Suite de notre récit en quatre parties de l’évolution de l’empire de Mister E et les déboires des repreneurs depuis dix ans. Troisième volet : La chute de l’empire Kirch.
La solvabilité du groupe Kirch se révèle au grand jour, dès décembre 2001. La Dresden Bank souhaite que le groupe média allemand lui rembourse 400 millions de dollars immédiatement. Kirch Média est sous la coupe d’une rumeur d’un rachat prochain par News Corp, de Rupert Murdoch. Rumeur démentie mais plus personne ne crois en l’illusion de Leo Kirch, pas même Bernie Ecclestone qui entrevoit une prochaine cohabitation avec les banques créancières.
Trois jours avant noël 2001, News Corp confirme les rumeurs en faisant une offre de 1,5 milliards de dollars pour acheter la chaine payante Première du groupe Kirch. Confirmant que l’empire allemand est fragile et croule sous les dettes. En même temps Ecclestone subit l’offensive du GPWC, qui propose de créer sa propre série en 2008.
Janvier 2002, Bernie Ecclestone passe à l’offensive afin de sauver son entreprise. Il demande à Kirch 1 milliards de dollars afin de résoudre le prêt de 1,4 milliards de dollars, initialement destiné à une introduction en bourse qui n’arrivera pas en mai 2002, comme prévu. L’investissement du groupe allemand sur la Formule 1 est de 2,9 milliards de dollars. Les banques, à partir de ce moment, ne veulent plus prêter de l’argent au groupe allemand pris à la gorge avec une dette de 5 milliards de dollars. Les établissements bancaires pressent Kirch pour qu’il débute ses remboursements. Son salut viendra de la vente au groupe Axel Springer AG de 11,5% qu’il détient dans ProSiebenSat ,1 soit 664 millions de dollars, et des 22% de Première cédés à News Corp pour 1,5 milliards de dollars. La situation devient critique. Kirch demande le soutien des politiques allemands en vain. Sa chute est programmée Kirch est poussé de vendre ses actifs.
En février 2002, Ecclestone propose 700 millions de dollars pour racheter les 75% du groupe Kirch qui refuse et, qui proteste auprès de la presse économique, qu’il accuse de colporter de mauvaises nouvelles afin que le groupe ne puisse plus trouver une banque et une solution financière à ses créances. L’ambiance est lourde. Ecclestone est soupçonné d’avoir conclu un accord avec Daimler et FIAT afin de reprendre le contrôle de son empire et de redistribuer le capital au constructeur du GPWC. Les jours passent et finalement un premier miracle s’annonce avec un groupement de banque allemande, qui détiennent l’équivalent de 2,7 milliards de dollars d’actif prêtés du groupe Kirch, accepte d’offrir un nouveau prêt pour 960 millions de dollars et 40% de prise de participation. Mais tout se complique car le montage financier pour sauver le groupe allemand définit un groupement de société et de croisement de participation qui rend la prise de contrôle des banques difficiles. En effet il apparait que le groupe Axel Springer sert de fond de garantie aux banques de la société Speed Investments. C’est-à-dire 668 millions de dollars. La dette de Kirch est dévoilée par le Wall Street Journal : 11 milliard de dollars, pire que prévu.
Fin du mois de février 2002, Kirch se met en situation de crise et une rumeur de la Deutsch Bank amplifie les rumeurs de déchéance du groupe média. Ecclestone cherche des solutions, pour simplifier son programme de revenus TV, il discute avec ABC pour céder la totalité des droits télévisés de la Formule 1. Leo Kirch en mars 2002, donne l’illusion d’avoir encore son destin en main. Ce n’est pas le cas, car le groupe Alex Springer refuse de prendre le contrôle de ProSiebenSat1. Le groupe Kirch s’effondre comme un château de carte. Personne ne souhaite reprendre les actifs du groupe allemand : Murdoch refuse, Berlusconi aussi, idem pour TF1. Ce sera finalement les banques, sous la coupe de Speed Investments (JP Morgan, Lehman Brother et Bayerische Landesbank), qui récupèrent 75% de la SLEC de Bernie Ecclestone.
Articles connexes
- Note du Mardi - Le prêt bancaire sponsoring
- Mister E, le chevalier blanc Kirch
- F1 - l'affaire Santander-Ferrari
- Edito F1 - L'égoïsme, un valeur qui monte
- Banco Santander sera t'il sponsor de Ferrari en 2010 ?