Archives de la catégorie : Histoire F1

La stratégie de McLaren pour 2016

McLaren MP4-31Hungaroring 2011. Christian Horner et Adrian Newey sont discrètement en discussion. Depuis le Grand Prix d’Europe à Valencia, la machine Red Bull marque le pas. Fernando Alonso et Ferrari ont remporté l’obscure GP d’Angleterre et surtout les McLaren-Mercedes de  Lewis Hamilton et Jenson Button ont remporté les courses Allemande et Hongroise. Au championnat l’écart entre Sébastian Vettel (100pts) se réduit. Hamilton  88 pts et Button 89 pts deviennent de réelle menace. Entre Horner et Newey la décision est prise : poursuivre le développement des RB7 jusqu’à la fin de la saison.  Cette réaction du board de l’équipe autrichienne provenait de la discrète opération menée par McLaren-Mercedes à l’époque. L’équipe de Woking avait pris le partie de continuer le développement de sa MP4-26 jusqu’à la fin de la saison en apportant une nouveauté par course, afin de maintenir la pression sur Ferrari et surtout Red Bull Racing.

Au moment ou la majorité des équipes du paddock hésite entre faire une importante mise à jour de leur machine 2016, ou concentrer leur ressource sur 2017, McLaren souhaite profiter de la situation pour imposer sa grande puissance financière pour combler son retard.

Toro Rosso et Sauber ont déjà pris la décision de concentrer leur énergie sur 2017. Haas inspire l’idée d’utiliser la machine 2016 comme un laboratoire pour 2017, tandis que Williams a déjà décidé de concentrer 50% de ses ressources sur la prochaine machine dès Juin.

McLaren a décidé d’investir de l’argent sur 2016, comme en 2011. Estimant avoir les ressources pour maintenir deux projets et être performant en 2017, tout en maintenant un rythme de développement élevé pour 2016.

Pour l’histoire, en 2011 la stratégie a été payante pour McLaren qui profita pour terminer 2ème du championnat du monde cette année là. Mais Ferrari avait décidé de concentrer ses ressources sur 2012, l’équipe anglo-allemande a finalement terminée 3ème du championnat et ensuite sombrer en 2013 et 2014. Une stratégie max qui a eu aussi des revers.

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La brève histoire de Benetton et Ford en 1998

alexander_wurz__australia_1998Depuis maintenant 16 ans, Renault est présent directement ou indirectement dans les murs de l’usine d’Enstone. Un épisode a faillit tout faire basculer pourtant. Symbole d’une lutte interne et d’influences. Retour en arrière. En 1998. La brève histoire de Benetton et Ford.

Septembre 1997, Flavio Briatore quitte ses fonctions et David Richards le remplace quelques jours plus tard. L’anglais, propriétaire de la société d’ingénierie Prodrive arrive seul aux commandes d’un navire à la dérive sportif et politique. Mis en vente pendant quelques mois, Benetton Formula ne trouva pas preneur, forçant alors la famille Benetton à trouver une solution radicale. La mission de Richards est de faire un audit et d’ensuite débuter les démarches aboutissants à un nouvel avenir.

Dès son arrivée, l’anglais découvre que Benetton Formula que le sponsoring principal de Mild Seven expire fin 1998, mais le plus important était qu’il n’y avait pas de moteur !

Dans le tourbillon du coup d’état chez Benetton, Flavio Briatore avait principalement utilisé la Scuderia Minardi comme base arrière politique. L’italien avait acheté une option du moteur Mecachrome pour l’usine de Fazena en 1998 (avec l’espoir de vendre l’équipe italienne à British American Tobacco) et revend son option à Benetton qui hérite ainsi du moteur Mecachrome (ex Renault RS9).

David Richards perturbé par les premières semaines de sa présidence, tarde à réaliser son audit et la famille Benetton s’impatiente. L’équipe signe au dernier moment un contrat de fourniture pneumatique avec Bridgestone et Richards pointe du doigt le problème : il faut un moteur provenant d’un constructeur.

Dès le Grand Prix de San Marin 1998, David Richards dîne avec Martin Whitacker,  directeur de Ford Motorsport. L’anglais glisse à son interlocuteur que Benetton n’a qu’un contrat pour 1998  et 1999, sans exclusivité, avec Mecachrome et qu’il souhaite un vrai partenariat moteur avec un grand constructeur. Whitacker prend note. La situation de Ford est opaque. Son implication dans l’équipe Stewart a été augmentée, mais les résultats tardent. Richards souhaite un moteur pour l’an 2000, voir 1999 si possible. L’idée sur le fond n’est pas rejetée par Ford. Toutefois la rumeur d’une vente de Cosworth à Audi s’annonce dans la presse. En coulisse, Mecachrome discute avec BAR et Sauber.

Juste avant la course de Monaco, Renault annonce que Flavio Briatore allait s’occuper de la vente des moteurs Mecachrome (via Supertec), Giancarlo Fisichella (pilote managé par Briatore) termine sur le podium de la course. En coulisse, David Richards est ravit. Il a signé les accords Concorde jusqu’en 2008 assurant l’avenir de l’équipe Benetton et les performances des B198 permettent de penser qu’il peut conclure un accord avec Ford.

En Juin, tout s’accélère.  Richards pense fermement qu’il faut que Benetton change de moteur. Estimant que Renault ne reviendra pas en 2000 ou 2001, parce que la marque française a signé un contrat de 5 ans avec Flavio Briatore. Par contre, la rumeur de vente de Cosworth l’ennuie. La société Vickers, véritable propriétaire du manufacturier moteur, souhaite vendre. Richards  demande à Martin Whitaker plus d’informations, concernant l’implication de Ford en Formule 1. Un délai est demandé. Dans la presse, Honda Motor Compagny annonce son retour pour 1999 avec un accord avec la marque de tabac Mild Seven (Japan Tobacco) aurait été signé. Le financement de Benetton Formula pour le futur est menacé. Fin juin, BAR annonce un contrat de deux saisons avec Mecachrome-Supertec.

Au début du mois de Juillet, les rumeurs de l’avenir sur Ford s’enflamment. Le constructeur américain souhaite s’impliquer plus en Formule 1. Un projet de rachat de la famille Benetton de 50% de Cosworth Racing avec Ford, en échange d’un partage de Benetton Formula se dessine. Ce n’est qu’une rumeur. En marge du Grand Prix de France, Mecachrome annonce un nouveau moteur pour 1999 et 2000 et une nouvelle génération pour 2001. Quelques jours plus tard, Flavio Briatore s’entretien avec Tom Walkinshaw concernant la rumeur que TWR souhaite racheter l’activité F1 de Cosworth. L’écossais dément, précisant qu’il souhaite toutefois changer de moteur pour 1999 et demande des informations sur le futur moteur Supertec.

Vendredi 10 Juillet 1998, David Richards arrive chez Mecachrome dans le paddock de Silverstone. Une heure plus tard, l’annonce tombe : Benetton disposera d’un moteur Supertec-Mecachrome pour 1999 et 2000. 5 jours plus tard, Ford reprenait l’activité moteur F1 et électronique Pi Research. Un mois plus tard, la division d’ingénierie Cosworth est cédée à VW/Audi.  L’histoire n’est pas terminée pour autant. L’idée en 2000 de fournir Stewart et Benetton séduit fortement Ford. Les discussions avec David Richards sont toujours actives. Mais l’homme est isolé. En substance, Benetton souhaite une fourniture moteur pour 2000, tandis que Ford souhaite une participation dans l’équipe italienne.

Jouant à quitte ou double, Richard indique à la famille Benetton qu’il partira de l’usine d’Enstone dans le cas ou un accord avec Ford n’est pas conclu. Quelques jours plus tard David Richards quitte Benetton Formula à peine une saison après avoir remplacé Flavio Briatore. Il est remplacé par Rocco Benetton.

En Décembre, Ford Motor Compagny annonce avoir prolongé l’aventure Stewart GP jusqu’en 2001. Juste avant, par l’entremise de Flavio Briatore, le manufacturier tabac japonais, Mild Seven prolonge jusqu’en 2000 contre 35 millions de dollars par année, son sponsoring avec Benetton Formula. Déjà en coulisse, l’ombre de Briatore et Renault se profile…

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La brève histoire de la fusion entre Sauber et Marussia

Sauber C34 Sao Paolo 2014Alors que Sauber F1 Team a du retard sur les salaires du mois de Mars 2016 et que l’équipe dirigeante est actuellement en négociation active avec des partenaires, en fin de saison 2013, une tentative de fusion entre Marussia et Sauber a été proche d’une conclusion.

Courant 2013, Marussia Cars est en difficulté et cherche à faire évoluer son investissement en Formule 1. Ses machines sont toujours au fond du classement et financièrement l’équipe est trop dépendante de la prime de 10 millions accordé par la FOM et des Roubles de son propriétaire. De son côté Sauber a survécu à une saison 2013 très difficile. N’ayant pas payé Nico Hulkenberg intégralement et n’arrivant pas à conclure son projet de partenariat avec des institutions russes, l’usine d’Hinwill se retrouve dans l’impasse la veille d’une saison 2014 qui aura un impact important sur ses finances.

En coulisse les négociations sont actives alors que la course d’Abu Dhabi débutait. Andrei Tscheglakow accepte les conditions de Sauber. L’équipe Marussia sera une base arrière pour bénéficier des transports FOM, plus facile pour l’équipe russe. Techniquement, l’équipe technique de Marussia développée par Pat Symonds depuis 2011 et repris en main par Bob Bell durant quelques mois, avait dessiné une jolie monopace qui devait être reprise par Sauber pour amélioration en soufflerie, tandis que l’équipe Suisse pouvait développer la monoplace 2015.

Pour les pilotes, Jules Bianchi aurait été pilote numéro 1, tandis que Pastor Maldonado avait été approché (avant de signer son option avec Lotus F1 Team). Nico Hulkenberg ayant signé avec Force India, tandis que l’influence russe compromettait la disponibilité d’Esteban Gutierrez. Restait Adrian Sutil.

Côté financier, Tscheglakow avait promis à Peter Sauber de débloquer la situation envers les partenaires russes. Mais accepta néanmoins un investissement de 40 millions d’euros pendant 4 ans dans le budget Sauber. L’équipe se serait allez nommée Marussia Sauber F1 Team. Durant l’hiver, Bernie Ecclestone est informé de la situation et approuve l’entente entre les deux équipes.

Finalement, Marussia était en réalité en difficulté financière. Débutant son déclin. Une structure nommée Marussia Communication a été crée pour abriter l’équipe F1 et l’ensemble a surtout vécue sur les droits TV FOM en 2014, avant une cessation de paiement après le GP de Russie et une reprise durant l’hiver. Pour Sauber, la saison 2014 a été catastrophique financièrement et sportivement. Aucun point inscrit et des promesses économiques qui n’ont jamais vu le jour (investissement massif de Telmex, accord avec Audi, la promesse d’Adrian Sutil d’obtenir 40 millions de sponsoring et le premier versement de Van der Garde pour son volant 2014), provoquant des procès et la situation de l’équipe aujourd’hui.

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Les espoirs d’associations de pilotes perdues

Lewis Hamilton Mercedes v Sebastien Vettel FerrariChristian Horner a indiqué qu’il était et sera peut-être impossible de réunir dans une même équipe Lewis Hamilton et Sébastian Vettel. Red Bull Racing avait été en passe de le faire en 2011 et 2012. Mais dans l’histoire de la Formule 1, il y a des associations esquissées un temps qui ne devait jamais voir le jour pour finir.

Si les mythiques associations Fangio-Moss et Clark-Hill des années 50/60 ont montré la possibilité d’associer deux champions dans une même équipe. Mais sur la même période, l’idée qu’un top pilote dispose d’un équipier moins fort est aussi né. Fangio chez Ferrari et Maserati en 1956 et 1957, Moss chez Vanwall en 1958, Brabham avec Hulme dans l’équipe Brabham à la fin des années 60 et l’organisation de l’équipe Tyrrell durant plus d’une décennie.

Mario Andretti devait être équipier de Niki Lauda chez Ferrari en 1975, Nelson Piquet celui d’Alain Prost en 1988, Ayrton Senna pouvait être l’équipier de ce même Piquet en 1984 chez Brabham. Michael Schumacher pouvait être associé avec Alain Prost en 1996 chez Ferrari. L’allemand en 1999 a été proche d’être l’équipier de Mika Hakkinen chez McLaren-Mercedes. Comme Damon Hill avait été approché en 1997 pour être l’équipier de l’allemand.  Rappelons-nous que Fernando Alonso a été proche une première fois en 2009 et une autre en 2012 de signer avec Red Bull et être l’équipier de Sébastian Vettel.

Avec des si, certaines carrières auraient changés radicalement. Il est toutefois intéressant de voir qu’aujourd’hui être champion du monde ne permet plus, comme avant, d’obtenir une exclusivité. Jenson Button a eu Lewis Hamilton et Fernando Alonso comme équipier chez McLaren. Kimi Raikkonen, Fernando Alonso et Sebastian Vettel. Si nous comptons 2007 et la cohabitation Hamilton-Alonso, il ne reste plus que les combinaisons suivantes :

Hamilton – Raikkonen

Button – Vettel

Hamilton – Vettel

Alonso – Vettel

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1993, Le moment ou Melbourne a signé le GP d’Australie

GP Australie 2015Dans une semaine, le circuit de l’Albert Park va ouvrir les portes de la saison 2016. Une histoire intéressante que la signature du Grand Prix de Melbourne. Remontons dans le temps.

1983, Adelaïde signe son premier contrat avec Bernie Ecclestone. Un événement dans cette partie du monde, qui avait offert Jack Brabham et Alan Jones comme champion du monde à la Formule 1. Le premier Grand Prix a eu lieu en 1985 (et sera mythique en 1986 dans le combat Prost/Piquet/Mansell pour l’attribution du titre de champion du monde pilote). Le contrat de 5 ans d’une valeur total de 15 millions de dollars, puis 30 millions de dollars, était l’un des plus couteux de l’époque (Silverstone donnait que 3 millions à l’époque dans les années 90). Malheureusement, Adelaïde a été victime d’un double rapport de force. Le premier était politique. Le succès de la course était grand, mais aucun politique ne voulait ne savait pas comment utiliser l’événement pour sa campagne. Ce qui a provoqué une indifférence qui a troublé beaucoup de personnalité du pays. L’influence de Ron Walker a joué un rôle important par la suite. L’ancien premier ministre Jeff Kennett estime qu’il fallait redonner de l’élan au GP d’Australie. 100 millions de dollars ont été investit à Melbourne et Walker a été mandaté pour négocier avec Bernie Ecclestone.

La première condition de Walker était que Melbourne paie la même redevance qu’Adelaïde, soit 6 millions de dollars. En échange, Ecclestone proposa un deal de 10 ans. Le premier du genre. Le contrat est signé en 1993 pour une première course en 1996.

Aujourd’hui c’est 49 millions de dollars qui est dépensé pour l’organisation du GP (dont 35 millions pour la redevance du GP) avec un contrat valable jusqu’en 2023. Albert Park est devenu un lieu rentable et l’un des ensembles les plus utilisés dans le monde. En 1993, l’organisation du Grand Prix a été le levier du projet.

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La brève histoire de Michele Alboreto chez Benetton en 1994

Benettton94L’équipe Benetton Formula 1 depuis l’émergence de Michael Schumacher en fin de saison 1991 entrait dans une logique marketing innovante pour l’époque. En 1992, Nelson Piquet est remplacé par l’expérimenté Martin Brundle, puis en 1993, l’anglais est remplacé par Ricciardo Patrese pour une ultime saison. En 1994, si JJ Letho avait signé, Michele Alboreto était en pole position.

 

A cette époque la logique de Flavio Briatore n’était pas vraiment sportive, mais plutôt marketing. L’écurie reposant autour de Michael Schumacher, l’équipier de l’allemand n’avait qu’un vecteur d’image dans l’esprit du manager italien. Riccardo Patrese, dernier pilote italien à avoir remporté un Grand Prix en 1992 au volant d’une Williams F1 Team, était à la fois destiné à apporter son  » savoir-faire «  en matière de suspensions actives, mais également à ancrer la marque Benetton comme une rivale de la Scuderia Ferrari.

Un plan qui verra sa concrétisation en 1996, lorsque l’équipe changea de licence, devenant italienne tout comme la Scuderia Ferrari.

En 1994, Benetton Formula 1 souhaitait utiliser la période creuse de Ferrari pour devenir la nouvelle équipe italienne dans le coeur des tifosis. Pour cela, il fallait un pilote italien après le retrait de Riccardo Patrese. Luca Badoer, avait été pisté, mais c’est le vétéran Michele Alboreto qui était en pole position dans l’esprit de Flavio Briatore. Après une catastrophique saison 1993 avec Lola Ferrari, l’avenir de celui qui se battait pour le compte de Ferrari pour le titre de Champion du Monde en 1985 contre Alain Prost, était irrémédiablement bouché. Toutefois, Flavio Briatore n’avait pas oublié que c’est au volant d’une Tyrrell sponsorisée par Benetton que Michele Alboreto avait remporté sa première course en 1982. Le lien était simple et le pilote abordable financièrement.

Il n’en a rien été pour finir. JJ Letho a remporté le volant grâce à l’influence de son agent, Keke Rosberg et pour un salaire assez bas.

L’avenir de Michele Alboreto était de plus en plus sombre, jusqu’au moment ou Giancarlo Minardi découvre qu’il n’y a plus aucun pilote italien inscrit pour la saison 1994. Le vétéran italien fera un dernier tour de piste pour le compte de la structure Minardi avant la retraite et une autre carrière. Le détail de l’histoire ? Il se déroule lors de la suspension de Michael Schumacher par la Fédération Internationale de l’Automobile pour deux courses en 1994, Flavio Briatore avait envisagé Michele Alboreto pour le remplacer. Mais le contrat avec JJ Letho était toujours actif et c’est finalement le pilote finlandais qui réalisera une ultime prestation en Formule 1 avant de quitter la discipline.

Via Fanaticf1.com

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Team Lotus Story (1997-2010) – Partie 6

lotus logoLe Deal David Hunt et Tony Fernandes

Pour des raisons sportives et économiques, il n’a pas été possible d’utiliser la marque Team Lotus. L’exploitation de la marque tombe dans le sommeil à partir de 2002. Lorsque Mike Gascoyne étudie le projet de l’équipe britannique Litespeed de participer à l’appel d’offre de la Fédération Internationale de l’Automobile et de son président d’alors, Max Mosley, d’introduire une nouvelle équipe de Formule 1 en 2010. L’idée trouve rapidement un écho autour du nom de Lotus. David Hunt, le détenteur des droits de Team Lotus depuis 1994 est contacté. L’ensemble, trop faible financièrement ne sera pas validé par la FIA en Juin 2009. Le projet était donc perdu. Pourtant, l’irruption de l’homme d’affaire Tony Fernandes, propriétaire de la compagnie aérienne AIRASIA et sa filiation avec la Malaisie, s’oriente vers Lotus Group Plc pour négocier un accord de licence sur une durée de cinq années. L’accord est tenu secret, mais il est estimé qu’il s’accompagne d’un versement d’un millions de dollars et d’une part des Accords Concordes (environ 10%), si l’équipe termine au minimum dixième du championnat du monde des constructeurs. Nous sommes en Juillet 2009.

L’annonce du retrait de Toyota Motorsport et BMW F1 accélérera l’introduction de Lotus Racing comme nouvelle équipe dès 2010. Septembre 2009 sera donc le point de départ de l’aventure.

Progressivement un storytelling s’installe autour de l’équipe, qui se présente comme l’héritière d’une histoire. Clive Chapman offre même la casquette de son père Colin, fondateur de Lotus et Team Lotus à Fernandes, comme pour confirmer un lien dans l’histoire. Les résultats sur la piste sont loin des leaders, toutefois le projet progresse. L’image est forte. Mais, en coulisse une dégradation des relations entre Lotus Group Plc et Tony Fernandes est palpable. La faute à plusieurs entorses d’exploitation de la licence par l’homme d’affaire malaisien.

Lorsque que l’accord entre Lotus Group Plc et Tony Fernandes c’est matérialisé à l’automne 2009, le visa d’exploitation concernait uniquement la marque Lotus Racing, avec autorisation de vendre des produits dérivés, sur la base de cette marque.

Si la promotion par AIRASIA, d’Airbus aux couleurs de l’équipe est un bon outil publicitaire. Le 5 avril 2010, une nouvelle marque de boisson énergisante est lancée en Malaisie. La boisson officielle de Lotus Racing : LR8. L’événement, organisé au Hard Rock Café de Kuala Lumpur auquel Jarno Trulli et Heikki Kovalainen ont assisté, était une jolie fête.

Le nom de la boisson est simple à comprendre : LR pour Lotus Racing et le 8 signifie les huit ingrédients naturels utilisés dans le produit, mais aussi un hommage à Jim Clark (?). Une démarche intéressante sur le principe, sauf que…

Sauf que LR8 est une marque indépendante de Lotus Racing,  déposée le 30 Mars 2010 au registre des marques anglaises et qui n’a rien à voir avec la licence accordée quelques mois auparavant. Le dépôt d’une durée de 10 ans comprend aussi les couleurs des canettes très similaires à ceux de l’équipe de Formule 1. Un détail qui provoquera la discorde entre les deux parties.

Au même moment, Lotus Group Plc accueil un nouveau Président Directeur Général en la personne de Dany Bahar. Le constructeur Proton et l’Etat malaisien donne une dernière chance à la marque anglaise, en validant le plan du jeune patron. Le contrat d’exploitation accordé à Tony Fernandes ayant été dénoncé durant l’été 2010, les négociations ont débuté avec le fond d’investissements Genii Capital, propriétaire de l’équipe Renault F1 Team.

Les négociations débutent en Août 2010 et seront annoncés sous la forme d’une rumeur dès Novembre, pour une confirmation quelques semaines plus tard. Lotus Group Plc n’est pas propriétaire de l’équipe. Juste un sponsor important, exposant sa marque au monde. Au même moment, Tony Fernandes étudie les effets de l’arrêt de la licence pour son projet. Après avoir sondé son intention de racheter la marque Tyrrell, il se tournera finalement vers les droits d’exploitation de la marque Team Lotus, propriété de David Hunt, via sa société Team Lotus Ventures Ltd, en sommeil depuis trop longtemps. Un coup de poker.

L’anecdote est intéressante. Lors des discussions entre Lotus Group Plc et Genii Capital, Renault Sport est rapidement informé des négociations en cours. Le propriétaire de la marque anglaise, Proton, fait promettre au constructeur français qu’il sera la seule équipe Lotus propulsée par le V8 français. L’histoire nous à montrer les choses différemment…

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Team Lotus Story (1997-2010) – Partie 5

lotus logoDurant la saison 2000, Alain Prost est préoccupé par l’avenir de son équipe. Peugeot a déjà annoncé son retrait pour la fin de saison et les résultats sportifs sont catastrophiques. Le quadruple champion du monde vise toujours le soutien de Yahoo pour 2001. En vain. Des discussions ont bien eu lieu avec Renault pour établir Prost GP comme un team bis.  En parallèle de l’introduction de Pedro Diniz en septembre 2000 comme le futur actionnaire dormant de l’équipe française.

L’échec des négociations avec le constructeur au losange consommé, la future AP04 sera propulsée par un moteur Ferrari coûtant 28 millions de dollars. Une caution de 8 millions doit être déposée le 20 septembre. Les négociations avec David Hunt ont été en parallèle de ses événements. Toutefois, Alain Prost ne souhaitait  pas quitter son équipe en cas d’achat majoritaire et visait un partenaire minoritaire.  La marge de manœuvre de Team Lotus était réduite.  Bien que l’image d’Alain Prost, qui n’avait jamais piloté pour la prestigieuse équipe anglaise, soit tentante et séduit des partenaires. Le principe de rebaptiser Prost GP en Team Lotus s’accommodait d’un problème identitaire franco-français qui renvoyait au projet de délocalisation  de Ligier, ancêtre de Prost GP, par le duo Flavio Briatore – Tom Walkinshaw en 1996. L’affaire en restera là.

Justement, l’écossais était aussi une cible de David Hunt et ses partenaires financiers pour le rachat de l’équipe ARROWS Grand Prix International (AGPI).  L’homme d’affaire avait développé son équipe grâce à l’introduction dans son capital de la banque Morgan Grenfell, via le Prince Malik. Valorisant sont équipe, rachetée 10 millions de dollars en 1996/1997, l’équivalent de 150 millions de dollars. Pourtant, malgré un budget de 67 millions de dollars, un moteur Mecachrome et un bon pilote en la personne de Jos Verstappen, l’équipe Arrows souffre financièrement d’un grave déficit et de l’image désastreuse présentée par le Prince Malik. Pour rester à flot, Walkinshaw signe avec la motorisation ASIATECH (ex V10 Peugeot), moyennant un chèque de 15 millions de dollars offert par le consortium asiatique. Un argent salvateur pour le team. Ici aussi la marge de manœuvre était très réduite, tellement les affaires de TWR étaient opaques et la banque Morgan Grenfell très pressante d’obtenir un bon prix de son investissement.

Finalement, avec l’introduction de BMW en association avec Williams, Mercedes en association avec McLaren, Jaguar rachetant l’équipe Stewart, Renault reprenant le team Benetton, Honda s’associant avec BAR et Jordan ainsi que  Toyota arrivant en 2002 avec une équipe construite à A à Z, une nouvelle ère débutait en Formule 1 et condamnait définitivement les derniers espoir de David Hunt de reprendre une équipe présente dans le paddock. Les propriétaires visant un constructeurs avec l’espoir d’un bon prix, plutôt qu’un projet financier, malgré tout fragile dans le temps.

Pour l’anecdote, en 2001, il a été question de la reprise de l’équipe Minardi, alors propriété du bruyant homme d’affaire australien Paul Stoddart. Ce dernier, en septembre 2001 avait négocié avec le pilote Malaisien Alex Yoon pour la fin de saison et un volant 2002 moyennant un montant total de 25 millions de dollars. La rumeur indiquait alors que l’équipe serait rebaptisée Team Lotus. Tout débutait alors par l’inquiétude de Peter Sauber de voir son sponsor principal, Petronas d’origine malaisienne,  devenir le partenaire de l’équipe Minardi. L’association d’idée est née par le fait que la société pétrolière nationale de Malaisie était alors le propriétaire du constructeur Proton, elle-même propriétaire de Lotus Group Plc. Déjà un amalgame entre les deux Lotus était né…

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Team Lotus Story (1997-2010) – Partie 4

lotus logoLotus Group Plc n’a d’ailleurs pas été le seul à s’intéresser au cas de Team Lotus. Deux autres offres étaient aussi visible, mais n’ont pas vraiment abouti dans un premier temps.

Une société d’investissements basée à Londres, nommée Candover Investments Plc était très proche d’un accord.  Mais ce dernier a été rompu suite à la signature par David Hunt de commanditaires. Ses deux dernières propositions autour de fonds d’investissements décrivaient alors les difficultés inhérentes d’obtenir une entente en commandite et un accord de financement. L’idéal étant d’obtenir les deux en même temps. Mais les sponsors sont généralement peu disposés à s’engager à la fois dans le capital de l’équipe et comme sponsor. Une perte de temps et d’ argent. David Hunt avait pourtant réussit à convaincre une multinationale de soutenir son projet et a convenu d’un accord de parrainage complet à hauteur de 90 millions de dollars sur trois saisons, sous réserve d’une acquisition /fusion avec une autre équipe présente dans le championnat du monde de Formule 1. La stratégie progressait dans le bon sens. Toutefois,  le manque de communion entre les parties devant financer l’activité de Team Lotus va condamner les discussions avec un propriétaire d’une équipe de Formule 1 de l’époque.

Ce dernier, doutait de la viabilité d’un unique sponsor pour l’avenir de son équipe. Il souhaitait que le projet évolue vers une galaxie d’au moins trois ou autre partenaires, pour accepter le deal. Plusieurs lettres d’intentions de commanditaires potentiels ont été signé, permettant de présenter un budget opérationnel pour 1999 de 124,5 millions de dollars et progresser, avec les résultats en piste,  à 164 millions de dollars pour la saison 2001.

L’année 1999 condamnera définitivement le projet originel d’un projet de A à Z de Team Lotus. Deux ans auparavant, les Accord Concordes avaient accordés une place pour 12 équipes. Toutefois, durant l’été 1999, Honda Motor Compagny renonce à son projet d’équipe et négocie avec British American Racing la fourniture moteur de son futur V10. Cette nouvelle ne sera une surprise pour Team Lotus qui découvre que toute introduction prochaine d’une équipe s’accompagnera d’un dépôt de 48 millions de dollars.

Courageusement, David Hunt tentera d’obtenir cet argent. Le 9 Décembre 1999, la Fédération Internationale de l’Automobile annonce qu’elle avait accordée la douzième place à Toyota Motors. Ce jour marque la fin des derniers espoirs d’un Team Lotus construit de toute pièce. Les efforts se reportent alors activement sur acquisition d’une équipe tierce après l’échec du précédent accord. Pour diverses raisons, les discussions resteront au stade de l’entretien préliminaire ou du sondage intéressé. Un total de cinq équipes ont donc eu des discussions à l’époque avec David Hunt.

Deux équipes ont été particulièrement visées par David Hunt. Prost Grand Prix et Arrows GP. Nous étions en 2000.

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Team Lotus Story (1997-2010) – Partie 3

lotus logoLe processus de retour de Team Lotus entre 1997 et 2002

Le 11 Janvier 2002, Lotus Group Plc  demande, pour chacun des enregistrements de la marque Team Lotus à être révoqué aux termes de l’article 46 (1) (b) de la Loi. Les requérants affirment qu’il n’y a eu aucune utilisation de la marque Team Lotus pour les services pour lesquels ils sont inscrits depuis 1994. De plus, il y a  preuve de non-utilisation.

Ce procès fait suite au premier, cinq ans auparavant, autour de la marque Team Lotus, en marge du rachat de Lotus Group Plc par Proton Holding Berhad, holding contrôlée par la banque Khazanah Nacional Berhad et constructeur de voitures en Malaisie. Cette dernière en reprenant pour 80 millions de dollars le petit constructeur anglais pensait obtenir les droits de l’équipe F1. En 1998, une contestation d’utilisation de la marque Lotus avait été révoquée par le tribunal. Le statu-quo était de mise.

Depuis l’échec de l’association avec l’équipe Pacific Grand Prix, David Hunt s’emploie dans un processus de retour de Team Lotus en Formule 1. Engagé dans un programme d’investissements important, avec recherche de locaux pour la future usine, recrutement de personnels, d’équipements et débuter la construction d’une monoplace. Un budget de 100 millions de dollars est alors fixé et des discussions avec Lola et Reynard,  pour construire ou sous-traiter la futur machine du nouveau Team Lotus débutent. Mais un coup de frein en provenance de Bernie Ecclestone va stopper net cette première étape.

En 1997, un nouvel Accord Concorde a été signé avec onze équipes inscrites et une douzième place vacante. L’espoir pour Team Lotus était dans cette petite fenêtre. Mais, Bernie Ecclestone indique à David Hunt que cette dernière place est déjà réservée à Honda Motor Compagny, qui souhaitait revenir avec une nouvelle équipe 100% Honda. Cette absence de place vacante force Team Lotus à changer sa stratégie. Au lieu de continuer sur le chemin de l’investissement pour construire de A à Z une équipe,  l’opération consistera à acquérir ou fusionner avec une équipe de Formule 1 déjà existante et d’en changer le nom au profit de Team Lotus.

Un projet complètement différent pour David Hunt, qui souhaitait, sur le modèle d’Eddie Jordan construire une équipe modeste et croître de manière organique grâce aux soutiens de sponsors. Au contraire, il était obligé d’élever une quantité importante de financement auprès d’un tiers, afin d’opérer une fusion et acquisition dans le paddock de la Formule 1. Un long processus de persuasion des propriétaires d’équipe de Formule 1 pour vendre leurs biens et d’accepter de rebaptiser leur structure en Team Lotus, s’installe.

Le 14 Juin 1997, David Hunt reçoit une lettre. Le courrier provient du Norfolk. Ce document précède une rencontre entre le propriétaire de Team Lotus et le directeur du Lotus Group Plc d’alors. Récemment acquit par le constructeur national malaisien d’automobile Proton, Lotus Group Plc approche David Hunt avec l’attrait évident de réunir les deux entités via une joint-venture commerciale. Team Lotus devrait devenir, en échange de l’investissement, une équipe sous licence de Malaisie. Trois mois plus tard, les documents du contrat seront retournés. Peu de progrès ayants été visibles…

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