Début septembre, la chaleur étouffe le paysage de son voile troublant l’horizon. Marrakech à cette période de l’année n’est plus aussi envoûtante, la fin de l’été approche. Le Prince Ibrahim consulte son Oméga Speedmaster, il a rendez-vous dans une demi-heure à l’hôtel Four Seasons avec une de ses connaissances du milieu des affaires. L’homme, ancien ministre européen est devenu après sa retraite au sein de l’institution bruxelloise un consultant auprès de nombreux présidents africains et un homme d’affaires dans le milieu du sport automobile. Il conseillait la carrière de quelques jeunes pilotes, dont un aspirant au Grand Prix One dans les prochaines années. Aires Ademar était un homme averti des rumeurs du paddock.
Installé confortablement dans un fauteuil taupe aux oreillers trop grands, mais permettant de masquer un problème de lombaire lancinant, Ademar fît un large sourire en voyant le Prince franchir la porte typique des anciennes bâtisses marocaines. Le hall du Four Seasons avait deux pièces composées de petit salon de quatre places disposées comme des ilots sur un large et sobre tapis recouvrant le marbre croisé du sol. Il était préférable de s’installer l’un à côté de l’autre, plutôt que l’un en face de l’autre. La cause étant que la table basse, imposante, ne favorise pas le dialogue les yeux dans les yeux. Ce sera donc profil à profil que le Prince et Ademar savourent leurs cocktails.
Ademar était un homme ayant l’assurance de ce que la réussite fait devenir avec le temps. Ses tempes blanches trahissaient l’absence d’âge de son visage. Grand, les yeux noirs vous transperçant à chaque fixation, il était ce soir là habillé sportivement avec son polo Under Armour bleu et son pantalon de golf ocre.
Le prince se dit qu’Ademar allait probablement faire une partie de golf nocturne après leur entretien. Ainsi l’entretien sera bref.
Cela n’avait plus qu’une dizaine de minute pour faire le point sur leurs affaires communes, avant de parler du Grand Prix One. Le Prince osa débuter la conversation.
– Nous y voyons plus clair désormais sur le marché des transferts, mon cher. Mais je me demande, toute ses histoires autours du remplacement de Raikkonen n’avaient pas un autre but ?
Ademar trempa ses lèvres dans son cocktail et reposa son verre sur la table basse. Il semblait chercher ses mots.
– Simplement l’objectif était de contrer Steve Robertson en agissant de la sorte. Robertson est un excellent agent communication et la Scuderia ne souhaitait pas subir médiatiquement les exigences du finlandais pour 2016. Exigences qui commençaient à devenir importante.
– Le fameux concept de l’équité chez Ferrari, souffla le Prince.
– Exactement, finalement le fixe du finlandais a été divisé par deux par rapport aux exigences, mais d’un autre côté, les italiens ont été généreux, car la prime des points est plus importante et le plafond est passé de 30 à 40 millions.
Assez généreux en effet, mais cela n’explique pas pourquoi le battement médiatique a été si insistant. Le Prince Ibrahim lança l’ancien ministre sur ce terrain.
– Mais pourquoi les rumeurs sur Bottas ont pris une telle ampleur ?
Ademar tourna la tête et fixa le grand salon. Guettant une oreille indiscrète, à moins que ce ne soit une silhouette féminine qu’il attendait…
– C’est le concept de l’effet domino à l’italienne ! C’est même assez astucieux de la part des hommes d’Arrivabene. En misant sur Bottas, il touchait Mercedes, Williams et Raikkonen. L’agent du finlandais était au départ Toto Wolff et tout le monde est convaincu que Bottas est promis à un avenir avec la marque allemande, en détournant l’esprit de Wolff médiatiquement cela permettait de faire gagner du temps. Williams, car c’est un rival pour le podium depuis deux saisons désormais et enfin Raikkonen, car finalement la Scuderia a pu négocier aux conditions qu’elles souhaitaient, tout en faisant croire qu’elle discutait avec un finlandais plus jeune que lui.
– Très astucieusement joué, mais il y a eu des conséquences… songea à voix basse, le Prince.
– Oui, chez Williams la prise de pouvoir de Claire Williams commence à se faire sentir. Cet été, elle a présenté en conseil d’administration son projet de reconquête du titre. Ce projet s’inspire de Benetton et Renault. À savoir construire une équipe autour d’un seul pilote pour compenser le manque de budget. C’est une révolution entre les murs de Grove.
– Mais la prolongation de Bottas va coûter cher non ?
– Pas réellement, il est payé 2 millions. Avec le projet de Williams autour de lui, nous entendons que l’évolution sera d’un million d’euros par année pour le prochain contrat. Mais de la même manière que Ferrari avec Raikkonen, Williams souhaite maintenir ses coûts en construisant l’équipe autour de Bottas avec un statut de pilote numéro 1 à la clé. Finalement cette situation est bonne pour tout le monde…
– C’était donc le premier transfert purement médiatique de l’histoire de la Formule 1 ! s’amusa le Prince.
– En effet, Ferrari a très bien manœuvré. Ils ont renouvelé Raikkonen à leurs conditions, ils ont affaiblit sur la période médiatique leurs adversaires, d’un côté Ricciardo qui a été le premier à avoir été visé et dans un second temps Williams. Mais d’un autre côté ils ont renforcé les positions de ces équipes pour les négociations avenirs. C’est bien joué.
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