La brève histoire de Benetton et Ford en 1998
Depuis maintenant 16 ans, Renault est présent directement ou indirectement dans les murs de l’usine d’Enstone. Un épisode a faillit tout faire basculer pourtant. Symbole d’une lutte interne et d’influences. Retour en arrière. En 1998. La brève histoire de Benetton et Ford.
Septembre 1997, Flavio Briatore quitte ses fonctions et David Richards le remplace quelques jours plus tard. L’anglais, propriétaire de la société d’ingénierie Prodrive arrive seul aux commandes d’un navire à la dérive sportif et politique. Mis en vente pendant quelques mois, Benetton Formula ne trouva pas preneur, forçant alors la famille Benetton à trouver une solution radicale. La mission de Richards est de faire un audit et d’ensuite débuter les démarches aboutissants à un nouvel avenir.
Dès son arrivée, l’anglais découvre que Benetton Formula que le sponsoring principal de Mild Seven expire fin 1998, mais le plus important était qu’il n’y avait pas de moteur !
Dans le tourbillon du coup d’état chez Benetton, Flavio Briatore avait principalement utilisé la Scuderia Minardi comme base arrière politique. L’italien avait acheté une option du moteur Mecachrome pour l’usine de Fazena en 1998 (avec l’espoir de vendre l’équipe italienne à British American Tobacco) et revend son option à Benetton qui hérite ainsi du moteur Mecachrome (ex Renault RS9).
David Richards perturbé par les premières semaines de sa présidence, tarde à réaliser son audit et la famille Benetton s’impatiente. L’équipe signe au dernier moment un contrat de fourniture pneumatique avec Bridgestone et Richards pointe du doigt le problème : il faut un moteur provenant d’un constructeur.
Dès le Grand Prix de San Marin 1998, David Richards dîne avec Martin Whitacker, directeur de Ford Motorsport. L’anglais glisse à son interlocuteur que Benetton n’a qu’un contrat pour 1998 et 1999, sans exclusivité, avec Mecachrome et qu’il souhaite un vrai partenariat moteur avec un grand constructeur. Whitacker prend note. La situation de Ford est opaque. Son implication dans l’équipe Stewart a été augmentée, mais les résultats tardent. Richards souhaite un moteur pour l’an 2000, voir 1999 si possible. L’idée sur le fond n’est pas rejetée par Ford. Toutefois la rumeur d’une vente de Cosworth à Audi s’annonce dans la presse. En coulisse, Mecachrome discute avec BAR et Sauber.
Juste avant la course de Monaco, Renault annonce que Flavio Briatore allait s’occuper de la vente des moteurs Mecachrome (via Supertec), Giancarlo Fisichella (pilote managé par Briatore) termine sur le podium de la course. En coulisse, David Richards est ravit. Il a signé les accords Concorde jusqu’en 2008 assurant l’avenir de l’équipe Benetton et les performances des B198 permettent de penser qu’il peut conclure un accord avec Ford.
En Juin, tout s’accélère. Richards pense fermement qu’il faut que Benetton change de moteur. Estimant que Renault ne reviendra pas en 2000 ou 2001, parce que la marque française a signé un contrat de 5 ans avec Flavio Briatore. Par contre, la rumeur de vente de Cosworth l’ennuie. La société Vickers, véritable propriétaire du manufacturier moteur, souhaite vendre. Richards demande à Martin Whitaker plus d’informations, concernant l’implication de Ford en Formule 1. Un délai est demandé. Dans la presse, Honda Motor Compagny annonce son retour pour 1999 avec un accord avec la marque de tabac Mild Seven (Japan Tobacco) aurait été signé. Le financement de Benetton Formula pour le futur est menacé. Fin juin, BAR annonce un contrat de deux saisons avec Mecachrome-Supertec.
Au début du mois de Juillet, les rumeurs de l’avenir sur Ford s’enflamment. Le constructeur américain souhaite s’impliquer plus en Formule 1. Un projet de rachat de la famille Benetton de 50% de Cosworth Racing avec Ford, en échange d’un partage de Benetton Formula se dessine. Ce n’est qu’une rumeur. En marge du Grand Prix de France, Mecachrome annonce un nouveau moteur pour 1999 et 2000 et une nouvelle génération pour 2001. Quelques jours plus tard, Flavio Briatore s’entretien avec Tom Walkinshaw concernant la rumeur que TWR souhaite racheter l’activité F1 de Cosworth. L’écossais dément, précisant qu’il souhaite toutefois changer de moteur pour 1999 et demande des informations sur le futur moteur Supertec.
Vendredi 10 Juillet 1998, David Richards arrive chez Mecachrome dans le paddock de Silverstone. Une heure plus tard, l’annonce tombe : Benetton disposera d’un moteur Supertec-Mecachrome pour 1999 et 2000. 5 jours plus tard, Ford reprenait l’activité moteur F1 et électronique Pi Research. Un mois plus tard, la division d’ingénierie Cosworth est cédée à VW/Audi. L’histoire n’est pas terminée pour autant. L’idée en 2000 de fournir Stewart et Benetton séduit fortement Ford. Les discussions avec David Richards sont toujours actives. Mais l’homme est isolé. En substance, Benetton souhaite une fourniture moteur pour 2000, tandis que Ford souhaite une participation dans l’équipe italienne.
Jouant à quitte ou double, Richard indique à la famille Benetton qu’il partira de l’usine d’Enstone dans le cas ou un accord avec Ford n’est pas conclu. Quelques jours plus tard David Richards quitte Benetton Formula à peine une saison après avoir remplacé Flavio Briatore. Il est remplacé par Rocco Benetton.
En Décembre, Ford Motor Compagny annonce avoir prolongé l’aventure Stewart GP jusqu’en 2001. Juste avant, par l’entremise de Flavio Briatore, le manufacturier tabac japonais, Mild Seven prolonge jusqu’en 2000 contre 35 millions de dollars par année, son sponsoring avec Benetton Formula. Déjà en coulisse, l’ombre de Briatore et Renault se profile…