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McLaren et son absence de solution moteur 1993

Honda_RA122E_Lorsque durant l’été 1991, Honda annonce à Ron Dennis son retrait de la Formule 1 à la fin de la saison 1992, l’attitude maîtrisée du manager anglais sombra dans une incertitude nouvelle. Au sommet de sa domination, enchaînant son 4ème titre mondial des constructeurs en 4 saisons avec le motoriste japonais, le mariage prendra fin quelques mois plus tard. Honda promettait un moteur nouvelle génération pour 1992 et les deux parties s’entendent pour terminer leur histoire sur un 5ème titre consécutif. Il n’en sera rien.

Reste à Ron Dennis à trouver un moteur compétitif pour 1993 afin de rester au sommet et concurrencer le duo  » Williams F1 Team-Renault «  qui commençait son âge d’or. La piste d’un retour de Porsche est rapidement abandonnée, suite aux piètres performances des moteurs allemands dans la Footwork de 1991. De son côté, Ford fournissait ses moteurs V8 HB en priorité à Benetton, enfin le prometteur moteur Illmor, dont Mercedes-Benz pris 25% discrètement durant l’année 1992 est réservé à la future équipe suisse Sauber. L’impasse était grande pour McLaren durant les mois d’été de la saison 1992. Deux solutions : Renault ou exploiter le nouveau moteur V12 Honda.

La piste Renault s’activa relativement vite… La marque française n’était pas contre d’équiper deux écuries de haut niveau. Ron Dennis et Mansour Ojjeh élaborent une stratégie visant à racheter Ligier pour obtenir le V10 français. Le projet était séduisant sur le papier : Moteur V8 HB client avec électronique TAG, boîte de vitesses et suspensions actives McLaren et mise à jour de la monoplace française par les ingénieurs anglais de Woking (quatre fois par saison). Le verrou ELF sera compliqué à faire sauter à cause de l’accord McLaren-Shell de l’époque, mais n’était pas impossible. De plus l’idée d’avoir une rivalité Senna-Prost sur deux voitures motorisées par Renault mais sur deux voitures différentes était séduisante pour 1993 et 1994. L’histoire aura été autrement et Flavio Briatore emportera la mise début 1994 et Benetton Formula avait signé un accord de fourniture pour 1995 avec Renault Sport.

L’autre poste était l’exploitation du futur V12 Honda. La marque japonaise avait dépensé pour sa conception l’équivalent de 230 Millions de dollars d’aujourd’hui. Un record pour un moteur utilisé une seule saison. L’idée de Ron Dennis était de débaucher le directeur technique de Honda, Ossamu Goto, pour ensuite développer une société capable d’exploiter le développement du moteur V12 pour la saison 1993 et au-delà. La FIA venait d’annoncer que le moteur 3.5 Litres pouvait continuer d’être utilisé en Formule 1 jusqu’en 2000, la perspective permettait de gagner du temps. D’autant que Peugeot était en approche et que Mercedes-Benz n’avait pas dit non. Les solutions moteurs pour McLaren étaient à moyen terme et pas à court terme.

Mais il y a eu d’autres pistes. Courant 1992, Ron Dennis échange avec Paul Rosche alors le gourou moteur de BMW Motorsport en Allemagne. La marque à l’hélice motorise le projet de voiture de route de McLaren et dispose dans ses cartons un moteur V12 de Formule 1 qui devait faire ses débuts en 1992. BMW ne voulait plus d’un projet F1 et Dennis a rapidement abandonné cette piste. En mai 1992, Le groupe Vickers (propriétaire de Rolls-Royce-Bentley et Cosworth) cherche à vendre ses actifs à bon prix. Mais n’obtiendra rien dans un premier temps. Toutefois cette première approche va être bénéfique pour la suite.

En 1993, McLaren est équipé d’un moteur V8 Client. Ron Dennis pour obtenir l’officiel va user d’astuce pour contourner le contrat Benetton. Dans un premier temps il propose Ossamu Gotto pour concevoir le nouveau V12 Cosworth Zetec-R qui sera rapidement abandonné au profit d’une architecture V8 pour 1994. Puis relança au printemps 1993 la piste d’un rachat de Cosworth auprès du groupe Vickers. Cette pression lui permettra d’obtenir un peu plus de puissance pour Ayrton Senna.

Septembre 1993, Ayrton Senna, essaie une McLaren MP4-8 équipée d’un V12 Lamborghini. L’idée d’avoir un accord avec Chrysler est autant important à l’esprit de Ron Dennis que l’unité Lamborghini Engineering en Italie. En fait, le constructeur américain veut vendre la marque italienne. La mise à prix sera de 50 millions de dollars. Ossamu Gotto et l’ingénieur en chef Mauro Forghieri retouchent le moteur V12 italien, qui gagne plusieurs dizaines de chevaux. Ayrton Senna, lui-même fait des louanges sur ce bloc ultra puissant et fiable. Mais Chrysler ne voulait pas vendre séparément le bureau d’étude moteur et le constructeur italien. L’affaire échoue. Le 8 Octobre 1993, McLaren signe un contrat de 4 ans avec Peugeot, puis le rompe pour une union avec Mercedes-Benz. Ossamu Gotto est libéré de McLaren durant l’hiver 93/94 et trouvera refuge chez Ferrari ou il dessinera le V12 le plus puissant de l’histoire de la marque (830cv en 1994 et ressemblant étrangement au Lambo) et le V10 de 1996 de la Scuderia.

Estimant que les titres de champion du monde des années 80 et 90 lui donnerait une image de marque certaine, Ron Dennis estimait qu’il était temps de développer son propre moteur à cette époque. Du moins se baser sur un moteur déjà existant et prestigieux. Le V12 était une cible à l’époque logique.

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Note du Mardi : La Formule 1 à deux vitesses sportives

Note du mardiDepuis trente ans, une constante : Pour devenir champion du monde il faut le soutien d’un partenaire constructeur. Ferrari naturellement et surtout Mercedes étant des équipes de constructeurs, McLaren et Williams par le passé ont toujours aspiré à définir leur investissement dans le sport avec un constructeur automobile. Red Bull Racing a fait la même chose avec Renault depuis 2011.  Pour le reste du plateau les moteurs sont clients. L’instant de faire un classement des champions du monde des constructeurs clients.

Si la solution de signer un partenariat avec un constructeur était un objectif pour franchir un cap sportif et surtout économique, par le passé. Depuis 2010 le manque de solutions moteurs sur le marché a inscrit la Formule 1 dans une ère nouvelle, moins diversifiée. Ferrari, Mercedes-Benz et Renault ont le monopole. En 2010, Mercedes-Benz devenait propriétaire de Brawn GP, Renault était toujours présent dans les murs d’Enstone (jusqu’en 2011) et Red Bull était cliente de la marque au losange. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que Brawn GP et Red Bull en 2009 et 2010 étaient clientes de constructeurs et non équipe officielle lors de leur premier titre de champion du monde constructeur.

Le top 3 des équipes championnes du monde moteur client :

2015 : Williams devant Force India et Lotus (pour le moment)
2014 : Williams devant McLaren et Force India
2013 : Lotus devant McLaren et Force India
2012 : Lotus devant Sauber et Force India
2011 : Force India devant Sauber et Toro Rosso
2010 : Williams devant Force India et Sauber

Ce classement depuis 2010 est intéressant, car il met en avant une valorisation du moment présent. Les équipes prémiums visant le sommet du vrai classement, un classement parallèle c’est mis en place et ce valorise également. Williams sur la période a été trois fois championne du monde des clientes, ce qui lui permet d’être efficace économiquement. Comme Lotus d’ailleurs qui profite de ses saisons 2012 et 2013 et de sa bonne prestation en 2015, pour trouver une solution d’avenir. Notons que Force India dispose d’un palmarès assez intéressant, car toujours sur le podium depuis 6 saisons. Ce qui explique son attractivité du moment.

Ce classement explique également que malgré tout, il y a une Formule 1 à deux vitesses depuis la crise de 2008. Une avec les équipes premiums jouant la victoire et le vrai classement du championnat du monde. Profitant de la médiatisation pour trouver des sponsors. De l’autre un classement « client » qui est également valorisé par les équipes pour survivre et maintenir leur compétitivité auprès de sponsors, souvent nouveau dans la discipline, mais à l’investissement moindre.

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[FanaticF1.com] Les débuts chaotiques entre Ferrari et Marlboro

Scuderia Ferrari

Il y a quelques semaines, la marque de cigarette Marlboro a renouvelé son partenariat jusqu’en 2019 avec la Scuderia Ferrari. Marquant ainsi un partenariat qui célébrera alors ses 35 ans. Mais que ce mariage fût difficile à mettre en place…

Lorsque Marlboro entra en Formule 1 avec BRM, l’ambition était sans limite : Devenir la marque de référence du sport automobile en s’associant avec les meilleurs. A l’époque, l’équipe anglaise engageait jusqu’à 6 monoplaces par Grand Prix et son budget était l’un des plus important du plateau. Sans que les résultats ne soient à la hauteur des investissements. Malheureusement !

Vous êtes libre de découvrir la suite de l’article en cliquant ici

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GP Brésil 2015 – Paddock Confidences

Interlagos GP 2015La proposition de Red Bull à Ferrari
L équipe autrichienne avait soumis l’idée à l’équipe de Maranello de lui fournir un moteur 2015, mais avec la possibilité pour Red Bull Racing de le modifier et d’apporter ainsi son concours à la lutte contre l’hégémonie de Mercedes-Benz. Contournant le réglement technique, mais avec l’aval de la FIA grâce au pouvoir de la marque italienne. Toro Rosso disposera d’un moteur 2015 simple.

Sauber contre les moteurs alternatifs
Monisha Kaltenborn, a critiqué ouvertement l’idée estimant que d’une part le coût annoncé (11 millions d’euros) ne sera que difficilement possible, puis que l’écart entre les moteurs hybrides et les nouveaux moteurs seront compliqués à équilibrer. Enfin, l’image « verte » de la F1 sera touchée, car les ravitaillements seraient à l’ordre du jour avec ce nouveau moteur. Sauber est ainsi septique sur l’efficacité de l’ensemble. l

La FIA a lancée l’appel d’offre moteur
Forçant la main des constructeurs présents actuellement en Formule 1, la Fédération Internationale de l’Automobile a lancé un appel d’offre pour le moteur alternatif. Répondant à l’idée de plusieurs équipes, d’être moins dépendant d’un constructeur pour évoluer techniquement. Bernie Ecclestone c’est longuement entretenue avec les dirigeants de Cosworth, mais c’est Illmor via Red Bull qui tiendrait la corde et proposerait le moteur non pas pour 11 millions, mais 6 ou 8 millions, selon les échos du paddock, car le moteur 2,2L Indycar ne coûte que 1,5 millions de dollars.

Guerre psychologique moteur
Sébastian Vettel a annoncé que l’écart de 20cv séparant le moteur Mercedes-Benz de Ferrari est désormais comblé. Confirmant les déclarations de Niki Lauda dans la presse allemande cette semaine. De son côté, Jenson Button a indiqué qu’il avait entendu que la Scuderia avait trouvé 100 cv dans son moteur en 2015, par rapport à celui de 2014.

Button, McLaren Honda et 2016
Jenson Button a annoncé qu’il estimait que la victoire n’était pas réellement possible en 2016 pour McLaren-Honda. une déclaration en contraste de son équipier Fernando Alonso qui estime qu’un bon hiver permettra à l’ensemble anglo-japonais de revenir sur le devant de la grille. Button en a profité également pour sous entendre que la saison prochaine pourrait être sa dernière en Formule 1, avant la retraite.

Alex Wurz team manager de Manor ? 
L’ex pilote autrichien aurait été approché par Stephen Fitzpatrick, patron de Manor, pour devenir team manager à partir de 2016. La petite équipe anglaise va recevoir la saison prochaine un moteur Mercedes-Benz et une assistance technique de Williams. Wurz n’a pas confirmé, ni démenti la nouvelle.

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1986, l’année ou McLaren a perdu le moteur Honda

McLaren MP4/3 proto 1987Après avoir obtenu les pleins pouvoir chez McLaren, Ron Dennis reconnu qu’il était dominé sur la piste, malgré la présence de Niki Lauda. Renault et Ferrari trustait les premières places en 1982 avec leur V6 turbo, tandis que ses rivaux, Bernie Ecclestone, via Brabham et Frank Williams visaient à obtenir le concours d’un constructeur automobile pour continuer d’être compétitif. Ecclestone de son côté avec BMW et Williams avec Ford dans un premier temps, puis plus tard Honda, après que l’un et l’autre ait flirté avec Matra durant l’année 1981. Pour Dennis et John Barnard, le directeur technique de l’équipe McLaren, aller démarcher un constructeur pour le convaincre d’investir sur un moteur pour qu’il soit compétitif prendrait beaucoup trop de temps. Il fallait reproduire ce que Ford avait fait avec Cosworth et Brabham avec Repco.

Brabham. La décision de Jack Brabham de faire préparer un moteur V8 3L, dérivé d’un Oldsmobile par une société australienne, Repco. L’association va permettre en 1966 et 1967 de devenir champion du monde des pilotes et constructeurs. Ron Dennis débutait comme mécanicien de l’équipe à cette époque-là.

Barnard cibla Porsche, qui avait une solide expérience des moteurs turbos, avec ses victoires aux 24h du Mans, Ron Dennis partira pour trouver celui qui financera le moteur. Au détour d’un Grand Prix, Dennis discutera avec Akram Ojjeh, qui était sponsor Williams à hauteur de 10 millions de dollars à l’époque via le groupe TAG. L’exposition du projet McLaren inspira Ojjeh qui pouvait financer un moteur de Formule 1 à son nom, bénéficiant du savoir-faire de Porsche, tout en pouvant vendre des brevets utilisés en Formule 1, via ce partenariat. Banco, TAG signe pour un accord de cinq saisons contre un investissement de 5 millions de dollars par saison.

Les titres mondiaux de Niki Lauda en 1984 et Alain Prost en 1985, ont confirmé la stratégie McLaren. Pourtant, l’émergence de Honda Motors en association avec Williams, sous les moqueries en 1984, puis discrètement en 1985 deviendra sérieux en 1986. Les bolides de l’usine de Didcot étaient supérieurs à la McLaren et il aura fallut toute l’expérience d’Alain Prost pour obtenir son deuxième titre de champion du monde face au duo Nigel Mansell et Nelson Piquet. Toutefois l’évidence était désormais claire : Honda allait imposer un standard.

L’accident de Frank Williams au détour d’une obscure route du sud de la France après une séance d’essais sur le circuit du Castellet en Mars 1986. De retour dans le paddock durant l’été sur le circuit de Brands Hatch, le patron de Honda, Yoshitoshi Sakurai lui exprime ses doutes quant à l’avenir de leur collaboration. En coulisse, les discussions entre Honda et Lotus se transforme en secret le plus mal gardé du paddock. Honda équipera dont deux équipes en 1987. Williams en est certain.

Au Printemps, Ron Dennis et Alain Prost entre dans l’aéroport de Genève. Ils ont rendez-vous dans l’un des salons de TAG Aviation. En face d’eux, des responsables nippons avec Nobuhiko Kawamoto, vice-président de Honda. Les pourparlers sont cordiaux, toutefois même si Ron Dennis avait compris que l’avenir de sa domination sur la Formule 1 passait par un partenariat avec un constructeur automobile, il écouta les désirs de Kawamoto concernant le duo de pilote. Le patron nippon était séduit par Alain Prost, Ayrton Senna et Nelson Piquet. Avec l’embauche de Keke Rosberg pour 1986, premier vainqueur Honda en 1984, les cartes étaient en main.

LA bataille autour du moteur Honda sera la première de l’histoire autour d’un constructeur. Williams bénéfiant d’un contrat jusqu’en 1987 était sécurisé, il restait une place. Un homme va compromettre le bel édifice : C’est Peter Warr, le Team Manager de Team Lotus. L’anglais, après le retrait de l’équipe Renault fin 1985 avait débutré des discussions avec Honda. Surfant sur Ayrton Senna et son retour comme top team. Honda hésita. D’un côté McLaren/Prost/Rosberg, de l’autre Lotus/Senna.

A partir de ce moment tous les moyens étaient permis. Williams souffla une rumeur d’un possible rachat du Team Lotus par Honda, tandis que Alain Prost rencontra au Japon, Soichiro Honda en fin de saison 1986.

Probablement grisé par son 3ème titre pilote, Ron Dennis, en déplacement à Tokyo demanda à Kawamoto de relire à Londres, le contrat pour 1987 de fourniture moteur Honda envers McLaren, avant de le parapher. Une démarche normale, mais qui au Japon est une insulte et une absence de confiance. Les japonais ont brutalement mis fin au contrat et se porteront vers Lotus quelques jours plus tard.

Le comportement supérieur, le dédain et à vouloir jouer en pensant qu’il avait la main, Ron Dennis avait perdu un titre de champion du monde potentiel pour 1987. A partir de cet épisode, le manager anglais décida de rompre avec ses habitudes. Apprenant les mœurs nippones, étudiant la culture et les coutumes culinaires. Une année plus tard, l’accord qui avait été prêt a été signé. Dans le détail, 5 ans (1988 à 1992), la supervision étroite du programme de développement, la fourniture du moteur atmosphérique et la promesse d’un duo Prost/Senna avec participation financière pour les salaires des deux stars. Permettant d’offrir une nouvelle étape dans l’histoire de l’équipe de Ron Dennis.

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Il y a 10 ans sur TWF1 – Le coup de BAR de 2005 (partie 2)

Honda F1[Article posté sur Tomorrownewsf1 le 1 Novembre 2005] Un mauvais début de saison, puis une compétitivité retrouvée au milieu de la saison, la fin du Button Gates, le renfort de Barrichello et enfin l’arrivée de Honda aux commandes de l’équipe. Le Team BAR a beaucoup évolué en 2005

 Le renfort de Barrichello

A la fin de la première partie de la saison 2005, les dirigeants de Honda et de BAR se réunissent pour rendre des comptes. A ce moment de la saison, zéro point était inscrit au compteur du championnat du monde et la crise couvait ouvertement dans l’usine de Brackley. Au-delà de la situation, l’un des sujets du jour était encore et toujours l’issue du contrat de Jenson Button et son possible remplacement. L’hypothèse de perdre Button pour 2006 était plus que sérieuse et la solution de sonder le marché pilote a été prise en ce jour de Juin.

Rubens Barrichello, le choix final, n’était pas le choix numéro 1 de l’équipe. Nick Heideld était le premier sur la liste, mais le pilote allemand avait signé un contrat 2007-2009 avec BMW et il était entendu que la marque allemande allait racheter Sauber, puis l’année 2006 d’Heidfeld à Williams. David Coulthard, un temps envisagé avait décidé de continuer l’aventure Red Bull. Restait la troisième solution : Barrichello. Une opération séduction c’est imposé avec le concours du nouveau directeur de course de l’équipe Honda, Gil de Ferran. A courir deux lièvres le surcout n’était pas loin. Profitant de la situation, l’entourage de Barrichello obtiendra un contrat de trois saisons (2006,2007, 2008) avec un salaire de 15 millions de dollars par année. Plus tard, Jenson Button obtiendra 13,5 millions de dollars sur la même période. Un surcoût qui fera exploser les coûts F1 du constructeur japonais pour 2006. La victime de l’histoire resta Takuma Sato. Devant le fait accompli, la direction de Honda racheta l’équipe BAR et à dû licencier son pilote.

Le rachat complet de BAR par Honda

Dès 1999, lors de la signature de l’accord de fourniture moteur à British American Racing, l’idée de vendre l’équipe à un constructeur était dans le plan d’action. BAT devait sponsoriser jusqu’en 2003 (prolongé jusqu’en 2006) l’équipe, qui devait voler par ses propres moyens avec l’aide d’un constructeur.  Honda et BAR était fait pour s’entendre.

Mi-2004 Honda prendra 45% de l’équipe avec l’objectif de trouver un gros sponsor. Le constructeur japonais s’impose contractuellement de trouver un sponsor autour de 40 millions de dollars par année. Peine perdue. RBS, INTEL, JOHNNY WALKER, IMODE etc.… les sponsors pourtant démarchés par le service marketing de BAR avec le soutien de Honda, ont tous signés avec la concurrence.

Un an plus tard, Honda disposait des 55% restant et définie la stratégie de sortie de BAT pour 2006. Le manufacturier de tabac resta sponsor principal à hauteur de 85 millions de dollars, mais l’équipe devra trouver un partenaire pour 2007. L’opérateur mobile anglais, Vodafone ardemment courtisé par les dirigeants de Honda pour 80M$ par an et le statut de sponsor principal ira plus tard chez McLaren. Intel a été le théâtre d’une surenchère entre McLaren et BAR pour le titre de sponsor principal en 2007. En jeu 120 millions de dollars sur trois ans. Un coup d’épée dans l’eau suite à une révision de la stratégie de la marque américaine en septembre 2005.

Le rachat de l’équipe BAR est surtout une décision politique forte de Honda. Jusqu’à présent la marque signait les chèques sans avoir son mot à dire dans la gestion de l’usine. Désormais Honda a annoncé qu’elle ne permettrait pas une saison 2006 similaire à celle de 2005. En maîtrisant le jeu, la marque japonaise entre en rivalité direct avec Toyota.

Le match des deux géants nippons ne fait que commencer et n’est pas sans rappeler le match BMW/Mercedes.

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Note du Mardi – Vers la quatrième génération d’équipe en Formule 1

Note du mardiDepuis l’ère moderne de la Formule 1, il y a eu trois phases de développement importante et nous entrons probablement dans la 4ème aujourd’hui.

La première phase était la période Ford DFV. Un constructeur était un partenaire de la Formule 1 dans son ensemble. En finançant ce V8, la marque américaine (surtout sa filiale anglaise) reprenait le flambeau de Coventry Climax avec son 4cyl et plus tard son V8.

La seconde phase est la transformation des équipes en société de technologies soutenues par un partenaire moteur exclusif. Cette phase débute véritablement dans les années 80 avec l’introduction d’autres constructeurs en Formule 1 équipant une ou deux équipes maximums. Les équipes sont devenues plus que des équipes, mais des sociétés automobiles de technologies de pointes, des start-ups augmentant leur effectif ou la professionnalisation était de mise. Une voiture n’était plus l’œuvre d’un homme, mais d’un ensemble.

La troisième phase est la conquête par les partenaires moteurs exclusifs des équipes pour en faire des filiales technologiques et marketing. Elle débute à la fin des années 90 et elle est toujours d’actualité aujourd’hui avec Mercedes depuis 2010 après le rachat de Brawn GP ou Marussia avec le rachat de Manor/Virgin GP en 2012.

Vers la quatrième phase

Depuis la crise de 2008 et le départ de nombreux constructeurs (Honda, Toyota, BMW, Ford en 2005 et Renault comme propriétaire d’équipe à partir de 2012), nous étions dans une phase de transition à la recherche d’un modèle économique et d’une application concrète d’une expérience de trente ans dan le domaine des composites, aérodynamiques, alliages et de la miniaturisation. Trois mondes s’affrontaient : les équipes premiums de constructeur (Ferrari, Mercedes en tête), les équipes devenues des constructeurs (McLaren, Williams voir Caterham par le passé), puis les équipes ayant un constructeur comme sponsor (Red Bull et Lotus).  Cette hybridation des modèles ne cache en rien la réalité : Avoir un constructeur comme partenaire est l’équivalent d’avoir signé un sponsor tabac il y a vingt ans. Un gage de réussite et de valorisation.

La quatrième phase l’idée n’est plus de faire payer le constructeur pour racheter son équipe, ni comme sponsor, mais d’utiliser son nom en support d’un sponsor pour créer des synergies gagnant gagnant.

Le modèle Force India-Aston Martin-Diageo

Le projet avait été déjà proposé à Red Bull Racing qui l’avait refusé. L’idée est que le constructeur cède gratuitement sa marque en échange du soutien d’un sponsor qui finance l’introduction de cette marque en échange, là, de vastes espaces sur la voiture pour sa propre marque.

Diageo ayant quitté McLaren, souhaite investir plus massivement en Formule 1 en s’associant avec un nom. Lotus a bien démarché le groupe, mais c’est Force India qui tient la corde en association avec Aston Martin. La marque anglaise n’a pas les moyens de sponsoriser une équipe, ni même de la racheter. Mais en acceptant de céder le droit de sa marque sous la forme d’une licence pendant une période de 5 ans, l’affaire est entrain de se réaliser. Il est possible qu’Aston Martin touchera un pourcentage sur le sponsoring à partir d’un certain gain (on appel cela un Back End) prédéfinie.  Ainsi Force India deviendra Aston Martin F1 Team et le groupe Diageo déboursera environ 25 millions d’euros pour devenir le sponsor principal de l’équipe.

C’est la reprise du projet Renault-Lotus imaginé par Genii Capital, mais payé par un tiers en s’inspirant du projet proposé par Virgin à Brawn en Mai 2009. Pour rappel, l’accord Lotus-Genii était d’une durée de 7 ans (jusqu’en 2017) en échange d’un sponsoring de 20 à 30 millions d’euros par année. La voiture était intégralement sous les couleurs du constructeur. Tandis que l’accord Brawn-Virgin indiquait que la marque anglaise sponsorisait intégralement l’équipe pour 30 millions de dollars en échange de toucher 50% du sponsoring de l’équipe si les revenus dépassait l’avance donnée. Ce mélange des deux sera un modèle serait à la fois  intéressant  et gagnant-gagnant pour tout le monde. Pas impossible qu’il représentera l’avenir des équipes de Formule 1.

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GP Mexique 2015 – Paddock Confidences

Mexico GP 2015Planification de fin de carrière
Si Lewis Hamilton a laissé entendre qu’il terminera sa carrière chez Mercedes AMG F1 à l’horizon 2022, Kimi Raikkonen a indiqué qu’il terminera également sa carrière chez Ferrari à l’horizon 2017. Fernando Alonso de son côté a confirmé que McLaren serait sa dernière équipe.

Lotus entre Mercedes et Renault
Dans l’attente d’une issue heureuse avec le constructeur français, l’équipe d’Enstone développe deux monoplaces. La première est un dérivée du modèle E23 avec un moteur Mercedes-Benz 2015, à la manière de Manor cette saison. La seconde est le modèle 2016 équipée du moteur Renault. Il existerait une clause de sécurité entre Mercedes-Benz et Lotus en cas de non rachat de l’équipe par Renault.

Manor et le moteur Mercedes
Les départs de Booth et Lowdon ouvre la porte à une vente de l’équipe Manor pour 2016. Mercedes-Benz qui a signé son contrat de fourniture 2016-2020 avec l’équipe a disposé d’une clause de rachat avec véto. C’est à dire que si une équipe F1 souhaite racheter l’équipe, la marque allemande pourra dire non. Une mesure anti Red Bull Racing. Le contrat Manor est une suite du contrat Lotus. Comme une sorte de sous location de moteur.

Red Bull et l’avenir
Si Danii Kvyat a été annoncé pour 2016 la question sera de savoir avec quel moteur ? Honda et McLaren ne souhaite pas réellement collaborer, malgré la pression de Bernie Ecclestone sur Ron Dennis. L’autre option est de rester avec Renault pour 2016, mais avec un moteur plus coûteux et avec des pénalités financières en cas de critiques de la part de la marque autrichienne. Ambiance.

Aston Martin et Force India
Après une approche avec RBR au début de l’été, la marque de luxe anglaise revient sur le devant de la scène avec une discussion pour devenir partenaire de Force India. En coulisse cette pseudo annonce ressemble à un coup de communication en vue de la promotion du prochain James Bond, Spectre qui sortira en salle le 11 Novembre. Contractuellement les marques partenaires du film doivent faire parler du film directement et indirectement. Aston Martin étant l’une des marques associés au personnage, la promotion est réussie cette saison.

Haas et Gutierrez
La nomination sans surprise d’Esteban Gutierrez comme second pilote Haas F1 Team s’accompagnerait d’un chèque du groupe mexicain Telmex de 20 millions d’euros. Claro et Telcel seront les principales marques visible sur la voiture de 2016.

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Note du Mardi : l’Art de la négociation par Niki Lauda

Note du mardiRéputé pour négocier sans intermédiaire, Niki Lauda a livré dans un livre à paraître, les 5 règles pour bien négocier son contrat de pilote. Leçon.

Règle 1 : Calculer le prix du marché

En 1978, Lauda était payé 500.000 dollars pour piloter une Brabham Alfa Romeo. Toutefois, il n’était pas le pilote le plus payé (Mario Andretti touchait 750.000 dollars) et le pilote autrichien avait entendu que Ronnie Peterson avait obtenu 2 millions de dollars pour piloter une McLaren Ford en 1979 1979. Un salaire énorme pour un pilote qui n’a jamais été champion du monde. Lauda estima qu’il en valait autant et demanda le même salaire à Bernie Ecclestone et Brabham. Les négociations ont durées 4 mois. (voir ici pour ne savoir plus).

Plus tard, lors de son retour en Formule 1 chez McLaren, Lauda se souvenant de son salaire 1979,  demanda un million de plus aux directeurs de la marque de tabac Marlboro, qui vont finalement lui offrir 4 millions de dollars pour 1982. Juste après l’annonce de sa retraite, Lauda recevra une offre de Bernie Ecclestone de 6 millions de dollars pour  piloter une Brabham BMW en 1986. Ce qui aurait fait de lui, le pilote le plus payé du paddock.

Règle 2 : Moins d’émotions impliquées égale meilleure négociation

Lorsque Lauda a demandé son salaire 1979, Bernie Ecclestone a tenté de contourner la proposition pour payer moins. Le souci est que la présence du champion autrichien dépendait de la présence du sponsor italien Parmalat. Ecclestone qui cherchait à faire payer plus la marque italienne a profité de la lenteur des négociations du contrat avec Lauda, en dramatisant les choses. Lauda ne s’est pas laissé aspirer par la manœuvre.

En 1977, il raconte qu’Enzo Ferrari lui a demandé combien il voulait pour rester chez Ferrari. Lauda a demandé 5 millions de shilling. Le Commendator avait compris 5 millions de lires  et a appelé son comptable au téléphone pour obtenir une conversion. La somme étant tellement énorme (420.000 dollars de l’époque), que Enzo Ferrari s’est emporté.

En 1981, Ron Dennis a demandé d’insérer la clause des trois Grand Prix de sursis pour 1982. Clause qui a été accepté par Lauda du bout des lèvres. Toutefois, après son troisième titre de champion du monde, l’autrichien demanda 5 millions de dollars et ce verra proposé 2,5 millions de dollars en retour et tout le monde tomba d’accord à 4 millions.  Une anecdote présente assez bien cette règle. Un jour de 1985, Ron Dennis s’est plaint du comportement peu sympathique du pilote autrichien à son égare. « Au prix que je te paie, tu pourrais être sympathique Niki ! » lui lança Ron Dennis. Flegmatique, Lauda lui répondit : « cela ne fait pas parti du contrat. »

Règle 3 : se désintéresser du show

Dans une négociation il y a toujours une partie de show. Une fois que la proposition est posée, il faut attendre la contre proposition. Lors de sa négociation avec Enzo Ferrari, Lauda avait réagit devant le refus du vieille homme : « bon et bien je vais ailleurs. » en réaction, l’italien proposa 320.000 dollars. Furieux, Lauda lança au Commandator qu’il ne sera plus jamais champion du monde après son départ.

Dans ses négociations 1985 avec Ron Dennis, Lauda avait accepté les concessions, estimant que cette nouvelle saison était celle de son jubilé et non pour reconquérir son titre de champion 1984. Durant cette année là, Dennis mettra beaucoup en avant Alain Prost, présenté alors comme l’avenir de McLaren.

Règle 4 : La marge

Le principe de la marge est un baromètre d’opposition. Il ne faut pas tout utiliser à la fois. Lauda a toujours été sur une marge de 5%. Au départ de ses négociations avec Ferrari la marge était de 1%, quand le vieil homme a commencé à s’emporter. Lauda a franchi les 4% restant et a indiqué fermement : « Ce sera mon offre finale. »

Ce que nomme Lauda « la marge » c’est être raisonnable et souple dans la négociation pour aboutir à une conclusion, bénéfique ou pas.

Lorsque les directeurs de Marlboro, dans le doutes demandèrent pourquoi ils devaient payer si chère pour le faire revenir en Formule 1, Lauda expliqua que ses talents de pilote valaient 1 dollar, mais que les 3 millions restant était ce qu’il valait en matière d’image et d’apport technique.  Une semaine plus tard, la contre offre de Marlboro était de 4 millions de dollars.

Regle 5 : Le respect

Lauda indique que face à des personnes comme Bernie Ecclestone et Enzo Ferrari il ne faut pas être des béni-oui-oui se couchant à la moindre contre offre ou remarque. Il faut négocier vraiment dur.

Mais sachez que « c’est celui qui a l’or qui donne les règles. » Lauda en a été l’illustration parfaite durant toute sa carrière de BRM à McLaren.

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GP Russie 2015 – Paddock Confidences

Kimi Raikkonen Sotchi 2015 GP Bernie et les petites phrases
Après avoir conseillé à Dietrich Matershitz d’acheter le groupe Volkswagen pour résoudre son problème moteur, l’argentier de la Formule 1 a affirmé qu’une solution pour 2016 était trouvée pour l’équipe autrichienne. Laissant entendre que la fourniture pourrait se faire sans le système hybride (qui serait à la charge de RBR). Donc juste un moteur turbo. Un retour avec Renault ?

Toro Rosso et Ferrari
Franz Tost a indiqué qu’il serait prêt à accepter que les Toro Rosso puissent être propulsés en 2016 par un moteur Ferrari 2015.

Fernando et la Formule 1
Flavio Briatore estime que le double champion du monde espagnol, actuellement chez McLaren-Honda fera encore 4 ou 5 saisons en Formule 1 avant de prendre sa retraite. Soit 2 ou 3 saisons de plus que son contrat actuel avec l’équipe de Woking, qui pourrait bien être sa dernière équipe.

Lotus, Renault et Bernie
Bernie Ecclestone ne comprends pas pourquoi Renault ne réalise pas l’achat de Lotus F1 Team. Seule explication selon lui : Gravity (Genii Capital), n’est pas l’unique vendeur dans l’affaire. L’opération pourrait coûter du temps et probablement de l’argents à la marque française.

Sauber et Ferrari à la pointe
Alors que les clients de Mercedes-Benz doivent attendre 2016 pour pouvoir disposer du moteur utilisé depuis Monza dans les flèches d’argent, la Scuderia Ferrari a proposé sa dernière évolution moteur à l’équipe Sauber qui a préféré disposer du moteur « évolution Canada » plus adapté à sa C34.

 

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