams, via leur filiale Engineering, qui mélangeait la créativité stratégique et la créativité technologique.

Place à une ultime évolution du modèle actuel

Désormais nous entrons dans une nouvelle mutation.

Le Business Book GP 2020 (édition française et english édition) indique que pour les équipes Mercedes, Ferrari, Red Bull/Alpha Tauri, Renault, Haas, Racing Point (futur Aston Martin) et Alfa Roméo, l’apport de l’actionnaire principal ou partenaire principal est conséquent. Sur un total de 1.686 milliards d’euros que représente le total de budget (Sponsor + partenariat) de ces équipes, 985 millions d’euros provient d’un apport direct. Un contrôle qui se confirme.

La synthèse 

Pendant un temps, le « mécène » finance son équipe pour installer sa marque (pendant 2 ou 3 ans en reprenant le modèle entrevue par Prost GP), pour ensuite s’adjoindre un partenaire qui utilise sa présence sur la monoplace comme une exposition globale. La dérive étant celle que nous avons vu avec Energy Drink : Celle du sponsor qui signe pendant 3 saisons sur le papier, mais qui rompe son contrat au bout d’une saison, une fois qu’il a bien profité de l’exposition médiatique de la discipline.

L’ultime évolution ?

Cette évolution est un placement de produit, comme nous pouvons le voir dans le cinéma. Chaque année est une nouvelle saison et donc il faudra se réinventer. Des sponsors voudront s’associer à des stars (pilote) ou des franchises (équipe marque), mais pendant une seule saison, voire deux ou trois, mais n’iront plus sur des projets long terme. Durant cette période, la première année sera celle de l’exposition de la marque, la deuxième sera celle du développement du réseau et enfin la troisième et dernière sera celle du sens, afin de légitimer l’investissement et développer la marque partenaire vers un nouvel avenir.

La marque employeur

Mercedes AMG F1 est l’une des premières a miser à la fois médiatiquement, mais également dans ses négociations son développement management pour associer des partenaires à son équipe. Une équipe qui gagne depuis 2014, en étant agile, ouverte, innovante etc… Le sponsor ne signe pas pour être exposer uniquement, il vient puiser l’expérience pour son propre compte. C’est la prochaine évolution.

Ainsi donc, après avoir vu depuis une dizaine d’année deux modèles cohabiter (avec un projet de troisième modèle avec Lotus F1 Team entre 2011 et 2014), nous n’auront probablement plus qu’un seul modèle, mais avec deux dérivés : un placement de produit et la marque employeur.

Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Les dernières évolutions sponsoring

Note du Mardi – Vers un unique modèle marketing en F1 ?

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa saison 2020 n’ayant pas encore débuté, que déjà 2020 et surtout 2022 s’active en coulisse. Au point de réviser passablement les modèles de chacun.

Ferrari étant l’exception. Depuis plusieurs décennies deux modèles cohabitent. Le premier est un modèle de promotion, puisant ses racines sur l’émergence de Benetton dans les années 80/90 pour avoir son illustration ultime avec la marque constructeur sur une monoplace, voir une marque d’outillage, de boisson énergisante ou d’une marque lifestyle. Et de l’autre un modèle né dans les années 70, mais qui n’a plus que deux représentants : Williams et McLaren.

Ce modèle est uniquement basé sur le principe du sponsoring. Utilisant toutes les évolutions du principe depuis 25 ans désormais. Misant sur son image et son histoire, McLaren, sous l’impulsion de Ron Dennis avait décidé de devenir le Ferrari anglais (reprenant le principe de Lotus dans les années 60), développant d’abord une supercar à la fin des années 80, puis en proposant ses services marketing (Tyrrell, puis Arrows) et son électronique (Tyrrell, Arrows, Jordan, Prost). Une alternative à Ferrari dans l’esprit de son bâtisseur, qui a été une force pendant longtemps.

Pour Williams, l’évolution date du milieu des années 2000, suite à la perte de BMW. D’abord pour développer le KERS, puis comme une école d’ingénieur à Dubaï. Puis enfin, une fusion de l’ensemble pour créer un bureau d’étude devant financer l’équipe de course et travailler pour des constructeurs automobiles. Toutefois, le monde change. La concentration des marques automobiles ont rendu moins dépendantes des bureaux d’études extérieurs (design et technique). Ainsi donc le projet était devenu un outil pour signer des partenaires.

Mais à l’heure du pouvoir des marques et sans partenaires moteurs officiels, les deux sont en difficulté dans leur modèle. Ainsi, à l’heure ou les autres sont soutenu par de puissant actionnaires, signant avec de puissants fournisseurs. Williams et McLaren ne peuvent tout simplement plus gérer la voiture 2020, le développement de la machine 2021 et celle 2022. Il faut donc vendre pour financer la saison 2021 et viser l’avenir.

Ainsi les deux entités sont en négociation pour obtenir 145 millions de financement pour la saison prochaine. Williams vise une vente totale ou un financement par Michael Latifi (comme l’a fait Marlboro avec Ferrari) et McLaren vise une vente de 30% de ses parts de l’équipe. Reste à définir l’après. L’une et l’autre sont dans une politique de fuite en avant. McLaren a voulu devenir une marque, mais change sa stratégie depuis un an. Tandis que Williams a vendu son bureau d’étude spécialisé pour 50 millions d’euros durant l’hiver et ne sait plus comment évoluer pour aspirer la Formule 1 de demain.

Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Vers un unique modèle marketing en F1 ?

Note du Mardi – Racing Point et le sponsoring de sens

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa présentation en Autriche, plus précisément dans la région de Salzbourg, de la Racing Point RP20 est un clin d’œil à son nouveau principal sponsor : BWT. Toutefois l’accord n’est pas réellement celui que nous pouvons croire.

La saison dernière, l’opérateur de paris sportif SportPesa était le sponsor principal de l’équipe anglo-canadienne. Selon le Business Book GP 2019, l’apport était relativement faible par rapport à la portée du contrat, soit 10 millions d’euros. SportPesa n’étant plus présent sur le capot moteur de la Racing Point et dans le nom de l’équipe en 2020, place ainsi à BWT.

  • Un air de découvert

Lorsque BWT signe son accord de partenariat avec Force India en 2017, l’accord est d’une durée de 3 saison (2017/2018/2019). Dans les faits le contrat n’est pas du sponsoring classique, mais un découvert bancaire d’une valeur de 40 millions d’euros. Un découvert qui était renouvelé à la condition que l’équipe soit dans la capacité de rembourser 1/3 de la somme (12 millions d’euros donc) et que le reste (soit 28 millions d’euros) soit converti en exposition sur la voiture. Ainsi la couleur rose et l’inscription en gros de la marque BWT était visible.

Pour l’histoire, Force India a respecté le deal en 2017, mais a été en difficulté en 2018 et a été obligé de vendre ses actifs au consortium de Lawrence Stroll. Ce dernier, en 2019, signa un accord avec l’opérateur de paris sportif, SportPesa pour garantir le partenariat avec BWT. Ce dernier était d’ailleurs converti en naming du moteur Mercedes-Benz, la saison dernière.

L’évolution vers le sens

En fin de contrat, BWT et Racing Point devait discuter pour prolonger l’aventure une saison supplémentaire, avant que l’équipe ne se nomme Aston Martin en 2021. Ayant bénéficier d’une large exposition depuis trois saisons, l’équipe marketing de l’équipe basé à Silverstone a obtenu un deal à deux niveaux.

  • Le premier niveau est un découvert de BWT, comme cela avait toujours été, mais sans qu’il y ait une capacité de l’équipe à rembourser une partie sous la forme du prêt. Ce qui explique la plus large exposition sur la voiture, soit 40 millions d’euros.
  • Le deuxième niveau est un accord de sens : Pour chaque point inscrit par l’équipe en championnat du monde des constructeurs, BWT s’engage à construire un puit d’eau potable dans la région de Gambie. Ce qui évalue à environ 1 à 1,5 millions d’euros cette partie du deal. En effet, Racing Point vise la 4ème place du championnat du monde des constructeurs (entre 120 et 145 pts) et la construction d’un puit d’eau potable dans la région est estimé à 10.000 euros.
Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Racing Point et le sponsoring de sens

Note du Mardi – l’évolution des tarifs des sponsors secondaires

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgUne catégorie de sponsoring existe depuis bientôt deux décennies : celle du sponsor secondaire. Une catégorie qui a vu sa tarification explosé ces derniers temps.

Il y a vingt ans, la norme était simple. Le sponsoring principal était autour de 35 à 50 millions de dollars (souvent un cigarettier) et le sponsoring secondaire évoluait autour de 15 à 20 millions de dollars. En 2001, le Crédit Suisse signe un accord de trois saisons avec Sauber F1 Team pour une somme de 17 millions de dollars par saison (visible sur l’aileron avant et arrière), alors que Petronas déboursait alors 38 millions. Chez McLaren, West était le sponsors principal (50 millions de dollars par saisons) et Siemens Mobile d’un côté pour 13 millions et soit le haut du capot moteur, soit la dérive latérale, soit l’aileron avant) et de l’autre Computer Associate (22 millions) faisait le complément (dérive latérale). Enfin chez Jordan, Benson & Hedge déboursait 50 millions en 2001 et la Deutsche Post calibrait son investissement à 15 millions par saison (côté coque).

En 2004, lorsque Renault décide de segmenter son offre, en proposant l’aileron avant à I Mode (DOMOCO) et l’aileron arrière à Telefonica elle a récolté 35 millions de dollars, alors que son sponsor cigarette Mild Seven déboursait 60 millions.

La norme établit dans le paddock était que le sponsor secondaire déboursait 1/3 de la somme du principal.

Un premier changement dans la segmentation

En 2007, Williams a fait exploser le modèle en proposant un sponsoring principal à AT&T sous forme de naming pendant 5 ans contre 10 millions de dollars (visible sur l’aileron avant). Alors que son sponsoring principal était RBS (38 millions avec les découverts bancaires et visible sur le capot moteur) et Lenovo qui déboursait 18 millions cette année-là pour devenir le sponsor secondaire (et visible sur les pontons. Dans comptablement, les proportions étaient les mêmes que précédemment.

Aujourd’hui

L’accord qui est entrain d’être conclu entre la société Ineos et Mercedes AMG F1 d’une valeur de 24/25 millions d’euros par saison (contre une présence probable sur l’aileron arrière), est représentatif d’une tendance amorcée par les trois grosses équipes du championnat.

Le sponsoring principal de Mercedes AMG F1 est assuré par le pétrolier malaisien Petronas à hauteur de 56 millions d’euros (sponsor et partenariat). Coté Scuderia Ferrari, si Philip Morris assure 200 millions d’euros au budget, il est à noté que les sponsors et partenaires complémentaires assurent à hauteur de 90 millions d’euros derrière. Avec trois sponsors à 24 millions. Enfin coté Red Bull Racing, si Aston Martin est le sponsor principal à hauteur estimé de 30 millions d’euros, Tag Heuer est le second avec une valeur estimé entre 5 et 10 millions par saison.

Pendant longtemps, le choix a été de multiplier les accords secondaires. D’abord à hauteur de 6 ou 8 millions d’euros par saison, puis maintenant entre 12 et 25 millions. Afin de segmenter l’offre (aileron arrière, pontons, capot moteur), qui sont les trois emplacements ayant le plus de valeur (environ 60 millions d’euros selon le Business Book GP 2019). Revenant à ce que faisait Renault F1 Team entre 2004 et 2006.

Publié dans Marketing, Note du Mardi | Tagué , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – l’évolution des tarifs des sponsors secondaires