Depuis plusieurs années maintenant, la Formule 1 hésite dans son positionnement auprès de ses fans. La NASCAR permet une plus grande implication des fans, l’incluant comme un produit de son sport et non comme un client. La Moto GP est plus attractive car plus détendue dans les paddocks et la ferveur est visible et massive. La Formule 1 hésite encore, malgré les initiatives individuelles des équipes.
L’équipe Lotus F1 Team par exemple via son accord avec le groupe électro-rock Linkin Park et le jeu Angry Bird avait ouvert une nouvelle voie en 2012 en se rapprochant encore plus de ses fans en utilisant la technologie quotidienne et les réseaux sociaux comme base. Mais l’image de la Formule 1 reste un monde d’une caste supérieur, ou le champagne coule à flot, avec des jets privés, des peoples jet seteur. Un verni qui est alimenté par les médias tout le long de l’année. Mais, il faut reconnaitre qu’aujourd’hui la Formule 1 et cette image ne correspond plus au monde actuel. Surtout quelle est fausse et elle est maintenue comme une illusion magique. En quelques années les budgets ont fondu, le bling bling n’est plus visible et il y a même moins de filles dans le paddock. Bref, avec le temps la Formule 1 s’adapte à son monde.
Elle s’adapte, tout en gardant cette distance qui rend la situation hybride. Bernie Ecclestone ne souhaite pas faire évoluer la Formule 1 comme un sport populaire en copiant la NASCAR, mais il façonne son empire en fonction de ce qu’il est devenu : un VIP reçu par les chefs d’Etat, comme un chef d’Etat. C’est en partie à cause de lui que la Formule 1 continue d’avoir son image exclusive. L’idée de l’argentier de la F1 est de placer la discipline dans le secteur marketing du premium populaire visant à séduire les CSP + (cadre), afin que les télévisions puissent vendre des espaces publicitaires majorés et combler les droits TV exorbitant qu’il demande. Sauf que la crise perturbe les comportements publicitaires, c’est ainsi qu’il y a eu la tentation de placer la Formule 1 vers le secteur du luxe, qui se porte bien mieux dans le contexte actuel, suivant le vieux principe : Une marque leader attire les marques leaders.
Entre le désir de rendre la discipline populaire et la volonté d’exclusivité économique la Formule 1 entre dans une nouvelle phase de sa vie. Après avoir réduit ses coûts afin de maintenir l’équilibre des forces, elle doit désormais se positionner dans un marché fortement mis en concurrence par le Rugby, le Golf et même le Football qui tend vers une image moins populaire et plus proche de la Formule 1 aujourd’hui.
Le football n’est certainement pas un bon exemple à suivre pour la F1: la plupart des clubs ne vivent que grâce aux subventions plus ou moins déguisées des pouvoirs publics. Ils brassent, ou font semblant de brasser, de plus en plus d’argent avec des joueurs de plus en plus bling-bling (ils doivent être les plus gros clients des marques de voitures de luxe)… mais quand le système va s’effondrer, on va connaître une crise digne de celle des subprimes (au niveau foot bien entendu).
Les exemples à suivre, et même à précéder) sont ceux du golf et de la voile (America’s cup) qui ont réussi à toucher un public beaucoup plus large tout en gardant leur exclusivité.
Il est toutefois clair qu’Ecclestone, qui quoi qu’on en dise à transformé la F1 d’un sport pour gentlemen driver en véritable sport planétaire, devient trop vieux. Il a perdu ses capacités à innover. La F1 se cherche depuis des années et à part la réduction des budgets qui l’a sauvée à court terme, elle n’a rien amené de neuf depuis près de 20 ans. Elle n’a plus cette imagine « jeune » des années 75-85 où le public était majoritairement composé de jeunes de 20-30 ans…ce sont toujours les mêmes qui viennent…mais ils ont 50-60 ans aujourd’hui!
Très populaire durant ses premières années d’existence, le championnat d’Europe de Formule 2 voyait les espoirs du sport automobile se frotter directement aux stars de la Formule 1, qui n’hésitaient pas à mettre leur réputation en danger en affrontant des pilotes moins chevronnés au sein d’une discipline dans laquelle les écarts de matériel étaient moindre qu’en F1. Mais ce mélange a progressivement disparu dans les années 1970 , avec la spécialisation des pilotes et le cloisonnement des disciplines.