Note du Mardi – Red Bull Racing montre la réalité du marché moteur F1

Note du mardiDeux idéologies s’affrontent aujourd’hui dans le paddock. Provoquant l’état de statu quo dans les décisions politico-techniques de la Formule 1. Le cas de devenir cliente d’un constructeur.

La situation est simple : Mercedes-Benz dispose de sa propre équipe, puis de Williams, Lotus et Force India, comme client. Ferrari, de son côté propose Sauber et Manon, tandis que Renault propulse Red Bull Racing et la Scuderia Toro Rosso. Honda est partenaire de McLaren.

L’idéologie de Woking vs idéologie Grove

La signature entre Honda et McLaren résulte d’une idée de Ron Dennis que l’on ne peut pas gagner en Formule 1 si l’on est qu’un simple client moteur d’un constructeur. Depuis 34 ans, l’équipe de Woking n’a été que deux fois cliente d’un constructeur. Une première fois en 1993 avec Ford et la seconde entre 2010 et 2013 avec Mercedes-Benz. Deux phases ou aucun titre n’a été obtenu. Pire, ces phases correspondait à une dégradation des performances des monoplaces. De ce constat historique, Dennis estime qu’il faut nouer un accord avec un constructeur pour remporter le titre. La situation 2015 avec Honda est d’ailleurs assez similaire à celle qu’il a connu, lorsqu’il avait signé avec Porsche et Tag Group pour la conception de son moteur turbo en 1982.

De l’autre côté du prisme idéologique, Williams F1 Team a une vision qui a évoluée avec le temps. Elle aussi a disposée de moteurs exclusifs avec des constructeurs, mais historiquement sa situation l’a toujours mise en concurrence avec une autre équipe compétitive. Cela a été le cas avec Honda en 1987 et 1988 (vs Team Lotus), puis Renault entre 1995 et 1997 (vs Benetton). Puis la seconde période Renault entre 2012 et 2013 (vs Red Bull et Lotus) et enfin aujourd’hui avec Mercedes-Benz,  où elle est la seconde équipe prioritaire du constructeur allemand. Incluse dans sa stratégie sportive. Il est ainsi normal que Williams, via Pat Symonds estime qu’il n’est pas un drame d’être cliente d’un constructeur. Le tout étant de savoir négocier sa valeur avec son futur fournisseur.

La stratégie Red Bull doit être révisée désormais

Le cas de Red Bull Racing Renault résulte d’une stratégie qui était bonne il y a quelques années, mais qui est désormais dépassé aujourd’hui. En signant un accord en 2011 pour une durée de 5 ans avec Renault Sport F1 et devenir l’équipe premium de la marque au losange, Red Bull Racing a remporté des titres de champion du monde. Plus intéressant, elle a mutualisée ses victoires en permettant à la marque tricolore de fournir la Scuderia Toro Rosso. L’époque de faire un remake de Benetton et de rivaliser avec Maranello était visible en Autriche. Jusqu’à la saison dernière. Le départ de Sébastian Vettel chez Ferrari et les dissonances de stratégie du Dr Helmut Marko (Souhaitant que Faenza reste une junior team Red Bull), a eu raison de cette courte ambition.

L’an dernier, pour mettre la pression sur Viry-Châtillon, les dirigeants de Red Bull avaient estimés la possibilité de signer avec Honda Motors pour 2017. Le problème étant que le constructeur japonais est en grande difficulté en 2015 et ne sera pas compétitif avant longtemps. Le temps. Une données que ne peux se permettre Red Bull. Les autrichiens souhaitant visiblement maintenir leur image de top team.

Durant le Grand Prix du Canada, le président de FIAT-Chrysler, Sergio Marchionne a approché les dirigeants du taureau rouge pour fournir un moteur en 2016, voir 2017. Aujourd’hui Red Bull est entre deux situations. Deux idéologiques. L’une est proche de Ron Dennis, la seconde proche de Pat Symonds.

Un Plan A avec Audi, le Plan B avec Ferrari

La première approche explique les discussions, toujours actuelles, avec le groupe Audi. Plusieurs scénarios sont à l’étude. Nous savons seulement que pour le moment le constructeur allemand ne souhaite pas reprendre l’équipe. Pas de vente prévue. Mais la fourniture est déjà repoussée à l’horizon 2018/2019. Loin donc et l’épisode Honda/McLaren tente de refroidir les dirigeants de la marque aux quatre anneaux, qui pourraient plutôt attendre un changement ou une grosse évolution de réglementation moteur pour 2020/2021.

La seconde approche serait de signer avec Ferrari pour 2016-2019/2020. Red Bull Racing sera un client de la Scuderia Ferrari (comme cela avait été le cas durant la saison 2006), mais dans une approche similaire à celle visible entre Mercedes-Benz et Williams. Sergio Marchionne parle de bonne publicité pour Ferrari en cas de fourniture moteur avec Red Bull. La société autrichienne dispose d’une bonne image et surtout d’une importante place politique. Non négligeable pour Ferrari.

La situation de Red Bull Racing expose clairement les difficultés du marché de la Formule 1 et de l’uniformisation technique de la discipline. Le nouveau moteur et sa réglementation stricte ne permet pas à une équipe de proposer une alternative, comme cela avait toujours été le cas par le passé. L’ultime solution serait de construire son moteur. Mais les difficultés de Renault Sport F1 et Honda montrent aux autrichiens que le coût est extrêmement important pour un résultat aléatoire.




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