Paris, lundi 17 Octobre
Lettre de Jean Marie Balestre, président de la FISA, à Tadashi Kume, président de Honda : « Comme vous le savez la Fédération International Automobile (FIA) comprend 92 pays membres représentant 720 millions d’automobilistes. Les plus grands experts en marketing considèrent le championnat du monde de Formule 1 de la FIA comme l’une des compétitions majeures, avec les Jeux Olympique et la Coupe du Monde de football. Chaque Grand Prix est suivi par plusieurs centaines de millions de téléspectateurs.
Cette année, le champion du monde des constructeurs est Honda Motor Cie, et je voudrais vous féliciter pour ce grand succès. Cependant, il reste encore quelques rendez-vous du championnat du monde à honorer en 1988 et le monde entier aura les yeux braqués sur les Grand Prix du Japon et d’Australie, dont les résultats seront décisifs pour les pilotes.
Nous devrions faire tous les efforts pour garantir que la plus totale neutralité technique présidera à ces deux compétitions et qu’un équipement (voiture ou moteur) de qualité égale sera mis à la disposition des deux pilotes de l’équipe McLaren. Car, autrement, l’image du championnat du monde, présent et futur, serait ternie.
Je vous remercie par avance d’aider la FIA à atteindre cet objectif en donnant les instructions nécessaires à tous les responsables techniques de Honda qui pourraient jouer un rôle lors de ces deux événements à venir. »
Balestre commenta cette lettre avec des journalistes brésiliens : « je ferai tout pour obtenir des garanties de la part de Honda et de McLaren afin que Prost et Senna soient traités à égalité lors des deux derniers Grand Prix. Ce n’est pas parce que j’ai la moindre raison d’en douter : simplement, cette année, nous nous sommes trouvés face à des circonstances tout à fait particulières avec la domination d’une seule équipe. » Si Balestre découvrait qu’un traitement égal n’était pas véritablement assuré, « de sérieuses sanctions serait prises. »
Salle de presse de Suzuka, jeudi 27 Octobre
Une lettre de Tadashi Kume adressée à Jean Marie Balestre apparut sur les tableaux d’affichage : « je vous remercie pour votre lettre en date du 17 Octobre. Je voudrais féliciter la FIA, la FISA et vous-même, en tant que président de la FIA, pour les efforts couronnés du de succès que vous avez faits pour établir les championnats du monde de Formule 1, et pour la prospérité du sport automobile d’aujourd’hui.
Je crois que la compétition automobile doit être conduite dans un esprit de sportivité et de sécurité afin d’obtenir l’intérêt et l’implication émotionnelle des spectateurs et des gens concernés.
Honda Motor Co Ldt. Considère l’équité comme la plus haute exigence de sa philosophie pour mener ses affaires, et elle a fait de cette qualité une idéologie pour toutes les activités de la compagnie. Depuis, le début, Honda, en tant que fournisseur des moteurs de Formule 1, a veillé à fournir des moteurs ayant les mêmes niveaux de performance et la même technologie aux équipes et à des pilotes individuels qui ont contribué par leur très grand talent à affermir notre politique.
Comme vous le mentionnez dans votre lettre, le champion du monde de Formule 1 de cette année est très serré, alors qu’il ne reste que deux courses à disputer : le Grand Prix du Japon et le Grand Prix d’Australie. Nous nous félicitons également de ce que les courses de cette saison aient produit un championnat des plus intéressants et qui se révèle des plus significatifs.
Pour les deux dernières épreuves, Honda continuera à fournir des moteurs identiques qui permettront aux pilotes de démontrer tout leur talent, comme nous l’avons toujours fait en accord avec notre philosophie fondamentale. Enfin, je voudrais vous exprimer ma sincère gratitude pour la manière conséquente dont vous vous acquittez de votre rôle essentiel de président de la FIA. »
Tandis que cette lettre était largement diffusée, deux hommes étaient en route pour le Japon. L’un était Robin Green, l’autre Dennis Rushen. Ils avaient tous deux pressenti qu’Ayrton Senna allait devenir champion du monde à Suzuka. Ils voulaient tous deux assisté à cet événement.
Le même soir, Alain Prost ne dormit pas plus d’une heure. « J’aurais dû prendre un somnifère, mais, plus la nuit avançait, plus j’hésitais à le faire. J’avais peur de somnoler pendant toute la matinée. «
Extrait de Aurton Senna, Pole Passion (Edition Solar) de Christopher Hilton
