Archives de la catégorie : Technique F1

Note du Mardi – La culture technique après un échec

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgIl n’y a pas de Plan B, le budget plafond ne le permet pas. L’époque ou l’on pouvait construire un nouveau châssis, l’homologuer auprès de la FIA et récupérer son retard n’est plus. Désormais, Mercedes AMG F1, ne peu que réajuster sa carrosserie, et non plus les aspects fondamentaux de son châssis. Reste une question : combien de temps perdra t’elle par rapport à la concurrence pour redevenir un candidat régulier pour la victoire ?

L’histoire de la W13/W14 est assez similaire à l’histoire de la Lotus Type 80 de 1979. Après avoir dominé la saison 1978 avec le dernier titre de champion du monde des constructeurs pour Team Lotus et le seul titre de champion pour Mario Andretti, Colin Chapman incita ses ingénieurs à franchir une nouvelle étape. Conscient que ses solutions proposés sur la Lotus 79 allait être rapidement copié, il fallait maintenir son avance. Le concept radical de la 80 a été le chant du cygne pour l’équipe anglaise. Malgré l’épisode de la Lotus 88 de 1981, rapidement interdite, l’équipe ne sera que l’ombre d’elle-même dans la conception des voitures à effet de sol, il faudra attendre 1984 pour que Team Lotus redevienne un top team dans le paddock avec l’arrivée de l’ingénieur Gérard Ducarouge.

Classement Team Lotus entre 1979 et 1983 :
1979 : 4ème du championnat
1980 : 5ème du championnat
1981 : 7ème du championnat
1982 : 5ème du championnat
1983 : 8ème du championnat

L’autre équipe qui a également subit une mauvaise décision est Williams avec sa FW26 de 2004. La précédente monoplace ayant permis de terminer 2ème du championnat du monde des constructeurs et à Juan-Pablo Montoya de viser le titre face à Kimi Raikkonen et Michael Schumacher. La FW26, malgré un changement dans l’aérodynamique et une victoire en fin de saison du colombien, Williams a provoqué la chute de l’équipe qui par la suite a sombré au classement à partir de 2005. L’usine d’Enstone reviendra en 2009 dans le jeu technique avec la découverte (comme Brawn GP) du concept du double diffuseur. Permettant à l’équipe de réaliser un bon début de saison, malgré ses moyens inferieurs, par rapport à ses concurrents en terminant 7ème du championnat du monde des constructeurs.

Classement Williams F1 entre 2004 et 2008 :

2004 : 4ème du championnat
2005 : 5ème du championnat
2006 : 8ème du championnat
2007 : 4ème du championnat (grâce au déclassement de McLaren)
2008 : 8ème du championnat

Comme par effet miroir en rapport à Williams, l’histoire technique de Lotus F1 Team en 2014 est également une histoire intéressante. Après avoir réalisé de bonnes monoplaces entre 2012 et 2013, le bureau d’étude a été trop loin en 2014, ayant la même logique que Williams à l’époque. Dès 2015, l’usine d’Enstone va être propulsé par un moteur Mercedes-Benz avant d’être repris par Renault en stabilisant le bureau d’étude et s’installant solidement à la 5ème place du championnat à partir de 2019.

Classement Lotus/Renault entre 2014 et 2018 :

2014 : 8ème du championnat (Lotus)
2015 : 6ème du championnat (Lotus)
2016 : 9ème du championnat (Renault)
2017 : 6ème du championnat (Renault)
2018 : 4ème du championnat (Renault)

Ce que l’on remarque dans ses trois exemples historiques, au-delà de l’appartenance à une époque ou l’on pouvait changer de châssis (lorsqu’on avait les moyens), est qu’un mauvais choix technique pendant une année, impact fortement les résultats pendant les premières années. Les trois exemples cités ont un trait commun : la forte culture technique de leur bureau d’étude. Team Lotus, Williams et Lotus F1 Team avaient fait de leur force technique un atout majeur. D’autant que pour chacune, la précédente monoplace est un succès. La Lotus 79 a remporté le championnat du monde, la FW25 a permis à l’équipe de se battre au championnat du monde contre Ferrari et la E21 a confirmé le statut de top team de l’usine d’Enstone en multipliant les podiums et remportant la victoire avec Kimi Raikkonen.

Il est aussi intéressant de constater dans les exemples qu’au bout de 3 ans, il y a un regain au championnat, avant une nouvelle chute. Dans le détail, c’est surtout dû au circonstance. 1982 a été une année étonnante pour la F1 (Keke Rosberg est champion du monde avec une victoire rappelons-le), 2007, McLaren-Mercedes a été déclassée dans l’affaire du Spygate et 2017 a été l’occasion d’un changement de réglementation châssis.

Mercedes est actuellement sur le podium du championnat du monde devant Ferrari, mais derrière Aston Martin. Le mal n’est pas encore fait, mais l’illusion court-terme peut faire mal, comme nous l’avons vu. La confiance aussi. Par la suite, Williams n’a jamais véritablement su résoudre ses problèmes de 2004 qui ont ancré une croyance dans les membres dirigeants et techniques. De la même manière Lotus F1 et Team Lotus ont eu la même dynamique de l’illusion. Mercedes tente de contrer cela. Nous verrons si elle sera capable de rebondir comme l’a fait McLaren en 2003/2004/2005 avec l’échec de la MP4/18 ou si elle reproduit l’un des trois scénarios démontrés ci-dessus.

Publié dans Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – La culture technique après un échec

Note du Mardi – L’avenir de la Mercedes W14

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa situation de Mercedes AMG F1 lors de ce début de saison 2023 est un cas assez unique dans l’histoire de la Formule 1.

Par le passé, il est déjà été vu le déclin en trois parties d’un top team, avec Team Lotus (1973-1975), McLaren (1976-1978), Red Bull Racing (2013-2015). C’est-à-dire remporter un titre de champion du monde en année 1, puis 3 victoires en année 2 et zéro victoire en année 3. Nous avons aussi déjà vu une équipe championne du monde passer de héro à zéro. C’est-à-dire remporter un titre de champion du monde et la saison suivante ne remporter aucune victoire. Cooper entre 1960 et 1961, Brabham entre 1967 et 1968, Team Lotus entre 1978 et 1979, Scuderia Ferrari entre 1961 et 1962, 1964 et 1965 et 1979 et 1980, Williams entre 1987 et 1988, puis entre 1997 et 1998, Benetton entre 1995 et 1996 et Brawn/Mercedes entre 2009 et 2010. Mais le cas Mercedes AMG 2022 est assez rare.

L’équipe allemande a largement remporté le titre de champion du monde en 2020, puis s’est battu de haute lutte contre Red Bull Racing Honda en 2021, remportant son 8ème titre d’affilé. Mais, en 2022, l’équipe a terminé péniblement à la 3ème place du championnat, mais surtout avec une unique victoire en fin de saison.

Pour retrouver un scénario identique, il faut remonter dans le temps. 1953/1954 et 1981/1982.

1953, la Scuderia Ferrari domine le monde de la F1 avec sa 500F1 4cyl. Alberto Ascari cumule les records et les victoires depuis 1952, mais la réglementation change en 1954, passant de 2L à 2,5L. A Maranello on fait évoluer le moteur champion, alors que Mercedes avait conçu une monoplace spécifique à 8cyl en ligne. Le déficit de puissance était flagrant : 250 cv pour le moteur italien contre 280 cv pour le moteur allemand. Il faudra attendre 1958 pour voir revenir Ferrari au sommet.

1981, l’équipe Williams remporte le titre constructeur pour la deuxième fois de son histoire. Mais le titre pilote est emporté par Nelson Piquet lors de la dernière course du championnat du monde. Pour 1982, l’équipe va remporter un titre de champion du monde avec Keke Rosberg de haute lutte aussi, mais l’équipe va terminer 4ème du championnat constructeur. En retard techniquement, alors que les moteurs turbo arrivent en masse et les châssis carbone également. Williams propose une monoplace poussée à l’extrême pour 1983, mais ne remporte qu’une seule victoire, une 4ème place constructeur et un lent déclin. L’équipe devra récupérer son retard (premier châssis 100% carbone en 1985), pour remporter a nouveau les titres en 1986 et 1987.

Dans les deux cas, le problème était technique. Une direction fausse.

Dans sa philosophie, Mercedes AMG ressemble à McLaren dans les années 2000. Une époque ou l’équipe de Woking a perdu pied progressivement à vouloir entretenir sa philosophie et sa culture. Provoquant un scandale d’espionnage en 2007 en épitaphe et une parenthèse jusqu’à l’arrivée de Zak Brown en 2017.

Pour l’histoire, Ferrari n’a remporté qu’une seule course en 1955 (avant de récupérer les Lancia D50 et remporter le titre avec Fangio en 1956), tout comme Williams en 1984 (avant de retrouver la victoire en 1985). Le destin de la W14 pourrait être similaire à la W13… Avant un retour ?

Publié dans Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – L’avenir de la Mercedes W14

Note du Mardi – Aston Martin et la philosophie Stewart/BMW

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLes résultats d’Aston Martin lors du Grand Prix de Bahreïn, résulte d’un retour à une pratique qui avait périclité pendant quelques temps : copier la philosophie de la voiture gagnante de l’année d’avant.

Pendant une bonne décennie, l’idée devenue commune était qu’il fallait investir dans son propre design, développer sa propre philosophie technique. Cela a permis à Red Bull de construire son palmarès avec Adrian Newey. De la même manière, cela a permis à Mercedes de construire sa légende depuis 2014. Mais cela a aussi provoqué la chute de Williams à travers le temps, idem pour McLaren sur la même période et l’arrêt de Caterham et Manor. L’heure était au directeur technique star, à l’aérodynamicien vedette. Mais les ambitions de résultats ont été limité à la hauteur du porte-monnaie.

Stewart GP le pionnier

Lorsque Stewart Grand Prix arrive dans le paddock en 1997. Le projet était assez simple et innovant à la fois. Alan Jenkins, le directeur technique avait repris le design de ses Arrows depuis 1993 pour l’aspect extérieur, mais la philosophie de développement s’inspirait fortement de la Williams FW18 de 1996. Cette dernière avait gagné 12 courses et le titre de champion du monde. La SF1 de 1997 a été remplacé par la SF2, qui était une copie philosophique de la FW19, avec son cockpit reculé et une concentration du poids sur le centre de la monoplace. La fiabilité du V10 Ford n’a pas permis d’exploiter le projet au maximum. Pour 1999, la SF3 change de design et s’inspire ouvertement de la McLaren MP4/13, championne du monde la saison précédente. Cette fois-ci c’est le design et la philosophie qui ont été repris et l’équipe a terminé 4ème du championnat des constructeurs et remporta sa première et unique victoire.

Jenkins parti chez Prost, reproduire son concept avec l’AP03, devant être une interprétation poussée de la SF3, mais ratée. L’ingénieur a ensuite disparue. Mais son idée a été reprise par BMW en 2005.

BMW et son projet d’équipe autour de Sauber

BMW avait repris pour 100 millions de dollars l’équipe Sauber en 2005. Cette année-là, la petite équipe Suisse était sur le déclin. Après une solide année 2000, son climax a été 2001 et 2002, avant de déclinée en 2003 et reprendre le design et conception de la Ferrari F2003 pour la saison 2004. C’était l’époque ou l’équipe construisait sa soufflerie et elle n’allait être effectif qu’en 2005. La monoplace de cette saison 2005, piloté par Massa et Villeneuve était originale et symbolisait l’arrivée du nouvel outil. Mais les performances ont été en deçà.

Ainsi, BMW pour 2006 a révisé la philosophie en reprenant le projet Jenkins. Le design s’inspirait de Ferrari, la philosophie de McLaren. La 01.06 était une monoplace solide et fiable et l’équipe l’a utilisée comme une plate-forme technique pour l’avenir. Le modèle 2007, était dans la continuité et la philosophie de développement était fortement inspiré par la McLaren MP4/20 de 2005. Cela a permis à l’équipe de terminer 2ème du championnat (après disqualification de McLaren) avec plusieurs podiums. A partir de là, BMW va développer son projet avec les modèles 2008 (avec une victoire) et 2009/2010 qui ne s’inspiraient en rien aux autres, mais construisait leur philosophie technique.

Aston Martin, un projet fusion Stewart/BMW

Aston Martin a été un projet en deux temps. D’abord Racing Point dès 2020 a repris le projet Toro Rosso de Red Bull (inspiré du duo Ligier/Benetton des années 95/96), a été une copie Mercedes 2019 dans le design, mais apportait sa propre philosophie de développement. En 2021, sous la marque Aston Martin, la continuité était encore visible. L’important était d’avoir confiance en soi. Ainsi les Aston Martin/Racing Point était des Mercedes rose ou verte. Le plan était de construire une usine moderne en priorité.

A partir de 2022, l’idée était de construire un projet semblable à Stewart et BMW. L’AM22 de début de saison a été une machine d’observation, sa version B était fortement inspiré de la meilleure voiture du moment, la Red Bull RB18. Pour 2023, la philosophie est encore plus visible et l’équipe s’installe 3ème force au niveau de Mercedes AMG en ce début de saison et visera les podiums durant la saison. Il n’est pas impossible que à partir de 2024, Aston Martin proposera, comme BMW son propre projet et viser la victoire.

Ainsi en Formule 1, il y a plusieurs philosophie qui s’affronte. Le club des trois (Red Bull, Ferrari et McLaren) sont dans la continuité de l’héritage des année 2010, avec des designs spécifiques. Alpine, McLaren et Williams cultivent leur indépendance et construise leur projet de la même manière. Alfa Roméo est entrain d’évoluer dans cette direction désormais. Puis, Aston Martin, Alpha Tauri (dès 2024) et Haas, cultivent la philosophie Stewart/BMW. A la différence que Aston Martin veut rejoindre le club des 3 et plus rester dans l’ombre d’un géant.

Publié dans Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Aston Martin et la philosophie Stewart/BMW

Note du Mardi – Comprendre 2022 en regardant 2020

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgRegarder l’affaire du budget plafond en 2022 c’est surtout comprendre les décisions prisent par Ferrari, Mercedes et Red Bull en 2020. Au moment ou tout a débuter. Trois stratégies de développement différentes.

Notons que à partir du 31 décembre 2020, les équipes pouvaient utiliser 100% de leur ressource pour la conception des monoplaces.  Avant la restriction aérodynamique en soufflerie, puis réduire leurs effectifs au 1 juillet 2021 (ou réaffecté en interne sur d’autre projet).

Historiquement, les mises à jour d’une voiture en cours avait un planning allant de Mars à Juillet. Dès Juin 1/3 des ressources développement vont dans la voiture de la saison suivante, puis en Aout l’intégralité. Si nous étions dans un schéma classique, une machine 2020 serait développée de Mai à Juillet. Puis la machine 2021 de Mai à Septembre/Octobre, et la machine 2022, de Mai à Septembre également en parallèle. Mais cette illustration a explosée avec les réductions du budget plafond.

Ferrari, le choix de sacrifier 2021

Après l’affaire de l’hiver 2019/2020 imposant un accord secret (évalué à 15 millions d’euros) avec la Fédération Internationale de l’Automobile autour de son moteur hybride, la Scuderia Ferrari a rapidement adapté sa stratégie de développement autour de deux axes : amélioration du moteur et optimiser les réglages pour gagner en performance. Le concept 2020 avait été imaginé avec un moteur puissant (reproduisant la doctrine Mercedes des années 2015/2016), le manque de chevaux a handicapé les monoplaces rouges en 2020 et 2021. Ainsi, à l’image de ce que réalisait Ross Brawn chez Benetton entre 1993 et 1994, puis chez Honda entre 2008 et 2009, Ferrari n’a pas beaucoup investit en 2021 dans sa monoplace, travaillant surtout sur la saison 2022.

Mercedes, l’optimisation du process

Coté Brackley, la W11 a été tellement dominatrice durant la saison 2020 que son développement s’est arrêté en septembre 2020, soit 3 mois avant la fin de saison et 3 mois après le début de saison. Entre temps, dès Mai 2020 et jusqu’en Septembre l’équipe allemande a débutée le double projet 2021 et 2022, en septembre 2020 le design de la W12 était fait. En parallèle la W13 était dans son travail de R&D.

Pour 2021, le développement aérodynamique de la W12 s’est arrêté en juillet. La doctrine des réglages s’est imposé dès lors, perturbée par l’introduction d’un nouveau moteur pour le GP du Brésil (qui aurait coûté 10 millions de dollars), permettant à Lewis Hamilton de se maintenir pour le championnat du monde. Cela signifie que dès Juillet 2021, l’essentiel des ressources de l’équipe ont été dirigé sur 2022.

Red Bull, l’inversion du système

Coté Red Bull, la stratégie de 2020 était de rattraper le retard. Ainsi les mises à jour de la RB16 ont été plannifié jusqu’au dernier Grand Prix à Abu Dhabi, utilisant la réglementation 2020 à la lettre et à 100%. Puisqu’il n’y avait pas de restrictions. L’ambition était de débuter 2021 sur le même rythme que la fin de saison 2020. Ainsi Red Bull a utilisé ses jetons de développement réglementaire pour améliorer le point faible de la RB16 avec la RB16B. Puis, reproduisant ce qu’elle avait réalisé en 2011/2012 à l’époque du RRA (précédent accord de restriction des ressources), l’équipe a introduit ses mises à jour en deuxième partie de saison, misant sur le gain de développement de fin 2020 et début 2021. L’équipe a également concédée que le développement de sa RB18, dans sa phase finale a débuté tardivement. On estime cela à Septembre 2021.

En conclusion

Ferrari et Red Bull ont en 2021 consacré non pas 1/3, mais les 2/3 de leurs ressources de développement dans leur monoplace 2022, inversant ainsi la tendance classique. Mercedes a continué d’appliquer son plan de 2020 à 2021 en concentrant le développement de ses monoplaces durant les 5 premiers mois de la saison. Mais il semble bien que pour 2022, l’équipe allemande a fait le choix d’appliquer la même stratégie que ses rivaux, car elle va introduire un nouveau planché au GP des USA. Un développement pour 2023 donc.

 

Publié dans Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Comprendre 2022 en regardant 2020

Note du Mardi – Red Bull et le budget plafond

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgChristian Horner au nom de Red Bull Racing a indiqué que le nouvel accord autour du budget plafond qui sera introduit en 2021, permettra aux équipes à compter du 1er Janvier d’avoir 6 mois pour réaffecter une partie du personnel technique, désormais en surplus. Red Bull annoncera dans quelques mois ses projets, mais ils seront en liens avec la technologie, l’automobile et le sport.

RRA, les prémices 

En pleine guerre FIA-FOTA, l’objectif de réduire les effectifs était devenu une obsession pour le président de la FIA d’alors, Max Mosley. L’idée du budget plafond de 45 (puis 60 millions) avait pour but de mettre le débat sur la table. A l’époque le personnel représentait 30 à 35 millions d’euros de coût pour une équipe de pointe.

En 2010, lors du traiter commun autour du contrôle des coûts (RRA), les équipes ont exploré la voie que nous connaissons aujourd’hui. Tout avait débuté par Red Bull lors de son rachat de l’équipe Minardi en 2005. Le modèle construit par l’équipe autrichienne était qu’une équipe de course devait utiliser uniquement son personnel de course, tandis que la conception relevait d’une filiale à part. Ainsi Red Bull Racing n’a jamais employé plus de 85 personnes, tandis que Red Bull Technology dépassait les 500 techniciens et ingénieurs à l’époque. Ils sont 750 aujourd’hui. Sur le modèle introduit par RBR, les équipes ont reproduit cette organisation afin de répartir son personnel et non pas le licencier.

Une idée née dans les années 90

La création de RBT n’a rien ne nouveau en réalité. Entre 1997 et 2002, le Tom Walkinshaw Racing (TWR) était propriétaire de l’équipe Arrows GP et le fonctionnement a été assez similaire. Lorsque Tom Walkinshaw allait démarcher un constructeur pour propulser ses monoplaces comme Honda, Yamaha, Volvo et Renault, c’était avec une dimension industrielle. La Clio V6 était le fruit de cette approche innovante pour l’époque. Prodrive et David Richards ont tenté la même approche, avec moins de succès.

Une base déjà existante pour l’avenir

McLaren a créé McLaren Applied Technologie (qui emploie plus de 300 personnes aujourd’hui) en 2011, Williams, la même année a crée Williams Advanced Engineering pour développer sa technologie du KERS et son savoir faire F1. Caterham avait également reconfigurer son groupe technologique autour de l’ingénieur Mike Gascogne en 2012, tout comme Sauber qui avait discrètement développer un service autour de sa soufflerie.

Cela a permis à des centaines d’ingénieurs et techniciens de rester dans l’environnement F1, tout en ne faisant plus partie des effectifs et donc de permettre un contrôle des coûts alors en vigueur.

Red Bull, via sa filiale RBT, a été pionnière en la matière, développant des projets avec Infiniti et depuis 4 ans avec Aston Martin (la Walkyrie) et échange beaucoup avec Honda pour l’avenir.

Publié dans Management, Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Red Bull et le budget plafond

Note du Mardi – L’attaque des clones

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgL’émergence de la Racing Point RP20 à Barcelone a montré un design très proche de la Mercedes AMG W10 de la saison dernière. Alors que les photos de présentations ne laissaient guère montrer plus, suivant l’angle. Une situation qui relance une vieille guerre dans le paddock : les clones.

Avec l’introduction des Accords Concorde en 1981, la notion de « constructeur » avait été clairement défini. Une équipe pouvait souscrire un sous-traitant pour la conception, mais devait construire elle-même son châssis. La Formule 1 moderne s’est construite de cette manière-là. Les écuries étant devenue des constructeurs, investissant dans des usines, bureaux d’études et des souffleries afin d’être toujours plus compétitif. Suivant leur culture.

Les bases de l’histoire

En parallèle, des ingénieurs, comme Alan Jenkins reproduisait le design de son équipe précédente pour lancer un design à partir de rien. L’anglais a fait carrière pendant une bonne dizaine d’année avec seulement 3 designs. Pour les Tops Teams, tout a été soigneusement mis en place autour des finitions de chaque monoplace. La programmation d’une évolution B ou d’un pack similaire avait été introduit en cours de saison (et plus la saison suivante) par McLaren au début des années 90, pour rattraper son retard sur Ferrari et Williams. C’est en 1996, que Adrian Newey introduit, pour la première fois, le principe de l’évolution technique continue sur la Williams FW18.

2006, l’an 1, des débuts difficiles

En sautant dans le temps, en 2006, le visage de la Formule 1 avait radicalement changé. Red Bull disposait de deux écuries, Honda également et hormis Williams, chaque équipe était détenue par un constructeur automobile. La situation s’installa ainsi sur la vente de châssis client. Précédemment il y avait eu l’épisode Ligier/Benetton (1995 et 1996), qui était une vente de technologie vieille d’une saison (la boite datait de 1993) afin de permettre d’exister ou d’être compétitif, tout comme Sauber en 2004 avec Ferrari (qui reprenait le design de la F2003). Cette idée a été à la base de la Scuderia Toro Rosso et Super Aguri en 2007, mais également du projet Prodrive, qui devait débuter en F1 en 2008 avec des châssis McLaren. A l’époque la fronde de Williams avait été rejoint par Force India, qui avait été reprise par l’homme d’affaire indien, Vijay Mallya, et qui ne voyait pas d’un bon œil des monoplaces étudiés par d’autres être devant eux, tout en répliquant en signant avec McLaren un accord technologique en 2010.

La cohabitation a durée de 2006 à 2008, car dès 2009, Toro Rosso et Super Aguri devaient construire leurs propres monoplaces. Si l’équipe italienne a bien construit sa monoplace 2009 (mais en fait étudié par Red Bull Technology), l’équipe japonaise n’a pas eu cette chance, abandonnant la F1 début 2008, mais en ayant esquissé, selon la légende, les plans du futur design de la Brawn BGP01. Toutefois, la petite équipe nippone, avait fait évoluer les châssis RA106 et RA107 pour maintenir sa compétitivité de façon intéressante.

Les acquis techniques du paddock

Aujourd’hui la réglementation a évoluée et permet aux équipes d’acheter des suspensions avant et surtout un train arrière complet (suspension et boite de vitesse), ainsi que des dessins de refroidissement moteur. Haas F1 Team, depuis 2006, fait étudier auprès de Dallara un châssis qui s’approche fortement de Ferrari sur sa base, puis achète moteur et plusieurs éléments à la Scuderia. Sauber, depuis 2010, partageait ses trains arrières avec les voitures rouges. Depuis sa reprise de Force India à l’été 2018, Lawrence Stroll avait bâtit son business modèle avec Toto Wolff pour l’achat de technologies Mercedes et l’utilisation des souffleries etc…

Le spectre de la F1 à deux vitesses

En 2020, les équipes Ferrari, Mercedes, Red Bull et même Renault et McLaren vont faire évoluer leurs projets respectifs suivant des bases connues de l’évolution continue. Car le Top 4 du championnat des constructeurs se définira ainsi. Reste que si les clones « sont une bonne chose » pour Christian Horner, qui au nom de Red Bull a toujours contourné la réglementation depuis 15 ans. Elle pose question aujourd’hui. D’autant que Racing Point a annoncé que sa monoplace 2020 bénéficiera d’une évolution pour Melbourne, mais se concentrera sur la monoplace 2021 dès Avril. Par manque de ressources. Racing Point ne sera pas isolé dans cette démarche, d’autres suivront le mouvement. Ainsi la « copie » devra permettre d’inscrire des points durant la première partie de saison et d’être ainsi plus compétitif que si elle avait fait évoluer son propre design. Le règlement dans le règlement.

Mais revenons en 2006. Alors en pleine attaque des clones, Williams F1 Team a fait émerger une idée : le budget plafond. L’idée évoluera pour permettre l’introduction des nouvelles équipes en 2010 avec un budget de 45 millions d’euros, puis le RRA, l’accord de restriction des coûts l’année suivante. Le début de la F1 d’aujourd’hui…

Publié dans Management, Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – L’attaque des clones

Note du Mardi – L’héritage technique de la Scuderia Ferrari

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLe directeur général de Ferrari, Louis Camilleri,  dans un long entretien sur le site Motorsport.com a glissé une phrase qui reste représentative : « je vois que chaque fois que Ferrari parvient à faire quelque chose d’un peu mieux que ses adversaires, il y a toujours quelque chose de mal et le talent ou la créativité ne sont jamais reconnus. C’est un peu frustrant. » Une phrase qui en dit long sur la notion de l’héritage.

Pour cette saison 2019, la Scuderia avait introduit une interprétation de la réglementation moteur concernant le flux d’essence contrôler par le capteur FIA. Conforme dans certaine phase, il ne l’était pas dans d’autres. Ce procédé a permis au moteur italien un surcroit de puissance, alors que le moteur Mercedes-Benz, pourtant dominateur depuis 2014, marquait le pas. Ce procédé a été par la suite copier par Honda et semble t’il Renault et finalement Mercedes. Ferrari annonce un nouveau moteur pour 2020.

La difficulté de suivre le monde

Historiquement la Scuderia Ferrari n’a pas vraiment été la structure la plus novatrice du paddock. Elle ne s’est convertit au frein à disque qu’en 1958, le moteur à l’arrière en 1961, la monocoque en 1964, l’effet de sol en 1981, la monocoque carbone en 1984 etc… Une passée technique qui a progressivement converti la structure italienne comme une suiveuse et non une innovatrice du genre. Souvent avec 2 ou 3 saisons de retard sur ses rivaux anglais.

Lorsqu’Enzo Ferrari décide enfin d’aborder la chose sous un angle de la modernité, il propose un beau contrat à l’ingénieur John Barnard, alors chez McLaren, pour faire entrer la Scuderia dans une nouvelle ère. Nous étions en 1985/1986. Une dizaine d’année après, Jean Todt, alors directeur de l’équipe italienne, transféra les deux cerveaux techniques de Benetton Formula (Ross Brawn et Rory Bryne) et des ingénieurs de Peugeot Sport pour le département moteur, pour établir une domination au début des années 2000. Même chose plus tard, dans le transfert de Pat Fry à la fin des années 2000 et les contrats avortés de Bob Bell et James Alisson il y a 4 ans. Ainsi, la Scuderia s’inspire des autres, que ce soit dans le mode de management, l’organigramme, les hommes, la technologie pour tenter de se maintenir ou progresser dans la hiérarchie.

L’innovation sous un angle particulier

Toutefois quand elle innove, c’est souvent au bord de la réglementation pour combler un retard ou au détriment de ses adversaires : Aileron flexible en 1997, badge board en 1999, anti-patinage en 2000, exclusivité des pneus Bridgestone en 2001 et jusqu’en 2006, Influence politique sur la réglementation, pour parler des plus marquants. Tandis que pour ses adversaires anglais le font pour faire progresser la discipline ou un aspect technique (suspension active, utilisation de matériaux nouveaux, concept aérodynamique etc…)

La réalité est que les deux seules véritables innovations techniques introduite par la Scuderia Ferrari depuis ses débuts en Formule 1 sont l’inauguration de la piste de Fiorano en 1973 et la boite de vitesse au volant en 1989.

Publié dans Management, Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – L’héritage technique de la Scuderia Ferrari

Note du Mardi – Les 2 écoles de conception et d’évolution d’une monoplace F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgDans les prochaines semaines, l’équipe Williams va introduire des évolutions techniques qui n’auront pas vocations à améliorer les performances de la FW42, mais plutôt à définir les réels problèmes de la monoplace, avant de prendre une décision : soit la base est bonne et un programme de performance pourra être mis en place. Soit la base a un défaut majeur et au début juillet, l’équipe se concentre sur la prochaine machine 2020. Le dilemme étant que la réglementation étant stable pour la saison prochaine, l’idée est d’espérer que la monoplace actuelle soit saine et non procéder à l’architecture d’un nouveau design.

Dans l’imaginaire, les évolutions d’une monoplace on un unique but d’améliorer les performances durant la saison. L’objectif des ingénieurs est même d’atteindre et dépasser la seconde d’amélioration entre le début et la fin de saison. Mais, comme pour les ingénieurs moteurs, les évolutions ont aussi un but de consolidation des acquis. Ferrari a introduit des mises à jour au GP d’Espagne qui n’ont pas apporté une hausse de performance significative, mais révélé certains défauts de la SF90. Renault a introduit une mise à jour de son moteur, également en Espagne, qui n’a pas apporté un élan de performance, mais a confirmé que la base est bonne pour développer la performance.

La recherche de philosophie sur la conception d’une monoplace est devenu un enjeu majeur pour ensuite mettre en place un programme d’amélioration des performances. Deux écoles s’affrontent depuis près de trois décennies :

Ecole 1 : La feuille blanche permanente

La première école résulte d’introduire la feuille blanche permanente. L’ambition étant que chaque design apporte une étape. Avant d’ensuite faire une synthèse et établir une base. Historiquement il faut remonter dans les années 70 et Team Lotus dans sa recherche autour de la monoplace ultime entre 1974 et 1977. Mais sa version moderne a été entrevue pour la première fois chez McLaren entre 1990 et 1993, le principe a été repris par John Barnard entre 1993 et 1997 par John Barnard. La F93 avait l’objectif de permettre à la Scuderia de fiabiliser son moteur et de servir de laboratoire technique. La F94 était un design nouveau devant mettre en avant la fiabilité du moteur et sa version B devait être la première étape vers le renouveau de la Scuderia avec un moteur conçu par Osamu Gotto, aussi puissant que le V10 Renault et une monoplace aérodynamiquement aussi performante que la Benetton de l’époque. La monoplace de 1995, la 312 avait un design différent, mais devait pousser plus loin le précédent concept pour valider les acquis. La F310 résultait de la logique du marqueur. Un nouveau moteur V10 et un design innovant pour pousser loin la logique. Cette année-là, l’introduction du moteur kleenex pour les qualifications indiquait un élément de recherche de performance. Comme son évolution aérodynamique avec le nez haut en deuxième partie de saison. Enfin la F310B était la synthèse des expériences en introduisant les bonnes idées des uns et des autres, tout en gardant à l’esprit les concepts qui ont été validé depuis 1994.

Cette monoplace de 1997 a introduit un design qui a été développé jusqu’en 2000. Suivant cette fois l’école de l’évolution par la performance.

Ecole 2 : L’évolution par touche forte

La deuxième école est celle de l’évolution par touche forte. Williams entre 1988 et 1990, puis entre 1999 à 2002 a fait évoluer son design autour du même concept, comme Benetton entre 1992 et 1994 et McLaren entre 1981 et 1983. Le principe de cette école est d’introduire un design et de le faire évoluer autour de grandes idées. Williams avait conçu une monoplace fine, à la façon des Benetton, en 1988 avec le moteur V8 JUDD, puis la version 1989 était un modèle laboratoire pour le V10 Renault, avant de faire évoluer le design en 1990 et changer de concept en 1991. Benetton a fait la même chose en introduisant un design en 1992 avec une machine simple, puis en la faisant fortement évolué (suspension active, boite semi-auto, 4 roues directrices, ABS et antipatinage), pour ensuite fusionner les acquis des deux précédentes saisons pour développer une monoplace 1994 performante. Idem pour McLaren qui a introduit le châssis carbone avec la MP4 en 1981, avant de progressivement faire évoluer le concept, jusqu’à mettre en place la bouteille de coca à l’arrière de la monoplace et le moteur V6 TAG en 1983. Devant introduire le design dominateur de 1984. De la même façon Mercedes entre 2011 et 2013 a procédé de la même façon comme Benetton.

Williams après une monoplace 2017 difficile et une machine 2018 raté se retrouve dans la même situation que Team Lotus dans les années 70 et Ferrari dans les années 90. Si la FW42 dispose d’évolution de performance en septembre, c’est que la base est bonne et le concept sera repris pour la machine 2020. Sinon, il sera indiqué en juillet que la monoplace n’aura plus d’évolution jusqu’à la fin de la saison. Cela signifiera que la prochaine machine aura un design différent.

Publié dans Management, Note du Mardi, Technique F1 | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Note du Mardi – Les 2 écoles de conception et d’évolution d’une monoplace F1

Mercedes F1 révise sa stratégie moteur

Lewis Hamilton Mercedes W09L’ère de domination de Mercedes sur les moteurs est considérablement réduite pour la saison 2018. Après 4 saisons de domination, produisant des puissances de 3 à 5%  supérieures à la concurrence, la saison 2018 est un coup d’arrêt. La fin d’un avantage sur le traitement des huiles moteurs, qui a forcé les ingénieurs à revenir sur des solutions de 2016 dans l’urgence. Ainsi le moteur allemand propulsant la Mercedes W09 n’est plus le plus puissant du plateau. Il est même rentré dans le rang.

La communication du constructeur allemand a bien entretenue l’illusion pendant cette première partie de saison. Mais un doute s’opère. Les Ferrari tiennent largement le rythme et sont mêmes supérieures en fonction de la piste. Le mode « fiesta » a été un leurre permettant d’obtenir un léger surcroit de puissance (environ 30 cv), mais la réalité est qu’en mode course, le moteur Mercedes est au même niveau de puissance que son prédécesseur de 2016. Soit une puissance de 950 cv, soit moins que le Ferrari du début de saison (975 cv). Renault ayant débuté avec 930 cv et Honda avec 920 cv la saison 2018.

Lors du Grand Prix d’Italie 2016, le constructeur allemand avait introduit une évolution de son moteur, permettant d’obtenir un surcroit de puissance. Cette évolution introduisait le système qui est désormais interdit en 2018.  La récente évolution introduite lors du Grand Prix d’Autriche, permet de rattraper le retard de puissance à 985 cv, mais Ferrari a pris l’avantage dès le GP du Canada, pour cette première partie de saison. Le mode « fiesta » du constructeur à l’étoile permet de dépasser les 1000 cv.

Côté client, Mercedes procède toujours de la même façon : Un moteur conservateur en début de saison et ensuite l’évolution usine en fonctionne du classement de la mi-saison ou des deux tiers. Cela signifie que si Williams et Force India ont débuté la saison avec la même puissance que Mercedes (950cv), elle ne disposait pas du mode « fiesta ». Maintenant que nous arrivons à mi-saison, Force India (actuellement 6ème du classement) bénéficiera du mode « fiesta » qui lui permettra d’avoir 30cv de plus en qualification et bénéficiera pour son dernier jeu de moteur de fin de saison de l’évolution introduite lors du GP d’Autriche. Williams de son côté devra probablement attendre et bénéficier que du mode « fiesta » pour la deuxième partie de saison.

Dans l’absolu il n’y a pas d’urgence, car même avec 950 cv depuis le début de saison, l’unité Mercedes pour Force India et Williams est encore au niveau de performance de Renault, Honda et même Ferrari client.  Mais pour la première fois depuis 2014, la stratégie de répartition de puissance du constructeur à l’étoile est mise à mal.

Publié dans Management, Technique F1 | Tagué , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Mercedes F1 révise sa stratégie moteur

Red Bull, Honda et l’horizon 2021

Red Bull HondaLa signature du contrat de deux saisons entre Honda et Red Bull Racing met fin à une relation de douze saisons avec Renault et une perspective unique pour l’équipe autrichienne qui n’a jamais eu autant de choix face à elle, à la fois technique, sportive et économique.

Froidement, la décision a été prise avec une comparaison entre les évolutions du Moteur Honda et Renault lors du Grand Prix du Canada. Une bataille de communication. Honda annonçait une hausse de 20 cv, en réalité c’est 27 cv qui supplémentaire qui ont été obtenu. Côté Renault, le gain était annoncé de 30 cv. A la différence que cette hausse ne concernait que son équipe première. Red Bull et McLaren ne disposait que de 12 cv supplémentaire et il faudra attendre la deuxième partie de saison pour obtenir le même gain. Une éternité.

En termes de puissance moyenne (hors qualification), l’écart entre les deux moteurs est désormais comblé. Honda avec sa dernière évolution pointe à 947 cv, tandis que le Renault propulsant les RB16 pointe à 942 cv (tandis que l’équipe Renault Sport F1 dispose de 960 cv environ). La marge étant faible et le développement du moteur nippon évoluant autour des lubrifiants et carburants Exxon Mobil, l’avenir s’annonce plus prometteur. Les évaluations les plus optimistes indiquent une puissance similaire à celui du Ferrari et Mercedes de cette saison pour l’an prochain. Soit 980 cv. Il faut dire que Honda a largement changé d’attitude depuis quelque temps, grâce au duo Wendorff (ex Mercedes) et Mario Illien, proche de Red Bull depuis 2014/2015.

L’autre aspect non négligeable étant économique. Selon le Business Book GP 2018, Honda injecte 25 millions d’euros dans le budget de la Scuderia Toro Rosso. Une anecdote. Il est entendu que l’an prochain l’investissement dans les équipes Red Bull Racing et Scuderia Toro Rosso s’élèvera à 150 millions d’euros. Une forte évolution permettant à la première de s’installer pour les deux prochaines années comme un rivale de Ferrari et Mercedes et pour la seconde de s’installer comme rivale de Renault, McLaren et Force India.

De plus, Red Bull ne paiera plus ses moteurs à Renault. Depuis 2016, les blocs hybrides français sont badgé TAG HEUER, en échange pour l’horloger d’une participation à hauteur de 5 à 10 millions d’euros par année sur le prix d’un moteur estimé lui à environ 25 millions (le prix de la location, plus le prix de la rupture du contrat en 2015). Le moteur en 2019 sera simplement un HONDA. L’autre aspect sera le sponsoring d’Aston Martin, qui lui restera partenaire principal pour 2019 et 2020. En réalité Red Bull se ménage trois options pour 2021.

La première étant de continuer naturellement avec Honda. D’ailleurs le terme « pluriannuel » a été annoncé, ce qui signifie un deal de 4 ans et donc 2 années (2021 et 2022) en option. La seconde est avec Aston Martin. Le constructeur anglais a aujourd’hui 120 personnes pour l’étude et la réalisation du premier prototype du moteur 2021. Son introduction en Bourse doit en partie financer le reste. Enfin, il y a le cas Porsche. Le constructeur souhaite s’investir en 2019 et 2020 en Formule E, mais vise un retour en Formule 1 en 2021. Sous sa marque ? Avec le soutient d’un partenaire (TAG HEUER) ? L’avenir nous le dira d’ici 18 mois.

Publié dans F1 Leaders, Marketing, Technique F1 | Tagué , , , , , , , | Commentaires fermés sur Red Bull, Honda et l’horizon 2021