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Note du Mardi – Ferrari dans l’obligation de repenser son sponsoring

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa saison 2022 marquera pour la Scuderia Ferrari la fin d’un cycle qui a débuté en 2007. Quinze an de partenariat stratégique avec le manufacturier de tabac Philip Morris qui ne vont pas s’arrêter brusquement, mais se réajuster.

Fruit d’une longue guerre entre Jean Todt et Luca di Monzemolo, le premier contrat 2007-2011 d’une valeur d’un milliard de dollars de l’époque, se résumait à un projet : racheter tout les espaces des Ferrari avant le début de saison et ensuite la Scuderia engageait des partenaires et rétrocédait une partie à son partenaire tabac. Puis entre 2012 et 2017, le partenariat a évolué en visant un remboursement de 70% de la somme avancé. Un système qui perdure encore dans le contrat qui vient de se termine. Seul les sommes ont varié selon les dispositions. Dans l’ensemble la marque Marlboro a dépensé 2 milliards d’euros en 15 ans de partenariat.

Un pivot vers la santé 

Toutefois, le changement de politique du groupe américain (vers la santé principalement) rend obsolète un partenariat qui ne respectait pas totalement les lois en vigueur dans le sport et auprès de l’Organisation Mondial de la Santé. L’esprit et la lettre. Philip Morris ne souhaitait pas continuer dans les mêmes dispositions et a proposé un retour en arrière.

Une construction globale du partenariat

L’histoire de Philip Morris et Ferrari a débuté dans les années 80, après la reprise du contrat par la Scuderia du deal qui avait été conclu entre la marque de tabac et Alfa Roméo. A l’époque, entre 1982 et 1996, cela consistait à payer les salaires des pilotes Ferrari. En 1990, le groupe américain a déboursé 24 millions dollars pour les salaires d’Alain Prost et Nigel Mansell. En 1996, elle a déboursé 25 millions de dollars pour le salaire de Michael Schumacher. Puis, en 1997, elle décide de quitter McLaren pour concentrer son sponsoring global sur la Scuderia Ferrari. Ainsi c’est environ 55 à 80 millions de dollars qui ont été injecté dans le budget de la Scuderia.

Ferrari se dirige vers une reconstruction de son offre et son statut de marque de luxe

Avec l’introduction du budget plafond, la réduite cellule marketing de la Scuderia à Maranello, visait à reproduire le même schéma que précédemment. Mais, son partenaire américain avait refusé, engageant une discussion qui a durée une année. Un retour à un partenariat comme entre 1997 à 2006 est dans l’air. Logiquement. Mais, cela signifie que Ferrari repense ses partenaires pour cette saison 2022 en confirmant son statut de marque de luxe

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Note du Mardi – Jean Todt et les dessous des cartes

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLe retour de Jean Todt chez Ferrari en qualité de Super Consultant n’aura été qu’une fable médiatique. Une bonne histoire, mais la réalité est beaucoup plus complexe et remonte 15 ans en arrière : la fin du mandat de Jean Todt chez Ferrari.

Deux hommes et un chapeau de paille

Monza 2006, Michael Schumacher franchi la ligne d’arrivée. Luca Colajanni, l’attachée de presse de la Scuderia, distribue un communiqué annonçant la nouvelle du départ à la retraite du septuple champion du monde. L’italien avait agit bizarrement, selon la pratique, sur ordre de Luca di Montezemolo, alors président de FIAT et Ferrari. Monza a été la victoire de Montezemolo sur Jean Todt. L’annonce dans la foulée de l’arrivée de Kimi Raikkonen pour 2007 chez les rouges provoquait le départ de Schumacher. En coulisse pourtant, l’inimitié entre le manager français et le patron italien était à son apogée.

Rouge et noir 

Retour en début d’année 2006, alors que Michael Schumacher mettait la pression sur la Scuderia Ferrari à propos de la compétitivité de la 248, Luca di Montezemolo rencontre Martin Sorrel, le patron de l’agence VPP. L’ordre du jour de cette rencontre est le remplacement de Marlboro dans le portefeuille des partenaires de la Scuderia. Quelques semaines plus tard, Jean Todt, ayant pris connaissance de ce projet rencontra Sorrel pour lui annoncer qu’un accord a été trouvé avec Marlboro (5 ans contre 1 milliard de dollars à l’époque). Le courroux de Montezemolo a été important et l’italien découvrit qu’il n’était plus maitre à Maranello. Jean Todt avait été nommé un an auparavant Directeur Général de Ferrari, mais Montezemolo ne contrôlait plus Todt. Cette épisode Schumacher/Raikkonen dans ces années-là a provoqué le départ de Ross Brawn (victime collatéral de la rivalité) et prolongea Todt pour l’année 2007. En contrepartie, Felipe Massa (managé par Nicolas Todt) avait été prolongé une première fois pour 2007 et une seconde fois pour 2008-2010, avant que Jean Todt ne quitte définitivement Maranello.

Le baron noir 

A partir de ce moment, la rivalité entre le français et le patron italien a été un marqueur fort, dès que Jean Todt a été président de la FIA en 2010. Les histoires de coulisses sont nombreuses et la Scuderia Ferrari a été une victime de changement intempestif de réglementation. Silverstone 2011 est l’exemple d’une humiliation. Fernando Alonso remporte la seule victoire Ferrari de la saison, lors de la seule course ou Red Bull n’avait pas le droit d’utiliser son système d’échappement soufflés. La course suivante le système était de nouveau autorisé et Sébastian Vettel remporta le titre de champion du monde pour la seconde fois. Les rumeurs ont longtemps indiqué que Mercedes a été favorisé autour de son moteur à partir de 2014. Sans preuve, naturellement.

L’ère Todt était d’interdire de manière différée, tout en donnant un exemple, alors que Max Mosley interdisait avec effet immédiat. L’affaire des moteurs de 2019 et son traitement à la barbichette par la FIA, a également laissé une amertume du côté de Maranello et envers Jean Todt. Le départ de Luca di Montezemolo a adouci les relations, mais le mal était fait.

Le coeur a saigné 

La presse ibérique a rapporté en off que de nombreux employés de Ferrari – à commencer probablement par Mattia Binotto lui-même – ont également alerté John Elkann, le grand patron de Ferrari, que le retour de Todt implique également un retour à certaines pratiques d’image douteuses, comme le fait que son fils Nicolas soit le manager de Charles Leclerc. Les fantômes sont encore présent chez Ferrari et d’une signature imminente, d’un rôle de super consultant, les ambitions, vengeances et souvenir ont donné lieu à une non-signature et un retour à la méfiance dans une Scuderia en pleine restructuration.

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Note du Mardi – la rivalité comme moteur compétitif

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgAlors que le monde de la F1 attend un signe de Lewis Hamilton, afin de savoir si le septuple champion du monde participera au championnat du monde 2022, son duel avec Max Verstappen a été souvent comparé au duel Alain Prost et Ayrton Senna. Une facilité, car le duel franco-brésilien est devenu au fil du temps, le symbole d’une rivalité entre pilote. D’autres combats ont eu lieu depuis, tout aussi spectaculaire, mais cela se déroulait uniquement sur la piste. Nous entrons ainsi dans une dimension politique du sport avec le duel Hamilton/Verstappen, comme du temps Senna/Prost.

Reste une troisième dimension qui a été abordé par Alain Prost auprès de Nico Rosberg, dans la chaine YouTube de ce dernier : La motivation de la rivalité.

Jusqu’au début de la saison 2021, Lewis Hamilton et Max Verstappen entretenaient une relation de respect. L’un était le septuple champion du monde et l’autre un candidat au titre. Historiquement le vétéran est toujours considéré comme le méchant et l’aspirant comme le gentil. Le GP d’Angleterre à Silverstone a fait basculer la saison. Hamilton est définitivement le méchant. Nico Rosberg précise que lorsque les ingénieurs, les patrons et les médias commencent à amplifier un incident, cela entraine une spirale d’animosité qu’il est difficile a arrêter.

Alain Prost a indiqué qu’après Imola 1988, il a tenté d’échanger avec Senna pour réduire les tensions. Mais il s’est rendu compte que si la politesse était présente, il détestait l’idée d’avoir une certaine amitié avec le pilote brésilien. Une réflexion que Nico Rosberg interprète en estimant que ce besoin d’inimitié est une intériorisation d’un signe de faiblesse. Prost est d’accord avec l’analyse du champion du monde 2016, car Ayrton Senna n’a plus jamais été le même. L’armure du champion brésilien c’est construite autour de la rivalité avec le quadruple champion du monde français.

Avoir un rival motive et permet l’unité

L’histoire avec un grand H, nous a montré que la rivalité entre deux pays avait un sens. Lors de la guerre Franco-allemande de 1870/1871, l’Allemagne avait besoin d’une guerre contre les Français pour créer un empire (Reich) uni et non plus un pays avec des provinces puissantes et indépendantes. Un Ennemie commun pour une unité commune. Cette guerre a permis à l’Allemagne de devenir une puissance économique par la suite.

Ce ressort a été la force de Michael Schumacher avec ses équipes Benetton et Ferrari. Désigner un adversaire afin de permettre d’unir l’équipe autour de sa personne et de son dessein. Par le passé, Nelson Piquet ne faisait pas autre chose contre Nigel Mansell et Ayrton Senna, voir Alain Prost en 1983.

Un seul être vous manque…

Suite à l’annonce de la retraite d’Alain Prost fin 1993, Ayrton Senna a signé pour 1994 et 1995 avec Williams Renault. 2 jours avant le GP d’Australie, Senna demande à Prost de renoncer à sa retraite et d’accepter l’offre de McLaren qui sera propulsé par Peugeot en 1994. « Alain, tu dois rester en F1, personne ne me motive comme toi. » cite Alain Prost, qui estime que cela était un peu choquant.

Alain Prost réalisera deux essais avec la McLaren Peugeot durant l’intersaison 1994. Hésitant. Lors du tour d’illustration réalisé pour TF1 à Imola, Ayrton Senna glissa avant le tour : « j’ai un message spécial à mon ami Alain. Alain tu me manque. » Le triple champion du monde disparaitra durant le week-end. En 1995, Alain Prost reçoit une offre séduisante de McLaren Mercedes . Prost se prépare physiquement, mais, son fils Nicolas lui lance : « pourquoi papa tu veux revenir ? Ayrton est parti. » Le coup de grâce. L’un c’était nourri de l’autre. L’un avait besoin de l’autre pour se motiver et exister. Alain Prost ne reviendra plus comme pilote, refusant même une offre de Ferrari pour 1996.

L’avenir nous dira si l’adversité entre Lewis Hamilton et Max Verstappen est similaire à l’histoire Prost/Senna ou si elle ressemble au destin de Michael Schumacher, qui une fois les titans (Mansell, Prost et Senna), parti, s’est installé comme le seul grand champion potentiel en 1994 et 1995.

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Note du Mardi – Zhou et la double signification pour Alfa Romeo/Sauber

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa signature de Guanyu Zhou par l’équipe Sauber marque l’histoire en étant le premier Chinois qui participera à une saison de Formule 1 en tant que pilote titulaire. Mais également une vieille recette utilisé par l’équipe suisse Sauber.

Le basculement asiatique (le retour)

Il y a 20 ans, Bernie Ecclestone estimait que l’Europe allait devenir une zone de tiers monde, pensant que l’Asie et surtout la Chine allait devenir l’économie numéro 1 du monde et, ainsi, la Formule 1 devait être présente avec une course, voir deux sur l’empire du milieu et basculer un bon tiers des Grand Prix dans la zone asiatique.

L’arrivée de nouveau propriétaire, Liberty Média, en 2016, a fait basculer la discipline du côté Amérique économiquement, tout en délaissant l’Asie, principalement à cause de la pandémie Covid-19. La signature de Zhou est un marqueur fort d’un retour à une stratégie globale d’un calendrier en trois zones (Amérique, Europe et Moyen-Orient/Asie). Notons qu’il y aura 3 pilotes asiatiques en 2022 en F1.

Le deuxième pas vers l’indépendance

Concernant l’équipe Sauber/Alfa Romeo, la signature de Zhou est un indicateur double. Elle est une occasion en or de s’émanciper de la tutelle Ferrari et FIAT auquel elle était soumise. Dans un passé récent, Sergio Marchionne avait remarqué que les comptes de la Scuderia avait un déficit caché de la part de l’équipe Sauber. Il a été ainsi décidé de renommer l’équipe Alfa Romeo, se payer en nature et l’ensemble est devenu un satellite de Ferrari, en employant ses pilotes (jeune ou ancien), ses ingénieurs en formation. L’arrivée de Zhou et la signature de Valterri Bottas pour 2022 est un marqueur fort d’indépendance.

Retour sur une recette utilisée en crise par Sauber

Toutefois, Zhou est un retour au passée. Lors de son annonce, il avait été indiqué que le pilote chinois apporterait un budget de 27 millions d’euros (30 millions de dollars). L’information a été fortement démenti, car nous entrons ici dans la rhétorique des équipes depuis une décennie. Il n’y a plus de pilote payant, mais de pilote promet un budget à l’équipe. Nuance.

L’équipe suisse était passé maître dans l’art de prolonger un pilote apportant un budget. Mais apportant sa touche personnelle. L’apport à la signature représentait l’équivalent de 50% de la somme prévue pour obtenir le volant. Plus intéressant, les pilotes d’essais apportant un budget ont la promesse de devenir titulaire la saison suivante, en échange d’un apport équivalent en argent. Durant la saison 2014-2015 elle a prolongée quatre pilotes pour deux volants. En effet, Estéban Gutierrez avait pourtant déposé 7 millions d’euros pour garder son volant en 2015 et Guido Van der Garde, 4 millions d’euros pour obtenir un volant 2015 de l’équipe suisse, comme cela avait été convenu par contrat. Un total de 11 millions d’euros qui ont principalement permis de payer l’avance du moteur Ferrari 2015. Finalement, Felipe Nasr et Marcus Ericsson ont déposé 40 millions d’euros ensemble sur la table, dont 20 millions d’euros à la signature. Fin juillet 2015, l’équipe suisse annonce la prolongation de ses pilotes.  Sauber avait touché 31 millions de sponsoring en 2015.

Mais avant, il y a eu le cas Adrian Sutil. Le pilote allemand avait signé avec Sauber contre la promesse de garantir 35 millions d’euros de sponsoring pour l’équipe suisse. Un procès a eu lieu et a été remporté par le pilote allemand en 2016. A l’époque, l’usine d’Hinwill en forte difficulté financière avait signé le pilote, lui accordant un salaire, non pas pour piloter, mais comme apporteur d’affaire et promettant un pourcentage sur les partenaires apporter.

La situation ne sera pas différente pour Zhou en 2022 et 2023 avec Alfa Romeo, le chinois a garanti entre 8 et 10 millions d’euros à la signature (permettant à l’équipe suisse de se tourner vers 2022) et promettant d’obtenir le reste (16 millions d’euros) en partenariat pour l’équipe. Son salaire étant similaire au montage conclu avec Sutil et Sauber il y a 8 ans.

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Note du Mardi – La communication stratégique de Mercedes/Hamilton contre Red Bull/Verstappen

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa communication exacerbée des équipes Red Bull et Mercedes AMG F1 a franchi une étape importante dernièrement. Entre les noms d’oiseaux en off, les réclamations sportives et technique et les tactiques de pression psychologique. Deux points sont mis en avant. Le premier concerne la communication de Toto Wolff au Mexique et le second, la pression psychologique d’Hamilton contre Verstappen.

La communication interne en utilisant un nom

Au Mexique, Fernando Alonso a été en première ligne de la communication de Toto Wolff : « Fernando est, sans aucun doute, l’un des les meilleurs pilotes qui ait couru en Formule 1. Il est décevant pour notre sport qu’il n’ait que deux titres mondiaux à son actif. Mais parfois, certains pilotes sont malavisés et pensent davantage à l’argent lorsqu’ils changent d’équipe ou se mettent sous les projecteurs des médias et commencent à croire qu’ils sont le soleil. Et vous n’êtes pas ce soleil. Aucun de nous ne l’est. Nous sommes tous des satellites, nous sommes des planètes qui tournent autour du soleil. »

Les personnes connaissant et analysant les déclarations de Wolff savent que cette déclaration n’est pas gratuite et n’est pas une attaque envers un pilote auquel il n’a jamais travaillé. Au contraire, il fait l’éloge de Lewis Hamilton et averti sa propre maison pour le futur proche : « Nous sommes Mercedes. Nous n’avons pas de place pour le génie capricieux. Même un pilote superstar doit respecter les valeurs de l’équipe. » Non, je douterais à l’avenir qu’un pilote parle mal de l’équipe ou fasse quelque chose d’inapproprié. Tout d’abord, je le traiterais en interne et, si cela ne donne pas de résultats, je retirerais le pilote de la voiture et le mettrais sur le banc.  » Au dire de tous, lorsque Wolff parle d’un pilote superstar, nous pensons tous inévitablement à Hamilton et averti Russell.

Naturellement, Fernando Alonso n’a jamais répondu à la déclaration de Toto Wolff, ayant compris la finalité de la communication destinée à l’usine de Brackley.

La stratégie de communication psychologique

Au Mexique toujours, il a semblé que la stratégie de Lewis Hamilton envers Max Verstappen a échoué. Depuis, deux victoires (Brésil et Qatar) l’ont relancé, mais jusqu’à maintenant, la position du septuple champion du monde a été un échec.

Depuis ses débuts en F1, Hamilton a appliqué une stratégie de pression psychologique auprès de ses rivaux construit sur le même schémas. Sa vitesse pure a fait longtemps la différence et depuis 2017, Hamilton a fait le choix de d’être plus méticuleux dans la préparation de son matériel, rendant le package Hamilton/Mercedes indestructible. Toutefois, il apparait que la multiplication des titres de champion du monde depuis lors a construit un mental à Hamilton qui se retourne contre lui désormais. En reconnaissait que la Red Bull est meilleure (et non Verstappen) il reconnaissait qu’il avait mal travaillé. Pire, en se construisant une image ouverte sur les autres et d’humilité, il a certes rendu son rival néerlandais « méchant ». En effet, que fait Verstappen pour les autres hormis lui-même ?  Reste que tout cela est une illusion.

En effet, cela signifie que tout le concept de communication d’Hamilton motive encore plus Verstappen et s’est retournée contre lui. Le pilote Red Bull se nourrit des remarques de son rival. Il synthétise sur la piste ce que Nico Rosberg avait réussit à faire (utilisation de la zone grise du premier tour par exemple) en étant agressif au moment des dépassements ou pour défendre sa position. Mais à la différence du champion du monde 2016, qui s’isolait pour éviter de se faire déstabiliser, Max Verstappen répond sur la piste et laisse son équipe répliquer dans les médias. En bref, toute la construction du doute se retourne contre Hamilton.

L’autre aspect est de convaincre son équipier de l’utilité de sa cause. A ce jeu, la prolongation de Perez en 2022 chez Red Bull est plus efficace et motivant que le départ de Bottas chez Alfa Roméo pour la saison prochain. L’implication n’est plus la même et le finlandais joue sa saison, sans vraiment aider Hamilton (hormis le laisser passer en piste, mais pas pour contrer Verstappen par exemple). Démontrant, l’usure qu’Hamilton a provoqué auprès de Bottas en interne, alors que Perez sait que Verstappen est plus rapide et agit à la manière de Fisichella chez Renault aux côtés de Fernando Alonso en 2005 et 2006. En vétéran intelligent et point d’appuis.

Gagner la bataille mentale, c’est aussi encourager son coéquipier à sa cause, ainsi que tous les membres de son équipe, même toute la communauté du paddock, des médias, des supporters… Quand il y a une bataille à la limite comme celle que nous vivons cette saison, même le plus petit détail compte.

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Note du Mardi – Une économie de projection et une communication d’épargne en F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa situation de l’accord entre Andretti et Islero Investments SA (ex Sauber Group) révèle d’une communication d’épargne pour les actuels propriétaires. La valeur d’aujourd’hui, ne sera pas celle de demain.

Dans les faits, la proposition initial d’Andretti (260 millions d’euros) s’opposait à celle de Longbow Finance (600 millions d’euros). Pire, alors que l’ancien pilote américain estimait à 110 millions d’euros l’équipe au niveau du capital, les propriétaires suisses l’estimaient à 410 millions. Cet écart est la fusion de deux principes déjà entrevue dans le sponsoring en 2013 et 2015.

L’impact médiatique en amont d’un accord 

Le premier concept est l’impact médiatique en amont d’un accord. Cela avait déjà été testé par McLaren avec l’annonce de Vodafone, comme sponsor principal pour 2007, en décembre 2005 ! A l’époque, le coup était surtout tactique pour Ron Dennis, mais dans les faits, cela a eu un impact important pour les deux parties. Plus tard, le monde du football a repris le concept pour annoncer 18 mois voir 2 ans avant des sponsors principaux et bénéficier de l’impact médiatique.

Pour le cas d’Andretti/Islero l’accord n’avait pas été signé et les financiers suisses ont ainsi utilisé cette méthode pour valoriser leur équipe. L’estimation étant que 40% de la valeur de l’équipe relève de la valeur médiatique, 160 millions d’euros est impacté dans le tarif demandé par les propriétaires à Andretti.

Valorisation de l’espoir marketing

Le deuxième concept est la valorisation de l’espoir marketing. Technique utilisé pour la première fois il y a 30 ans par Jordan Grand Prix avec son sponsoring 7up (estimé à 10 millions de dollars par les médias alors que seulement 1,5 millions avait été déboursé à l’époque) et développé par la suite dans les années 2010 après la crise économique pour le renouvellement d’un accord partenaire. L’objectif était d’exposer un partenaire plus que la valeur qu’il avait déboursé. Faisant exploser les codes et la rigidité des packages d’alors. La pratique est courante afin de préserver la valeur d’un espace publicitaire. Mais elle comporte des risques lorsque l’espoir ne se traduit pas. Il faut tout reconstruire.

Dans le cas du deal Andretti/Islero il y a aussi le concept de l’espoir marketing. Car les propriétaires ont souhaité que les Américains investissent 50 millions d’euros par an pendant 5 ans dans le budget de l’équipe. Selon le Business Book GP 2021, le partenariat avec Alfa Roméo est estimé à 45 millions d’euros, ce qui aurait fait sur le papier une valorisation total de 95 millions d’euros, soit 17 millions de plus que cette saison. L’échec de cette négociation fera reconstruire le modèle économique de l’équipe d’Hinwill.

Zak Brown a récemment indiqué que 3 ou 4 équipes (Red Bull, Ferrari, Mercedes et probablement McLaren), auront une valeur supérieur à 1 milliard d’euros sur le marché. A ce jeu, Longbow Finance estime la valeur de l’équipe à 350 millions d’euros. Une projection à l’horizon 2026.

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Note du Mardi – le projet marketing de 100 GP d’Alpine

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLe patron de la marque Alpine, Laurent Rossi a donnée des précisions sur la prochaine feuille de route de l’équipe F1, avec l’ambition de viser le championnat du monde à l’horizon 2024.

La roadmap est originale dans la présentation : 100 GP, soit environ 4 saisons pour reconquérir le sommet du sport automobile. La feuille de route a débuté en 2021 avec la victoire d’Esteban Ocon au GP de Hongrie. Toutefois cette victoire est estimé comme chanceuse par le patron d’Alpine, qui vise à obtenir la victoire par la performance à terme.

La date de 2024 n’est pas anodine. Elle correspond à la dernière année du plan « marque » d’Alpine initié en 2016 et valable 10 ans.

Originale mais pas autant que cela. Lorsque Renault SA a repris pour 120 millions de dollars l’équipe Benetton Formula Ltd début des années 2000, il aura fallut 100 GP pour obtenir le titre de champion du monde de Formule 1. A l’époque, les deux premières saisons étaient sous le signe de Benetton, avant de passer en 2002 sous la marque Renault et de se lancer dans un projet de 5 saisons. Une communication subtile, car entre 2000 et 2001, le constructeur français a remis à jour l’outil de l’équipe italo-anglaise et tester son moteur à angle large. Par la suite, Flavio Briatore a présenté un plan de 5 ans destinée à conquérir le titre à l’horizon 2006.

Le marketing Legacyquel

Depuis son retour Renault a évolué dans sa stratégie. Sous la brève histoire sous Frederic Vasseur, le plan était de faire le remake de Mercedes (année 2010/2011/2012). La signature de Nico Hulkenberg était similaire à celle de Nico Rosberg fin 2009 et de longues discussions avec Fernando Alonso faisaient échos au retour de Michael Schumacher à l’époque. Cette stratégie n’a pas fait long feux.  Dès 2017, le plan avait changé, sous l’impulsion de Cyril Abidboul, pour imiter la précédente ère de succès de Renault (2002/2006). La signature de Carlos Sainz allait dans le sens de l’histoire et l’objectif de viser la 4ème ou 5ème place du championnat des constructeurs, se gravait dans le marbre. Mais là encore la stratégie va changer avec la signature de Daniel Ricciardo pour 2019 et 2020 et celle d’Esteban Ocon pour la saison 2020, pour s’accélérer et conclure une ère.

Dans le détail, Renault a inscrit cette première année 8 pts en championnat et termina 9ème du championnat. Ce ratio de point ne représentait que 1% des points inscrit par Mercedes AMG (765 pts) cette saison-là. Pour 2017, Renault a inscrit 57 pts et termina 6ème du championnat des constructeur, cela représente 8.5% des points inscrit par Mercedes (668 pts). En 2018, la marque française a progressé à la 4ème place du championnat en inscrivant 122 pts, soit 18.5% des points de Mercedes (655 pts). La dernière saison 2019, Renault a terminé 5ème avec 91 pts en championnat, soit 12.4% des points de la marque allemande (739 pts), pour la dernière année sous la marque Renault, l’équipe a inscrit 181 pts pour la 5ème place du championnat, soit 32% des points de Mercedes (573 pts). Encore loin de l’héritage du projet 2002/2006.

Une planification revue

Depuis son retour en F1 comme équipe, Renault a changé 4 fois sa stratégie. Passant d’un projet inspiré de Mercedes à celui de l’héritage du passée, à celui de l’accélération de l’héritage pour finir par une inspiration du projet Lotus F1 aujourd’hui autour de la marque Alpine. Une instabilité stratégique court terme qui interroge sur la capacité de la marque à construire un projet solide. Reste la phrase d’Alain Prost en février 2016, lors de la présentation de l’équipe :  « Il n’est pas pour Renault impératif de devenir champion du monde. Renault est une équipe de pointe. Pour nous le titre mondial est un plus. » Relançant une idée entrevue il y a vingtaine d’année maintenant, qu’il faut être structurer comme un top team, être un prétendant à la victoire et se développer politiquement dans le paddock.

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Note du Mardi – Les organisations des équipes F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgPendant de longues années, la Formule 1 était un monde ou deux types de management s’affrontait. Le premier incarné par Ron Dennis, propriétaire de son équipe et de l’autre Jean Todt et Flavio Briatore qui était des employés de leur équipe. Chacun à obtenu le succès en s’inspirant du premier. Mais aujourd’hui est-ce que l’organisation d’une équipe de Formule 1 est très différente et plus complexe ?

Mercedes et Red Bull ont deux façons très différentes d’être dirigé et pourtant les résultats sont là. Toto Wolff est l’unique patron (réincarnant le management de Ron Dennis), tandis que Christian Horner se partage les tâchent avec Adrian Newey (ils sont des employés de Red Bull).

Mercedes AMG F1 est détenue à 33% par Toto Wolff, qui incarne à la fois le rôle de manager et d’actionnaire. Il l’était déjà depuis 2013, mais séparait les rôles avec Niki Lauda qui disposait d’une mission plus politique à l’époque de la négociation des nouveaux Accords Concorde 2013/2020. Côté technique le modèle était inspiré par Ross Brawn, qui avait rénové la structure technique avec une organisation originale, mais qui a permis de conquérir les titres et de durer. L’aspect technique est désormais dirigé par James Alisson, sur un modèle assez similaire à celui de Ross Brawn chez Ferrari (entre 1996 à 2006). Désormais, seul au commande en haut du management, Wolff exerce un pouvoir hautement hiérarchique et à la rigueur quasi militaire, agrémenté par une touche de conscience de soi, toujours appréciée. L’équipe Mercedes est humaine, mais cherche à rester meilleure. Ce modèle d’organisation est fortement utilisé par l’ensemble du groupe Daimler dans sa transformation actuelle.

Red Bull Racing est un ensemble à deux niveaux. Le premier, Adrian Newey dispose d’un contrat directement inspiré par Red Bull AG. L’ingénieur dispose d’un droit sur le choix du moteur et des pilotes, les pleins pouvoirs dans le domaine technique, un investissement annuels garanti et un emploi du temps adapté. Christian Horner est quand à lui responsable de toute l’organisation de l’équipe : les questions financière, administrative, sportives, marketing. Bref tout ce qui fait faire rouler une voiture durant la saison.

Le cas Ferrari

Au-delà de l’aspect bipolaire du management incarné par Mercedes et Red Bull, le cas de Maranello est intéressant car elle tente d’introduire un nouveau modèle culturel dans la gestion de son équipe.

Historiquement, l’ennemi de Ferrari c’est son organisation interne. Les meilleurs résultats de l’équipe ont été évidement sous l’ère Todt (1993/2007). Mais aujourd’hui, la Scuderia est dirigé par Mattia Binotto, qui est Suisse de naissance. Depuis son arrivée à la tête de l’équipe italienne, l’ingénieur dirigeait tout. Une façon de faire qui n’était plus visible en Italie depuis les années 60 et l’illustre Mauro Forghieri. Depuis cette saison, l’organisation est mieux répartie en département de performances, mais le rôle est toujours géré par un ingénieur et non plus un commercial. De plus, John Elkann, qui dirige Ferrari Spa, n’est pas un homme encombrant dans la stratégie de la Scuderia, pour le moment.

La structure atypique McLaren

Les récentes performances de l’équipe McLaren, mettent en évidence des décisions d’un management éclairé et confirme la restructuration du team repris fin 2016 par Zak Brown.

Brown n’a pas cherché à reproduire ce que Ron Dennis avait réalisé pendant 30 ans, mais à chercher à faire respirer et déléguer la structure hiérarchique. Historiquement, McLaren était une équipe à l’image de son patron de l’époque : rigide et égocentrique. Cet égo a causé bien des problèmes techniquement parlant dans l’histoire de l’équipe pour rester au sommet. Au mesure cette culture est devenue peur et rigidité qui était sur le point de faire imploser l’équipe. Brown de son côté a repris l’esprit de l’organisation technique de Ross Brawn chez Mercedes entre 2011 et 2013, mais en l’appliquant au management de l’équipe. L’introduction d’Andreas Seidl est une illustration du pragmatisme de Brown. L’ingénieur allemand dispose de la main mise technique en y ajoutant James Key comme directeur technique, l’organisation ressemble furieusement à ce que Mercedes proposait dans son organigramme il y a une décennie. Zak Brown, lui se concentre sur le parrainage et le management globale.

Un nouveau modèle en Alpine F1, comme un déjà vu

De la même manière que McLaren a été fortement influencé par son management passé, le cas d’Alpine est assez proche avec le temps. Toujours dirigé par un homme employé du propriétaire depuis 30 ans, l’équipe française dispose de deux entités : l’une à Viry-Chatillon, France, où ils travaillent sur toute la partie moteur, et une autre siège à Enstone au Royaume-Uni qui est concentré sur le châssis et d’autres fonctions de l’équipe. Si les deux parties ont l’habitude de travailler ensemble depuis plusieurs décennies elles était depuis 2004 réuni sous un même commandement piloté par Enstone. Toutefois, cette saison, Alpine inaugure un nouveau modèle de gestion à deux têtes avec Marcin Budkowski qui dirige toute l’activité technique et opérationnelle, tandis que Davide Brivio dirige le domaine sportif et administratif, comprenant la relation avec le PDG de Renault, Luca De Meo. En fait, le modèle ressemble beaucoup à celui entrevue entre 2002 et 2005 chez BAR-Honda avec David Richards, qui était un mix de son passage chez Benetton et le management de Briatore.

Démontrant, au besoin qu’historiquement, l’équipe n’a finalement connu que deux types de management : Flavio Briatore (1990/1997 puis 2000 à 2008), et David Richards (1997/1999). Toute l’histoire de l’écurie d’Enstone avec le temps va de l’une à l’autre organisation qu’elle a connue.

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Note du Mardi – Arabesque autour du transfert de Bottas chez Alfa Romeo

BottasTout le monde est heureux, mais derrière le miroir, une réaction sur une négociation datant d’une année et un rapport de force bénéfique en guise d’effet domino. Une opération win win, mais pour qui ?

Lorsqu’en Aout 2020, Valterri Bottas prolonge l’aventure avec Mercedes, la déception était visible. D’habitude maitre du temps, Toto Wolff était pressé par l’entourage du pilote finlandais pour conclure un nouvel accord avec la marque allemande, mais selon leurs conditions. Depuis 2017, Bottas signe chaque année des contrats d’une saison et souvent vers septembre. Lassée par ce traitement, le pilote souhaitait un engagement de deux ans, en estimant être dévaloriser sur le marché, malgré un salaire autour de 8 millions d’euros par saison. Mika Hakkinen et Didier Cotton, les agents de Bottas, esquisse une stratégie indirect en discutant avec Renault au début de l’été 2020. Les contours d’un contrat de deux ans fermes et un salaire de 15 millions d’euros se définissent. Toutefois les regards se tournent vers Brackley pour une réaction.

Elle arrivera avec un accord sur le papier de deux ans. Mercedes accepta d’augmenter significativement le salaire de Bottas à 12 millions d’euros pour 2021 (avec une prime de titre de 3 millions d’euros) et de lui offrir 15 millions pour 2022. Toutefois, la prolongation 2022 serait à la convenance de l’équipe. La date de la clause d’activation étant fixée au 31 Août 2021. Sur le papier, tout le monde est content, chacun estime avoir obtenu ce qu’il avait voulu et la confiance était de mise. Toutefois, le mal était fait.

Bahreïn 2020, Lewis Hamilton contracte la Covid 19 et reste à l’isolement. Bottas devient leader de la course 2 du GP et pense que l’équipe va appeler Stoffel Vandorme, mais la surprise sera grande lorsque George Russell arrive et fait sensation en le dominant. Pour Toto Wolff le message était clair, la riposte aussi. Toutefois, en coulisse, c’est Lewis Hamilton qui prend grippe de la situation et va devenir le meilleur avocat de Bottas.

Depuis la prolongation de Bottas et le coup de force des agents de ce dernier, Wolff avait pris sa décision de propulser Russell en 2022 dans l’équipe allemande. Toutefois, Lewis Hamilton, soucieux de son statut et connaissant bien son sport, ne souhaitait pas véritablement se confronter à un jeune loup pour la fin de sa carrière. Les performances de Bottas en 2021 ont eu raison de cette volonté.

Toutefois, Bottas ne part pas de Mercedes sans rien. Toto Wolff a négocié avec Fred Vasseur pour un transfert pendant 1 mois. Le pilote finlandais disposait d’une clause de prolongation avec un gros salaire qu’Alfa Roméo Racing ne pouvait pas assumer seule. A la façon de Raikkonen en 2019 et 2020, qui était payé par Ferrari, Mercedes paiera 50% du salaire de Bottas en 2022 et 2023.  Charge à l’équipe italo-suisse de compléter. Le renouvellement de l’accord avec la marque de Milan comme soutient principale de l’usine d’Hinwill a été important dans la transaction. Le marché est conclu. En bénéfice, Wolff et Mercedes étende encore plus leur influence sur le paddock. Ajoutant une nouvelle équipe comme « cliente » à son effectif composée d’Aston Martin, Williams et McLaren. Alfa Romeo autrefois un bastion politique Ferrari est désormais une équipe à double influence.

En arrière-plan, chacun a fait ses calculs. Toto Wolff savait qu’en prolongeant Bottas dans les conditions prévues il exposait le coût de son line-up à 60 millions d’euros pour 2021 et 2022, mais il sait aussi que l’option 2022, que Williams avait sur le contrat de Russell l’obligeait d’une certaine manière à « aider » l’équipe de Grove à payer le salaire du pilote anglais. Avec une participation sur le salaire de Bottas d’un côté et une prise en charge du futur salaire de Russell de l’autre, l’opération est bénéfique pour les comptes de la marque allemande. Finalement ce chassée croisée est une opération à l’avantage de Mercedes.

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Note du Mardi – McLaren et l’évolution de la culture marketing F1

notedumardi-900x6757165869066367047722.jpgLa discrète vente de McLaren Applied Technology pour environ 100 millions d’euros à Greybull Capital, marque la fin d’un cycle marketing pour l’équipe F1 de Woking. Une nouvelle ère débute.

Avec cette cession, McLaren a bouclé la dernière phase de sa puissante stratégie de croissance de marque. A l’horizon 2024, l’usine de Woking sera présente en Formule 1, en Indycar, aux 24h du Mans, en Formula E et Extreme E. Le plan de Zak Brown est de faire de McLaren une entreprise mondiale de supercars et évoluant au sommet du sport automobile.

Au total c’est une levée de fond de 1 milliard d’euros qui a été réalisé avec l’introduction d’investissement américain (MSP Sport Capital) dans McLaren Racing, d’Ares Management et Public Investment Fund (le fond souverain d’Arabie Saoudite), la vente de l’usine de Woking à GNL en cession-bail et dernièrement de la filiale Applied.

En marketing il y a des évolutions, par exemple : évoluer de l’image produit à l’image de marque. Développé il y a 25 ans par Prost Grand Prix, les trois cycles d’environ 18 mois définisse la stratégie marketing de McLaren aujourd’hui. Un premier concernant l’image du produit McLaren autour d’une imagerie fondatrice, puis l’image du produit en marque et enfin l’image de marque à part entière.

Mi- 2017 à fin 2018 : La culture fondatrice

Entre l’arrivée de Zak Brown et la refonte du marketing de l’équipe, passant de plate-forme de luxe à générateur de sponsoring s’est déroulé durant ce cycle. Les couleurs des voitures ont évolué progressivement entre 2017 et 2018 passant du noir à l’orange papaye dominant qui était les couleurs originales de l’équipe McLaren à l’époque de son fondateur, Bruce McLaren entre 1968 et 1971.

En parallèle, l’équipe marketing de McLaren s’activait à démarcher un sponsor principal entre 30 et 50 millions d’euros, puis développer assez rapidement une stratégie d’acquisition était basée sur la filiale Applied, comme retour d’expérience et développement de plus-value économique pour le sponsor. L’abandon du moteur Honda pour signer avec Renault comme client afin de changer de culture technique interne est aussi un marqueur pour revenir aux fondamentaux.

Début de la diversification de l’impact médiatique pour les sponsors avec la participation au 500 miles d’Indianapolis de Fernando Alonso en 2018. Qui a été un succès en termes de visibilité.

2019 à fin 2020 : La réinterprétation de l’image produit en marque

Si en 2018, les résultats ont été moyen, 2019 et 2020 ont été nettement meilleur. En parallèle, le marketing de l’équipe a construit une offre d’accompagnement à la croissance pour l’acquisition de ses sponsors. Abandonnant la doctrine précédente d’exclusivité, pour le nombre (environ 40) et la valeur ajoutée.

Les signatures de BAT « A Better Tomorrow » et l’introduction à hauteur de 33% de MSP Sport Capital sont les signes de développement de la marque. Tout comme l’introduction d’un nouvel organigramme avec James Key comme directeur technique et surtout un management dirigé par Andreas Seidl, qui a défini le nouveau plan d’investissements sportif afin de rester compétitif. Petit à petit l’équipe reprenait son image inspiratrice. L’image fondatrice s’effaça au profit d’une redéfinition de son histoire moderne (ère Ron Dennis).

Ce cycle a été plus long car la Pandémie Covid 19 a retardé le processus.

2021 à mi 2022 : l’image de marque

La signature de Daniel Ricciardo comme équipier de Lando Norris et de la fourniture moteur de Mercedes-Benz ont été les évènements majeurs. Le pilote australien est le symbole des ambitions nouvelles, car il est un vainqueur de GP, tandis que l’introduction du moteur allemand reconstruit une association passée (1995/2014), mais surtout une association avec le meilleur moteur F1 du moment. Coté Marketing, la vente de la filiale Applied et la construction d’une stratégie multi sport destinée à augmenter non plus la visibilité des sponsors, mais de maximiser l’impact médiatique de la marque McLaren en occupant l’espace toute une année.

En cela McLaren s’inspire de la stratégie de générateur de contenu du marketing relationnel moderne (Netflix, les influenceurs etc…). Une disneyification de la marque McLaren avec la création d’un univers unique dans le sport automobile.

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