« J’ai eu une réaction idiote. Je m’excuse auprès de Mark. » plus loin Sébastian Vettel prononce le terme « déconné » lors de la conférence de presse du Grand Prix de Malaisie 2013. Cette année, les consignes d’équipes sont autorisées, mais l’hypocrisie sur l’égalité de traitement arrive à son ridicule aujourd’hui.
Depuis 1950, les équipes ont toujours privilégiés un seul pilote au détriment du second. En 1967, Lotus F1 Team présente un line up composé de Jim Clark et Graham Hill, annonçant un traitement égal à l’époque (notons que cette année là c’est Denis Hulme, alors second chez Brabham qui sera titré). Un premier acte. En 1977, après avoir privilégié un seul pilote depuis 1950, Enzo Ferrari estime que Niki Lauda, alors champion du monde 1975 et vice-champion du monde 1976, n’est plus au niveau. Il propose un contrat de pilote N°1 à l’argentin Carlos Reutemann de deux saisons et un salaire de 350.000 dollars par année. Lauda touchait alors 250.000 billets verts. Le résultat c’est soldé par un titre de champion du monde pour l’autrichien. Son deuxième. Cela a marqué le coup d’envoi d’une longue dérive. En 1979, Gilles Villeneuve et Jody Scheckter étaient traités à égalité et le québécois a subi le caractère de Didier Pironi en 1982. Dramatiquement. Toutefois, c’est l’équipe McLaren, avec à la fois Alain Prost et Niki Lauda en 1984 et surtout avec le duo Alain Prost –Ayrton Senna en 1988, qui a mystifié le principe d’un traitement égal entre pilote. Alors que la réalité a toujours été bien différente.
Le statut sportif d’un des deux pilotes est déjà le plus important. En 1988, Prost était double champion du monde et titulaire du record de nombre de victoire en GP à l’époque, lorsque Ayrton Senna arrive dans l’équipe de Woking. Mais si le premier avait le soutien de Ron Dennis, ainsi que de l’équipe technique, le brésilien avait le soutien du constructeur Honda. A l’époque les deux pilotes étaient payés 8 millions de dollars. Une hérésie en comparaison des palmarès des deux hommes, alors. Ceci était donc un traitement égal. Toutefois lorsque Prost entre dans les murs de Ferrari en 1990, il dispose comme équipier, un certain Nigel Mansell et les deux hommes disposeront aussi de la même monoplace, ainsi que d’un salaire égale à 12 millions de dollars. Toutefois, c’est Prost qui a été favorisé en 1990.
L’égalité de traitement technique entre les pilotes peut être aussi un gros souci de management. Lorsqu’en 2007, Kimi Raikkonen, alors payé 40 millions d’euros par année était en passe d’être champion du monde. Luca di Montezemolo a demandé au deuxième pilote, Felipe Massa d’aider son équipier. En échange, Ferrari prolongeait son contrat de trois ans (2008, 2009 et 2010) et doublait son salaire (10 à 20 millions de dollars). Raikkonen deviendra champion du monde lors du GP du Brésil cette année là et Felipe Massa avait rempli son contrat. Toutefois, l’affaire c’est reproduite quelques mois plus tard, lorsque le brésilien était en lutte avec Lewis Hamilton pour le titre mondial. Le président de Ferrari, Montezemolo, a proposé une prolongation de contrat à Kimi Raikkonen en 2010, contre 45 millions d’euros de salaire, en échange d’une aide à son équipier. L’histoire démontre l’hypocrisie dans le domaine du traitement égale et du principe de ne pas avoir de premier pilote dans une équipe. Cette politique est devenue un outil de négociation de contrat entre les parties.
Red Bull Racing, depuis 2011 traite à égalité ses pilotes. Techniquement et économiquement. Sauf qu’en 2013, les trois titres de Vettel lui permettent d’avoir un salaire nettement plus important que son équipier Webber. Dans le même domaine, lorsqu’Adrian Newey indique qu’une monoplace est conçue autour de Vettel, le message est aussi assez clair.
La victoire de Vettel lors du GP de Malaisie est l’incarnation de l’hypocrisie de l’image de marque. Les excuses sont de pure forme et dire que l’on traite à égalité ses pilotes, démontre une étique du sport chevaleresque. Loin de la vraie réalité.
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