Ayrton Senna, quand souffle le vent…

Imaginons que tout ceci n’était qu’un rêve. Que la réalité serait différente. Imaginons la carrière d’Ayrton Senna si il ne nous avait pas tragiquement quitter… Uchroniquement. Bienvenue dans la F1 fiction.

Au cœur du mois d’Août 1992, la lourde chaleur envahie le circuit du Hungaroring, en Hongrie. Nigel Mansell est en passe d’être champion du monde pour la première fois de sa carrière avec la Williams-Renault. En coulisse Ayrton Senna rêve de piloter cette monoplace. Problème, Alain Prost dispose d’un contrat pour la saison 1993 (mais aussi 1994) et une option empêchant le brésilien d’être son équipier. En parallèle Senna est très déçu de sa saison avec McLaren et surtout Honda. Le constructeur japonais allait quitter la discipline quelques mois plus tard et Ron Dennis souhaitait disposer du moteur Renault Sport pour la saison 1993. Le seul moyen de garder le triple champion du monde brésilien.

Luca di Montezemolo ayant pris la destinée de la Scuderia Ferrari courant 1992 souhaite faire un grand coup pour relancer la grandeur de la marque italienne. Un contact auprès de Mansell est engagé, mais la cible prioritaire est Ayrton Senna. La rumeur indiquait en Hongrie que Ferrari avait proposé un contrat de deux ans (1993 et 1994) et un salaire de 23 millions de dollars annuels. Problème, la Scuderia n’a pas promis la victoire à Senna pour 1993. L’équipe étant en pleine construction. Face aux portes de Williams qui se fermaient et de la perspective de piloter une McLaren avec un V8 Ford HB client, il ne restait que Ferrari comme alternative. En Septembre 1992 la nouvelle tombe : Ayrton Senna signe chez Ferrari et sera l’équipier de Jean Alesi.

La F93A n’est effectivement pas réellement compétitive. Le triple champion du monde brésilien fait améliorer le moteur et compare le châssis de John Barnard à sa Lotus T99. Durant la saison les circonstances vont permettre à la Scuderia et à Senna d’inscrire deux victoires et une pôle position. Avec un total de 59 points, la saison n’est pas si mauvaise. Les espoirs sont permis pour l’année suivante. Alain Prost devient champion du monde pour la 4ème fois de sa carrière devant Damon Hill et Ayrton Senna qui termine 3ème. Le quadruple champion du monde français annonce qu’il prolonge son aventure avec Williams pour 1994. L’objectif étant d’égaler Juan Manuel Fangio et ses 5 titres.

A l’aube des premiers essais à Fiorano, Ayrton Senna s’entretien avec Luca di Montezemolo sur les forces en présence pour la saison. Williams est toujours favori devant l’étonnante Benetton (très stable), tandis que McLaren évoluant avec le V10 Peugeot ne serait pas compétitive avant le milieu de la saison. Ferrari évolue désormais à arme égale. John Barnard a développé une 412 T1 plus compétitive en se basant sur les recommandations de Senna, tandis que le moteur bénéficie du concours d’Osamu Goto, le sorcier nippon de Honda. La saison s’annonce des plus intéressantes avec le retour de Gerhard Berger comme équipier. Elle le sera. Dès la première course, à Interlagos, le duel est impressionnant avec Michael Schumacher, le pilote allemand a fait la pôle, mais c’est Senna qui gagne devant son public. Alain Prost termine deuxième de la course, mais se plaint beaucoup de la FW16 qu’il juge depuis le début dangereuse.  Le quadruple champion du monde français annonce sa retraite et quitte l’équipe anglaise après le Grand Prix du Pacifique (qu’il abandonnera). La FW16 étant trop dangereuse, Prost estimait que cela n’en valait pas la peine. Nigel Mansell le remplace sur le champ à San Marin mais abandonnera quelques tours après le début. L’instabilité de la voiture étant importante. L’anglais annonce à Frank Williams qu’il reviendra quand la voiture sera plus sûre et compétitive. A l’issue d’une saison âprement disputée, Senna remporte son quatrième titre de champion du monde (6 victoires et 10 pôles positions) face à Michael Schumacher pour deux points. Dès le mois de Juin 1994, Jean Todt annonce le renouvellement de contrat pour la saison 1995 d’Ayrton Senna.

La disparition de Juan Manuel Fangio perturbe l’implication de Senna pour la saison 1995. La 412 T2 sera un peu moins compétitive que les Benetton et les Williams. Le quadruple champion brésilien inscrira cinq victoires dans des conditions difficiles le plus souvent et terminera 2ème du championnat devant Damon Hill. Le manque de compétitivité de la monoplace et les rumeurs de l’arrivée de Michael Schumacher à Maranello pousse Senna à signer contre aucun salaire chez Williams pour 1996 et 1997. Dès Melbourne 1996, le ton est donné. Après une lutte importante avec son équipier Damon Hill, Ayrton Senna remporte à nouveau le titre de champion du monde. Le cinquième. A l’issue de la saison le doute s’installe dans le cœur du pilote brésilien. Il venait de rattraper au palmarès Fangio et se demande si se lancer dans la campagne 1997 est une bonne idée. Frank Williams lui fait comprendre qu’il le remplacera sur le champ par Michael Schumacher si cela n’est pas le cas. Piquer au vif, au début de l’hiver 1996/1997, Senna prolonge finalement l’aventure.

La campagne 1997 sera également un succès retentissant. 10 victoires et 15 pôles positions le faisant remporter le titre devant Michael Schumacher et sa Ferrari et Damon Hill. Au Grand Prix du Japon (remporté par Schumacher), Ayrton Senna annonce sa retraite sportive afin de se consacrer à ses affaires et sa fondation créée en 1995. Il quitte la scène avec 6 titres de champion du monde, 65 victoires et 103 pôles.

Le casque jaune reviendra aux affaires quelques mois plus tard. Discrètement. Le temps d’un essai pour son ami Alain Prost. Ayrton Senna réalise un test à Magny-Cours avec l’AP01. Le manque de compétitivité de la voiture et le moteur Peugeot anémique l’ennuie. Le long entretien qu’il a dans sa chambre d’hôtel Holiday Inn entre les deux hommes, permet au français de sortir avec plusieurs notes. Senna envoie également des recommandations à Jean Pierre Boudy de Peugeot Sport qui reste sourd aux remarques. Ron Dennis ayant entendu l’essai Prost lance l’idée d’un retour de Senna pour 1999 chez McLaren.  En vain, Senna sous l’impulsion de Julian Jakobi étudie l’idée de lancer une équipe Senna Racing pour la saison 2000 avec Honda comme motoriste (il vendra son équipe en 2004 au constructeur nippon)…

EN APPARTE : Dès 1992, Senna demande à son agent exclusif, Julian Jakobi de créer une agence de management de pilote. Alain Prost devient le premier client et Senna rachète le contrat de Rubens Barrichello (alors sous contrat avec le roublard Eddie Jordan). Le jeune brésilien deviendra pilote McLaren dès 1993.  Jean Alesi, sous les recommandations de Prost entre dans la galaxie Senna et devient pilote Benetton en 1994 et 1995, avant de signer chez Jordan.  Jacques Villeneuve entrera plus tard dans la galaxie Senna/Jakobi en 1997 lorsque le pilote québécois débarque dans la discipline en signant chez McLaren en remplacement de Barrichello qui décida d’évoluer chez Ferrari.

La marque Senna devient aussi populaire que Ferrari. En 2013, le fameux S a généré selon le BusinessBookGP des revenus estimés à 70 millions d’euros. Un record. Forbes annonce que la marque Senna a rapportée 1 milliard de dollars de revenus. Bernie Ecclestone laisse sous-entendre au début de la saison 2014, que Senna est un parfait remplaçant pour lui à la tête de son empire. Dont acte.




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2 Responses to Ayrton Senna, quand souffle le vent…

  1. Plastik dit :

    Quand j’étais gamin après la mort de Senna, j’avais écrit un « livre » racontant la rivalité entre Senna et Hakkinen si ce 1er mai n’était pas arrivé, et je le cachais sous mon lit pour ne pas montrer à mes parents comme je refusait d’accepter la disparition de mon idole.
    Merci Marc pour cette belle histoire

    • Marc Limacher dit :

      J’ai écris cela en hommage à cela justement Plastik. On était tous ado ou jeune adulte (en majorité) quand c’est arrivé) et c’était comme si un monde s’effondrait devant nous.

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