Ayrton Senna, 1988-2008 : il y a 20 ans # 6

Silverstone, lundi 27 Juin

Après les essais, Senna déclara : « Je dois être aussi proche de la perfection que possible parce qu’Alain est toujours comme ça aussi, proche de la perfection. Je dois être précis dans les réglages de la voiture et exact dans toutes mes décisions. Nous sommes dans la même écurie. Si je veux être en compétition avec lui, je dois me donner autant que lui. Pour moi, c’est important de disposer d’une voiture compétitive comme celle que je pilote maintenant. C’est la première fois de ma carrière que je me trouve dans une telle situation et je me sens tout à fait heureux. Avec Alain, j’espérais que cela se passerait comme ça se passe maintenant, et je ne vois aucune raison pour que ça change. En d’autres termes, c’est l’harmonie, il n’y a pas de friction. »
Voici une anecdote sur Silverstone.
A l’intérieur du virage de Stowe, il y a une plate-forme en bois. C’est un superbe point d’observation, car il permet de voir les voitures sortir de la courbe de Becketts pour entrer dans celle de Chapel, puis rouler jusqu’au pont Daily Express, qui se trouve de l’autre coté de la piste.
Quelques minutes plus tard, Senna arrive dans une voiture de location. Il en sort avec souplesse, il saute sur la plate-forme et il regarde. On sent qu’il n’a pas envie d’être dérangé. Il veut étudier le comportement des autres pilotes. Il n’est pas un simple spectateur. Ses yeux se braquent sur chaque voiture et s’y attachent, sa tête suit le mouvement. Tout se passe de la même manière que s’il utilisait ses yeux comme des jumelles. Il fait travailler son cerveau pour analyser tous les aspects des machines. Il redescend les marches de la plate-forme, et va certainement regagner son hôtel. Après tout, c’est la fin de l’après-midi et seules trois ou quatre machines tournent encore sur le circuit. Il les a déjà observées. Sa voiture s’éloigne le long de la large route ondoyante qui traverse l’intérieur du circuit et mène au paddock. Mais Senna fait demi-tour sur l’herbe qui borde la ligne droite du Hangar. A mi-chemin de cette ligne droite, un homme est assis, voûté, au dessus d’un contrôleur de vitesse. Senna s’arrête, descend, se dirige directement vers lui, se penche, regarde les vitesses et entame alors la conversation…

Silverstone, mardi 28 Juin

Prost arrive et déclare fermement qu’il doit être parfait à cause de Senna. Il insiste sur le fait qu’ils fonctionnent tous deux en équipe et qu’il n’y a pas deux factions à l’intérieur de l’écurie. C’était l’ambiance réelle de cette époque.
Pendant ce temps-là, Senna, au fond du circuit, s’amusait à faire voler un modèle réduit d’avion, qu’il emportait toujours avec lui dans le coffre de sa voiture. Un écho concernant l’homme revient, avec ses propres mots : «  Je ne peux rien entreprendre sans penser à l’aspect technique. Sur un surf, par exemple, je suis curieux de savoir de quoi est faite la planche et pourquoi. «  (Incidemment, les Mclaren effectuaient des essais ce jour-là et ne tentèrent pas de battre de nouveaux records : Prost signa 1’22’’500, ce qui était plus lent que Berger, 1’12’’120 ; Senna tourna en 1’18’’596, plus lentement que Piquet, Boutsen, Nakajima, Alboreto, Warwick et Mansell. Mais cela n’avait aucune importance…)

Extrait de Ayrton Senna, Pole Passion de Christopher Hilton (édition Solar). Retrouvez l’histoire d’Ayrton Senna dans cette biographie.

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