La guerre secrète entre communication et journalisme

L’année 2013 est une année spéciale dans le monde médiatique de la Formule 1. Un profond duel entre la communication des équipes et les journalistes. Autrefois dans la bonne entente, la bataille est nettement visible, mais ne rendra pas grandi la discipline dans un avenir proche. L’exemple de l’histoire entre Kimi Raikkonen et Red Bull Racing est représentative de la tendance.

Souvenez-vous en 2010, après le fameux Grand Prix de Turquie. L’équipe autrichienne Red Bull Racing a été exemplaire dans sa manière de procéder médiatiquement. D’un tweet, une photo montrant Vettel et Webber comme des gamins innocents, une annonce sur Autosport.com que Vettel allait prolonger jusqu’en 2015, puis une rumeur sur le moteur Renault, enfin une intervention des ambassadeurs de la marque et finalement après 10 jours parfaitement maîtrisés, la prolongation de Mark Webber avait étonné à l’époque. Une parfaite maîtrise des médias à l’époque, qui aura été reproduite à multiple reprise par d’autres équipes, avec plus ou moins de succès d’ailleurs. Le Grand Prix de Malaisie 2013, avec l’affaire du « multi 2-1 » a montré un malaise. RBR ne pouvant se cacher des remarques de son pilote australien en direct à la télévision, n’a pas réagit publiquement, mais en coulisse. Une méthode permettant de faire oublier les événements, et surtout permettre aux médias de spéculer pour changer de séquence.

Ainsi la chronologie de la rumeur Kimi Raikkonen – RBR vient de cela. Une semaine après la course de Kuala Lumpur, une petite rumeur indiquait que Mark Webber allait aller chez Porsche en 2014, pour les 24h du Mans. Un bruit médiatique ni confirmé, ni démenti d’ailleurs (si mollement), laissant planer le doute. Mais aucune réaction de l’équipe autrichienne. Place donc à la spéculation journalistique. Le 22 Mars, Kimi Raikkonen indique sur le site Formula1.com qu’il attendra la fin de la saison pour prendre une décision pour 2014. Un détail important. Le 2 Avril 2013, le PDG de Red Bull, Dietrich Matershitz annonce dans la revue Speedweek, dont il est le propriétaire, que Kimi Raikkonen est un candidat pour l’avenir chez Red Bull Racing. Tout en précisant que Mark Webber a toujours sa place dans l’équipe. La structure de la déclaration est intéressante, car elle ne débute pas par le schéma du « nous avons des pistes, mais Mark est toujours une option pour l’avenir. », mais plutôt débutant par le fait que Webber fera le choix de partir de lui-même et qu’il reste une option pour l’équipe, avant de dire ensuite que Raikkonen est un ami de Vettel et qu’il est cool et toujours un candidat. Cette simple déclaration, pourtant claire d’un point de vue de communication permet de lancer la rumeur d’un Kimi Raikkonen chez Vettel et cela reste favoriser par un autre aspect.

L’aspect que Raikkonen évolue dans une équipe qui bizarrement n’est pas respectée par les médias (français et anglais surtout) comme un top team. La raison est simple : Lotus F1 Team n’a pas de sponsor principal, donc elle n’a pas assez d’argent pour payer Kimi Raikkonen (elle en avait assez pour 2012 et en aura pour 2013) et donc au jeu de la surenchère, Red Bull sera trop fort. Sauf que c’est une vision limitée des faits. Premièrement l’équipe triple championne du monde n’a pas besoin de justifier une raison de gagner en embauchant Raikkonen, car elle a Vettel. Ce dernier est payé 12 millions d’euros, alors que Alonso et Hamilton touchent plus de 50% de plus en salaire. Raikkonen a une réputation d’être un pilote coûteux, mais encore une fois c’était lors d’une vie d’avant. Aujourd’hui, c’est un pilote payé au point et qui ne demande qu’avoir une voiture rapide pour être heureux. Lotus lui permet cela,  en le faisant évoluer dans un environnement unique et adapté à ce qu’il désire de la Formule 1, aujourd’hui. Le monde change, mais seuls les journalistes dans le paddock ne semblent pas s’être adaptés.

L’autre raison que la rumeur et les autres rumeurs persistent est l’instauration d’une république d’experts. D’Helmut Marko à Alain Prost, Jacques Villeneuve en passant par Niki Lauda, Jackie Stewart, chacun est interrogé sur un événement pour le faire durer et ainsi la caisse résonne encore plus dans le vide. Obligeant Eric Boullier et Gérard Lopez à sortir pour se justifier sur le principe sur l’avenir de Kimi Raikkonen chez Lotus. Ceci n’est pas de l’information, c’est de l’interprétation. L’affaire du GP Malaisie 2013, qui rebondi sur Raikkonen est le symbole de la bataille entre la communication des équipes et les journalistes dans le paddock. Au détriment de l’information. La vraie.

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5 Responses to La guerre secrète entre communication et journalisme

  1. almeida dit :

    je vous adore !

  2. Nagita dit :

    Quelle est la situation chez Mclaren? Car les choses ont l’air de tourner court.
    _La MP4-28 n’est pas à la hauteur des ambitions du team.
    _Les choix de Whitmarsh sont critiqués
    _Ron Dennis vient de perdre ses pouvoirs au conseil d’administration.
    _La MP4-12 C ne se vendrait pas (sufissament)

    Qu’en est-il réellement?

    • Marc Limacher dit :

      La MP4-28 c’est l’héritage de la méthode Pat Fry. En gros, au lieu de développer un design comme Adrian Newey on fait des évolutions radicales chaque années pour progresser. Sauf que cela ne marche pas (pas plus chez McLaren depuis 2008 que chez Ferrari d’ailleurs). Donc la 28 est présentée comme une évolution, sauf qu’en réalité c’est un nouveau concept trop pointu et donc une perte de temps pour McLaren.

      Les choix de Whitmarsh c’est un constat d’échec pour finir. Entre 2010 et 2012 il a eu 2 champions du monde dans son équipe, mais en matière de marketing cela n’a pas abouti à l’effet voulu (crise oblige). Le départ de Vodafone n’aide pas. Ainsi, McLaren se tourne vers Perez…comme certaine équipe se tourne vers un pilote devant séduire un sponsor, car l’équipe est incapable de le faire. Pourtant les résultats sont pas mauvais depuis 3 ans, mais il manque un truc, un peu de folie chez McLaren, c’est trop sérieux tout ça, pire qu’à l’époque Dennis. La passion en moins.

      Pour Ron Dennis, j’ai vu que du côté de Bahrein on s’impatiente, mais il faut faire attention à ce type de rumeur dans le marché automobile etc… La M4-12C se vends, elle a toujours été présentée comme une voiture devant être capable d’aller à 1000 voir 1500 ventes par année et ensuite une gamme à 3500 total. Jamais la M4-12C devait être vendu à 3500 exemplaires comme je l’ai lu. Donc soyons prudent. Toutefois, il est clair aussi que les résultats sont loin, mais encore une fois McLaren construire une gamme de voiture de sport de haute performance, cela prend du temps.

  3. Nagita dit :

    Business Book GP 2013 acheté!

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