La Formule 1 s’invite sur l’échiquier politique

Echiquier, echecL’annonce par Bernie Ecclestone de la signature d’un Grand Prix à l’horizon 2015 ou 2016 en Azerbaïdjan cache en réalité l’introduction de la politique dans la Formule 1.

Un raccourci facile peu dire que Bernie Ecclestone étend l’influence de la Formule 1 dans la région du Caucase, après avoir obtenu Sotchi avec le concours de la Russie. Mais c’est méconnaitre les conflits depuis plus de 20 ans entre certains pays de la région et la mère Russie. C’est le cas de l’Azerbaïdjan.

Le timing a de quoi surprendre et se révèle même provocateur pour l’argentier de la Formule 1. Alors que l’Ukraine lutte pour son indépendance face à la stratégie d’annexion des provinces pro-russes par Moscou, sous prétexte d’insécurité. Bernie Ecclestone signe avec un pays qui est indépendant économiquement et surtout énergiquement de l’empire dirigé par Vladimir Poutine. Bref un ennemi. Certes sur le papier l’Azerbaïdjan n’est pas la meilleure démocratie du monde (134ème sur 174 à l’Indice de Démocratie et 127ème sur 177 à l’Indice de Perception de la Corruption en 2013, selon l’ONG Transparency International), mais c’est un pays qui souhaite confirmer son statut de place forte du Caucase et faire de sa capitale, Bakou, la plus belle de la région pour le tourisme.

Surtout c’est un conflit larvé depuis 25 ans avec l’Arménie, plus ou moins arbitré par la Russie, pour la région du Haut-Karabakh qui inquiète les observateurs. En 2012, Le président les présidents Medvedev et Ilham  Aliyev, le président Azéri, ont cherché une solution au conflit avec l’Arménie, après avoir soigneusement signé en 2010 un accord de respect des frontières entre la Russie et l’Azerbaïdjan. L’ensemble étant au point mort à cause des accords de sécurité collective (OTSC), initié par Moscou et regroupant le Belarus, l’Arménie – qui a signé un accord avec la Russie de soutien jusqu’en 2044- et le Kazakhstan. Une réponse à l’alliance militaire anti-russe du GUUAM (Géorgie, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Moldavie et Ukraine) bâtie par Washington, via un accord remontant à une dizaine d’année. Sécurité énergétique oblige. Les bonnes intentions diplomatiques de façade entre russe et azéri cache le fait que les deux alliances stratégiques s’affrontent en coulisse. Car d’un côté l’Azerbaïdjan souhaite exclure la Russie des sources de pétrole et gaz de la région Caspienne et isoler Moscou politiquement. Tandis que la capitale Russe souhaite reprendre la main sur le contrôle des matières premières dans la région, considéré comme priorité absolue. Le conflit en Ukraine est l’exemple même sous nos yeux de cette politique.

L’annonce par Bernie Ecclestone dans le Guardian d’un Grand Prix d’Azerbaïdjan à l’horizon 2015 ou 2016, en plein conflit diplomatique Ukraine-UE-Russie-USA  et quelques jours après les JO de Sotchi font entrer la Formule 1 en politique. Comme le Football l’a fait il y a quelques années, avec plus ou moins de bonheur…

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