Il avait 64 ans et le Cancer l’a emporté après une longue période de lutte contre la maladie. Après la chute de son empire TWR, qu’il avait fondé en 1977, il était devenu propriétaire du petit constructeur australien Elfin.
Pilote sur circuit en Angleterre, Walkinshaw fonde en 1977, TWR (Tom Walkinshaw Racing) et débute la base d’un empire qui propulsera sa fortune à 150 millions de dollars à la fin des années 90. TWR préparera des BMW, Mazda et Rover V8 pour les courses de Touring Cars de l’autre coté de la manche. Dans les années 80, il cofondera Jaguar Sport avec le constructeur anglais afin de faire revenir le félin aux 24h du Mans. TWR et Jaguar gagneront la course à deux reprises en 1988 et 1990. Mais son châssis gagnera aussi en 1996 et 1997 avec un moteur Porsche via le Joest Racing. Sa société sera aussi maître d’œuvre de la fameuse XJ220 (et de son avatar TWR), mais aussi de l’Aston Martin DB7 et de la Renault Clio V6, ainsi que diverses Holden australiennes.
L’implication logique en Formule 1 date de 1991. Flavio Briatore l’a embauché comme directeur sportif de l’équipe Benetton. D’une main de fer, il codirige une équipe promis aux succès et qui remportera en 1994 le titre pilote avec Michael Schumacher. Après un projet en Indycar en 1993, TWR se tourne, avec l’aide de Flavio Briatore, vers la Formule 1 pour prendre la direction de l’équipe Ligier. Walkinshaw héritera de la direction de l’équipe en 1995 et 1996 avant de vendre ses parts et acheter pour 6 millions de dollars 51% d’Arrows International. Il en deviendra le propriétaire l’année suivante et fera venir Damon Hill et son numéro 1. La monoplace dessinée par Frank Dernie, s’inspire d’un dessin prévu pour la Ligier et propulsée par le fragile V10 Yamaha. La saison sera décevante, mais l’équipe anglaise et le champion du monde en titre ont quand même faillit remporter le Grand Prix d’Hongrie en 1997.
En 1998, Arrows est propulsé par un moteur TWR/Hart et débute sa chute. Le V10 Hart et la monoplace conçu par John Barnard est jolie, mais manque de développement. Damon Hill parti, Mika Salo le remplacera aux cotés de Pedro Diniz. En 1999, Barnard développe une petite évolution avant de partir chez Prost GP, et Pedro de la Rosa et Tora Takagi, fort de leurs millions de dollars tiendront la saison. Cette année là, TWR se rapproche de Toyota, mais surtout vend ses parts à une banque : Morgan Grenfell Private Equity via un mystérieux Prince Malik. L’équipe est évaluée à 150 millions de dollars à l’époque. Un argent qui attire les litiges et qui fondra comme neige au soleil.
En 2000, alors que les Arrows sont propulsées par le V10 Supertec et pilotée par Jos Verstappen et Pedro de la Rosa, Pedro Diniz obtient 700.000 dollars de dommage pour rupture de contrat. Mika Salo remportera 1,5 millions de dollars environ pour les mêmes raisons. L’année 2000 restera la meilleure depuis 1997. Le budget est de 67 millions de dollars et les performances sont au rendez vous bien. Sauf que tout va mal. En 2001, la signature avec le moteur Asiatech représente une solution économique, ainsi que l’affaire du rachat des actifs (châssis surtout) de Prost GP sous le label Phoenix GP, avec son ami Charles Nickerson. Triste épisode uniquement financier et sans intérêt sportif.
Le début de saison 2002. Verstappen viré, au profit d’un Heinz Harald Frentzen, la nouvelle Arrows est propulsée par un coûteux V10 Ford. Mais le manque d’argent devient chronique et l’équipe mettra la clé sous la porte dès le GP de Hongrie. En toile de fonds la bataille entre Walkinshaw et les actionnaires de son équipe deviennent empoisonnants. Une tentative de vente à Red Bull échouera et TWR sera démantelé pour payer les dettes. La fin d’une histoire pour l’Ecossais qui avait aussi été un des créateurs, sur le modèle de la Formule 1,de la Premiership Anglaise de Rugby en 1999/2000.
Un homme d’affaire dur, contournant souvent les lois, opaque aussi, mais brillant industriel qui a fait travailler plus de 1.500 personnes au sommet de sa gloire dans le secteur de l’automobile et du sport automobile. Adieux à lui.
La disparition d’un mogul des sports mécaniques comme seul les Britanniques savent en créer.
Les parangons de vertu seront encore choqués en creusant un peu le verni bon teint du bonhomme et les nombreuses libertés qu’il prit durant sa carrière avec quelque grand principe éthique, mais il restera peut-être comme un des derniers de cette race d’aventuriers un rien pirate des sports mécaniques.
Bien dit.
Paix à son âme et condoléances à sa famille.
Personnellement je l’aimais bien.