Le départ de Jost Capito de Williams, annoncé hier, ressemble beaucoup à une histoire il y a presque vingt ans : Celle du départ de David Richards de BAR-Honda.
Capito visait la retraite. Dorilton Capital lui propose une mission : le redressement de l’équipe Williams Racing dont ils sont devenu propriétaire en septembre 2020. Nous sommes en hiver 2020/2021 et l’allemand accepte le défi. Le contrat est signé.
Capito découvre une équipe tournée vers le passée. Ayant des méthodes gravée dans le marbre du dernier titre de champion du monde 1997 et des victoires des années 2000 avec BMW. La Formule 1 avait changé, mais pas Williams. Avec méthode, Capito esquisse avec son actionnaire un plan de 10 ans. Un investissement de 250 millions de dollars pour moderniser l’usine et une approche pendant deux ans tournée autour de la marque « Williams. »
C’est ce qui sera vendu au partenaire. En coulisse, Capito fait évoluer les mentalités, installe de nouveau mantra. Une culture se dessine. Moins conservatrice. Capito, pour appuyer sa démarche, fait venir Claudia Schwarz au marketing. L’image va évoluer, plus jeune, plus dynamique. Jenson Button est embauché comme consultant (ancrage avec le passée, mais moderne), les invités VIP sont dans l’ère du temps. Les sponsors sont attirés. L’image de marque de Williams est revalorisé. La présence de George Russell aide à l’émergence de cela. Puis, l’appel de Mercedes AMG est plus grand. Alex Albon le remplace. L’homme est gentil, doit se reconstruire après son passage ratée chez Red Bull Racing. Certain se demande s’il est la personne qu’il faut pour faire évoluer l’équipe après Russell. La saison 2022 sera compliquée et Dorilton Capital n’a pas compris pourquoi Haas F1 Team, qui avait zéro point en 2021 dispose désormais de plus de 30 points et d’une place enviable au championnat du monde des constructeurs. Le constat est amer.
David Richards et BAR-Honda
Cette histoire résumée, ressemble beaucoup à celle de David Richard chez BAR-Honda entre 2002 et 2024. L’anglais débarque chez BAR pour installer une nouvelle culture et rendre plus performante l’organisation. Un nouvel organigramme et une organisation technique est présenté autour de Geoff Willis. La voiture de 2002 étant déjà faite, place à 2003. Richards fait venir Jenson Button cette année-là, aux côtés d’un Jacques Villeneuve sur le déclin dans l’équipe. Une équipe qui se structure, installe des protocoles et change de culture pour devenir plus « racing ».
En coulisse, Richard demande à son second chez Prodrive, Hugh Chambers, d’imaginer la nouvelle image de BAR. Un concept et des valeurs sont mises en place. L’équipe devient fun. Attractive. Mais…
Durant l’été 2004, alors que BAR-Honda réalisait sa meilleure saison depuis sa création en 1999, Jenson Button annonce qu’il quitte l’équipe pour BMW-Williams. Le Button Gate (saison 1) est né. Richards est secoué. Le contrat était mal fait. Il avait obtenu de Honda de prendre 45% de l’équipe anglaise, comme son contrat le stipulait (générer de la valeur). Mais, Button avait signé ailleurs. Il ne s’en relèvera pas. La saison 2005 débuta sans lui.
Par un curieux parallèle, les départs de Capito et Richards ont entrainé un effet domino. Comme Chambers, Schwarz a quitté l’équipe. Comme Willis qui s’est fait débarqué en cours de saison 2005, FX Demaison n’a pas débuté la saison 2023.
La suite ?
L’histoire de BAR nous a montré que le numéro 2, Nick Fry a pris les commandes de l’équipe comme gestionnaire et que Honda avait pris les commandes techniques, avec beaucoup de difficulté. L’équipe anglo-japonaise était sur la nostalgie de son passée récent de 2004 et la victoire de Button en 2006 avait entretenue l’illusion, que 2007 et 2008 a rapidement fait oublier. En termes de Marketing, Honda avait fait venir en 2006, Simon Fuller. L’homme va créer EarthDream en 2007 et 2008. Comme un dernier souffle.
Il y a eu des rumeurs d’un rapprochement Williams et Porsche, voir Hyundai dernièrement. Capito était à la manœuvre et cela n’a pas été concluant (pour Porsche du moins), ce qui a peut-être provoqué son départ. La marque Williams a permis de nouer des partenariats avec des sociétés américaines, mais l’équipe était toujours dépendante des 30 millions d’euros qu’apportait Latifi dans le budget. La saison 2023 nous dira la vérité sur Williams. Mais, le départ de FX Demaison de la direction technique semble résulter du manque de résultat de la FW 45, qui a évolué en version B en milieu de saison et a souffert du manque de développement, et probablement du manque d’ambitions de la prochaine FW46. Ou du doute…
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