Ayrton Senna, 1988-2008 : il y a 20 ans #2

Rio, Vendredi 1er Avril

Senna et Prost furent les plus rapides lors de la séance d’essais non chronométrés du Grand Prix du Brésil, mais ils trouvèrent tous deux leurs voitures difficiles à conduire. La température extérieure grimpa à 40 degrés et, dans l’après-midi, Senna signa 1’30’’218 tandis que Prost, derrière Mansell (Williams) et Nannini (Benetton), en resta à 1’31’’975. Senna : « Nous n’avons eu aucun problème sérieux. Notre voiture est toute nouvelle et nous continuons à la découvrir. Il nous faut donc simplement trouver les bons réglages pour le moteur et le châssis. Il y a de plus en plus d’adhérence sur le circuit et je pense que demain nous pourrons beaucoup progresser. »

Rio, Samedi 2 Avril

Senna avait raison, Il s’imposa en 1’28’’096, devant Mansell (1’28’’632) et Prost (1’28’’782). Senna : « J’ai eu beaucoup de chance avec le trafic, mais, il s’agit là d’un détail primordial, nous avons semblé plus compétitifs malgré les inévitables problèmes mineurs que l’on s’attend à rencontrer sur une nouvelle voiture. »
Osamu Goto, patron du projet Honda F1 : « Nous sommes ravis de la performance accomplie par Senna avec une nouvelle machine dans sa nouvelle équipe. Nous avons pu trouver la meilleure mise au point du moteur pour la course, mais si les conditions climatiques changent, nous devrons peut-être revoir les réglages. »
D’une certaine manière, on en était revenu à 1983, au début de la saison de Formule 3 en Angleterre. La question d’alors se posait de nouveau : qui pouvait battre Senna ?

Rio, Dimanche 3 Avril

Peu avant le début de la course, la pluie cessa. Senna emmena lentement le peloton pendant le tour de chauffe – essayait-il de faire surchauffer les moteurs des autres ?- et, pendant que les voitures s’installaient à leur place sur la grille, il agita les bras hors du cockpit. Derrière lui, de la fumée s’échappait de la March d’Ivan Capelli. Senna avait, lui, un problème de sélecteur de vitesse. Le départ fut repoussé. Pis, un fan se rua sur la voiture de Senna et dut être emmené manu militari par un détachement d’hommes en chemises jaunes.

Senna partirait avec le mulet depuis la ligne des stands. Il regarda les autres passer puis s’élança à fond. Au 2ème tour, il était 19ème. 3ème tour : 17ème ; 4ème tour : 15ème ; 6ème tour : 13ème ; 7ème tour : 11ème ; 8ème tour : 10ème ; 9ème tour : 9ème ; 10ème tour : 8ème ; 12ème tour : 7ème ; 13ème tour : 6ème ; 16ème tour : 5ème ; 17ème tour : 4ème ; 19ème tour : 3ème. Au 20ème tour, il était deuxième derrière Prost. Il rétrograda en sixième position à cause d’un arrêt au stand qui se passa mal. Son moteur cala, il y eut un moment d’agitation frénétique. Il avait été immobilisé pendant 32’01.


Au trente et unième tour, un commissaire de course en uniforme vert tilleul, écouteurs sur les oreilles, s’avança prudemment sur le bord de la piste. Dans sa main droite, un petit drapeau noir. Dans sa main gauche, un grand tableau noir portant le numéro 12, qu’il agitait devant lui comme une cape de matador. Lorsque Senna passa devant lui, l’homme se replia sur l’herbe. C’était fini.
Senna rentra, parla un moment avec les mécanos sans sortir du cockpit, s’extirpa de la voiture et marcha vers la mêlée des stands tout en commençant à retirer ses gants. Il avait été disqualifié pour avoir changé de machine après le premier départ avorté.

Réglementairement, ce n’était pas une deuxième course qui commençait : il n’était donc pas autorisé à utiliser une autre voiture. Prost l’emporta devant Berger, Piquet, Warwick, Alboreto et Nakajima.

Extrait de Ayrton Senna, Pole Passion de Christopher Hilton (édition Solar). Retrouvez l’histoire d’Ayrton Senna dans cette biographie.

A suivre…

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