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Michel Vaillant – Collapsus, une (possible) fin d’ère réussie

Michel Vaillant via www.michelvaillant.comMichel Vaillant est la seule série de Bande Dessinée, avec Largo Winch que j’ai le plaisir de lire. Ma relation avec le pilote date de 1992, avec Le Maitre du Monde, lorsque ma maman désespérée de ne pas me voir lire un livre, mais uniquement des magazines automobiles et sport-automobile, s’est souvenue de ce titre qu’elle vendait dans la librairie où elle travaillait quand elle était jeune. Michel Vaillant c’est l’héritage de ma maman, tout comme Largo Winch que j’ai découvert en roman (car c’était un roman à l’origine datant de la fin des années 70), avant la BD. Depuis c’est un petit rituel, chaque année j’ai un numéro de Michel Vaillant, complètant ma collection quasiment complète de l’œuvre de Jean Graton.

Pendant très longtemps  la saga Michel Vaillant, commencée en 1957 avec Le Grand Défi , la mécanique narrative était très précise. Sa force dans le temps était l’aspect feuilleton. Aucune histoire n’est isolée, elle faisaient référence à une précédente. Cet héritage a été respecté et poussé dans la nouvelle saison débutée en 2012 par Au Nom du Fils et terminée cette année par Collapsus.  Cette nouvelle ère avait l’originalité d’être une adaptation de la mythologie Michel Vaillant. Une série de BD à caractère feuilleton, permettant de faire le tour de la saga. Avec Au Nom du Fils les problématiques de la famille Vaillant à l’heure ou l’industrie devient financière et écologique. Voltage était concentré sur le passage de la marque Vaillante et de Michel Vaillant dans un monde obscure, sombre et nouveau. C’est finalement avec Liaison Dangereuse que le plus gros de la mythologie Michel Vaillant fut mis en place. On y découvre Jean-Pierre Vaillant et les histoires secondaires sont les plus intéressantes.

Arrive enfin Collapsus comme une conclusion d’une histoire (et une approche) entamée par Au Nom du Fils. Le dernier élément de la mythologie à inclure étant évidemment l’ennemie ultime de la marque Vaillante : la société tibétaire (chinoise désormais) Leader. Bouclant une boucle métaphorique et symbolique de la famille Vaillant, malgré une fin trop simpliste et décevante, mais aussi très astucieuse.

Michel Vaillant, ce second rôle

Ce que j’ai aimé dans l’histoire est que nous ne suivons pas les aventures de Michel Vaillant comme auparavant, mais à une suite de catastrophes collectives. Ainsi nous glissons de l’intérêt du lecteur passant par le destin de Michel Vaillant à celui du collectif de la famille Vaillant. Un accompagnement du changement de personnage principal.  Mais dans le fond c’est  Jean-Pierre Vaillant qui est au centre de l’histoire. Il l’a d’ailleurs toujours été depuis le début, mais au second plan, effacé par les intérêts d’une marque et la gloire de son frère.

En cela l’arc narratif autour de lui est vraiment passionnant. Il fait remonter toutes les trouvailles d’ingénieurs des années 60/70/80 de Jean-Pierre en Formule 1 et ailleurs. Il était la fierté de la famille à un degré égal à son frère, qui gagnait au volant de ses voitures. Mais finalement, l’un comme l’autre ne vivait que pour développer au plus haut la société fondée par Henri Vaillant. Les réactions et le caractère (et sa mise à la retraite dans l’Honneur du Samouraï) de ce dernier depuis les années 60 est parfaitement mise en relief dans cette saga.

Une image de fin fermée et ouverte à la fois

Le défaut de Collapsus est sa fin. Brutale, trop simpliste et malheureusement pas à la hauteur d’un formidable scénario (mention spéciale pour l’opération Vaillante-Leader formidablement bien présentée comme ressort de suspens). J’ai été déçu, car je suis un partisan des images de fin ouverte. Permettant au lecteur d’imaginer sa suite et d’offrir de multiples possibilités pour reprendre une histoire. Ici l’image de fin est fermée. (ATTENTION SPOILER), Jean-Pierre Vaillant au volant de la Leader Limousine se suicide sous les yeux de Michel, après une course poursuite dans la nuit. Décevant car trop simple. Décevant car brutale.

Personnellement j’imaginais plus un Jean-Pierre Vaillant faisant un AVC dans son sommeil à côté d’Agnès dans la chambre d’hôtel. Après l’état de fatigue, de stress et la perte d’appétit (il n’a pas mangé après la réunion de signature de l’accord Leader-Vaillant, qui était un piège naturellement), cela permettait une fin ouverte. Mais il en a été autrement. N’oublions pas que Ian Fleming, à la fin de Bons Baisers de Russie a aussi fait mourir James Bond, pour le faire revenir dans Dr No. La disparition de Jean-Pierre n’est peut-être pas définitive. Reste la question suivante : Comment la marque Vaillante va-t-elle faire, sachant que Jean-Pierre disposait des dernières parts de la société ?

Les hypothèses de suite

C’est là que je me lance dans un exercice délicat, mais passionnant. Jean-Pierre disparu, imaginons une lutte de famille. Jean-Michel et Agnès héritant des parts de son mari, décident que la famille Vaillant a été la source d’un manque de reconnaissance. Après tout, Jean-Michel est assez mal traité par son grand père et Agnès a toujours considéré son mari comme le socle de la société. Une fusion avec Leader sauverait la marque Vaillante et elle et son fils en tireraient des bénéfices, enfin récompensé en héritage d’un long et dur travail dans l’ombre. De l’ombre à la lumière donc.

La société Leader et Vaillante fusionnant que restera t-il ? Le département compétition, les ateliers, le circuit d’essais et les bureaux. Mais plus sa marque. Ainsi le projet de Patrick (le fils de Michel), pourrait permettre le lancement d’une nouvelle société avec Michel et Henri Vaillant. A l’instar de Gordon Murray et son projet de voiture citadine du futur avec un modèle économique et industriel innovant. L’avenir du projet Now Future de Patrick pourrait s’en inspirer.  L’équipe de course pourrait également être relancée à l’instar de Lotus ou du récent projet Aston Martin/Force India (devenir un avatar). La marque continuerait d’exister par la compétition. Ainsi ce ne sera plus un constructeur automobile faisant courir une équipe de course, mais une équipe de course devenue un bureau d’étude et un constructeur automobile en reprenant le concept de label entrevue par le passé sur les Ford, Honda etc…

Je vous l’avoue, j’ai hâte de connaître la suite des aventures de Michel Vaillant et cette nouvelle saison est une excellente relance.

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