Bologne, Mardi 22 Mars 1988
Le Falcon 20 de Mclaren International, en provenance de Londres Heathrow, se posa dans la soirée. Un avion cargo transportant la Mclaren MP4/4 avait atterri un peu plus tôt. Steve Nichols, qui dirigeait les ingénieurs, se mit à la recherche d’un camion prévu pour amener la voiture à Imola. Il y avait malentendu. Le camion était au circuit, à 30 km de là. Ils téléphonèrent et l’attendirent. Ils arrivèrent au circuit à 21h, s’affairèrent à droite à gauche, et rejoignirent leur hôtel. Nichols ressentait une pointe d’inquiétude. Une question le taraudait : et si la voiture était une brouette ? Elle n’avait pas encore roulé, Mclaren n’avait encore jamais utilisé un moteur Honda, la voiture avait été construite dans la précipitation et la saison débutait deux semaines et demie plus tard.
Imola, Mercredi 23 Mars
Nichols : « Nous sommes arrivés, nous avons couvert un tour de chauffe, puis Prost a effectué quelques tours. C’était incroyable. En trois tours, et avant que nous ayons changé quoi que ce soit, il n’était qu’a quelques secondes de son meilleur temps sur ce circuit. Il est revenu, on a vérifié le moteur de fond en comble, et il est reparti. Et il a réussi des chronos très compétitifs. » Prost : 1’28’’ 5.
« Senna a pris le volant et, avant l’heure du déjeuner, il roulait plus vite que toutes les voitures présentes à ces essais privés. En fin de journée, nos pilotes avaient réussi des chronos inférieurs de deux secondes à ceux des Ferrari, qui avaient été les plus rapides lors des deux précédentes journées d’essais. » Senna avait tourné en 1’27’’6 et Berger sur Ferrari, en 1’29’’90.
« Au moins, conclut Nichols, la voiture n’est pas une brouette. » Senna ne livra aucun commentaire en public. Ce n’était pas utile. Les performances de la nouvelle Mclaren parlaient d’elles-mêmes.
Extrait de Ayrton Senna, Pole Passion de Christopher Hilton (édition Solar). Retrouvez l’histoire d’Ayrton Senna dans cette biographie.
A suivre…