BusinessNewsF1 N°6 : Red Bull Connexion

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Arrivée en F1 en 1995 comme sponsor principal de l’équipe Sauber, RedBull est devenue, une décennie plus tard, le sponsor le plus important de la Formule Un.
De Sauber à Jaguar en passant par Arrows, l’univers de RedBull en F1.

Des débuts à la domination

Officiellement, l’histoire retient que l’arrivée du petit taureau rouge date de 1995. Mais en fait, son implication remonte 10 ans auparavant.
L’entreprise, née en 1984, a rapidement compris que pour grandir, la publicité n’était pas le moyen le plus efficace pour se faire connaître. Le sponsoring lui l’était.
C’est alors que Dietrich Mateschitz est allé voir Gerhard Berger pour lui proposer de financer une partie de sa saison 1985. Le jeune pilote autrichien accepta et se vit proposer un chèque de $100.000, une opération qui sera renouvelée l’année suivante. On dit aussi que Niki Lauda avait été à cette époque approché pour que RedBull devienne son sponsor casquette pour 1985, après avoir remporté le titre 1984. Mais l’Autrichien demandait $1m/an, ce que la jeune société autrichienne ne pouvait donner à l’époque.

Berger a été le plus beau fleuron de l’entreprise durant toutes ces années de F1. Intronisant Dietrich Mateschitz dans le milieu de la F1, rencontrant Ron Dennis et Luca di Montezemolo. Mais l’entreprise n’était pas encore assez grande pour se permettre de dépenser des millions de dollars en sponsoring. C’est alors qu’elle décide de faire les sports extrêmes, moins coûteux, surtout le BMX en vogue dans les années 80/90.
Et en 1994, RedBull contacte Peter Sauber pour lui proposer un deal. En effet, après le départ de Mercedes, l’équipe suisse était au bord de la faillite et avait besoin d’argent frais.
RedBull fera un chèque de $12m pour devenir le sponsor principal de l’équipe et prendra 65% environ de son capital pour quelques millions de dollars.
À partir de ce moment, la marque de boisson est devenue très populaire dans le monde du sport automobile et ces ventes explosent.
RedBull vendra sa participation dans Sauber en 2001, suite à une mésentente avec Peter Sauber sur l’engagement de Kimi Raikkonen, et sponsorisera aussi Arrows en 2001 et 2002, et enfin Jaguar en 2004 en plus de Sauber.

Fin 2004, après avoir acheté pour $1 l’équipe Jaguar à Ford Motor Corporation, la marque de boisson a investi $175m en 2006 pour ces deux équipes de F1, car en 2005, le géant de la boisson énergétique décida de racheter la petite équipe Minardi pour $35m et d’en faire une équipe « bis » avant qu’elle ne devienne indépendante dans les 3 ans à venir.
Elle s’appellera Scuderia Toro Rosso. Équipe dirigée par une vieille connaissance : Gerhard Berger.

Mais RedBull dérange le petit monde de la F1. L’affaire du châssis Toro Rosso en est la preuve, car pour la première fois, une équipe a brisé le tabou de la vente de plan de châssis à une autre équipe.
De plus, l’accord signé avec Ferrari à Imola en 2005, a été dénoncé cette année. Un fait rarissime, surtout envers la plus prestigieuse de toutes les équipes de F1. $30m pour avoir des moteurs peu fiables et surtout moins performants que l’équipe première, cela n’est pas vraiment du
goût du président Dietrich Mateschitz…
Renault équipera l’année prochaine les RedBull Racing et Ferrari devra se contenter de Toro Rosso.
Pourtant, après avoir abandonné son projet de grande usine en Angleterre, RedBull refait parler d’elle car il se pourrait que les RB3 et les STR02 soient identiques, au moteur près. Un scandale pour le monde de la F1 et la FIA.

L’investissement sur Toro Rosso est assez différent des autres projets d’équipe Bis. Il s’inspire même beaucoup de ce que voulait faire Flavio Briatore de l’équipe Ligier en 1995.
RedBull sera sponsor principal de la jeune équipe jusqu’en 2008, puis comme toute équipe normale, la Scuderia Toro Rosso devra trouver des sponsors pour survivre. En échange, le fabricant de boisson payera les factures moteurs et resterait partenaire.

Hormis ces investissements sportifs en F1, la marque souhaite devenir un sponsor influant en F1, dominant par son côté fun le paddock, et informant de manière décalée avec son Red Bulletin, quotidien des Grand Prix depuis 2005. Allant même jusqu’à faire la promotion lors des GP de Monaco d’un film hollywoodien.
RedBull, c’est aussi devenu une marque de vêtement, ultime symbole de la diversification pour une enseigne très populaire dans le monde entier, surtout en France, mais qui restera interdit pour cause de législation sanitaire dans notre pays.

Un gros sponsor pour le sport mécanique

Un chiffre pour résumer sa puissance financière : $800m.
$200 environ est investi en F1, le reste est réparti dans divers discipline sportive mécanique.
Du Karting, DTM, F1, endurance, Moto, ChampCar, Dragster, Rallye Raid, WRC, WTCC, l’investissement est considérable.
Au total, on ne dénombre pas moins de 116 pilotes sous contrat en 2006 avec la boisson !
En 2001, RedBull a créé le « Red Bull Search a Driver », dirigé par l’ancien pilote de F1 Danny Sullivan, et destiné à trouver l’héritier de Mario Andretti en F1. Cela a donné Scott Speed, actuel pilote Toro Rosso cette année.

Pourtant, ces investissements dans le sport sont assez intéressants à observer.
Tout d’abord, l’entreprise sponsorise des pilotes et équipes qui sont en périphérie de l’Autriche. C’est le cas de KTM, le seul fabricant de moto dans ce petit pays et qui est fortement soutenu par le taureau rouge en 125 et 250cm3, mais aussi pour les jeunes pilotes allemand en Formule BMW.
Dans le même état d’esprit, le rachat du circuit de Zeltweg en 2004 pour le rénover complètement et en faire le « Disney Land » du sport automobile européen, avec un investissement de €700m au total est l’exemple de l’implication totale en Autriche de l’entreprise.

Ensuite, il y a l’alliance avec le Groupe Volkswagen. En effet, RedBull est sponsor de Audi en DTM, de Seat en WTCC, de Skoda en WRC et enfin de VW en Rallye Raid.
Ce rapprochement avec ce Groupe automobile est destinée à souder les racines germaniques de la marque de boisson.

Puis, il y a les investissements à l’international, comme aux USA, qui semble être l’avenir de la petite canette qui donne des ailes.
RedBull a signé un contrat de sponsoring de plusieurs années pour devenir un des sponsors de l’équipe Toyota en NASCAR avec pour ambition de devenir un sponsor titre d’une épreuve d’ici 2008.
Les investissements américains représenteraient environs $80m l’année prochaine.

Enfin, les investissements restants sont ciblés sur des championnats régionaux, comme en Belgique, Chine, Inde, Japon etc… Ce sont d’ailleurs souvent directement les filiales du numéro un de la boisson énergisante qui représentent la marque dans ces championnats-là.
En France, le projet de sponsoring du GP de France que Dietrich Mateschitz a proposé au gouvernement français en 2004 a échoué à cause de l’interdiction de sa boisson dans notre pays. Le GP de France aurait pu bénéficier de $15m par an d’argent frais. Pourtant, ce n’est pas la seule fois où RedBull a voulu séduire la France.

Son rachat raté de Prost GP et de Arrows

Dés le début de son implication en F1 comme Sponsor, RedBull voulait faire comme Benetton avant lui, devenir propriétaire d’une équipe. Certes il avait à l’époque 65% de l’équipe Sauber, mais n’avait aucune influence sur Peter Sauber.
Il vendra ses parts de l’équipe au Crédit Suisse pour $30m.
C’est alors que le projet Prost GP est apparu.
En fait, RedBull a toujours voulu faire plaisir à la France en investissant de grosses sommes d’argent dans notre pays pour se faire admettre.
L’affaire avec l’équipe Prost GP était dû à Pedro Diniz, car ce dernier et son père avaient pris fin 2000, 40% de l’équipe bleue pour $30m. Mais rapidement, les deux Brésiliens ont noué des accords avec deux partenaires importants pour l’avenir.
D’un côté Renault et de l’autre RedBull.
Le projet avec Renault était simple : le constructeur français fournissait son moteur V10 à 111° à l’équipe une fois que celle-ci sera rachetée par les Diniz. Renault voulait faire de l’équipe française son équipe bis et surtout une équipe test pour les pilotes français. Dans ce sens, Abilio Diniz a proposé $80m assortie d’une condition dictée par Abilio selon laquelle Alain Prost devait laisser $10m dans le budget, au titre d’un partenariat de sponsoring.
RedBull de son côté, très intéressé par le marché Brésilien duquel il était absent en 2001, avait proposé de racheter 40% de la nouvelle équipe Diniz GP motorisé par Renault pour $60m et un accord de $20m de sponsoring pour remplacer Gauloise.
Alain Prost n’a rien accepté, malgré les recommandations de Patrick Faure et de Flavio Briatore.
C’est alors que la marque de boisson se tourna courant 2002 vers l’équipe qu’il sponsorisait depuis l’année d’avant : Arrows.
L’équipe de Tom Walkinshaw est au bord de la faillite, suite à des histoires avec ses sponsors et surtout son procès avec la banque d’investissement Morgan Grenfell que Walkinshaw voulait rouler.
L’accord entre RedBull et TWR Arrows est très complexe et a été décrit dans le magazine F1 Magazine de Septembre 2002.
L’idée de l’Écossais était de vendre Arrows et ses actifs à RedBull, tout en honorant certaines créances. Cette reprise directe, élaborée de bonne foi par Mateschitz, impliquait un investissement échelonné de $49m en échange de l’écurie à l’exclusion de ses dettes. À l’époque, Walkinshaw avait des soucis de créance envers Ford, et il voulait que l’accord soit réglé rapidement pour pouvoir payer les 4,75 millions de dollars à Cosworth sans que cela ne sorte de sa poche.
Mateschitz a donc concocté un bon plan de reprise qui, outre le fait que celui-ci faisait preuve de largesse à l’égard du créancier et de l’équipe, comportait deux conventions distinctes : la première était intitulée « Technical Services Agreement » (TSA) et la deuxième « Sale and Transfer Agreement » (STA).
L’accord STA prévoyait que RedBull ferait l’acquisition des biens non corporels de l’équipe, c’est-à-dire l’engagement officiel dans le championnat du monde FIA en 2002, les droits de l’équipe pour les Accords Concordes, le nom officiel des voitures ainsi que la propriété intellectuelle associée à la conception des monoplaces. En échange de ce premier accord, la marque de boisson payera une somme de 10 millions de dollars à Tom Walkinshaw personnellement et un montant identique à la banque MGPE (Morgan Grenfell). Ces paiements seraient échelonnés sur 5 ans, le premier versement de $2m étant effectué à la signature.
Quant à la convention TSA, elle demandait à la société Arrows de gérer l’écurie jusqu’à la fin de la saison 2002 pour le compte de RedBull, moyennant un paiement en espèces de 21 millions de dollars, plus 8 millions versés sous forme de sponsoring.
Les $21m représentait les créances de l’équipe, moteur Ford Cosworth et frais divers.
L’accord a échoué à cause d’affaire de fraude de la part de Tom Walkinshaw.

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