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Jenson Button et Toyota Motorsport

Jenson Button Brésil GP F1 2014 McLarenEn étalant ses exigences vis-à vis de Ron Dennis – un maintien  de son salaire à 16 millions d’euros en 2015 – Jenson Button ne faisait que justifier sa déclaration : « Je suis un champion du monde et il est temps de le respecter. » Pourtant cet axiome n’a pas ébranlé Ron Dennis. Ni même d’autres patrons.

La piste Fernando Alonso/McLaren-Honda est de plus en plus claire. Le pilote espagnol n’a pas encore réglé ses détails avec la Scuderia Ferrari et retarde l’annonce d’un contrat signé à Sotchi, selon plusieurs sources. Le contrat porterait sur deux ans (2015/2016), avec une option pour 2017 et un salaire de base de 40 millions d’euros. Un important salaire qui serait la cause, disait-on à Interlagos, du départ de Jenson Button.

La stratégie de Richard Goddard, l’agent de Jenson Button, pour la saison 2015 n’avait rien à voir avec la précédente. En 2012, l’idée était de garder ses positions vis-à-vis de Lewis Hamilton et un salaire de rang, sans demander d’augmentation. Mais une évolution en fonction de l’obtention d’un titre mondial. Sauf que de titres, McLaren n’a jamais été en mesure d’en obtenir pour son pilote anglais. Goddard avait donc fait le choix d’appliquer la même stratégie que les représentants de Lewis Hamilton, il y a deux ans, avec Martin Whitmarsh : Faire payer à McLaren son manque de performance.

Une stratégie encouragée par l’arrivée de Honda et ses millions dans le budget de l’équipe anglaise. A ce jeu toutefois, Button y a perdu. Le scénario de la rupture c’est engagé. L’attente d’un nouveau contrat se faisant sentir, Ron Dennis aurait fait une offre sur un salaire de 12 millions d’euros en salaire et une prime de 4 millions d’euros, selon les résultats. L’accord était raisonnable pour tout le monde. Button n’ayant pas d’autres offres (seulement l’idée d’une retraite à l’époque). Mais à la rentrée, l’entente a été modifiée par Dennis. Le salaire a été diminué de 50%. Des 12 millions en salaire, il ne restait plus que 6 millions et 10 millions de primes. Cette offre serait celle qui a provoqué la déclaration de Button sur son statut de champion du monde.

Honda ne souhaitant participer qu’au salaire de Fernando Alonso et non à celui de Button, McLaren devait assumer de sa poche le salaire du champion du monde 2009. Une charge importante.

Button a refusé de signer un tel contrat. Pendant ce temps, Dennis discute depuis quelques semaines, d’une nouvelle entente avec Kevin Magnussen. Le jeune danois disposait d’une option pour 2015, qui se transforme progressivement en contrat de deux ans (2015 et 2016) contre une substantielle augmentation de salaire (1,5 millions d’euros l’an prochain et 3,5 millions en 2016, selon les estimations).

Un pas en dehors de la Formule 1, Richard Goddard discute sérieusement avec Toyota Motorsport, qui participe aux 24h du Mans et au championnat d’endurance face à Audi et Porsche. Une signature est proche entre les deux parties (on parle d’un salaire de 3 millions d’euros par an pour Button). Mais les dernières déclarations de Button laisse entendre qu’une solution pourrait être trouvée avec McLaren. Une importante baisse du salaire serait envisagée.

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Il y a 20 ans, Mansell-Prost et Senna étaient les Alonso-Hamilton et Vettel d’aujourd’hui

Senna Mansell Prost by Motorsport.comLa situation du trio Fernando Alonso-Sébastian Vettel-Lewis Hamilton est finalement assez similaire à ce qu’avaient vécu Alain Prost-Ayrton Senna et Nigel Mansell entre 1991 et 1994.

L’an de grâce 1991, Ayrton Senna domine la saison avec sa McLaren-Honda et seul Nigel Mansell au volant de sa Williams-Renault concurrence le brésilien pour le titre de champion du monde. En arrière plan, Alain Prost est licencié par la Scuderia Ferrari et ne termine pas la saison.

En coulisse les trois hommes négocient âprement leur avenir. Alain Prost obtient de Ferrari que son salaire de 12 millions de dollars soit payé intégralement pour la saison 1992. De son côté Nigel Mansell attend des nouvelles de Frank Williams pour prolonger l’aventure de 1991. L’anglais sait que la monoplace de 1992 lui permettra de viser le titre de champion du monde après qui il court depuis 1986. Mais, ses plans dépendent d’Ayrton Senna. Julian Jakobi, l’agent du brésilien décroche une offre pour 1992 de 12 millions de dollars et une offre de McLaren-Honda pour la même somme. Senna fait le choix à la fin de l’été de continuer avec Honda et McLaren. Mansell est prolongé dans la foulée et gagnera le titre 1992.

Depuis quelques mois la situation d’Alain Prost intrigue. L’homme n’en a pas terminé avec la Formule 1. Il réalise des essais pour le compte de Ligier et envisage la création de son équipe avec le soutient de Renault. Durant l’hiver 1991/1992, Ron Dennis et Frank Williams, d’un commun accord, offre chacun 5 millions de dollars à Alain Prost pour qu’il reste chez lui. Williams plus fin tacticien à l’époque obtiendra du français la promesse de signer en sa faveur pour 1993.

Nigel Mansell humilié en conférence de presse lors du GP d’Italie 1992 par Williams, annonce sa retraite sportive.  Luca di Montezemolo et Ferrari en quête d’un second souffle, tenteront de le convaincre de continuer. En Vain. Ayrton Senna quelques semaines auparavant avait annoncé à Frank Williams son intention de courir gratuitement pour lui en 1993. Mais, Alain Prost avait déjà signé son contrat Williams-Renault 1993. Impossible de réunir les deux frères ennemis. Senna, après avoir estimé l’offre de 23 millions de dollars de Ferrari pour 1993 et 1994, s’offre une longue réflexion après avoir annoncé à Ron Dennis son intention de prendre du recul décide de revenir sur les Grand Prix avec la McLaren motorisé par Ford.

Mansell brillant aux Etats-Unis en Indycar, Frank Williams signe avec Ayrton Senna pour 1994 en Septembre 93 et annonce à Alain Prost qu’ils seront équipier. Le quadruple champion du monde dévoile 48h plus tard sa retraite sportive.

Plus de vingt ans plus tard, Fernando Alonso, Lewis Hamilton et Sébastian Vettel sont dans la même situation que leurs ainés. Reste à trouver qui sera le Nigel Mansell, Ayrton Senna et Alain Prost de cette future histoire. Aujourd’hui Williams a laissé place à Mercedes AMG F1. Mais l’équipe alternative reste McLaren-Honda et le mythe restera toujours Ferrari.

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L’histoire nous montre qu’un retour d’Alonso chez McLaren est possible

Alonso Dennis McLaren 2007Flavio Briatore est un observateur de choix actuellement. Il est le conseiller de Fernando Alonso pour sa carrière. Sa phrase à propos de McLaren est révélatrice d’un changement de mentalité historique. « Tout le monde change » révèle en substance l’italien à propos d’un possible transfert du double champion du monde espagnol à Woking.

Woking théâtre du Spygate qui a fait basculer la Formule 1 dans une nouvelle ère. Alonso en avait été un acteur. Ron Dennis lui avait reproché cette implication. McLaren et Mercedes-Benz ont même effacé toutes traces du pilote dans leurs histoires. L’équipe anglaise a réhabilité l’espagnol la semaine dernière.

L’argument principal contre la réunion Alonso-McLaren dans un futur proche tiens dans l’histoire du SpyGate. Mais l’histoire a aussi montrée que des séparations houleuses pouvaient avoir une fin heureuse.

Lorsque Graham Hill quitte Lotus fin 1959, parce qu’il estime qu’il n’était pas assez payé. Il se fâche avec Colin Chapman durant de longues années. Hill reviendra pourtant en 1967 dans l’équipe et tiendra la barre du bateau Lotus à la dérive l’année suivante en apportant un titre de champion du monde de consolation, après la disparition de Jim Clark.

Jacques Laffite n’avait pas quitté Ligier (fin 1982) et même Williams en 1975 en bon terme. Guy Ligier, patron paternaliste traitait son pilote comme un fils, avec les reproches qui vont avec. Cela ne l’avait pas empêché le français de revenir dans l’équipe française en 1985 et l’anglaise en 1983.

Ronnie Peterson avait reproché à Colin Chapman en 1975 le manque de compétitivité des Lotus (un crime à l’époque). Le clash avait été violent entre les deux hommes. Pourtant en 1978, Peterson est revenu chez Lotus aux côtés d’Andretti pour piloter la Lotus 79. Un retour dramatique malheureusement.

Frank Williams et Nigel Mansell reste une histoire qui n’a jamais été un long fleuve tranquille. Un clash en 1988 et un retour en 1991, après que le pilote ait annoncé une première fois sa retraite. Le titre de 1992 réglera finalement l’histoire des deux hommes. Williams évincera publiquement son nouveau champion du monde, qui en larme annonce sa retraite. A regret. Williams le fera pourtant revenir deux années plus tard pour sauver l’histoire de l’équipe après la disparition d’Ayrton Senna.

Et Ron Dennis dans cette histoire ? La séparation avec Alain Prost en 1989 peut s’inspirer de l’épisode du SpyGate, mais interne. Prost reprochait à Honda de favoriser Senna et il reprochait à Ron Dennis de laisser faire. Les accusations ont été violentes et le faussé c’est creusé. Prost signe chez Ferrari l’année suivante. Pourtant de 1994 à 1996, Ron Dennis a tout fait pour que le quadruple champion du monde revienne derrière le volant d’une McLaren. En vain, malgré un contrat près à être signé pour 1996.

Luca di Montezemolo n’a-t-il pas évincé son dernier champion du monde, Kimi Raikkonen, pour le remplacer par Fernando Alonso  en 2010. Ce même Montezemolo a fait revenir le champion du monde finlandais en 2014. Malgré les désaccords de l’époque.

Même Alonso, après avoir quitter Renault en lui reprochant un manque de visibilité pour l’avenir et un manque d’implication a trahi Flavio Briatore pour signer avec McLaren en décembre 2005. Il reviendra chez Renault en 2008 pourtant.

L’histoire nous montre ainsi que des séparations violentes entre un pilote et son patron se traduit par une réconciliation avenir. Seul Niki Lauda n’est jamais revenu chez Ferrari après l’avoir quitté. C’est le seul fait de l’histoire. L’exception qui confirme la règle. Alors pourquoi un retour de Fernando Alonso chez McLaren serait impossible ?

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Note du Mardi – Les 6 étapes du retour gagnant pour McLaren

Le retour de Ron Dennis à la tête McLaren marque un tournant dans l’histoire de l’équipe. Au-delà de la restructuration technique, c’est aussi une restructuration d’image qui se construit sous nos yeux. Une image de come back.

Lorsque Ron Dennis a repris la destinée de l’équipe McLaren en 1980, un nouveau souffle c’est fait sentir autour de trois axes : un axe technique, un axe marketing et un axe sportif.

L’axe technique était constitué par la création du châssis carbone par John Barnard. Offrant une nouvelle image pour McLaren. L’axe marketing tournait autour de la marque de tabac Marlboro, ainsi que plusieurs sponsors haut de gamme. Enfin, l’axe sportif était simple :  Dès 1982, Ron Dennis a convaincu Niki Lauda de revenir et surtout de gagner. Complétant l’image de la nouvelle équipe McLaren.

2014 est une autre ère. Notre monde de communication aujourd’hui est plus complexe que par le passé. Ainsi, pour construire un come back vainqueur, voici les 6 clés.

1 – Devenir une nouvelle équipe

On ne revient pas sur un sentiment de revanche. Cela a été le cas au début du retour de Ron Dennis, évincé de la Formule 1 suite à une guerre interne Ecclestone-Mosley en 2008. Après quelques mois flou, l’ambition est désormais de construire une réputation d’équipe neuve.

McLaren a l’image d’une équipe expérimentée et compétente. Une équipe qui devenait agressive lorsqu’elle gagnait, brouillant l’ensemble. Elle manquait de proximité nécessaire pour donner envie de la suivre. Auparavant, l’image de McLaren reposait sur l’image de ses pilotes.

2 – Constituer une nouvelle équipe

L’arrivée d’Eric Boullier est la marque d’une équipe qui ne souhaite pas rester sur son passé. Entre 2009 et 2013, McLaren était dirigé dans la continuité par Martin Whitmarch. Sans rien apporter et perdant progressivement en crédibilité.

Techniquement le retour de Peter Prodromou s’inscrit dans la lignée du renouvellement que souhaite montrer McLaren.

3 – Comprendre son époque

McLaren c’est retrouvé éloignés de la lutte au championnat dans une période de changement majeur dans la Formule 1. Martin Whitmarch était partisan d’une forte réduction des coûts. Une autre époque. Ron Dennis a récemment indiqué que la Formule 1 devait changer et s’adapter à son époque. S’inscrivant dans l’esprit de compréhension du monde qui entoure la discipline.

Lors d’une récente réunion des chefs d’équipe, Ron Dennis n’a pas été accepté par Bernie Ecclestone. Forçant ce dernier à dire dans la presse que la Formule 1 n’aura pas « ses lumières et son expérience. » C’est dans la presse que Ron Dennis et McLaren doivent communiqués et non dans les réunions stériles.

L’équipe McLaren peut se transformer en arbitre ou générateur d’idées nouvelles et Ron Dennis son porte parole.

4 – Parfaire sa stature de top team

Historiquement McLaren est un top team et considéré comme tel. Mais son crédit a été entamé depuis plusieurs saisons. Le choix de Honda Motors de s’associer exclusivement (le temps d’une saison) avec l’équipe de Woking est la première étape.

La seconde étape est de séduire un sponsor principal et/ou un pilote de pointe. Les rumeurs autour de Vettel/Alonso/Hamilton/Button etc.. si détestable qu’elles soient pour les fans, participent à la construction de cette nouvelle image. McLaren est au centre désormais. Elle redevient un top team.

5 – Pousser la concurrence à la faute

L’un des grands principes de Ron Dennis et inscrit dans la doctrine McLaren est « d’affaiblir l’adversaire. » Cela consiste souvent à faire augmenter le salaire d’un pilote ou d’un ingénieur, en y prêtant un intérêt appuyé. C’est aujourd’hui le cas avec Fernando Alonso, Sébastian Vettel et même Lewis Hamilton.

Lorsque la proposition d’extension de contrat (2017-2019) a été proposée par Ferrari à Fernando Alonso, la presse allemande et italienne parlait de 35 millions d’euros par année de salaire pour le champion espagnol. Luca di Montezemolo avait indiqué que le salaire indiqué ne correspondait pas aux réalités du marché. McLaren propose 40 à 45 millions d’euros de salaire à ces pilotes là. Provoquant un certain mouvement dans le paddock aujourd’hui.

La prochaine étape tournera autour des ingénieurs star. En 1997, Ron Dennis n’avait pas hésité à payer 3 millions de dollars par année Adrian Newey, pour en faire son élément technique central. Provoquant une inflation sans précédent dans l’histoire des ingénieurs F1.

En imposant une nouvelle norme de salaires des pilotes champions du monde, McLaren forcera les autres équipes à majorer les salaires. Le Dr Helmut Marko a déjà indiqué que Sébastian Vettel avec 22 millions d’euros par année est l’athlète le plus cher de Red Bull. Un signe.

6 – Se réconcilier avec les médias

Revenant à l’attitude de Ron Dennis lors de la réunion du GP d’Italie, il est désormais essentiel pour le patron de McLaren de devenir une star médiatique et d’occuper l’espace. Il fait cet effort depuis le début de l’Eté. McLaren est une équipe classiquement médiatiquement. Son implication dans les réseaux sociaux est encore hésitante et ne participe pas réellement au changement d’image de l’équipe.

L’image médiatique est devenue la norme désormais. Un prolongement de soi. Dans un monde ou la diffusion de la Formule 1 se déroule derrière des murs payants la seule solution est d’occuper l’espace médiatique gratuit et social. Afin d’en profiter pour construire une nouvelle image, réactualisant un fier passé dans un premier temps, mais construisant une nouvelle époque. Une nouvelle ère. Pour cela, l’impact médiatique est indispensable.

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Note du Mardi : Les clauses de sorties des pilotes

La semaine dernière le magazine allemand Auto Motor und Sport  dévoilait une clause permettant à Fernando Alonso de quitter Ferrari : Si le pilote espagnol a plus de 25pts (l’équivalent d’une victoire) de retard sur le leader du championnat du monde pilote au 1er Septembre, il est possible pour lui de quitter la Scuderia.  L’histoire des clauses de sorties sont toutes aussi étonnante les unes que les autres.

Depuis les années 90 et les contrats à plusieurs millions de dollars sur une période supérieur à deux ans, les clauses de sorties pilotes sont indiquées comme volet de pression. Auparavant un pilote signait un contrat de deux ans ferme. Depuis les contrats d’Ayrton Senna chez McLaren en 1988-1990 et Alain Prost chez Ferrari (1990-1992) les clauses de sorties sont entrées en scène.

La plus connue reste la clause de performances.  Par le passé, le pilote étant plus influent que l’équipe cette clause était imposée pour avoir l’opportunité de quitter une équipe pour une autre plus performante. Depuis le développement de la Formule 1 autour des constructeurs dans les années 2000, les marques automobiles ont équilibré les rôles. Désormais le team peut se séparer de son pilote et le pilote à la possibilité de partir également.

Sébastian Vettel a une clause lui permettant de quitter dés la fin 2014 Red Bull Racing dans le cas ou il ne termine pas 3ème du championnat du monde des pilotes et/ou qu’il ne signe pas minimum deux victoires dans la saison. Dans le cas de Fernando Alonso c’est une double clause :  D’une part si Ferrari ne termine pas 3ème du championnat du monde constructeur à la date du 31 Juillet et d’autre part si l’écart au championnat pilote est supérieur à 25pts au 1er Septembre de chaque saison.

Il y a 10 ans, Jenson Button avait un contrat avec BAR-Honda qui indiquait que si le pilote avait au 31 Juillet de chaque saison 70% des points du leader, il était prolongé. Le plus souvent la clause indique la place de l’équipe au championnat du monde des constructeurs.

L’autre clause est une clause technique. Avoir un moteur officiel, un ingénieur ou la garantie technique égale à son équipier, sont les plus courantes. En 2004, lors du Button Gate opposant BAR-Honda à BMW-Williams, le principal problème était que l’équipe BAR n’avait pas de moteur Honda officiellement annoncé à la date d’échéance de la clause permettant de prolonger automatiquement Button, en cas de moteur Honda officiel au-delà de 2004.

Nous savons que pour le cas de Sébastian Vettel son contrat est indexé sur la présence d’Adrian Newey dans la direction technique de Red Bull Technology. Enfin, en 2007, Fernando Alonso a cassé son contrat McLaren-Mercedes en jouant sur le principe du doute sur l’équité technique du team de Woking envers sa personne et son statut de numéro 1 de l’équipe.

Enfin l’autre clause est une clause d’image. Imposée par les constructeurs automobiles propriétaires des équipes dans les années 2000, elle est l’héritage du fameux licenciement d’Alain Prost de chez Ferrari fin 1991.  Cette clause impose une auto-censure des pilotes. Ces derniers ne doivent pas critiquer publiquement ou voir leur propos repris dans la presse indirectement, sous peine de licenciement (ou de forte sanction comme uner retenue de salaire).  Cette clause a été activée par Ron Dennis en 2007 contre Fernando Alonso pour justifier le départ interne du double champion du monde espagnol auprès de son partenaire moteur, Mercedes-Benz.  Plus loin de nous, Alain Prost avait retenu 500.000 dollars du salaire de Jean Alesi en 2001 suite à des propos de l’avignonais dans l’Equipe durant l’été 2001. Notons que cette clause est essentiellement rattachée aux équipes soucieuses de leur image et non des pilotes. Il n’est pas connu de pilote qui ait quitté une équipe parce que l’équipe lui donnait une mauvaise image (une clause d’avenir toutefois).

Un cas qui peut se rattacher à cela serait un défaut de paiement des équipes envers les pilotes. Nico Hulkenberg est parti de Force India, puis de Sauber à cause de cela. Idem pour Kimi Raikkonen avec Lotus. Mais la séparation est basiquement financière et non un déficit d’image de l’équipe envers le pilote.

Héritage des précédents contrats, surtout sur la période 2000-2007, les accords d’aujourd’hui accordent  juridiquement une place nouvelle au pilote. Auparavant lié au bon vouloir du constructeur, qui décidait de sa carrière via des contrats long terme (3 ans minimum), le pilote peut désormais entendre la petite musique du choix de son avenir avec l’introduction de clauses de performances, ou d’avenir technique essentiellement,  au détriment de l’équipe. Equilibrant l’ordre des choses et ouvrant de nouvelles perspectives.

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McLaren, Vettel et Alonso dans la dernière ligne droite

McLaren MP4-29Autosport indique que McLaren pousse très fort pour signer Sébastian Vettel et Fernando Alonso, mais serait prêt à attendre 2016 ou 2017 pour obtenir leurs services, contre un engagement ferme des deux pilotes. Ce qui signifie deux choses. Soit que McLaren souhaite déjà signer des contrats avec les pilotes, soit qu’un précontrat est une option.

Premier choix de McLaren, selon nos informations. Nous savons que McLaren a déjà proposé depuis six mois un contrat à Fernando Alonso. Jusqu’à présent ce document a surtout servi de moyen de pression à Maranello, à tel point que Marco Mattiacci, en ayant pris connaissance de l’initiative de Ron Dennis, affirme à chaque course que le duo Alonso-Raikkonen sera chez Ferrari en 2015. Uniquement dans la presse (finlandaise, italienne et dernièrement sur la SKY). Fernando Alonso a refusé l’offre de prolongation jusqu’en 2019 qui lui a été proposé, préférant honorer son contrat jusqu’en 2016 et s’assurer des options.

Le cas Vettel est nouveau. Dans la presse allemande, Helmut Marko distille de nombreuses critiques de velours envers le quadruple champion du monde. Sébastian Vettel est disponible pour quitter l’équipe RBR en cette fin d’année. Contractuellement. L’implication de Red Bull Technology dans le système hybride  du futur moteur Energy Renault, égalise la déception de voir partir Adrian Newey de ses fonctions dans l’équipe autrichienne à Noël. Tout cela est fait pour maintenir l’intérêt de Vettel qui est séduit par l’idée de tenter une autre aventure. De plus, si départ il y a de Vettel, cela s’inscrira dans la logique de Red Bull en Formule 1. En effet, les jeunes pousses de Toro Rosso ne font que trois saisons, tandis que chez RBR les champions s’établisse pour 6 ou 7 ans (Webber 7 ans et Vettel est dans sa 6ème saison). La logique sera respectée pour faire un turn over de la filière. Surtout que Daniel Riccardo sera un bon leader en 2015 en cas de départ de l’allemand.

Autosport laisse entendre que les contrats Vettel-Alonso-McLaren pourraient être signés d’ici le GP de Singapour. Mais d’ici là un autre pilote pourrait revenir. Le deuxième choix de Ron Dennis sur la liste : Lewis Hamilton.

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Hamilton et McLaren-Honda

Le Grand Prix de Monaco pourrait avoir laissé des traces dans l’esprit de Lewis Hamilton. Des rapports du Daily Mail et du Daily Telegraph indiquent que l’équipe McLaren a fait une nouvelle approche auprès du champion du monde 2008 après la course du Canada. Laissant entendre que si l’écart avec Rosberg devient trop important, il quitterait l’aventure Mercedes AMG F1 pour tenter de se relancer à Woking.

Retour en Mars de cette année. Les jours avant la course inaugurale d’Australie, Ron Dennis contacte Lewis Hamilton pour avoir des nouvelles. Habillement le patron de McLaren glisse que si le pilote n’est pas satisfait de sa condition chez Mercedes AMG F1, il y aura toujours une place pour lui chez McLaren. Quelques semaines plus tard, Woking contacte Simon Fuller, l’agent de Lewis Hamilton, pour s’informer de la durée du contrat du pilote anglais avec l’équipe de Brackley. En réponse, le champion du monde 2008 fait entendre qu’il y a beaucoup d’incertitude pour McLaren en 2015 (châssis et moteur) et qu’il préférerait prolonger d’une année son contrat avec Mercedes en cas échéant. L’affaire en était restée là.

Mais avec Nico Rosberg creusant l’écart au championnat du monde des pilotes, depuis le GP du Canada, la situation de Lewis Hamilton devient complexe. A Stuttgart on se félicite de cette domination et on débute déjà des études sur l’impact en cas de titre de Nico Rosberg ou Lewis Hamilton. Souvenez-vous la rumeur Hamilton-Ferrari, elle n’était qu’un leurre pour laisser entendre que le pilote anglais serait ouvert pour l’étude d’options futures, comme nous vous l’avions indiqué. Rejetant en plus l’affirmation qu’il était à Maranello pour acheter une Ferrari à sa compagne. Impossible car il était ce jour là au Canada au repos.

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Note du Mardi : McLaren et le changement de culture

Eric Boullier, nouveau Team Principal de l’équipe McLaren a récemment indiqué que l’équipe anglaise était entrain de changer de philosophie. Elégante manière d’annoncer une rupture avec une ère précédente incarnée par Martin Whitmarsh (elle même l’idéalisation de la doctrine Ron Dennis), en engageant l’équipe dans un monde ultra compétitif qu’est le paddock de Formule 1 depuis quelques années.

Pendant trois décennies Ron Dennis a imposé la philosophie suivante : être copié et ne pas copier. Pour la première équipe qui en 1981 a lancée le châssis carbone sous l’expertise technique de John Barnard, qui n’a pas démarché un constructeur automobile, comme les autres équipes, pour disposer d’un moteur turbo en 1982. Mais un partenaire (TAG) et un constructeur sous-traitant (Porsche) pour concevoir son moteur qui sera champion du monde en 1984 et 1985. En deux exemples la philosophie McLaren est posée, mais elle souffre aujourd’hui d’un manque de résultats.

Après l’épisode Honda (1988-1992) et le départ d’Ayrton Senna. Ron Dennis c’est installé dans une rigueur psychologique qui a été sienne et qui c’est imprégné dans les murs de son usine. Une rigueur qui ne fonctionne que lorsque l’on gagne chaque année des titres. Ainsi, techniquement l’homme a préféré tout miser entre 1994 et 1997 sur l’aspect technique au lieu de payer une star (Senna en 1993 et Mansell en 1995). Ainsi, les McLaren de l’époque ne ressemblaient à aucune autre et étaient même à contre courant esthétique. Ron Dennis gérait son équipe technique comme si elle développait des voitures championnes du monde sans se rendre compte du retard cumulé. L’avènement d’Adrian Newey à Woking a permis de mélanger des cultures, de rattraper le retard, tout en permettant à l’usine de Woking d’être copiée (Ferrari, Stewart se sont inspirés de la philosophie technique de McLaren à l’époque). L’introduction de Mercedes-Benz dans le capital en 1999 a été la première pierre d’une nouvelle implication des constructeurs en Formule 1. Ils ne fournissaient non plus des moteurs et du financement pour l’équipe, mais participait au projet dans son ensemble. En termes de marketing McLaren était l’équipe qui était la plus agressive et la plus efficace (elle a été la première à avoir démarché Vodafone en 1999 pour exemple).

Sauf que l’affaire d’espionnage de 2007, puis l’ère Martin Whitmarsh ont bouleversé la doctrine. McLaren, aux yeux des fans, copiait les solutions techniques d’une autre équipe. Les quatre saisons Whitmarsh/McLaren ont été décevantes malgré les promesses. En termes d’image l’équipe ne copiait plus les autres, redorant son blason en innovant (F-Duct en 2010 – Echappement Coanda et nez sans cassure  en 2012 – suspension arrière aérodynamique en 2013), mais sa capacité de réaction face à des concurrents (Ferrari et Red Bull) a été très faible (voir comment le diffuseur soufflé a été géré en 2010 et 2011). Le déclin technique c’est opéré lentement. La dernière victoire de l’équipe remonte au GP de Belgique 2012. Dans le même sens, un duo de champions du monde (Button-Hamilton) était une bonne idée devant permettre de séduire Vodafone à long terme. McLaren espérait avec son sponsor principal tenir son Marlboro (22 ans de partenariat). En vain. Le marketing souffre des résultats de l’équipe et la communication reste basée sur l’histoire et non l’avenir. Ce qui a été fait est une bonne chose, mais y vivre est dangereux.

Exit l’isolation technique et l’état d’esprit de supériorité technique qui était dans l’air de Woking depuis plus de trente ans. Place à l’humilité et l’observation. En cela McLaren deviendra une équipe comme une autre. Probablement plus réactive. L’idéal n’est pas tellement de changer de doctrine mais de mélanger les cultures. A la manière de ce qui a été réalisé entre 1998 et 2005 avec Adrian Newey. C’est la clé pour Eric Boullier et Ron Dennis afin de reconstruire une équipe dominatrice et compétitive avec Honda dans le futur.

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McLaren en difficulté avec Honda

Il y a 10 jours une délégation chinoise visite le centre technique de Woking l’antre de l’excellence de l’équipe McLaren. Ron Dennis accompagne ses invités entre les murs de son œuvre sur une invitation datant de l’hiver dernier lors de la visite du patron de McLaren aux côtés du premier ministre David Cameron en Chine. Mais en coulisse c’est une autre histoire qui se dessine.

Alors que l’équipe technique de Tim Gross travaille sur une voiture hybride équipée du prochain moteur Honda, qui devrait réaliser ses premiers essais en marge du GP d’Angleterre et Abu Dhabi cette saison, l’équipe McLaren a présentée à Honda le budget de construction de la voiture hybride afin que le constructeur japonais la prenne à sa charge. Trouvant le coût exorbitant la facture a été renvoyée à Woking pour demander une révision à la baisse. Première alerte d’une relation qui commence à se tendre entre les deux partenaires ? Cela a semble t’il agité Ron Dennis qui sent la nervosité l’entourer depuis le début de la saison.

Catalyseur de motivations, Ron Dennis comprends que ses relations avec Mercedes-Benz sont catastrophique, l’équipe technique ne comprend pas pourquoi la MP4-29 ne fonctionne pas aussi bien qu’en simulation, McLaren Marketing (malgré la plus grande force de frappe du paddock) a des difficultés pour trouver un sponsor principal. Ainsi la maison de Woking est dans la pire situation de son histoire selon beaucoup d’observateurs. Et si la présence de Ron Dennis est présentée comme un moteur pour tout le monde, la communication ne peu masquer le culte du silence qui entoure Woking désormais.

L’histoire de la rumeur d’un investissement de Honda dans McLaren a été démentie par la marque nippone. Le détail à retenir étant que le constructeur japonais n’a pas consulté Ron Dennis et Woking sur des éléments de langage. Dans l’ombre de ses pensés Ron Dennis craint une révision de la stratégie de son partenaire à l’horizon 2016 avec une fourniture moteur à Red Bull Racing. Après avoir forcé la main auprès de Red Bull Racing sur le dossier Peter Prodromou. l’affaire Dan Fallow, qui finalement a décidé de rester à Milton Keynes, a interpellé l’homme de Woking. Certes insistant, RBR a cédé trop facilement Prodromou avec le recul.

Les représentants du fond d’investissement chinois ont été impressionnés par l’œuvre du maître de Woking. Mais il en faut plus pour convaincre pour préserver l’avenir et anticiper la politique de Honda.

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McLaren vers la piste sponsor/investisseur ?

Lorsque le 3 Décembre 2013, David Cameron visite l’Empire du Milieu avec une délégation de chef d’entreprise. Présent dans le petit groupe autour du premier ministre, Ron Dennis entame la seconde étape de son projet. Trouver des investisseurs chinois pour son empire.

Le marché chinois est devenu prioritaire de McLaren. Réalisant 10% de ses ventes (100 à 140 voitures par année), d’ici la fin de l’année 8 points de ventes permettront de vendre des McLaren. En somme, l’Empire du Milieu est devenu depuis plusieurs mois la priorité de Ron Dennis pour l’avenir de son entreprise. En début d’année 2014, la banque Morgan Stanley a été mandatée pour trouver l’investisseur qui prendra au minimum 20% du capital.

Mumtalakat Holding dispose de 50% du capital depuis le départ de Daimler en 2011. L’établissement basé au Bahreïn souhaite baisser dans un premier temps sa participation et plus tard la céder à moyen terme. Cette prise de participation permettra d’obtenir environ 70 à 100 millions d’euros.

Loin de l’idée de faire entrer Honda (qui a démenti depuis). Une piste intéressante serait de réaliser à plus grande échelle ce que Lotus a réalisé avec Yotaphone (9% du capital en échange de 9 millions d’euros). A savoir un pourcentage du capital en échange d’un espace sur la voiture, sur une période de trois ans. Cette solution pourrait fonctionner pour obtenir un sponsor/investisseur autour de 30 millions d’euros l’année.

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