Note du Mardi : La Formule 1 est bâtie sur la Légende
La découverte est macabre est inquiétante. Le procès de Munich ouvre la boîte de Pandore du système Ecclestone. Les journalistes s’étonnent ainsi de constater qu’il n’y a aucun service marketing dans l’empire. Pour cause ! Dans l’esprit de Bernie Ecclestone ce sont les équipes qui produisent le spectacle. Il n’est que le chef d’orchestre du business. Une logique qui est remise en cause aujourd’hui.
Les dirigeants de la Formule 1 estiment que la discipline ne fait plus rêver. Cherchant la cause dans le retard technique. La réalité est que la F1 est une discipline qui ne (sur)vie que par la légende qu’elle engendre. Mais entretenir la légende ne signifie pas entrer dans un monde du passé. En sous-traitant le marketing de la discipline aux équipes, Ecclestone obligeait les patrons au progressisme et une vision d’avenir comme seule vertu moderne. La crise économique de 2008 se mélange avec une crise d’idées dans le paddock, incapable de se renouveler comme auparavant. La FIA espère séduire de nouveaux constructeurs dans un avenir proche, afin que la légende perdure encore plusieurs années.
La légende de la Formule 1 c’est Ferrari, Colin Chapman, Juan-Manuel Fangio, Jim Clark, Tyrrell, Lotus, Brabham, Jochen Rindt, Ford, Renault, Honda, Niki Lauda, James Hunt, Alain Prost, Ayrton Senna, Nigel Mansell, Williams, McLaren, Michael Schumacher, Damon Hill et d’autres. Mais l’impression que cette légende est au point mort depuis presque dix ans est une réalité. Entretenir ne signifie pas faire référence systématiquement au passé. Au contraire il faut réinventer le passé pour faire l’avenir. La plupart des équipes ne sont pas dans cette logique marketing aujourd’hui. Williams parle de sa gloire passée, McLaren à fait la même chose avant de se réinventer cette saison. Ferrari jongle entre le présent et le passé, sans plus parler d’avenir. Mercedes-Benz a célébré Silverstone avec une W196 dans son stand de 1954. Un passé que même nos parents n’ont pas connus.
Le dernier nouveau constructeur arrivé en Formule 1 était Toyota en 2002. Auparavant Yamaha et Lamborghini ont été au début des années 90 les petits nouveaux. Autrement ce ne sont que des cycles marketings permettant à des constructeurs de revenir dans la discipline. Toujours les mêmes en réalité : Honda (1965-1968 puis 1983-1992 puis 2000-2008 puis 2015), Renault (1977-1986 puis 1989-1997 puis 2001-2010 puis 2011 à aujourd’hui), Ford (1967-2005), Mercedes-Benz (1954-1955 puis depuis 1994 à aujourd’hui), BMW (1982-1987 puis 2000-2009), Peugeot (1981 sous Talbot puis 1994-2000). En fait il n’y a pas eu autant de constructeurs misant sur la Formule 1 depuis 30 ans, que la FIA souhaite nous le faire croire. Le problème n’est uniquement marketing ou technique. GM n’a jamais fait de F1 (malgré des intérêts), Hyundai non plus, Nissan (avant le rapprochement avec Renault) idem, VW ? une chimère, les chinois ou indiens ? rien. Entre 2000 et 2009, hormis Toyota, tous les autres constructeurs présents avaient déjà fait par le passé de la Formule 1.
La dernière histoire passionnante dans la discipline a été la saison 2007. Ou la réalité a dépassée la fiction. Au détriment du sport certes mais avec la récompense d’un beau champion avec une belle histoire. Depuis ? Rien d’aussi fort. La Formule 1 est racontée par les médias via les équipes. Une citation dit que «Tous les pays du monde qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid.» L’ère glacière a débutée pour la Formule 1 aujourd’hui. Les nouvelles technologies n’y changeront rien.
Les médias ibériques sont extrêmement limpides sur l’avenir de Fernando Alonso en estimant que le double champion du monde restera en 2015 chez Ferrari. Plus intéressant, les événements de cette semaine sont désignés comme déterminant pour l’avenir des deux parties.
Chez Mercedes ils sont trois, Dieter Zetsche, Toto Wolff et Niki Lauda à décider en priorité de l’identité des prochains pilotes Mercedes AMG F1 pour l’avenir. Le futur immédiat repose sur Nico Rosberg et Lewis Hamilton. Les sollicitations à court ou moyen terme d’autres équipes sur le duo sont en attente, notamment en raison du tarif demandé par l’une et l’autre des parties.
La piste Danica Patrick/Haas si elle ressemble à un formidable coup médiatique assumé, n’est pas dénué d’intérêt à plusieurs titres. Derrière le souhait de voir la jeune femme derrière un volant de Formule 1, il y a le renouvellement de son contrat NASCAR.
Le 25 Juin une décision sera prise concernant les mesures de réductions des coûts. Le Strategic Group F1 (composé de Ferrari, Mercedes, Red Bull, McLaren, Williams et Lotus) n’arrive pas à s’entendre avec les autres équipes. Le temps passe et la situation sera donc la suivante : Si il n’y a rien, le Conseil Mondial de la FIA prendra seul sa décision. Ce qui signifie qu’à l’horizon 2016 c’est les règles décidées ce 25 juin qui seront appliquées. Charge aux équipes qui ne voulaient pas entendre parler de réduction des coûts de choisir entre se plier à la règle ou rester chez elle. L’ultime coup de poker de Jean Todt dans une guerre des nerfs ou il avait perdu quelques batailles.
Lorsqu’il entre dans les bureaux de Gravity Sport Management, rue Pernelchen Street, pour signer son contrat de management à la fin de l’été 2010, Romain Grosjean espèrait revenir en Formule 1. Une expérience interdite pour lui depuis les 7 GP qu’il avait réalisé pour le compte d’une Renault F1 Team terminant son cycle. Beaucoup s’intérrogaient de la pertinence de ce choix.

