Note du Mardi – le projet marketing de 100 GP d’Alpine
Le patron de la marque Alpine, Laurent Rossi a donnée des précisions sur la prochaine feuille de route de l’équipe F1, avec l’ambition de viser le championnat du monde à l’horizon 2024.
La roadmap est originale dans la présentation : 100 GP, soit environ 4 saisons pour reconquérir le sommet du sport automobile. La feuille de route a débuté en 2021 avec la victoire d’Esteban Ocon au GP de Hongrie. Toutefois cette victoire est estimé comme chanceuse par le patron d’Alpine, qui vise à obtenir la victoire par la performance à terme.
La date de 2024 n’est pas anodine. Elle correspond à la dernière année du plan « marque » d’Alpine initié en 2016 et valable 10 ans.
Originale mais pas autant que cela. Lorsque Renault SA a repris pour 120 millions de dollars l’équipe Benetton Formula Ltd début des années 2000, il aura fallut 100 GP pour obtenir le titre de champion du monde de Formule 1. A l’époque, les deux premières saisons étaient sous le signe de Benetton, avant de passer en 2002 sous la marque Renault et de se lancer dans un projet de 5 saisons. Une communication subtile, car entre 2000 et 2001, le constructeur français a remis à jour l’outil de l’équipe italo-anglaise et tester son moteur à angle large. Par la suite, Flavio Briatore a présenté un plan de 5 ans destinée à conquérir le titre à l’horizon 2006.
Le marketing Legacyquel
Depuis son retour Renault a évolué dans sa stratégie. Sous la brève histoire sous Frederic Vasseur, le plan était de faire le remake de Mercedes (année 2010/2011/2012). La signature de Nico Hulkenberg était similaire à celle de Nico Rosberg fin 2009 et de longues discussions avec Fernando Alonso faisaient échos au retour de Michael Schumacher à l’époque. Cette stratégie n’a pas fait long feux. Dès 2017, le plan avait changé, sous l’impulsion de Cyril Abidboul, pour imiter la précédente ère de succès de Renault (2002/2006). La signature de Carlos Sainz allait dans le sens de l’histoire et l’objectif de viser la 4ème ou 5ème place du championnat des constructeurs, se gravait dans le marbre. Mais là encore la stratégie va changer avec la signature de Daniel Ricciardo pour 2019 et 2020 et celle d’Esteban Ocon pour la saison 2020, pour s’accélérer et conclure une ère.
Dans le détail, Renault a inscrit cette première année 8 pts en championnat et termina 9ème du championnat. Ce ratio de point ne représentait que 1% des points inscrit par Mercedes AMG (765 pts) cette saison-là. Pour 2017, Renault a inscrit 57 pts et termina 6ème du championnat des constructeur, cela représente 8.5% des points inscrit par Mercedes (668 pts). En 2018, la marque française a progressé à la 4ème place du championnat en inscrivant 122 pts, soit 18.5% des points de Mercedes (655 pts). La dernière saison 2019, Renault a terminé 5ème avec 91 pts en championnat, soit 12.4% des points de la marque allemande (739 pts), pour la dernière année sous la marque Renault, l’équipe a inscrit 181 pts pour la 5ème place du championnat, soit 32% des points de Mercedes (573 pts). Encore loin de l’héritage du projet 2002/2006.
Une planification revue
Depuis son retour en F1 comme équipe, Renault a changé 4 fois sa stratégie. Passant d’un projet inspiré de Mercedes à celui de l’héritage du passée, à celui de l’accélération de l’héritage pour finir par une inspiration du projet Lotus F1 aujourd’hui autour de la marque Alpine. Une instabilité stratégique court terme qui interroge sur la capacité de la marque à construire un projet solide. Reste la phrase d’Alain Prost en février 2016, lors de la présentation de l’équipe : « Il n’est pas pour Renault impératif de devenir champion du monde. Renault est une équipe de pointe. Pour nous le titre mondial est un plus. » Relançant une idée entrevue il y a vingtaine d’année maintenant, qu’il faut être structurer comme un top team, être un prétendant à la victoire et se développer politiquement dans le paddock.